Immigration : mauvaises nouvelles du Front
Je ne me fais, ici, que le relais d'une information économique passée bizarrement inaperçue dans le quasi-ensemble des médias mainstream.
Il s'agit d'un rapport sur une étude initiée par le collectif "Cette France là" ; Association de journalistes, de travailleurs en sciences sociales, du travail associatif, et d'économistes, créée en 2007, destiné à produire 5 ouvrages collectifs (un par année de quinquennat) de contre-expertise sur le sujet précis de la politique d'immigration choisie par le pouvoir actuel..

Un premier volume est sorti en 2008 (actuellement épuisé),
le second précise les réactions et les suites à la parution du premier.
Selon "Cette France là" ; en réponse à l’envoi du premier volume de cette France-là, François Fillon se voulait rassurant dans un courrier reçu le 20 mars 2009. Le deuxième volume de ces annales de la politique d’immigration menée sous la présidence de Nicolas Sarkozy s’emploie à confronter l’engagement du premier ministre aux actes de son gouvernement. Or les résultats de l’enquête sont inquiétants. Car si le chef de l’État a d’abord tenté de faire face à la récession annoncée en promettant une moralisation du capitalisme financier et l’avènement d’une croissance « verte » qui n’oublierait pas l’emploi, son incapacité à tenir de telles promesses l’a bientôt convaincu de revenir sur ses terrains d’élection : la lutte contre l’immigration « subie » et le traitement des troubles identitaires censément éprouvés par les Français.
Deuxième ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, Éric Besson a sans doute soutenu que la maîtrise des flux migratoires et l’exaltation de l’identité nationale étaient les meilleurs remparts contre la xénophobie. Reste que son zèle a révélé l’absence de projet économique, social et écologique qu’il avait vocation à masquer. La défaite de la majorité présidentielle aux élections régionales annoncait-t-elle un changement de cap ? À défaut d’alternative, elle s'est plutôt traduite par une fuite en avant.
C’est à l’analyse de ce contexte qu’est consacré le deuxième volume de cette France-là, paru en Avril 2010.
"Cette France là" a donc initié, il y a 1 an, par l'intermédiaire d' une trentaine de parlementaires français, de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Parlement européen de toutes tendances (PS, UMP, Centristes, Ecologistes) qui se sont réunis pendant un an, un audit de plus de 300 pages sur l’immigration, sous l’angle social, économique, démographique et même de sécurité publique.
Ce rapport est le fruit de l’audition de 34 chercheurs (géographes, sociologues, économistes, etc.) ou haut-fonctionnaires.
Rapport que les trente parlementaires ont été contraints de financer et d'organiser seuls ; la constitution d’une mission parlementaire sur le sujet leur ayant été refusée par le Ministre de tutelle ; Eric Besson.
C’est un « rapport de constatation » qui permet de tordre le cou à certaines idées reçues mais aussi de rétablir les « mensonges par omission » du gouvernement, explique le député des Landes Jean-Pierre Dufau. Par exemple, en 2009 , rapporte-t-il, on sait que 180.000 « personnes ont été admises sur notre territoire de manière régulière » mais ce qu’on ne dit pas, c’est que la même année, 75.000 personnes ont quitté le territoire français.
Cette expérience originale de collaboration entre une association indépendante et un groupe d’élus de tous bords a permis d’entendre, au cours de dix séances, 34 personnalités reconnues — des experts et des chercheurs, des acteurs associatifs, syndicalistes ou patronaux, des responsables de l’administration française et des organismes internationaux.
En parallèle avec les conclusions qu’en tirent de leur côté les élus, Cette France-là publie aujourd’hui un rapport en son nom propre (voir ci-contre). Intitulé : « À de mauvaises questions, apporter de pires réponses »
Le rapport est disponible en ligne ICI.
Il a été présenté le 10 Mai 2011 à l'Assemblée Nationale.
Outre les différents aspects ; sociaux, économiques, démographiques, ce rapport présente l'intérêt d'avoir réalisé un audit complet sur le "coût de l'immigration", comparé à son "apport" à l'économie française.
