La dernière trouvaille de Baroin est un modèle du genre, plus besoin de batailler pour sauver la Sécurité Sociale comme le gouvernement a sauvé les retraites avec des vagues aux allures de Tsunami et un mois de mai dans les brumes de Fukushima. La bataille du social et de l’équilibre du budget de l’Etat aura lieu, dans les coulisses et l’hémicycle des assemblées, à l’aide d’une modification constitutionnelle qui fera la joie des Strauss-Kahn, Bayrou et consorts, une de plus ! Lourdes a un bel avenir… Alléluia ! Les malades pourront crever sans soins et offrir leurs abattis à la science pour sauver leurs semblables aisés ! Les vieux disparaîtront plus jeunes et les fonds de retraites seront bénéficiaires. La solution finale pour régler les déficits de toute nature est en route. Vive Sarkozy ! Il va sauver la France au nom du Sacré-Cœur, comme il a sauvé Guy Môquet, Florence Cassez et la shoah de l’oubli.
Avant l’exil libyen où son maître sera accueilli toutes orgues de Staline hurlantes par les insurgés qui lui ont offert, sans mandat du Parlement, une guerre confisquée par l’Otan, Baroin, l’économiste disert et sympa, n’a pas mis ses yeux dans le même palmier pour retrouver le salut.
Vivement dimanche ! Après la débâcle cantonale du parti dont il porte l’étiquette, le perroquet du gouvernement, enfile pieusement les pantoufles élyséennes de l’idole brisée par l’ingratitude populaire et copéenne. Histoire de se profiler sans décevoir le tonton Michel de Madame son épouse, il agite le hochet du portemonnaie vide dans un geste d’espoir. Que feriez-vous à sa place ? Il a trois rejetons à nourrir.
Il se souvient des vœux, fardés par l’entreprise Bettencourt, du Président à la nation : « Cette année nous retrouverons l’équilibre budgétaire… » Eh oui, chers compatriotes ! Sans complexe, l’hôte de l’Elysée, qui n’a pas lu la loi de finance du 29 décembre 2010 et l’a signée dans un élan dilapidateur, aurait dû voir que le déficit prévu avant les prochains rectificatifs était déjà de 91,6 milliards d’euros et dépassait les normes de l’union Européenne, sans compter le déficit de la sécurité sociale et désormais la guerre libyenne qui va faire exploser le budget de la défense prévu pour 42 milliards €. Tandis que le besoin de financement de l’Etat pour faire face à ses dettes et au budget envisagé s’élève à 189 milliards €, il va falloir trouver des prêts pour boucler l’état financier 2011.
Si l’équilibre budgétaire consiste toujours à faire en sorte que les dépenses de l’Etat soient égales aux recettes, il y a dans le discours présidentiel une inexactitude patente que reprennent les espoirs exprimés par le ministre Baroin pour perpétuer la honteuse tradition sarkozyenne du bourrage de crâne précédant le vidage des caisses publiques.
Depuis 2007 la France a émis pour 571 milliards d'obligations et bons du trésor, elle doit en émettre pour 186 milliards en 2011, soit 757 milliards d'emprunt pour financer la politique de réformes, définie et conduite par le Président de la République, un record pour un quinquennat ! A fin septembre 2009 la dette de l’Etat s’élevait à 1.134 milliards d’euros (sans y inclure Sécurité Sociale, collectivités locales et organismes divers d’administration centrale). Vive la décentralisation !
Avant même de parvenir à son terme, le quinquennat de l’actuel président a atteint un objectif : ruiner la France et son peuple pour enrichir les soutiens de son pouvoir dans le souci d’emporter les prochaines présidentielles et législativ0es de 2012. Toutes barbes essuyées, grâce aux gouvernements Fillon et à l’ingérence inconstitutionnelle de l’Elysée dans l’exécutif, le déficit public aura augmenté de 480 milliards d’euros à la fin 2011. Selon les prévisions de la Cour des Comptes qui, en septembre 2010, ignorait les aléas de la Libye, les lois de finances rectificatives susceptibles d’intervenir en 2011, et faisaient l’impasse sur les délocalisations financées par une politique irresponsable de 172 milliards d’aides à l’emploi qui profitent aux actionnaires des entreprises au détriment notamment des recettes de la Sécurité Sociale et des services publics, le quinquennat de Nicolas aura fait progresser la dette publique à 92% du PNB.
A elle seule, cette ère présidentielle aura, en 5 ans, amélioré le déficit de l’Etat, cumulé depuis 1973, de 50%. N’applaudissez pas ! C’est hélas, pour l’instant, l’un des deux postes en augmentation avec celui du chômage du mandat Sarkozy. Ah non ! J’oubliais… Le coût de la vie n’est pas en reste. Nous le savons désormais le cher petit voit trop grand. Il avait prévu dix ans de règne bling-bling. Il en aura eu cinq qui en auront coûté vingt s’il achève le premier mandat !
Mais… Si Sarkozy ne pensait pas à l’année 2011 quand il présentait ses vœux : de quel équilibre budgétaire le propagandiste Baroin parle-t-il pour sauver l’élection de son maître en 2012 ?
