mercredi 3 janvier 2018 - par
Immigration, école, économie : après le PS, Macron veut en finir avec LR
Un gouvernement qui supprime l’ISF, baisse de 30% l’impôt sur les sociétés, démantèlement du droit du travail, privatisation d’Aéroport de Paris, contrôle des chômeurs : sur les questions économiques, il est acquis que Macron mène une politique de droite. Mais sur les questions d’éducation et d’immigration, il ne laisse pas beaucoup d’espace non plus à Laurent Wauquiez et aux Républicains…
Une stratégie d’asphyxie politique
Mais que va-t-il rester au nouveau président de LR ? Sur l’économie, il est tout de même difficile de faire plus à droite que le gouvernement actuel. Déjà, François Hollande avait débordé son prédécesseur par la droite sur bien des sujets, comme la baisse des impôts pour les entreprises ou le démantèlement du droit du travail, osant même tenir les promesses que Sarkozy n’avait pas osées tenir, sur le travail du dimanche notamment. Macron déborde de nouveau son ancien mentor par la droite sur bien des sujets, fiscalité, droit du travail : dix ans après, la politique économiques de Sarkozy semble presque prudente et modérée par rapport aux politiques menées par ceux qui lui ont succédé.
Après les innombrables mesures du début de mandat, décembre nous a réservé deux nouvelles annonces dignes de la droite la plus dogmatique. Le gouvernement a ainsi annoncé avoir confié le dossier de la vente d’Aéroports De Paris à Merill Lynch, pas même une banque française… Pourtant, il est ridicule de privatiser un tel monopole de service public. Et pour Noël, la majorité vient d’annoncer le énième plan de durcissement des sanctions pour les chômeurs. Avec plus de six millions de demandeurs d’emplois, et toutes les enquêtes qui montrent que la fraude aux allocations est bien moins importante que la fraude fiscale des entreprises, difficile de ne pas y voir un clair agenda idéologique.
Mais Macron ne se contente pas des sujets économiques. On peut voir dans la séquence de Jean-Michel Blanquer de début décembre une vaste offensive sur un sujet majeur de société. Et entre la promotion de l’uniforme, l’interdiction possible des portables pour la rentrée prochaine et le refus exprimé que les mères voilées accompagnent les enfants, toutes les prises de position du ministre de l’éducation vont dans le sens de l’électorat de droite, quitte à prendre à rebrousse-poil les idées d’une partie non négligeable de la gauche. Paradoxalement, peu de commentateurs semblent avoir vu le travail que fait le ministre en direction de l’électorat de droite pour le président de la République.
La dernière initiative n’est pas la moins audacieuse puisqu’elle porte sur l’immigration, un sujet sur lequel on ne l’attendait pas tellement. Le projet de loi de Gérard Collomb sur l’immigration fait polémiques : pour Benoît Hamon, « ce que fait Macron, Sarkozy n’a même pas osé le faire ». Dans le FigaroVox, Elisabeth Lévy note aussi qu’il va plus loin que ses prédécesseurs et en livre une interprétation intéressante, à savoir que Macron suit simplement l’opinion publique, sans se soucier de la bien-pensance de certains. On peut ajouter que ces critiques servent sans doute le but du locataire de l’Elysée, légitimant son choix, jusque dans les bastions de l’électorat de droite comme le Figaro…
Ce faisant, Emmanuel Macron ne montre pas seulement qu’il s’inspire de Nicolas Sarkozy, pour qui il avait contribué à rédiger le rapport Attali, mais aussi de François Mitterrand, dans ses manœuvres politiciennes. Mais on peut aussi espérer qu’en réalisant la vision de Valéry Giscard d’Estaing, il sorte la France de ces fausses alternances, pour peut-être en permettre une véritable.