Et.... ô surprise, il en ressort que
LES IMMIGRES RAPPORTENT PLUS A L'ECONOMIE FRANCAISE QU'ILS NE LUI COUTENT
En gros, un gain d'une DOUZAINE de MILLIARDS annuels :
" Au final, « la contribution aux budgets publics des immigrés est donc positive » et s’élève à 12 milliards d’euros. Soit 2.250 euros par personne immigrée, contre 1.500 euros pour les natifs."
De plus, à cause du vieillissement de la population, il y aura de moins en moins d’actifs par rapport aux nombre de retraités en France. A l’horizon 2050, le financement des retraites devrait coûter 3% de PIB supplémentaire par raport aux dépenses actuelles, comme l'a calculé le COR (Conseil d’orientation des retraites) avec une immigration similaire à celle d’aujourd’hui.
L'économiste Lionel Ragot a calculé l’influence de différentes stratégies d’immigration sur ce ratio.Sans plus aucune immigration, il faudrait 4,3% de PIB supplémentaire par rapport à aujourd’hui pour financer la protection sociale, soit 1,3% de plus qu'en maintenant la même politique migratoire.
Voilà.
Loin des clichés, des idées reçues, et des chiffres totalement fantaisistes, annoncés, notamment dans le Programme du Front National sur l'immigration , on constate donc qu'une immigration zéro obligerait l'état à trouver 12 milliards de plus pour pouvoir financer son budget.
12 milliards qui, à n'en pas douter, seraient prélevés sur les contribuables, notamment les plus nécessiteux ; à moins qu'on ne préfère augmenter le nombre des 8 millions de Français en dessous du seuil de pauvreté recensés par l'INSEE
Quant aux récentes affirmations du Ministre de l'Intérieur Claude Guéant, comme quoi (je cite) : La France n'a pas « de pas besoin de maçons, de serveurs de restaurants », elle est, évidemment, uniquement à visée électoraliste, car totalement démentie par les faits, puisque les économistes, et même la Ministre de l'économie Christine Lagarde, ainsi que la présidente du Medef Laurence Parisot, doivent admettre qu'une baisse de l'immigration de travail pénaliserait inéluctablement la France.
Pour ce qui est de l'autre éternelle "antienne" de la droite et extrême, selon laquelle les immigrés viendraient prendre le travail des natifs, le rapport des parlementaires démontre également qu'il n'en est rien, puisque (je cite) :
Même s’ils sont actifs pour la plupart, les immigrés ne privent pas les natifs en occupant un emploi. En effet le volume d’emploi n’est pas figé et toute arrivée de population immigrée, qui sont de nouveaux consommateurs, créé automatiquement de nouveaux emplois. Par ailleurs, les migrants sont plus nombreux à accepter des professions délaissées par les natifs.
Enfin, sur l'argument selon lequel le patronat profite de la main-d'oeuvre immigrée, pour baisser les salaires, il n'est pas entièrement faux,mais extrêmement limité puisque l’arrivée d'immigrés peut par contre tirer les salaires vers le bas à court terme, de l’ordre de 0,04 à 0,18% par tranche de 50.000 personnes arrivées.
Et, pour contrer cet effet, il suffit , d'une part, de faire respecter les lois existantes ; code du travail ; smic horaire et mensuel, et, d'autre part, initier une politque de baisse structurelle du chômage, par la création d'emplois dans les secteurs des nouvelles technologies ; notamment celles d'une politique énergétique tournée vers les énergies nouvelles, renouvelables, et non-polluantes ; un gisement de 200.000 emplois à l'horizon 2020.
Mais ceci est une autre histoire ; celle du choix de la politique à mener à moyen et long terme ; choix que sont bien incapables d'imaginer ; tant la majorité actuellement au pouvoir, que les partis figés sur l'obsessionnelle phobie anti-immigrés, dont ce rapport montre qu'elle est non seulement fausse, mais surtout totalement contre-productive, et coûterait cher au pays.
Plus que d'une théorie du bouc émissaire, c'est bien d'un projet pragmatique, ambitieux, et visionnaire à moyen et long terme dont la France a besoin.
Puissent les Français en être informés, et en tenir compte lors des prochaines échéances électorales.