Résultat de la conférence nationale du PCF
Ce jour dimanche 5 juin 2011 se conclue la conférence nationale du PCF sur l'enjeu des élections de 2012 (présidentielle et législatives). Pendant trois jours, 800 délégués venus de toute la France ont donc débattu des différentes alternatives stratégiques et idéologiques qui se posent pour le parti, notamment dans sa relation avec le Front de Gauche. Après la préférence affichée par la direction pour le maintien au sein du Front de Gauche (contre l'avis de la minorité "communiste identitaire" représentée au sein du PCF par quelqu'un comme André Gérin et à l'extérieur par Maxime Gremetz) début avril dernier, les militants trancheront dans deux semaines, lors d'une consultation interne.
A notamment été tranchée la question de la candidature à l'élection présidentielle. Pour rappel, étaient candidats à l'investiture par le PCF :
- André Chassaigne, membre du PCF, tête de liste Ensemble pour des régions à gauche en Auvergne (14,24%) en 2010, conseiller régional de la région Auvergne (depuis 2010), partisan du Front de Gauche
- Emmanuel Dang Trang, secrétaire de la fédération du PCF du 15ème arrondissement de Paris (75), adversaire du Front de Gauche
- André Gérin, membre du PCF, député de la 14ème circonscription du Rhône (depuis 1993), adversaire du Front de Gauche
- Jean-Luc Mélenchon, co-président du PG, député européen (depuis 2009), partisan du Front de Gauche
La direction du PCF a estimé dans sa résolution des 8 et 9 avril derniers que "compte tenu de l'engagement très majoritaire des adhérents dans la stratégie du Front de Gauche [...] l'essentiel de la discussion des communistes porte déjà sur le choix entre" les candidatures de J.-L. Mélenchon et d'A. Chassaigne, les deux seuls candidats proposés favorables à la poursuite du Front de Gauche pour les élections de 2012.
A quelques minutes du vote des 800 délégués du PCF réunis à Montreuil, le député André Gérin, principal porteur à l'intérieur du parti de l'opposition à la stratégie du Front de Gauche, a décidé de se retirer au profit d'André Chassaigne, le très populaire conseiller régional d'Auvergne, qui y a porté avec grand succès (meilleur résultat de premier tour) la tête de liste Ensemble pour des régions à gauche. Bien que ce dernier soit favorable à la poursuite du Front de Gauche, M. Gérin a tenu à expliquer que, selon lui, l'accord liant le PCF à ses partenaires comprenait nécessairement la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle, en conséquence de quoi une candidature d'André Gérin signerait sinon l'arrêt du Front de Gauche, du moins le recentrage d'icelui sur le PCF.
Ayant pour but "de voir un Parti Communiste Français plus influent dans la société française, afin de reconquérir l'électorat populaire qui s'abstient ou vote Front National", le député de la quatorzième circonscription du Rhône, menacé un temps de ne pas être candidat à sa succession par les ambitions du PG maintient son opposition au Front de Gauche mais ne veut pas diviser le PCF.
Les votes se sont succédés toute la journée après près de trois jours de débats animés. Le programme a été tranché, l'accord aux élections législatives décidé. Pour ce qui est de la candidature à l'élection présidentielle, deux votes sont d'extrême importance.
D'abord, par 63,6% des mandats, les 672 délégués qui ont prit par au vote départageant les trois candidats restant (J.-L. Mélenchon, A. Chassaigne et E. Dang Tran) ont tranché en faveur du co-président du Parti de Gauche. Certes, le résultat était attendu. Néanmoins, au PG, on n'a pas dissimulé son soulagement, même si, paraît-il, certains auraient préféré un choix plus tranché en sa faveur. "Le même score aux présidentielles me conviendrait" a ainsi lancé avec humour le candidat favori de la direction du PCF.
L'autre vote d'importance est la décision prise par 79,91% des votants de faire figurer les voix de plusieurs candidats lors de la consultation des 138 000 militants communistes à la mi-juin. Cette résolution largement adoptée a convaincu André Chassaigne, dans un premier temps tenté de se retirer au profit de Jean-Luc Mélenchon, de conserver sa candidature car il estime que sa candidature pourrait "mieux porter le message collectif" et qu'"il y a toujours la possibilité d'une surprise", privant le député européen du Grand Sud-Ouest d'un vote de "confirmation" des militants face au très minoritaire Emmanuel Dang Tran et transformant ainsi de fait l'investiture communiste en une primaire qui ne dit pas son nom, même si les conséquences en seront moins délétères que les processus actuellement en cours au PS et à EELV.
Tout devrait être tranché le 19 juin au soir. En attendant, Jean-Luc Mélenchon ne peut pas vraiment commencer de faire campagne. "Les communistes sont maîtres de leur décision (...), je n'interviens pas dans leur débat interne", assure-t-il, même si son bras droit François Delapierre, délégué général du PG et conseiller régional d'Île-de-France, compte bien que les militants "vont plutôt amplifier le vote" des délégués en faveur du député européen.
Cet article est une version condensée et remaniée de deux articles de mon blog :