mardi 8 janvier 2013 - par Sylvain Rakotoarison

Mélenclown versus Cahuzacréou à la télévision

Débat improbable entre Jean-Luc Mélenchon et Jérôme Cahuzac, deux personnalités issues du PS. Au-delà de l’aspect médiatique (débat pris comme un simple spectacle où l’on compterait seulement les coups), quelques vérités se sont révélées, notamment sur les intentions gouvernementales et sur le décalage entre les discours de campagne et les décisions présidentielles.

En ce début d’année, la télévision publique a gratifié ses téléspectateurs d’un débat politique inédit. En effet, le lundi 7 janvier 2013, Yves Calvi a reçu dans son émission "Mots Croisés" sur France 2 deux représentants de la gauche diamétralement opposés sur la politique économique à suivre : le Ministre du Budget Jérôme Cahuzac et l’ancien candidat à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon. Il y a eu, entre les deux, une sorte de bataille d’arrogance si ce n’était une bataille d’ego.

Ce débat, aussi pugnace que le débat entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sur BFM-TV le 14 février 2011, a d’abord été, évidemment, un spectacle médiatique conçu comme tel. Cependant, il m’a paru utile aussi sur le fond à bien des égards. Il a apporté un éclairage particulier à la politique fiscale du gouvernement pour le moins brouillonne ces derniers mois avec l’avalanche de mesures peu populaires (augmentation de l’impôt sur les revenus, augmentation de la TVA) ou suscitant des polémiques bien stériles (taxe de 75% sur les hauts revenus). Il a également complété l’opinion qu’on pouvait avoir de deux personnages clefs de la vie politique actuelle.


La forme

Les médias savent depuis longtemps à quoi s’en tenir quand ils invitent Jean-Luc Mélenchon. Depuis 2008, il se lâche désespérément, arborant parfois un sourire crispé lorsqu’il flirte trop avec les frontières de l’impolitesse. Ce lundi soir, il n’a pas franchi la limite de l’incorrection mais n’a quand même pas hésité à exprimer sa "sainte" colère contre l’appauvrissement d’une certaine partie de la population. On pourrait même devenir admiratif devant sa capacité d’indignation malgré ses presque trente années de vie politique. C’est de toute façon toujours rassurant de savoir que la politique est encore pratiquée par des personnalités capables d’une telle expression orale, ce qui est très rare.

Moins connu, néanmoins aussi voire plus important que son contradicteur, Jérôme Cahuzac est au cœur de la politique budgétaire du gouvernement. On dit qu’il est intraitable avec ses collègues ministres et très dur en négociations, ce qui fait qu’il n’est pas très aimé mais est très efficace. C’est sans doute pour cette raison que le Président François Hollande l’a nommé à ce poste essentiel. Rappelons que le Budget et l’Intérieur sont les deux postes stratégiques pour toute ambition nationale, postes qui ont été occupés par exemple par les deux prédécesseurs directs de François Hollande, même si parfois, ils sont occupés par des "technocrates" plus que des "animaux politiques".

La manière dont Jérôme Cahuzac a tenu face à Jean-Luc Mélenchon a montré très clairement qu’il est passé de l’image de "technocrate" (connaissant très bien ses dossiers) à une image plus politique. Certains l’imagineraient même comme le successeur de Jean-Marc Ayrault à Matignon, alors que son interlocuteur s’est clairement présenté comme le recours pour la majorité socialiste. Cependant, la supposée affaire du compte en Suisse pourrait se transformer en même boulet fatal sur le chemin de Matignon que l’affaire démarrée en juin 2010 sur Éric Woerth, lui aussi destiné comme Premier Ministre après la réforme des retraites de novembre 2010.

Jérôme Cahuzac a su désamorcer toutes les périphrases mélenchoniennes, et en particulier sa colère à propos de la dette. Il a su lui laisser le bénéfice du doute sur sa sincérité et a même admis la justesse de son diagnostic, mais il a fermement réfuté les solutions qu’il proposait avec un sens de la conviction assez affirmé.

