lundi 14 septembre 2015 - par Robert Bibeau

La classe prolétarienne répudie cette mascarade électorale

L'intention est excellente que de rejeter cette mascarade électorale du 19 octobre 2015 au Canada. Quelques organisations se sont associées pour mener une campagne de "boycott de ce cirque électoral". Les motifs invoqués par les organisateurs du "boycott" sont cependant erronés. Ils visent la mauvaise cible. Dans leur communiqué les organisateurs écrivent que : "Ce résultat, c’est que les classes populaires seront exclues du pouvoir pour tout le mandat qui vient, comme elles l’étaient durant les précédents." (1)

La classe populaire ça n'existe pas, c'est un concept bourgeois. Ce qui définit une classe sociale c'est la place qu'elle occupe dans le procès de production d'un mode de production. Quel est ce rapport de production capitaliste qui produirait "des classes populaires de production et d'exploitation" ? La classe prolétarienne, quant à elle, ne pleurniche pas à propos du fait que les "classes populaires" seront exclues du pouvoir bourgeois. Le prolétariat a toujours été exclu et le sera toujours sous le capitalisme. L'objectif de la lutte de classe du prolétariat n'est pas d'obtenir voix au chapitre au parlement bourgeois ; ni de participer au pouvoir bourgeois contre quelques considérations politiques ou économiques (cet objectif est celui de la petite-bourgeoisie qui s'active durant les élections bourgeoises pour défendre ses privilèges) ; ni de combattre "l'austérité" ni de conserver des "acquis" (sous le capitalisme ça n'existe pas des "acquis" pour la classe ouvrière. Tout avantage concédé est aussitôt remis en question par le patronat. La politique d'austérité n'est que l'organisation étatique de ces attaques inévitables). L'objectif unique de la lutte de classe du prolétariat est de renverser et de détruire le mode de production capitaliste (MPC), afin de pouvoir, sur ces ruines, construire le nouveau mode de production communiste celui que nous n'avons encore jamais connu.

De même, les camarades organisateurs du "boycott" font fausse route quand ils déclarent que l'on doit répudier ce cirque électoral parce que : "Ce sont eux qui nous mèneront de crises en récessions, et qui nous feront payer leurs frasques et les désastres de leur système. Le voile des promesses et des bons sentiments s’envolera pour révéler la froide administration des intérêts des capitalistes."

La crise économique systémique du capitalisme n'est pas le fruit des frasques ni de la mauvaise gouvernance des hauts fonctionnaires, des ministres, des poncifs capitalistes, des banquiers et des oligarques. Tout cela est du charabia métaphysique confucianiste. La crise systémique du capitalisme est le résultat de la bonne administration et de la bonne gestion du mode de production capitaliste (MPC), que ces gens compétents font fonctionner de la façon appropriée. Mais justement, bien administré ce mode de production décadent c'est s'échiner à le laisser agoniser, à le traîner d'une crise à une autre inévitable, c'est imposer une guerre et la suivante comme seule alternative pour ce mode de production. Tout ceci aux prix de millions de réfugiés, de millions de pauvres et d'affamés, de millions d'ouvriers surexploités, ou pires, de millions de chômeurs incapables d'être surexploités par ce régime décadent inapte à les employés. Les gestionnaires capitalistes font tout ce qu'il faut pour sauver ce mode de production obsolète, ne leur en faites pas grief camarades, mais préparer leur renversement.

Une mascarade électorale bourgeoise n'a qu'un seul objectif, lancer les différentes factions capitalistes bourgeoises en lutte entre elles, afin que l'une d'entre elles, regroupée dans un parti bourgeois (de droite ou de gauche c'est sans importance), fasse la preuve de ses capacités à gérer l'appareil d'État capitaliste pour le bénéfice de la classe capitaliste, et dans des conditions extrêmement difficiles d'une crise systémique récurrente. Car c'est là une caractéristique essentielle de notre époque, les crises économiques du système se suivent et se ressemblent jusqu'à la prochaine qui sera pire que la précédente.

Le cirque électoral bourgeois vise à départager le meilleur parti politique de larbins bourgeois. Pour ce faire, le mode de production capitaliste accorde le privilège à la populace de choisir elle-même l'équipe de hobereaux qui lui mènera la guerre de classe en se servant de l'appareil d'État bourgeois pour mener la charge anti-ouvrière que d'aucuns appellent une "charge anti-populaire". Le prolétariat est l'unique et véritable ennemi irréductible de la bourgeoisie.

Quand au "pouvoir souverain du peuple canadien", dont fait mention le communiqué, voilà une utopie réformiste qui n'a rien à voir avec la rhétorique communiste. De fait - les concepts de peuple et de nation - sont des concepts nationalistes bourgeois anti-internationalistes que nous devons apprendre à extirper de notre vocabulaire.

