samedi 20 juin 2020 - par
Macron, bonnet d’âne de la gestion de la crise
Dimanche, nous avons eu droit à une nouvelle déclaration de ce président qui échappe au questionnement des journalistes, contrairement à Trump, comme l’a souligné un Thomas Piketty des plus acides. Et si le New York Times lui tresse des lauriers, tout montre au contraire qu’il a été un des plus piètres dirigeants de la planète, comme les citoyens ne cessent de le dire dans les sondages.
Macron, au bout du rouleau
Si elle a été suivie par plus de vingt millions de téléspectateurs, il est peu probable que le président redore son image avec cette intervention, du niveau de ce que l’étudiant François Hollande aurait pu faire. L’annonce du plan au début, façon introduction d’une dissertation, soulignait à nouveau le manque de maturité de cette présidence. La copie n’était guère brillante, sans le moindre souffle et vision solide d’un après-crise, une synthèse se voulant probablement trop consensuelle, mais un peu molle, et penchant à droite par opportunisme électoraliste. Le virage social n’aura pas lieu. Il faut dire qu’il n’était ni crédible, tant Macron aurait dû se renier, ni même opportun, tant le danger pour Macron reste plutôt à sa droite avec LR, comme l’a montré le premier tour des élections municipales à Paris. Il a donc soutenu les forces de l’ordre, dénoncé les séparatistes et refusé les hausses d’impôt.
La première esquisse de la suite de son mandat avait un côté très orwellien. Voici le président jupitérien, qui a privé les collectivités locales de ressources, qui écoute le moins le reste de la société, qui promet « une page nouvelle (de) libertés et de responsabilités » pour les acteurs locaux. Mais le plus extravagant était probablement sa promesse de « reconstruire une économie forte, écologique, souveraine et solidaire ». Forte ? Notre économie est celle qui a le plus souffert de la crise sanitaire. écologique ? Hulot est parti après avoir constaté que rien, ou presque, ne changeait. Souveraine ? Il laisse depuis 8 ans l’étranger dépecer notre tissu industriel, d’Alstom à Alcatel, en passant par Technip… Solidaire ? Pour les milliardaires, il l’a été… Ce n’est pas tout de dire aux citoyens ce qu’ils souhaitent entendre, mais quand cela est contredit par tout ce qu’il a fait depuis si longtemps, c’est juste une posture ridicule.
Ses annonces sur la crise sanitaire n’étaient guère plus réussies. Dire dimanche soir aux professionnels de la restauration d’Ile de France qu’ils peuvent rouvrir le lendemain, alors même que la décision avait été prise vendredi est effarant. Comment faire une carte, acheter les aliments et organiser son restaurant en si peu de temps ? Une telle annonce n’aurait pas dû être réservée à l’allocution de dimanche du président, mais annoncée dès vendredi après le conseil de défense pour leur permettre de s’organiser ! Après l’annonce de la fermeture le samedi soir pour le dimanche, et l’absence de toute véritable médiation avec les bailleurs, les professionnels ont raison d’être très en colère. Le retour de l’école obligatoire le 22 juin fait sourire tant cela sera bien court avant les vacances. La décision d’un retour des élèves aurait dû être prise avant pour permettre un vrai rattrapage pour les élèves décrocheurs…
Bref, on se demande comment le New York Times peut decerner un tel satisfecit au président français. Certes, la gestion de la crise par Trump a été aberrante, mais Macron n’a pas brillé. Le bilan humain, qui ne comprend pas encore les morts à domicile, est tristement élevé, et ce malgré un des confinements les plus stricts et les plus longs, qui a donc plongé notre économie dans une des récessions les plus violentes des pays dits occidentaux. Et pour couronner le tout, lui et sa majorité n’ont cessé de mentir, le président osant dire en mai qu’il n’y avait pas eu de rupture sur les masques pour les personnels soignants, alors même que d’innombrables reportages ont montré le contraire. Et entre une Allemagne qui a bien protégé la santé de sa population et des voisins du Sud qui ont fini par déconfiner plus tôt que nous, la France semble à la traine dans presque toutes les comparaisons avec l’étranger.
En outre, le pire pourrait bien être à venir. Si le dispositif de chômage partiel a intelligemment permis de réduire le nombre de licenciements, au prix sans doute de gros effets d’aubaine, le futur est inquiétant. D’abord, exclure d’emblée des hausses d’impôt avec les déséquilibres actuels se paiera forcément par des coupes sombres dans les dépenses, qui augurent bien mal le réinvestissement dans la santé, qui ne dépassera sans doute pas un petit coup de pouce sans lendemain en 2021. Et si le gouvernement a tapé du poing sur la table pour l’importation d’ouvriers étrangers dans une usine PSA, la logique du discours du gouvernement reste une politique de l’offre où les salaires seraient maintenus contre un effort. Mais, même si ce discours peut sembler avoir du sens, cela revient à réduire le nombre d’employés pour un même travail, et donc plus de chômage et moins de demande…
Décidément, même le déconfinement aura mal été géré. Mais ce qui est intéressant, c’est que Jupiter cède de plus en plus la place à un pantin électoraliste, cédant à la pression des évènements comme Hollande avant lui, et tentant de faire croire qu’il fait siennes les préoccupations du moment. Pire pour lui, l’équation économique qu’il écrit pour l’avenir ne tient pas et fera à nouveau beaucoup de déçus.