Même sur la forme, connaissant la personne, il a su tenir tête "les yeux en face" à celui qu’il a appelé plusieurs fois le "clown" pour répondre à l’insulte de Jean-Luc Mélenchon parlant de Hollandréou et de Cahuzacréou, pour les associer à la gestion désastreuse de la Grèce par le socialiste Georges Papandréou Jr. C’est d’ailleurs là où la verve de Jean-Luc Mélenchon rencontre les limites de la bonne foi : Jean-Luc Mélenchon n’autorise pas aux autres ce qu’il se permet lui-même de faire comme attaque, comme transformer le patronyme de ses contradicteurs.

Malgré le vouvoiement dû à l’espace public (Jean-Luc Mélenchon a quand même parlé d’Arnaud Montebourg en le tutoyant), on imagine sans mal que ces deux personnalités qui se sont côtoyées au parti socialiste pendant plus de vingt ans doivent très bien se connaître, mais cette émission a montré aussi qu’ils ne doivent pas du tout s’apprécier l’un l’autre.


Le fond

Le fond du discours de Jean-Luc Mélenchon n’est pas nouveau puisqu’il est le même depuis le début de la campagne présidentielle. En revanche, sur les propos de Jérôme Cahuzac, en charge du pays, il était très intéressant de noter une nouvelle inflexion. Elle a d’ailleurs été pointée du doigt par Jean-Luc Mélenchon avec insistance.

Jérôme Cahuzac a en effet annoncé que le gouvernement renonçait à une grande réforme fiscale, qui paraît pourtant nécessaire tant les dispositifs apparaissent comme une usine à gaz généralement illisible même pour les meilleurs des fiscalistes. Jean-Luc Mélenchon a eu d’ailleurs cette analogie très bien trouvée que lorsqu’il fallait imaginer un nouveau dispositif fiscal, c’était comme si l’on pêchait avec une épuisette trouée, tant les niches fiscales réduisaient l’efficacité des mesures.

En fait, il ne l’a pas dit comme cela, mais le Ministre du Budget a considéré que la grande réforme fiscale venait d’être adoptée par le Parlement en décembre 2012, en estimant que le fait que réinjecter les revenus du capital dans l’impôt sur le revenu était une mesure révolutionnaire (et en expliquant les 40% d’exonération comme l’équivalent de l’avoir fiscal). Cependant, j’avais entendu parler de la refonte de la CSG dans l’impôt sur le revenu, réforme qui paraît désormais lettre morte. C’était pourtant le premier cheval de bataille du candidat François Hollande dès janvier 2010, à l’époque où il devait se différencier de ses concurrents socialistes en vue de la primaire en se dressant une stature d’homme raisonnable et sérieux.

Il y a eu un sujet pour lequel aucun des deux débatteurs n’a été convainquant, c’est sur leur engagement lors des différents traités européens, en particulier sur les deux principaux, leur position aux deux référendums, en septembre 1992 pour Maastricht et en mai 2005 pour le Traité constitutionnel européen (TCE). Jean-Luc Mélenchon a voté oui à Maastricht et non au TCE tandis que Jérôme Cahuzac a fait exactement l’inverse. Et si Jean-Luc Mélenchon a fait au moins amende honorable en disant s’être trompé en 1992 ("on a cru que", "on nous a faire croire que"… mais qui prouve que Jean-Luc Mélenchon ne se trompe pas encore aujourd’hui ?), Jérôme Cahuzac a justifié de manière alambiquée la cohérence de ses deux votes (non à Maastricht et oui au TCE) alors que, comme l’a rappelé Jean-Luc Mélenchon, le Traité de Maastricht était inclus dans le TCE.

