mardi 10 février 2009 - par .

Pour une poignée de bananes...

 Pour mieux comprendre la nature ambiguë du conflit qui se joue en Guadeloupe et donc par extension aux Antilles, pour l’instant, il faut envisager une réalité historique en roue libre et une politique économique digne d’une usine à gaz ainsi que les spécificités psychologiques sous-tendues dans les revendications, sans omettre l’appointance culturelle pour le barouf organisé, j’ai bien dit barouf, pas carnaval. Il n’y aura pas de promotion de proximité dans cet article.

Ce déballage public des dysfonctionnements structurels et des iniquités mémorielles qui subsistent entre les Dom-Tom et la métropole pose la question de ces deux entités bien distinctes qui sont vendues à l’Union Européenne et aux agences de voyage comme communes, car la base des réflexions à avoir se porte sur la légitimité, l’identité et l’intégrité territoriale.

 Les Racines du mal et carnaval économique :

L’origine du feu de paille du moment – qui occulte les vraies questions sur l’éducation économique des indépendantistes à moyen terme et l’abandon planifié et enclenché des Dom-Tom par l’Etat français – résulte de la posture intenable de développent plus au moins durable des uns et du culte de l’image carte postale des autres. 

Quand l’autosuffisance est enseignée comme une fierté régionale (La banane et le Zouk) et que l’importation à outrance masque une certaine incapacité, mais surtout un complexe d’infériorité localisé, le D.A.L. pourrait créer une nouvelle branche sur place. Le fait manifeste de ne pas avoir été propriétaire d’une partie de la terre exportable dont on est issu ne facilite pas les perspectives et encore moins la cohésion nationale.

Le jeu des compensations successives et rétroactives entre autochtones et expatriés – oui, nous sommes encore à ce type de terminologies – instigué par les pouvoirs publics parasite durablement la visibilité et la lisibilité du dialogue social.

Prenons l’essentiel des candidats du Mercato réchauffement climatique contre éducation en Z.E.P., les fonctionnaires, plus de soleil pour accros aux séances d’U.V. ou plus d’éducation pour ceux croyant que la reconnaissance sociale passe par les diplômes.

Dans la pratique, les primes de vie chère attribuées aux métropolitains venant s’installer aux Antilles officialisent un système appauvrissant et les deux mois de congés payés fournis avec le billet d’avion Air France tous les trois ans ressemblent trop à un bakchich pour être autre chose. Moralité, on solde tout, même les cicatrices psychologiques.

Vitrine banania et sourire touristique :

Venez, venez, le rêve est à portée de crédit, 500 euros, un parc d’attraction à ciel ouvert pour fantasme bon marché ou colonialisme à la petite semaine.

Le Zouk résiste courageusement à l’effondrement du marché du disque, les sportifs que l’on garde en captivité reviennent dans leur milieu naturel pour vanter les mérites de la banane. A contrario, leurs politiciens marchands de tapis sont totalement méconnus. Il y a eu le Slameur/Maire Aimé Césaire. Mais c’est tout. 

Les îles sont ravagées par un tourisme expansionniste cautionné et homologué car il est le seul remède à la malédiction économique. Les plages liftées et nappes phréatiques rescapées sont polluées, mais la vitrine est à ce prix. Pesticides pour tous et stérilité pour la plupart. Profitez, c’est bientôt la fin, la durée de vie des festivités est équivalente à celle d’une enfant de 13 ans dans un bordel à Bangkok ou en Belgique !

« - Chérie, dis, ils sont quand « même » rudement sympas ces gens-là, ils sont prévenants, joyeux, ils ont le sourire tout le temps, et puis ils dansent bien et ils sont bien foutus avec ça…

- Mon amour, ce sont les employés de l’hôtel… »
(Scène vécue, approuvée par votre serviteur et proche de l’avis général)

Indépendantisme folklorique et inertie officielle :

Les cons sont parmi nous et ils sont de partout, Corses, Basques, Bretons ou encore Savoisiens. Ils ont également leurs bureaux aux Antilles, sous couvert de défense des langues régionales ou de l’inscription à l’Unesco d’un quelconque morceau de pierre.

Les indépendantistes sont en guerre contre un ensemble de choses que nous réuniront sous la bannière « Paris », histoire de bien matérialiser leurs invectives. Evidemment, s’il y avait une éventuelle victoire dans cette guerre qui n’existe que dans leurs têtes, ils n’auraient pas les moyens de l’assumer.

L’indépendantiste, c’est lui. Celui qui, au repas de famille, parle plus fort en prenant par la même occasion le temps de parole de sa femme. L’indépendantiste a la conviction facile et la larme passionnelle comme bouclier humain, il fait beaucoup de bruit et, comme le reste de l’assemblée veut qu’il se taise, ils le laissent parler et lui pense que, tacitement, tout le monde est de son côté.

Ici ou là-bas, l’administration est l’administration, une omnipotence censée être omnisciente. Dans le cas spécifique des Antilles, j’inclurais le législatif et l’exécutif dans le bourbier, ce ménage à trois tenant plus de l’orgie amicale est à la fois la chape de plomb et la fondation même du régime antillais, la décentralisation dans toute sa splendeur, entre un assistanat institutionnalisé et une autonomie téléguidée.

Ghost post :

Imaginons une supputation, dans des univers parallèles – tout personnage ou lieux explicité ci-dessous, n’ont aucun rapport avec une certaine vérité – imaginons l’histoire des trois petits cochons en hexagone, plus précisément dans l’ouest, et les mêmes trois petits cochons aux Antilles.

Les premiers subissent des tempêtes sporadiques causant destructions remboursables et records d’affluence d’appels chez Météo France, les seconds acceptent chaque année masochistement le dernier cyclone ou la dernière dépression à la mode qui a pour conséquence un anéantissement dommageable pour les vacanciers et un goût de souvenir de fond cale pour les locaux.

Les faits sont énumérés et connus de tous. Au-delà du constat que les Antillais n’ont pas la noblesse d’esprit de quitter la crèmerie où ils ont été exportés.
Alors, existe-t-il une égalité devant les secours (équipés selon l’intérêt des zones), le traitement de l’information (étudié selon le profil de l’audimat) et l’empathie (qui hésite entre la préférence géographique et la tradition de l’affect) ?

 

 

 



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