vendredi 19 juin 2009 - par Christophe Certain

On achève bien les socialistes

Les partis politiques naissent, grandissent et meurent, comme des êtres vivants. Un homme crée ou investit un parti en le modelant à sa main, lui donne vie et le mène à la victoire. Cela a été le cas avec François Mitterrand pour le PS, Jacques Chirac pour le RPR et Nicolas Sarkozy pour l’UMP. Ce dernier n’a pas hésité à refondre le RPR de Jacques Chirac dans l’UMP pour forger sa nouvelle machine de guerre. Le PS aujourd’hui montre le triste spectacle d’un parti qui a survécu à son créateur, et qui continue à courir comme un poulet à la tête coupée. Aux trois dernières échéances présidentielles le PS a échoué, incapable de parler d’une seule voix, tiraillé par des querelles internes, essayant dans un effort pathétique de marier la carpe sociale avec le lapin libéral.

Les partis politiques d’aujourd’hui se présentent et se vendent comme des produits de consommation ; pourquoi pas après tout, c’est dans l’air du temps. Mais, tous les experts en marketing vous le diront, un produit qui n’a pas un positionnement clair a peu de chances de connaître le succès. On ne peut pas vouloir plaire à tout le monde, au risque de ne plaire à personne. Le parti socialiste était jadis un parti du peuple. Dans les années 80 - les années du fric - la gauche caviar, la gauche Tapie puis plus récemment la gauche bobo ont créé une certaine confusion dans les esprits.
Que veut dire le socialisme aujourd’hui quand quelqu’un comme Tony Blair s’en réclame ? Personne ne l’a viré de l’internationale socialiste à ma connaissance. Que veut dire “socialiste” quand Pascal Lamy est le patron de l’organisation mondiale du commerce et Dominique Strauss Kahn celui du fonds monétaire international, deux bastions de l’ultra-libéralisme le plus pur ?
Alors quand Ségolène Royal ou Martine Aubry nous parlent de socialisme, doit-on se fier à ce qu’elles nous disent ou à ce que l’on voit des socialistes qui ont réussi à l’nternational ? Et j’oubliais ceux qui ont préféré rejoindre les rangs de l’UMP. Quand un général quitte son camp c’est un traître, quand il y en a 10 c’est une cause perdue. Ou alors la frontière entre les deux camps n’est qu’une illusion d’optique. Que croire ?

Il est donc temps de clarifier les choses, puisque le mot même de “socialisme” est aujourd’hui si entaché de soupçon. Les mots s’usent aussi, même si les idées qui sont derrière existent toujours. Il faut alors parfois en changer pour savoir vraiment de quoi on parle, et démasquer les “faux-amis”. Après tout, même si le concept de socialisme est déjà ancien, le “parti socialiste” français ne date lui que de 1969. Ca n’a gêné personne avant.
Cependant, il n’est pas naturel de lâcher la proie pour l’ombre et rares sont ceux qui sont prêts à renoncer à un douillet potentat local aux couleurs du parti socialiste pour risquer de prendre des coups dans une bataille à l’issue incertaine. Mais ceux qui se croient à l’abri dans leur forteresse sont en réalité à la merci d’un vicieux changement de mode de scrutin qui pourrait bientôt leur faire perdre en une fois jusqu’à leur culotte. Raffarin a déjà lancé un ballon d’essai avant le week-end de la Pentecôte en parlant d’un mode de scrutin à un seul tour pour toutes les élections, qui favoriserait évidemment le parti le plus puissant, c’est à dire en l’état actuel des choses l’UMP.

Les socialistes ont attendu pendant des années “l’alternance”, comme un dû démocratique. Autant le leur dire tout de suite, elle ne viendra pas de sitôt. Ce n’est pas Sarkozy qui leur fera ce plaisir. Mais ce dernier a bien appris sa leçon, rendons-lui cet hommage. C’est en effet François Mitterrand qui a inauguré “l’ouverture” et semé la confusion dans les rangs de la droite. C’est lui aussi qui a soufflé sur les braises du front national pour mieux diviser la droite, comme tente aujourd’hui de le faire Sarkozy avec le NPA . Pourtant Le danger le plus immédiat venait de la droite elle-même, dont le parti socialiste n’a depuis cessé de se rapprocher jusqu’à aujourd’hui. Les dernières victoires de François Mitterrand ont été des victoires de stratège, au moment où les hautes sphères du parti socialiste consommaient leur union avec le libéralisme économique dans l’ivresse du pognon. En gagnant ces élections dans les urnes mais en perdant la foi de ses électeurs, François Mitterrand donnait le baiser de la mort à la gauche.

Si on regarde la situation actuelle, on ne peut pourtant pas dire que Nicolas Sarkozy ait gagné les dernières élections européennes par un sursaut de popularité. Nicolas Sarkozy n’a pas gagné la bataille des idées comme il le prétend. Il a simplement gagné par forfait car les électeurs de gauche ne croient plus suffisamment au parti socialiste pour se déplacer. C’est le PS qui a perdu.
Si la gauche veut arrêter de perdre un jour il va falloir en finir avec le PS, qui n’a pas gagné d’élection présidentielle depuis 1989, il y a tout juste 20 ans. Peut-être n’est-ce pas encore suffisant ? Un petit quinquennat supplémentaire de Nicolas Sarkozy ? Et pourquoi pas ensuite quelques années de Sarkozy Nicolas en premier ministre, à la mode russe, comme je le suggérais dans un précédent article ? avant peut-être le sacre de Sarkozy Jean ? Comme le disait le père de Nicolas Sarkozy, “une dynastie ne commence qu’à la troisième génération”, ça nous laisse le temps de voir venir.