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Sur la colère mélenchonienne à propos de la dette publique, Jérôme Cahuzac a en revanche véritablement terrassé l’argumentation de Jean-Luc Mélenchon. Pour ce dernier, la France ne devrait la rembourser que lorsqu’elle le pourrait. Et ce n’est pas avec les 132 milliards d’euros d’impôts supplémentaires (!) qu’a proposés Jean-Luc Mélenchon que l’État pourrait venir à bout de ses 1 800 milliards d’euros de dette. Jérôme Cahuzac a pris l’exemple de l’année 2013 où la France devrait emprunter 169 milliards d’euros sur les marchés internationaux (aujourd’hui, à très faibles taux d’intérêts, parfois même négatifs !) dont une vingtaine de milliards pour la sécurité sociale. Si la France disait qu’elle ne rembourserait plus la dette, elle ne pourrait plus emprunter d’autres milliards et en définitive, elle ne pourrait même plus payer ses fonctionnaires à la fin de l’année (comme en Grèce). Jérôme Cahuzac en a même profité pour fustiger la volonté de Jean-Luc Mélenchon de recruter 30 000 fonctionnaires par an alors que le gouvernement auquel il appartient a, lui aussi, fait du recrutement massif de fonctionnaires son thème de campagne.

Si Jean-Luc Mélenchon n’est pas à l’abri de nombreuses approximations historiques (vite remis en place par Jérôme Cahuzac, notamment sur la CGS sous François Mitterrand, un Président qui semblait être étrangement répulsif pour les deux débatteurs), il a au moins de la (courte) mémoire et il est toujours étonnant de voir à quel point les journalistes n’en ont pas (en l’occurrence Yves Calvi).

Ainsi, lorsqu’il entendait Jérôme Cahuzac parler du retour de la taxation à 75% des hauts revenus (qui a été rejetée par le Conseil Constitutionnel le 29 décembre 2012 en raison de la "non conjugalisation" de la mesure), Jean-Luc Mélenchon a rappelé avec pertinence que le soir du jour où François Hollande, à la va vite, avait annoncé cette proposition, le 27 février 2012, sur TF1, Jérôme Cahuzac, dans cette même émission de "Mots Croisés" sur la chaîne concurrente, avait prouvé qu’il n’avait pas été mis au courant, bien que conseiller budgétaire du candidat socialiste, et avait même exprimé son désaccord un peu mou sur le sujet. Pourtant, cette annonce a permis à la candidature de François Hollande de rebondir deux semaines après l’entrée en fanfare de Nicolas Sarkozy dans la campagne présidentielle.

Et c’est cela qui "cloche" justement dans le pouvoir actuel : François Hollande a su habilement faire une campagne suffisamment subtile pour laisser entendre sur sa gauche qu’il changerait profondément la politique de son prédécesseur, cela pour recueillir les voix sur sa gauche qui auraient pu se déporter sur le candidat Mélenchon. Mais en définitive, que ce soit sur le TSCG, sur l’objectif de réduction du déficit public, du constat de la perte de compétitivité et du besoin de redynamiser les entreprises, si le sens de toutes ces mesures était prévisible, cette politique a toutefois surpris plus d’un électeur de François Hollande (un peu comme les clauses en petits caractères sur les contrats de téléphonie).


L’impopularité très rapide de François Hollande

C’est cette différence entre discours et actes qui mine le parti socialiste depuis juin 1982 et le début de la "rigueur". Que ce soient François Mitterrand, Lionel Jospin ou François Hollande, les rares personnalités socialistes qui ont conquis le pouvoir depuis cinquante ans sont toujours restées dans une phraséologie passéiste digne de la fin du XIXe siècle, alors que leur politique s’est conformée (heureusement) à la modernité rationnelle face à la réalité mondiale. Ce décalage n’est pas sans but puisqu’il s’agit avant tout de capter les électeurs de gauche et d’alimenter artificiellement le clivage gauche/droite pour bénéficier de la bipolarité.

