Le plantage des sondages à l’élection à la présidence de l’UMP
Pourquoi de tels écarts ? Pourquoi tous les instituts de sondage se sont-ils trompés ?
Il y a plusieurs réponses à cette question mais le dernier exemple en date d'erreur est une excellente illustration d'une des raisons.
Le 16 novembre 2012, à la surprise générale et contrairement à ce qu’affirmaient tous les sondages, Jean François Copé l’emporte de 98 voix (nous ne sommes pas sur de l'écart, mais il est faible) sur François Fillon aux élections à la présidence de l’UMP.
Pourtant, l’écart décrit entre les deux hommes par les sondages était très important.
Rappel :
- Le 31 Août 2012, L’Ifop à la question « Qui souhaiteriez vous comme dirigeant de l’UMP pour les prochaines années ? » posée à 409 sympathisants UMP extraits d’une base de 2000 Français interrogés, obtient un résultat de 62% en faveur de F Fillon et de 21% en faveur de JF Copé[1].
-Le 8 octobre, Opinionway, spécialiste des études internet, dans un sondage auprès de 523 sympathisants UMP (35% des Français selon cette étude) issus d'une interrogation de 2.213 Français, trouve 35% de sympathisants UMP qui estiment que Fillon est "capable de mener l'UMP à la victoire en 2014". A la même question, Copé ne recueille que 15% des adhésion.
-Le 22 octobre Harris Interactive publie un résultat « prédisant » un écart similaire en faveur de Fillon[2] : A la question « Les militants[3] UMP vont voter pour élire le président du parti, Quelle personnalité souhaitez vous voir élue ?
La réponse basée là également sur les « sympathisants » est semblable : 67% en faveur de F.Fillon, 22% en faveur de JF Copé.
-Le 16 novembre, à 2 jours du scrutin, BVA fait la même erreur et publie un résultat obtenu auprès de 273 « sympathisants » UMP extrait d’une interrogation par téléphone de 1075 Français. : Pour 65% de sympathisants, Fillon est leur « personnalité préférée » contre 33% de préférence en faveur de JF Copé.[4]
Pourquoi cette erreur ?
L’élément principal de la réponse est simple. Ils ont oublié un principe des sondages : la représentativité de l'échantillon. Et leurs échantillons ne l'étaient pas.
Les instituts de sondages ont basé leurs « estimations » sur des enquêtes réalisées auprès de « sympathisants » UMP. Or, ce sont les « adhérents » qui ont votés[5]. Ils n’ont pas vue suffisamment nettement, la différence de vote qui pouvait exister entre les deux populations.
La population qui a donc servi de base aux sondages était une totale erreur. Les « sympathisants » ne sont pas les « adhérents ». Et on peut penser que les « adhérents » UMP étaient beaucoup plus proches de JF Copé, animateur du parti depuis plusieurs années, qu’ils ne l’étaient de F Fillon. Une erreur qu’ont peut probablement rapprocher de l’erreur de casting à la primaire socialiste de 2006, avec le choix de Ségolène Royal à 61% par les sympathisants socialistes[6] .
Deux erreurs de casting qui peuvent nous interroger en tant que Français sur la pertinence de ces primaires.
Le choix des adhérents d’un parti ou même des sympathisants est éloigné de ce que pourra être le choix des Français.
[1] La fiche technique du sondage précise que le sondage a été réalisé par Internet sur 409 personnes extraites d’une base d’internautes de 2000 personnes.
[2] Dans le cas de cet institut, la publication du sondage est moins claire ; si le nombre de la totalité de Français interrogés est précisé (1803 personnes), celui des « sympathisants UMP ne l’est pas. Il s’agit également d’un sondage Internet.
[3] On note ici, une erreur de mots grossière de Harris Interactive qui parle de militants, là où il faut parler d’adhérents. Décidément la sémantique n’est pas le fort des instituts de sondage !
[4] A noter que l’intervalle de confiance (la précision des résultats) publié par BVA comme celui de la plupart des instituts de sondage sur cette question est celui de l’interrogation des Français et pas celui de l’interrogation des sympathisants UMP largement plus important. A titre d’exemple, l’intervalle de confiance avancé par BVA est compris entre ±1,4% et ±3,1% (c’est celui obtenu sur les Français), alors que celui sur les sympathisants est lui compris entre ±3,6% et ±5,9%. Une nuance à la limite de l'intolérable.
[5] Pouvaient voter les adhérents UMP à jour de leur cotisation au 30 juin 2012 ; l’UMP en avait annoncé 264 000, mais le 25 octobre JF Copé annonçait 300 357 adhérents.
[6] Dans cette primaire socialiste comme dans celle de 2011, pouvaient voter les personnes inscrites sur les listes électorales qui acceptaient de signer un texte d’adhésion aux « valeurs de la gauche ». Il s’agissait donc effectivement plus de « sympathisants ».