mercredi 1er septembre 2010 - par AJ

La réforme du lycée en 5 questions/réponses

Jour J pour les élèves : la rentrée des classes, c’est aujourd’hui après deux mois de vacances. Pour le lycée qui va entamer sa mue, c’est l’occasion d’expérimenter pour la première fois la nouvelle réforme. Elle s’installera progressivement, en commençant par la seconde cette année puis par la première l’an prochain etc..., de manière à suivre la génération 1995. L’occasion de se pencher sur les détails de la réforme menée par Xavier Darcos puis Luc Chatel.

1 - Qu’est-ce qui va changer en seconde générale ?

Les élèves ont eu à choisir l’an passé deux enseignements d’exploration : il s’agit d’options permettant de tester ses goûts afin de bien choisir sa future section pendant trois heures par semaine (deux fois une heure et demie). L’un d’entre eux est dédié à l’économie car les évolutions de notre monde et la crise récente révèlent plus que jamais le besoin de comprendre l’économie et la place que celle-ci occupe dans nos sociétés contemporaines et dans la vie quotidienne de chacun explique-t-on sur le site de l’éducation nationale. L’autre est à désigner parmi, entre autre, LV3, Méthodes et pratiques scientifiques, Sciences de l’ingénieur, Littérature et société, Santé et social etc... .

De plus, les langues étrangères seront désormais étudiées en groupes restreints dits "de compétence", en fonction des capacités des élèves en compréhension de l’oral, de l’écrit, expression orale en continu, expression écrite ou interaction orale. Ainsi, les élèves doués en expression écrite seront rassemblés et aborderont les mêmes points que les autres, mais pas forcément sous le même angle.

Point névralgique de la réforme, l’accompagnement personnalisé s’impose comme une nouveauté majeur, au risque que son application peine à se réaliser concrètement. Théoriquement en tout cas, chaque élève bénéficie tout au long du lycée d’un accompagnement individuel pendant deux heures par semaine, soit pour revoir des points non acquis, soit pour approfondir certaines thématiques.

2 - Le redoublement existe-t-il encore ?

Théoriquement, le très contestable redoublement n’est pas remis en cause par la réforme même si il est voué à disparaître. Les élèves en difficulté pourront effectuer des stages de remises à niveau pendant les vacances, sous la base du volontariat, afin d’éviter un éventuel redoublement. En seconde, les élèves ayant opté pour la voie technologique mais souhaitant en cours d’année rejoindre la voie générale (ou inverse) pourront également le faire, à condition d’assister à des stages passerelles. Idem en première, les élèves auront la possibilité de changer de série : les matières du tronc commun seront prépondérantes, ainsi, le changement de série sera facilité.

3 - Qu’est-ce qui va changer en première et en terminale générales ?

En première, les enseignements d’exploration disparaîtront. En voie générale, les élèves auront toujours le choix entre trois sections, à savoir ES, L et S. Puis, en terminale, les matières du tronc commun ne représenteront plus que 30% de l’emploi du temps des élèves, faisant véritablement de la terminale une classe de spécialisation. La réforme tente de permettre à la filière L d’être reconsidérée avec une spécialisation Droit et grands enjeux du monde contemporain en terminale. En série S, les élèves seront dispensés d’enseignement d’histoire-géo en terminale, afin de véritablement axer la série sur des domaines scientifiques.

4 - Pourquoi les syndicats grognent ?

Pour le président de l’UNL Antoine Evennou, le but caché de Luc Chatel est de réaliser des économies d’échelle en supprimant des postes d’enseignantsSi la logique budgétaire de diminution des moyens de l’Education continue, l’Etat prend la responsabilité que la réforme soit inefficace car il n’y aura pas les moyens correspondants.En s’opposant à la réforme du lycée, les syndicats avaient surtout protesté contre les 16.000 postes non remplacés plutôt que sur le fond de la réforme, lui reconnaissant des pistes intéressantes. Pour la FIDL, la mise en place de la réforme parallèlement à une politique de suppressions de postes peut aboutir à des effets inverses à ceux recherchés. Les syndicats regrettent également que les établissements soient chargés de définir les enseignements d’exploration qu’ils enseignent, cela pouvant amener à créer de nouvelles inégalités entre les lycées. La suprématie de la série S n’est pas vraiment remise en cause non plus pour certains, car la réforme ne refond pas le système en profondeur.

5 - Qu’est-ce qui a changé par rapport au projet Darcos ?

Retiré à la surprise générale pour éviter le couac, le projet de réforme du lycée avait été initialement porté par Xavier Darcos. Par rapport au texte proposé par l’ancien ministre de l’éducation nationale, la réforme Chatel diffère quelque peu. Tout d’abord, les deux enseignements d’exploration ont remplacés les quatre modules parmi lesquelles les élèves auraient du trancher : humanités (littérature, langues vivantes ou mortes avec le latin/grec, histoire des arts...), sciences (maths, physique-chimie, biologie), sciences de la société (économie, histoire-géo...) et technologies (pour ceux qui se prédestinaient à un bac STI ou STD2A). Ensuite, la durée de l’accompagnement individuel a été réduit de trois à deux heures. Autre mesure abandonnée, la suppression des trois trimestres, remplacés par deux semestres entre lesquels une pause d’une semaine aurait été instaurée afin de permettre aux élèves qui le souhaitent de se réorienter. 
 


1 réactions


  • Krokodilo Krokodilo 5 septembre 2010 14:06

    La liberté des langues étrangères reste toujours à conquérir dans l’Education nationale. Alors qu’en utilisant les technologies de la communication, on pourrait tout à fait envisager de laisser le libre choix de deux langues étrangères à valider (dont le latin-grec), dans l’école ou hors de l’école si la langue choisie n’y est pas disponible (j’ai détaillé par ailleurs comment ce serait possible, à coût constant), on est toujours dans la planification à la soviétique : l’anglais est imposé de plus en plus tôt, dès le primaire et en 6e, faute de choix. Ce qui va de pair avec la volonté des « élites » de faire de l’anglais la langue de l’union européenne, tout en prétendant y défendre le multilinguisme.
    Au collège, l’enseignement pompeusement nommé depyuis quelque sannées « Arts plastiques » est en fait une régression : le programe est tellement vaste (digne des Beaux-arts) que c’est une immense pagaille, et dans le même temps, les élèves n’apprennent même plus les bases du dessin - je ne suis même pas sûr que les profs sachent encore expliquer les ombres... depuis que leur mode de recrutement a changé pour cette matière.


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