Pourtant, depuis plus de vingt ans, le clivage idéologique n’est plus entre la gauche et la droite ou plutôt entre le PS et l’UMP, mais bien entre ceux qui sont optimistes sur la capacité de la France à rester un grand pays et à s’adapter à la rude concurrence économique internationale (notamment des pays émergents) et ceux qui, plus inquiets et angoissés, préfèrent renoncer à cette compétition et replier la France dans une sorte autarcie, complètement irréaliste puisque aujourd’hui, le moindre produit de consommation est fabriqué sur plusieurs continents à la fois. C’est d’ailleurs sur ce clivage que François Bayrou avait voulu placer l’élection présidentielle de 2012 (en vain), entre ceux qui sont prêts à concourir, même si c’est difficile, et ceux qui préfèrent exclure (les immigrés, les musulmans, les riches, les "capitalistes", etc.).

Dommage que ce débat Mélenchon/Cahuzac n’ait pas eu lieu AVANT l’élection présidentielle. Cela aurait mieux éclairé l’électorat et cela aurait été bien plus honnête pour les électeurs. Du moins pour ceux de François Hollande.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (8 janvier 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jérôme Cahuzac et la taxe de 75% (27 février 2012).
François Hollande.
Jean-Luc Mélenchon.
Jean-Luc Mélenchon vs Marine Le Pen (14 février 2011).
Les 60 000 fonctionnaires de plus.
Retour à la compétitivité.
La dette publique.

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13 réactions


  • realTMX 8 janvier 2013 15:32

    @l’auteur.

    Vous dites en introduction « Débat improbable ». Je ne vois pas en quoi ce débat est improbable.

    Calvi comme les deux politiques invités sont des vendus au service des industriels. Ils fréquentent les mêmes personnes, partagent les mêmes idées et font simplement semblant de ne pas être d’accord.

    On retrouve ces ordures au même endroit le dernier mercredi du mois dans le diner du Siècle, place de la Concorde à Paris.

    Quant au Mélenchon qui fait semblant de s’intéresser au peuple qui souffre, ce n’est qu’un pantin de plus. Européiste pur et dur, il ne cherche que des voix pour se faire élire. Une fois élu, il trahira le peuple comme tous les autres. Seuls ses intérêts comptent au final.


    • Romain Desbois 8 janvier 2013 16:09

      le programme du FdG était très en avance sur la protection animale et on a entendu notre Mélenchon dire que se préoccuper de la façon dont on abat le bétail n’est pas digne d’une campagne présidentielle.

      Tiens, il se serait foutu de la gueule des électeurs de la protection animale que ce ne serait pas surprenant.


    • realTMX 8 janvier 2013 16:15

      On sait ce que valent les programmes de campagne électorale et celui du FdG n’échappe pas à la règle que vous le vouliez ou non.

      Oui je suis pour la sortie de cette dictature qu’est l’UE et pour le retour de la France telle qu’elle était avant avec l’abrogation de la loi scélérate de janvier 73. Sans cette maudite loi, notre taux d’endettement ne serait que de 15% du PIB au lieu des +90%.

      Je n’ai pas voté lors des dernières élections car le vote n’est qu’une soumission au système et de plus, le seul candidat valable n’a pas pu se présenter car boycotté par les médias aux ordres. On ne peut pas en dire autant de votre Mélenchon. S’il voulait vraiment changer les choses, pensez-vous qu’on l’aurait laissé s’exprimer pendant la campagne ? Soyez un peu sérieux.

      Coluche disait très justement « Si les élections pouvaient changer les choses, elles seraient interdites. ». On voit aujourd’hui la clarté de ses paroles.


    • Romain Desbois 8 janvier 2013 16:23

      realTMX

      Que vous le vouliez ou non , vous avez permis à sarkozy et à hollande de passer le premier tour, puis à Hollande d’être président. autant qu’un électeur.

      Si cela ne vous empêche pas de dormir.

