L’influence de l’Union européenne dans la réforme des retraites
L'étude du « Six Pack » (réforme de la gouvernance économique) votée par le Parlement européen dernièrement m'a éclairée sur un point que je soupçonnais, mais dont je n'avais pas mesuré l'étendue : l'influence de l'Union européenne dans la réforme des retraites.
L’Union européenne n’a jamais acquis la compétence institutionnelle nécessaire pour intervenir dans le domaine de la protection sociale, qui reste la "chasse gardée" des États membres. Selon le principe de subsidiarité, chaque État membre reste maître de la conception, de la gestion et du financement de son système de sécurité sociale.
Pour autant, depuis le début des années 90, on note une influence croissante du droit communautaire sur l'évolution du système de retraite français. Cette intervention, promouvant largement le système par capitalisation, prend appui sur deux axes :
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la réglementation des institutions privées de retraite professionnelle,
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la gouvernance économique commune
Cet article reprend les principaux éléments évoqués dans l'article sur le blog ContreLaCour. Pour plus de détails, rendez-vous sur http://contrelacour.over-blog.fr/article-l-influence-de-l-union-europeenne-dans-la-reforme-des-retraites-93220071.html
La réglementation des institutions privées de retraite professionnelle
Le 6 juin 2003, l'Union européenne adopte définitivement une directive destinée à encadrer les institutions de retraite professionnelle (I.R.P.). Celle-ci, ne concernant ni les institutions de sécurité sociale, ni les institutions fonctionnant par répartition, marque l'aboutissement de plusieurs années de travail de la Commission et de la Cour de justice pour faire étendre aux I.R.P. les bénéfices du marché unique et de la libre concurrence. Par la mise en place d'un cadre commun, elle vise notamment le développement transfrontaliers des prestations de retraites privées.
Deux éléments indirects découlant de cette directive nous intéressent : d'une part, la promotion de la capitalisation comme renfort des systèmes traditionnels par répartition, et d'autre part, la reconnaissance de la définition en piliers de la protection sociale.
La gouvernance économique européenne
Le 6 février 2001, le célèbre commissaire européen au marché intérieur, Fritz Bolkestein, estimait que le vieillissement de la population et l'allongement de la durée de la vie représentaient une « bombe à retardement » pour les systèmes de retraite par répartition. C'est dans ce contexte alarmiste et d'urgence que les recommandations de l’Union européenne sur les retraites se sont multipliées au cours des dernières années.
S'agissant d'un domaine relevant de la compétence nationale, la réforme des retraites au niveau communautaire consiste pour l’essentiel dans des échanges d’information et de « bonnes pratiques » ainsi que dans une évaluation par la Commission, rendue publique et susceptible d’exercer une certaine contrainte politique. C'est dans ce contexte que les États ont pris de nombreux engagements et ce, sans consultation préalable des acteurs nationaux.
Une influence communautaire majeure qui disparaît dans le débat politique français
Ainsi, devant l'introduction croissante du droit communautaire dans la question des retraites et la nécessaire harmonisation européenne des systèmes sociaux, on ne peut que s'interroger du silence français à ce sujet.
En effet, alors que l'on assiste régulièrement à des débats passionnés des deux partis majoritaires sur une réforme qu'ils ont portée l'un comme l'autre au sein des instances européennes, ce silence ne peut être qu'une volonté délibérée, dont les médias sont les complices, de maintenir l'illusion d'un clivage droite-gauche sur une question qui fait pourtant consensus.
Magali
Source : Blog « ContreLaCour » (http://contrelacour.over-blog.fr/article-l-influence-de-l-union-europeenne-dans-la-reforme-des-retraites-93220071.html )