A moins d’implanter, dans toutes les circonscriptions, des machines à voter favorables à l’UMP, la seconde partie du projet présidentiel ne sera pas réalisable tant le déséquilibre budgétaire est incorrigible, même Baroin, le chétif héraut de la fin du règne, ne saurait tondre un œuf déjà pelé. En supplément, Baroin, qui en bon journaliste possède une mémoire d’éléphant, fait référence à la réélection de J.Chirac en 2002 pour expliquer que rien n’est joué et que le dur de l’Elysée est le vainqueur probable de celle de 2012.
Son analogie oublie que, en 2001 les éléphants socialistes étaient au gouvernement et grâce aux réformes à la Aubry calculées par DSK qui n’ont pas jugulé le chômage mais déçu les espérances folles de la plèbe, leur troupeau a, par l’inaptitude de ses éléments, activement, participé à la montée du FN. Une progression politique qui, en fin de compte, profita au candidat Chirac et le sauva des griffes imminentes et acérées de l’implacable justice républicaine.
Sur la lancée des vœux présidentiels l’excellent porte-parole qui cumule les titres de Ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique et de la Réforme de l'État présente une réforme supplémentaire de la constitution que n’a jamais respectée son maître ni son parti. Ce projet ambitieux est
relatif à l'équilibre des finances publiques. Un sacré programme !
http://www.legifrance.gouv.fr/html/actualite/actualite_legislative/pl_equilibre_fipu.html
Impressionnant ! Le quinquennat sous lequel tous les records de déficit ont été battus à plates coutures aurait-il l’arrogance de vouloir graver dans la constitution, votée par un parlement réuni en congrès aux ordres, le mode d’emploi de la bonne gestion des finances publiques. Cynisme ou rigolade ? Ceux qui savent tout mieux que les autres et font tout moins bien ont-ils la prétention de donner des leçons ?
Nenni ! A l’examen le projet de l’excellent Baroin est un nouveau marché de dupes, une enfilade de publicain digne d’un petit Fouquet étriqué et sans imagination. Il prétend introduire le principe de la loi-cadre dans la Constitution, une notion de loi qui n’est pas d’ordre constitutionnel. Elle est née dans les méninges d’un subalterne à Valéry lors de la rédaction du traité européen rejeté en mai 2005. Cette pompeuse dénomination loi-cadre est un faux-ami qui n’a rien d’une loi selon la norme française. Elle désignait dans feu le traité constitutionnel ce que celui de Lisbonne appelle directive européenne ou règlement communautaire. C’est tantôt, l’équivalent de notre décret tantôt de notre règlement ministériel et peut prévoir la consultation du parlement mais ne requiert surtout pas son approbation. Vous me suivez n’est-ce pas ? En fait cela consiste à faire d’une matière législative une matière règlementaire.
Il fallait s’y attendre de la part de Sarkozy ce « grand stratagème » comme Madame François-Poncet avait un jour appelé un dignitaire de l’armée allemande, ceci est la porte ouverte à tous les excès. Bien entendu ceci ne garantit pas le moins du monde l’équilibre budgétaire de l’état. Il ne s’agit pas de réduire les dépenses publiques mais de disposer librement des dépenses et des recettes publiques. Plus de comptes à rendre, le pillage de l’Etat et des citoyens peut continuer, il est ainsi programmé dans la constitution.
Voici une manière bien peu démocratique de shunter les représentants du peuple et de disposer des finances publiques sans aucun contrôle. Une telle modification constitutionnelle n’implique nullement une réduction des dépenses mais offre au gouvernement toutes possibilités d’imposer à hue et à dia le contribuable et de décider selon son bon plaisir des lois de finances et des lois de finances de la sécurité sociale, un pur et simple scandale. Charges sociales, impôts et taxes au bon plaisir du gouvernement pour boucler des budgets irresponsables résultant des caprices du chef.
C’est aussi une manière de détourner le principe de la séparation des pouvoirs et d’accorder au gouvernement celui de légiférer, ce qui en modifie la forme républicaine. En ce sens cette réforme s’oppose à l’alinéa 5 de l’article 89 de la constitution et à l’article 16 de la déclaration de 1789.
Il serait désormais possible de prendre, sans mesure, dans la poche de contribuables choisis ou la caisse des institutions, telle la Sécurité Sociale, sans l’avis du peuple et des cotisants sociaux. C’est une manière très peu démocratique de disposer par simple décision gouvernementale des finances publiques, sociales et privées. Où allons-nous ?
Faut-il croire que l'Attila de Guy Béart prépare, sur les conseils d'une Lagarde au trésor déplumé, la France à la déconfiture inévitable qui, comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, l'attend au tournant des agences de notation américaines et aux conditions sans appel de notre partenaire allemand ?
Si le principe de la loi-cadre était approuvé par les parlementaires de l’opposition et si la loi constitutionnelle était jugée conforme par le Conseil Constitutionnel (ce dont je doute) et agréée par le Congrès, les représentants du peuple révèleraient de bien étranges intentions et des propensions bien peu républicaines et démocratiques. Ils ne mériteraient pas notre suffrage aux prochaines législatives. A ce sujet il est grand temps de mettre en doute les intentions de nos élus et de les juger sur leurs actes et non leur discours, la majorité d’entre eux nous a montré, souvent au cours de cette législature, que ces élus n’étaient, pour la plupart, pas compétents ou totalement indignes de notre confiance.
Mais les Français n’ont-ils pas la mémoire courte et le pardon facile ? Après tout comme, le répète Jean-Luc M., un copain de Marine qui s’est mis à son compte : « Le Strauss-kahnisme c’est vider le crâne pour bourrer ses poches ! »