      Abstention, piège à cons


    • realTMX 8 janvier 2013 16:49

      Non, çà ne m’empêche pas le moins du monde de dormir car je savais que le duel serait Nabot / Flamby que j’aille voter ou non puisque les média, et plus généralement l’Elite, en avaient décidé ainsi.

      Le seul qui combattait ce système politique, François Asselineau, a été muselé par tous les média, sa page Fesse de bouc ainsi que sa page Wikipédia ont été effacées parce que dire la vérité ne plait pas à l’Elite dominante.

      Il valait mieux s’abstenir que de voter pour des salauds tous avalisés par l’Elite et qui ne changeraient rien dans la réalité que nous traversons. En fait, voter pour un de ces salauds c’est cautionner la pourriture qui règne au plus haut de l’Etat et donc trahir la France.

      Alors, définitivement, non je n’ai pas de problème ni pour dormir ni pour me regarder dans le miroir car je ne suis pas un sale collabo.


  • Pyrathome Pyrathome 8 janvier 2013 15:36

    Vous y connaissez en clown, mon vieux Sylvain.......
    Vous en êtes un beau !! smiley.


  • logan 8 janvier 2013 18:35

    Sur la colère mélenchonienne à propos de la dette publique, Jérôme Cahuzac a en revanche véritablement terrassé l’argumentation de Jean-Luc Mélenchon. Pour ce dernier, la France ne devrait la rembourser que lorsqu’elle le pourrait. Et ce n’est pas avec les 132 milliards d’euros d’impôts supplémentaires (!) qu’a proposés Jean-Luc Mélenchon que l’État pourrait venir à bout de ses 1 800 milliards d’euros de dette. J

    Bonjour,

    on saura qui a terrassé qui quand les gens réfléchiront à leurs arguments à tête reposée, et non pas en se basant sur les premières impressions.

    On notera que Calvi a refusé à Mélenchon la possibilité de répondre aux derniers arguments de Cahuzac faute de temps. Ce qui signifie que le débat est loin d’avoir été conclu.

    D’abord, il faut prendre conscience que les 1800 milliards d’euros de dette ont été constitués sur 40 ans, et personne, parmi ceux qui parlent de les rembourser, ne compte les rembourser en 1 an ni même sur 5 ans.

    La première arnaque dans l’argumentation de Cahuzac, c’est que les mesures du gouvernement ne visent aucunement à rembourser la dette, elles visent seulement à réduire le déficit sous la barre des 3% par rapport au PIB.

    Le gouvernement ne propose aucune mesure pour rembourser la dette elle-même, il compte juste réduire le déficit en augmentant pour partie les recettes et en réduisant les dépenses.

    Cahuzac a confirmé que les hausses des recettes du budget 2012 seront les dernières mesures du genre, et que désormais il n’y aurait que des réductions des dépenses.

    Donc pour lui, le problème des inégalités semble réglé, il a d’ailleurs affirmé que désormais le capital était taxé à la même hauteur que le travail.

    Mélenchon et le fdg pensent évidemment que la répartition des richesses, et la redistribution sont inégalitaires, et quand ils prévoient 132 milliards de hausses des recettes, Cahuzac malhonnêtement sous-entend que cette somme importante serait payée par tous, alors qu’évidemment le fdg compte récupérer cet argent pour rétablir une justice sociale et fiscale dans le pays, donc ils seraient payés par les plus riches, par les entreprises qui ne redistribuent pas assez leurs profits au reste de la société, et trop aux mêmes personnes, et par les acteurs de l’inutile jeu de casino de la finance.

    On a donc deux visions des choses qui s’opposent, Cahusac qui pense qu’il n’est plus possible d’augmenter les recettes fiscales et qui considère visiblement que la situation fiscale est optimale ... et Mélenchon qui considère que nous sommes encore dans une situation ( c’est son image de l’épuisette ) où énormément d’argent du à la société échappe encore à l’état et donc au bien commun.
    Du côté des dépenses, la tirade de Mélenchon a été très claire, il refuse de toucher aux dépenses ou d’augmenter les impôts qui accablent ceux qui n’ont pas grand chose, et propose ainsi de financer une relance de l’économie grâce à une meilleur redistribution des richesses, que le remboursement de la dette devait passer après toutes ces mesures,
    là où Cahuzac est persuadé qu’il n’existe qu’une seule solution, réduire les dépenses et donc les prestations sociales, bref l’austérité.

