Jacques Attali voit dans l’avenir
L’amphi historique de la Sorbonne accueillait le 11 janvier 2007 Jacques Attali, à l’occasion de la publication de ses livres « C’était François Mitterrand » (Fayard, 2005) et « Une brève histoire de l’avenir » (Fayard, 2006).

Invité de Bierre Bergé, qui préside la Fondation François Mitterrand, il était interviewé sur la période contemporaine par une autre ancienne conseillère de feu le président, Laure Adler. On était entre soi.
Tellement entre soi qu’au fil de la discussion, Jacques Attali a dû rappeler que la précarité n’était pas seulement une possibilité souple et avantageuse de changer d’avis ou de changer de métier, mais que, pour un nombre important de personnes, le mot signifiait de réelles difficultés. Tout de suite, ça situe le niveau.
Attali n’a pas son pareil pour rapporter des anecdotes savoureuses d’un monde où les moments de l’histoire se façonnent dans les avions ! C’est en prenant de la hauteur -peut-être- que nos dirigeants prennent les grandes décisions qui fondent notre histoire, y compris certaines décisions qui, dit-il, restent aujourd’hui secrètes... C’est ainsi qu’Il fit le choix entre rester Français et devenir Européen, conscient qu’il n’y aurait pas d’Europe avec le socialisme (et donc qu’il y en aurait une, mais contre...) dès 1983 et en effet, après six mois de présidence française de l’europe, le Marché unique était signé à Fontainebleau.
Dans ce document vous entendrez aussi que selon Jacques Attali, l’Elysée "a guéri" François Mitterrand des métastases osseuses avancées qui le rongeaient dès son arrivée sur le siège de Giscard en 1981. La médecine, en effet, n’explique pas tout, et surtout pas les miracles républicains.
Interrogé sur l’avenir de Ségolène Royal, J. Attali se positionne, comme toujours, un peu en dehors de affaires politiques, et lui souhaite de gagner, tout en prédisant que la seule personne capable de la battre, c’est elle-même ; à l’instar d’un certain Lionel Jospin qui n’incarnait pas une histoire de France, et donc les Français nous ont fait un 21 avril 2002 parce qu’ils ne voulaient absolument pas de Jospin comme président.
Dans le document sonore que je mets à disposition, on découvre de belles choses, notamment que, selon Jacques Attali, l’Europe s’est construite à partir de quatre grandes peurs, et que l’histoire des peuples procède souvent ainsi : la peur de l’empire soviétique, la peur la puissance allemande, la peur de voir partir les Américains, la peur de nouvelles guerres nationales. Aujourd’hui que le Mur de Berlin a été mis à bas, que la Russie est redevenue fréquentable, que les Américains sont priés de partir, et que l’Allemagne est dénazifiée et réunifiée, pfft ! Plus besoin d’Europe. Mais seulement voilà, cinquante ans de construction européenne à tout crin ont vidé les nations de leur autorité politique, le pouvoir est à présent une coquille vide que Jacques Attali a visitée sous toutes les coutures... et qu’il s’agit aujourd’hui de reconquérir.