Contrairement au communiqué du "boycott", nous pensons qu'une mascarade électorale bourgeoise est bien la méthode par laquelle "le peuple souverain canadien", brider sous la "démocratie bourgeoise", exerce sa "souveraineté", c'est-à-dire son pouvoir de choisir quelle clique aura le privilège de perpétuer ce mode de production fondé sur l'aliénation de classe du prolétariat. C'est pourquoi les organisateurs ont raison de signaler que : "Dans un État comme le nôtre, le bulletin de vote est un contrat d’abdication (de classe) qu’on signe d’un X." (1)

C'est la raison pour laquelle nous disons que cette mascarade électorale bourgeoise du 19 octobre 2015 (comme toutes celles qui ont précédé) ne concerne pas la classe prolétarienne qui la répudie et s'en désintéresse complètement. Ils sont tous pareils et il n'y a rien à attendre des dieux de la peste (2).

 

(1) https://www.facebook.com/groups/reconstructioncommunistecanada/permalink/954088737963625/

(2) http://www.les7duquebec.com/7-au-front/cette-election-bourgeoise-ne-concerne-pas-le-proletariat/



14 réactions


  • César Castique César Castique 14 septembre 2015 11:08

    « ...construire le nouveau mode de production communiste celui que nous n’avons encore jamais connu. »



    Ils sont admirables, les cocos smiley


    A partir du monde (antédiluvien) de 1850, quelques intellectuels vaseux ont imaginé une société complètement artificielle - à l’instar de leurs devanciers des prétendues Lumières -, à partir d’un homme abstrait, qui était porteur des aspirations que les mêmes vaseux pensaient qu’ils auraient eues, si eux-mêmes avaient été des prolétaires.


    Après avoir « réinventé » l’histoire - une des grosses tartes à leur crème, la réinvention -, ils ont décrit l’avenir auquel cette histoire conduisait inéluctablement. C’est encore ce que croit un type comme Bibeau. Et cela, malgré cinquante tentatives de construction du socialisme, donc aucune n’a été foutue de mettre en oeuvre le « nouveau mode de production communiste » dont l’ineffable révolutionnaire de clavier sus-nommé, reconnaît les échecs successifs ou simultanés.


    Dans un tel contexte, tout être normal se poserait la question de savoir si ce ne serait pas, des fois, par hasard, éventuellement, la doctrine qui ne serait pas foireuse, et, en fait, si elle n’est pas condamnée d’avance par une nature humaine qui lui échappe. 


    Rien de cela ! La théorie repose sur la conviction du Génie, de l’infaillibilité et de l’omniscience de ses concepteurs, en tête desquels Marx et Engels, les autres (Lénine, Trotski, Mao...) étant en option au gré des chapelles de la coterie... On en est là, et comme il y en a qui ne pourrait pas vivre sans, on ne va pas chercher à les en dégouter. Du moment qu’il faut de tout pour faire un monde, les chimériques y ont pleinement leur place.

    • Robert Bibeau Robert Bibeau 14 septembre 2015 15:55
      @César Castique
      C’est un fait avéré qu’aucune tentative de construction du socialisme - comme mode de production alternatif - de transitions - n’a fonctionné - où que ce soit sur Terre. Soit.

      Je n’ai pas le temps de décrire ici les raisons de ces multiples échecs. Je l’ai fait dans d’autres textes et je le ferai à nouveau dans un texte à paraître.

      Mais le fait que nous puissions diagnostiquer de façon certaine les motifs sommes toutes assez simples d’échec à détruire le mode de production capitaliste pour édifier le mode de production communiste me rassure sur la justesse de l’analyse marxiste du mode de productions capitaliste et sur la lutte des classes qui animent ce mode de production que tous admettront décadent et dégénérescent.


      Non, je ne compte pas remettre en question ma grille d’analyse marxiste étant donné la clarté des résultats qu’elle m’assure à chaque fois que j’ai à analyser l’économie politique contemporaine. Comme le présent papier le démontre à propos des élections bourgeoises.

      Merci Castique

      Robert Bibeau. Directeur LES7DUQUEBEC.COM


    • César Castique César Castique 14 septembre 2015 17:58

      @Robert Bibeau



      « Je n’ai pas le temps de décrire ici les raisons de ces multiples échecs. Je l’ai fait dans d’autres textes et je le ferai à nouveau dans un texte à paraître. »


      J’ai le sentiment qu’il y faudrait plusieurs livres pour expliquer les échecs en refoulant l’essentiel, à savoir l’inadéquation de la théorie aux réalités de la nature humaine. Mais ce serait aussi la fin de la doctrine... 