    Mélenchon a à juste titre pointé du doigt que la seule solution de Cahuzac était aujourd’hui appliquée dans plusieurs pays comme la Grèce et qu’elle ne marchait pas. Qu’elle ne créait que de la souffrance et aggravait la situation.

    Cahuzac a accusé Mélenchon de proposer bien pire, en caricaturant malheureusement les mesures proposées par Mélenchon comme une augmentation de l’endettement et que son idée de ne pas rembourser la dette amènerait à la faillite de la France.

    Mélenchon n’a pas pu répondre.

    Il est d’abord malhonnête d’accuser le front de gauche peu importe que l’on croit à la pertinence de ses mesures ou non de vouloir endetter la France simplement en mettant en relation les nouvelles dépenses qu’ils proposent et l’endettement. Le programme du front de gauche, comme l’a pourtant fait remarqué Cahuzac, propose aussi de nouvelles recettes, si bien que le bilan pour le budget de l’état visé par le programme du fdg est excédentaire ( oui je sais les français ont oublié ce que ce mot peut signifier, excédentaire de 30 ou 40 milliards ). Sans doute de quoi rembourser une partie de la dette. Là où évidement l’objectif de réduire le déficit sous la barre des 3% soutenu par Cahuzac a toujours pour effet d’augmenter la dette de 50 milliards d’euros chaque année ( donc de 250 milliards sur 1 seul mandat de président ).

    Mélenchon a évoqué l’audit et le non remboursement de la dette. Il voulait sans doute évidemment, et c’est le principe d’un audit, parler du non remboursement d’une partie de la dette ( jugée illégitime ) et il a parlé de rembourser la dette quand on pourra, ce qui peut signifier renégocier les échéances de la dette ( payer moins mais sur plus longtemps ).

    Cahuzac a mis en avant l’épouvantail habituel quand on parle de restructuration de la dette. Plus personne ne voudrait prêter, vous pensez bien, qui prêterait à quelqu’un qui ne rembourse pas ?

    Il suffit pourtant d’aller regarder du côté des pays qui ont déjà rencontré cette situation ( contraints par la faillite ou simplement par volonté politique comme le propose Mélenchon, ou un peu des deux ).

    L’argentine est le meilleur exemple, ils ont d’abord connu une faillite en 2001, puis le nouveau gouvernement a décidé de restructurer leur dette en 2003, beaucoup de créanciers ont été floués dans l’opération ( ils n’ont pas été remboursés dutout ou partiellement / perdus de l’argent ).

    Suite à cette restructuration, les faits semblent démentir les propos de Cahuzac vu qu’ils trouvent encore des prêteurs ( et c’est normal ils ont résolu leur problème budgétaire et relancé leur économie il n’y a plus aucune raison de croire qu’ils ne rembourseront pas ). Et pire, l’argentine grâce à cette mesure, mais aussi à d’autres mesures qui ressemblent beaucoup à celles proposées par Mélenchon et le fdg ( redistribution des richesses / investissements publics pour relancer l’économie ), ils ont non seulement résolu très vite la crise que les mesures d’austérité qu’ils ont subit pendant 10 années avait provoqué en dégradant sans cesse leur situation jusqu’à la faillite, mais ils ont dépassé leur situation économique d’avant la crise et vivent un boom économique assez impressionnant compte tenu de ce qu’ils ont vécu.