Devant Troie les Grecs brûlèrent leurs vaisseaux pour que personne ne puisse être tenté de s’enfuir devant le combat. Qui mettra le feu au parti socialiste ?



6 réactions


  • Solidarités et Libertés 19 juin 2009 11:52

    Bonjour,

    Nous avons un constat en commun. Le PS est une causes principales de la crise que traverse, aujourd’hui, la gauche.

    Dans mon article, « L’avenir de la gauche, ou la necessité de sa refondation », j’en parle et propose la dissolution du PS.


    Mais, il ne faut pas en rester à ces constatations, il est temps, pour la Gauche, de proposer un nouveau mode de développement. Notre réflexion doit être basée sur un rafraichissement de son ou ses idéologies.

    Cdt.


  • LE CHAT LE CHAT 19 juin 2009 12:11

    le parti Socialiste est complétement ringard et comprend plus rien à la société !
    pourquoi ils ont pas fait des manif et contesté les résultats en 2007 , c’est la mode en ce moment , du vénézuela à l’iran en passant par la Géorgie ! smiley


  • Internaute Internaute 19 juin 2009 12:47

    La comparaison entre le PS et l’UMP ne tient pas. Le parti gaulliste a été tout d’abord l’UNR de Pompidou, renommé RPR par Chirac puis UMP par Sarko et en fait je crois qu’il a eu encore d’autre noms en cours de route. Il s’agit d’un seul et même parti lequel a su renouveller ses têtes de liste contrairement au PS où les éléphants ont fait blocage à toute évolution.


    • Christophe Certain Christophe Certain 19 juin 2009 16:23

      C’est précisément parce que le parti de droite a changé de nom et d’organisation que les têtes de liste ont pu être renouvelées. On ne peut pas faire ce qu’on veut dans un parti avec des caciques qui sont là depuis 40 ans. Dans un nouveau parti on peut faire ce qu’on veut, même si ce sont les mêmes personnes qui en font partie. D’où l’article.


  • Gabriel Gabriel 19 juin 2009 18:20

    Salut Christophe .

    Moi j’ai adoré ce passage là  :

    Le parti socialiste était jadis un parti du peuple. Dans les années 80
    - les années du fric - la gauche caviar, la gauche Tapie puis plus récemment la gauche bobo ont créé une certaine confusion dans les esprits.

    Que veut dire le socialisme aujourd’hui quand quelqu’un comme Tony Blair s’en réclame ? Personne ne l’a viré de l’internationale socialiste à ma connaissance. Que veut dire “socialiste” quand Pascal Lamy est le patron de l’organisation mondiale du commerce et Dominique Strauss Kahn celui du fonds monétaire international, deux bastions de l’ultra-libéralisme le plus pur ?
    Alors quand Ségolène Royal ou Martine Aubry nous parlent de socialisme, doit-on se fier à ce qu’elles nous disent ou à ce que l’on voit des socialistes qui ont réussi à l’nternational ? Et j’oubliais ceux qui ont préféré rejoindre les rangs de l’UMP. Quand un général quitte son camp c’est un traître, quand il y en a 10 c’est une cause perdue. Ou alors la frontière entre les deux camps n’est qu’une illusion d’optique. Que croire ?

    Le socialisme fait parti de l’histoire, je dis pas ça pour le parti Socialiste du moment, je veux parler de l’histoire à l’état brut .

    Les socialistes étaient des Marx des Engels, des trotsky et d’autres, des socialistes que l’on a appelé par la suite des Communistes .

    Les Socialiste étaient aussi, des Proudhon des Bakounine des Kropoktine et d’autres ayant des idées très proches que l’on a nommé les Anarchistes .

    Certains de ceux que j’ai cité ont participé à la première Internationale Socialiste, « septembre 1964 » .

    Je ne vois aucunes ressemblances idéologiques entre les anciennes et véritables idées Socialistes et celles de maintenant dans le mouvement que l’on appelle parti Socialiste.

    Surtout qu’en de soi-disant Socialistes rejoignent un gouvernement tel que le notre, des personnes d’une droite qui très souvent haïssent ce genre d’idéologies gauchistes.

    Le parti Socialiste, n’est en rien un parti de gauche, c’est un parti de droite, oui un parti certainement plus proche de la droite Ump que des anciennes idées dont il porte le nom, des noms que je vous rappelle, sont : Communiste et Anarchiste .

    Et quand J’attends les propos de Manuel Valls, j’appelle ça de la droite, même pas de la droite légère, de la droite tout court, des propos qui se rapprochent de la droite dur de l’Ump, comme d’autres soi-disantes gauches de certains pays Européen, Espagne et Royaume Uni par exemple.

    Alors oui, le nom de Socialiste à ceux qui le portent aujourd’hui n’a rien de rationel et n’est certainement pas approprié à leurs idées .

      


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