      Alors, personne ne s’y collera, ni les athées comme moi, qui n’en voient pas l’intérêt, ni les croyants comme vous, qui ont trop peur du monde d’après. Un peu comme les poivrots qui, sachant qu’ils se détruisent, ont encore plus peur d’une vie sans alcool qu’ils ne peuvent concevoir.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 14 septembre 2015 20:49
      @César Castique

      Vous vous trompez castique. J’ai pris quelques dizaines d’années de ma vie pour en faire le tour et m’y coller et j’en ai trouvé les origines et les considérants. Si simple pourtant.

      Il y a une chose que vous écrivez qui est absolument essentiel = il est exact qu’aucune analyse scientifique de l’époque 1917-2015 n’est possible à qui se munit d’oeuillère et se dogmatise et se cache dans une secte étanche à la réalité. Ce fut le premier geste que j’ai posé - quitter toute association des amis de Marx et compagnies. car ce ne sont pas des amis de Marx mais des petits namis entre eux dans leur secte à eux.

      Puis il faut ne pas avoir peur de poser les vrais questions comme La révolution bolchévique fut-elle victorieuse ou en core un échec et pourquoi ??? Et toutes les autres Chine, Cuba, Algérie, stalinisme, Angola, Mozmbique, Zimababwe, Kmer soi-disant rouge, etc. etc.

      AUCUNE de ces révoltes bourgeoises communistes ou pas ne sont parvenus à devenir des révoltes prolétariennes car dans aucune de ces insurrections et de ces révolutions démocratiques bourgeoises (L’Égypte étant la dernière en date) le prolétariat ne fut la force dominante et déterminante et directrice de ces révoltes - jamais dans aucune. Car le prolétariat (sauf en Égypte récemment) n’existait pas ou presque pas dans ces pays arriérés dans ces pays sous-développés. 

      Une révolution la plus moderne de l’humanité ne peut surgir des pays les plus archaïques de l’humanité. 

      C’est la raison pour laquelle je dis à tous REGARDEZ DU CÔTÉ DES USA - LE PROLÉTARIAT LE PLUS MODERNE AU MONDE - LA CHINE ET LE JAPON ET BIEN ENTENDU L’EUROPE DE L’OUEST SUIVRONT....

      Il se peut cependant que la guerre inter-capitaliste s’amorce pour la 3e fois en Europe le berceau du capitalisme où la situation est la plus inextricable. 

      Robert Bibeau Directeur LES7DUQUEBEC.COM



    • César Castique César Castique 14 septembre 2015 23:22

      @Robert Bibeau

      « REGARDEZ DU CÔTÉ DES USA - LE PROLÉTARIAT LE PLUS MODERNE AU MONDE -... »


      C’est loin d’être acquis avec l’invasion des Latinos - les « Mexicains paresseux », comme écrivait Friedrich dans la Nouvelle Gazette rhénane.

  • Laulau Laulau 14 septembre 2015 11:58

    « l’infaillibilité et de l’omniscience de ses concepteurs »

    Et la série d’affirmations que constitue vos interventions, elle relève de quelle infaillibilité ? Seriez vous le papes des c..ies en ligne ?


  • zygzornifle zygzornifle 14 septembre 2015 14:48

    ça ne sert a rien de les boycotter car ils s’en fichent capable de se faire élire qu’avec leur unique bulletin, ils faut les virer a grand coup de pompes dans le cul et les faire payer rubis sur l’ongle toutes leurs erreurs et surtout a leur retraite que le minimum vieillesse pour « service rendu a la nation » .....


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 14 septembre 2015 16:04
      @zygzornifle
      Je vous suis entièrement quand vous affirmez qu’il faut les virés à grand coup de pompes mais je ne suis pas d’accord avec vous quand vous écrivez POUR LEURS ERREURS« 

      C’est justement les idées que colportent les partis et organisations de la go-gauche pseudo marxistes. Ils prétendent tous ces gauchistes que si eux étaient aux commandes de la machine d’État bourgeoise il ferait des choses différentes et ils règleraient la crise économique systémique du capitalisme. Et chaque parti de go-gauche y va de son programme réformiste.

      Ici au Canada quand le NPD pseudo-gauche aura pris le pouvoir - il fera la démonstration éclatante que leur  »socialisme« (sic) ne marche pas. Personne ne peut réparer la machine de production capitaliste - ni le mode de production capitaliste qui a fait son temps. 