    Enfin, et c’est le dernier point important qui a été mis en avant par Mélenchon et malhonnêtement écarté par Cahusac derrière l’argumentation vaseuse qu’on ne peut rien changer en Europe ( voilà donc que nous aurions la fin de l’histoire ? on ne peut plus rien changer ? ). Mélenchon et le FDG comptent financer l’état d’une manière différente, non seulement par une réforme fiscale assez importante, on en a parlé plus haut, mais aussi en s’appuyant sur des mesures comme la nationalisation des banques pour créer un service public bancaire ( et donc utiliser beaucoup plus l’épargne des français pour emprunter plutôt que de l’argent étranger via les marchés financiers internationnaux ), mais en s’appuyant aussi sur des emprunts auprès de la banque centrale européenne.

    Et là c’est tout un débat que Cahuzac a écarté bien trop rapidement.

    Alors qui va gagner au final, quand on y réfléchit ? Ce débat a le mérite de poser sur la table toutes ces questions, et j’espère qu’elles vont faire réfléchir les gens. J’ai des doutes quand au fait que Cahusac et le PS gagnent des partisans grâce à ces questions.


  • Ariane Walter Ariane Walter 8 janvier 2013 19:11
    Voici la réalité sur le « je n’ai pas voté Maastricht. »

    «  je n’ai pas voté Maastricht » Bien sur que non qu’il ne l’a pas voté, il n’était pas député, ni même conseiller général, ni Maire, que faisait t-il le Cahuzac à l’époque ? Il est Conseiller technique pour le médicament, il est également à l’interface du ministère avec la Direction de la pharmacie et du médicament (DPHM) dans le cabinet Evin. L’année suivante, il crée la « clinique Cahuzac » spécialisée dans les implants capillaires. Ainsi, s’il n’a pas voté Maastricht c’est que personne ne lui a demandé son avis, alors bien sur il peut toujours dire que dans le secret de l’isoloir, il aurait déposé un non au référendum… Il ment, il ment parce qu’à la vérité il est à l’époque conseiller de Michel Rocard et que celui ci mène une campagne soutenue pour le oui ! D’ailleurs lorsqu’il s’agit en 2008 de reconduire le traité de Maastricht, alors qu’il est député, il votera le texte comme c’est prouvé ici.

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    Pauvre cahuzac...


  • DanielD2 DanielD2 8 janvier 2013 23:47

    Mais qui s’intéresse encore aux débats de la gauche ? 


    Entre les cocos attardés du collectivisme, les anars qui se croient encore pendant la guerre d’Espagne, les écolos qui veulent démolir les usines et rien foutre, les dingos du multi-ethniques qui trouvent normal que la France s’islamisent parce qu’ils aiment le couscous, les bobos qui veulent que les PD puissent se marier, les fonctionnaires qui défendent leur petit lopin public bien à l’abri de la mondialisation tout en crachant sur ceux qui la refuse, les libéraux fanatiques, les cosmopolites citoyens du monde qui rêvent de partir mais crachent sur ceux qui le font avant eux, les républicains neuneux, etc, la liste est trop longue, franchement les gars ... 

    Nan mais sérieusement, tout ça est une soupe idéologique tellement épaisse de débilitée et de contradiction, rappelez nous quand vous aurez fait le tri dans vos têtes. 

    • LE CHAT LE CHAT 9 janvier 2013 12:32

      beau résumé des soutiens de Normal 1er , on cherche en vain le monde ouvrier dans tout ça .....


  • robin 9 janvier 2013 13:33

    Le débat Mélenchon Cahuzac a eu au moins le mérite de montrer le seul clivage réel qui compte : être avec et pour les banksters (UMP PS et 95% des merdias) ou contre (Mélenchon peut être, plus sûrement Marine Le Pen, Dupont Aignan, Asselineau)


  • Traroth Traroth 9 janvier 2013 13:54

    Vous avez battu un record, Rakotoarison : cette fois, je n’ai même pas dépassé le titre de votre article. On publie vraiment n’importe quelle merde, sur Agoravox, ces jours-ci...


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