      Des CASTIQUES viendront ensuite dire  »voyez ça ne marche pas pour la 100e fois"

      L’Histoire prend des détours parfois immenses et périlleux avant d’accoucher des forces véritablement révolutionnaires qui balaieront toutes ces chimères et accoucheront d’un nouveau mod de production.

      Merci Zygmon

      Robert Bibeau. Directeur LES7DUQUEBEC.COM




    • Laulau Laulau 14 septembre 2015 17:01

      @Robert Bibeau
      des forces véritablement révolutionnaires qui balaieront toutes ces chimères et accoucheront d’un nouveau mode de production.

      Comme ça, brutalement ? Un accouchement, mais qui sera le père ?
      Plus sérieusement, la société communiste reste à réinventer, cela ne peut se faire que par une longue évolution des mentalités. Et pendant ce temps il faudra empêcher les tenants du capitalisme de reprendre le pouvoir ;t comment le faire sans un état fort au service du prolétariat ?


    • zygzornifle zygzornifle 15 septembre 2015 09:48

      @Robert Bibeau

      en 40 ans de cohabitation gauche droite les erreurs se sont cumulées c’est pour cela que la France est au raz des pâquerettes et pour moi l’extrême gauche est comme un roquet qui aboie derrière un grillage ....


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 15 septembre 2015 23:51
      @zygzornifle
      Il est vrai que les forces de la gauche révolutionnaire sont à peu près l’équivalent d’un roquet .. c’est triste mais c’est le salaire de l’erreur politique, du sectarisme et du dogmatisme.

      La gauche révolutionnaire n’a pas a tenté de s’emparer de quelque parcelle que ce soit du pouvoir bourgeois et chaque fois qu’elle le fait elle se place en situation de désastre imminent.

      J’en suis désolé.

      Robert Bibeau. Directeur LES7DUQUEBEC.COM



  • Robert Bibeau Robert Bibeau 14 septembre 2015 20:35
    @ Laulau

    Qui a parler d’échéancier pour l’insurrection (qui sera populaire) en ce sens que diverses classes et fragments de classes même des sections du petit capital paupérisé - décharner par la crise du capitalisme qui emportera aussi bien les grands magnats de la finance qui se suicideront comme en 1929 - que de petits capitalistes fournisseurs ou clients des premiers qui en auront assez de bosser et trimer pour les grands argentiers voraces, que la petite bourgeoisie qui s’active déjà ployant sous les dettes et le manque d’emplois que les LUMPEN aux crochets de l’assistance de l’État qui ne viendra plus, que les ouvriers les derniers à s’engager dans la révolte insurrectionnelle populaiste.

    Voilà d’où viendra la fenêtre d’opportunité L’État bourgeois et sa classe dominante n’étant plus capable de gouverner et plus capable d’acheter e soutien de ses sbires et ses petits-bourgeois donneurs d’ordre et la révolte massive mais se cherchant une voie et des voix.

    Le prolétariat saura-t-il comme classe n’ayant rien à perdre - prendre l"initiative et les rênes de l’insurrection pour en faire une RÉVOLUTION MONDIALE - POUR LA DESTRUCTION DE LA DÉMOCRATIE BOURGEOISE ET LE MODE DE PRODUCTION CAPITALISTE ??? Je ne le sais pas. Je l’espère car ce sera notre seule et unique chance de ne pas recommencer comme en 1918, 1945,... et tout reprendre depuis le début le processus complet. Le capitalisme s’étant temporairement remis sur pied par une grande destruction de forces productives - 

     
    Si la RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE RÉUSSIT et la conquête de l’appareil d’État - avant sa destruction mondiale (elle sera mondiale ou elle ne sera pas) alors un deuxième péril surgira - comment empêcher la mainmise d’une nouvelle oligarchie - d’un PARTI sur ce pouvoir prolétarien (je n’ai pas écrit POPULISTE ou POPULAIRE ou du PEUPLE vous l’aurez remarqué) qui pourrait chavirer et redevenir la dictature d’une oligarchie plutôt que celle de la classe prolétarienne vers la destruction de l’État

    Un État fort doit d’abord être l’État sous contrôle du prolétariat et pas de son parti (vous saisissez la nuance ??)

    Robert Bibeau Directeur LES7DUQUEBEC.COM
     

     

    • César Castique César Castique 14 septembre 2015 23:25

      @Robert Bibeau

      « ... redevenir la dictature d’une oligarchie plutôt que celle de la classe prolétarienne vers la destruction de l’État... »


      D’où la nécessité d’un flicage généralisé, dans lequel tout le monde espionnera et dénoncera tout le monde, exactement comme lors des expériences (foirées) précédentes. 

      Rien de nouveau donc, sous le soleil de l’internationale prolétarienne.

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