samedi 23 octobre 2010 - par Daniel Roux

Sarkozy admettrait-il que sa réforme a été baclée ?

Une réforme baclée ? C’est ce que l’on pourrait penser puisqu’il a donné son feu vert au vote d’un amendement qui ouvre la porte à un nouveau débat après.. l’élection présidentielle de 2012.

Ce texte, présenté notamment par le patron du groupe UMP, Gérard Longuet, est un compromis entre plusieurs textes similaires proposés par des sénateurs de la majorité. Il prévoit l’organisation, "à compter du premier semestre 2013", d’une réflexion nationale sur une réforme "systémique" des régimes de retraite français.

La réforme systémique dont il est question s’inspire de ce qui existe dans d’autres pays européens, comme la Suède, et rejoint les propositions de syndicats comme la CFDT.

L’amendement propose que cette réflexion porte sur les conditions de la mise en place d’un "régime universel par points ou en comptes notionnels" et sur les moyens de "faciliter le libre choix des assurés" sur les modalités de leur cessation d’activité. 

Jean Arthuis estime que "le gouvernement est obligé de reconnaître que sa réforme est une réforme de colmatage et ne répond pas à l’exigence de mettre les Français à égalité devant la retraite". Le président de la commission des finances du Sénat enfonce le clou « prévoir une réforme systémique pour après les élections, c’est reconnaître les faiblesses de sa réforme actuelle. »

Le porte-parole de l’UMP Dominique Paillé, lui-même, admet que cet amendement sénatorial "est la confirmation que le sujet des retraites ne sera pas clos avec le vote de la réforme".

Les rodomontades du Président Sarkozy et le ton coupant qu’il utilise lors de ses interventions publiques apparaissent plus destinés à rassurer le monde financier et politique qu’à convaincre les Français eux-mêmes.

Pour Eric Aubin, membre de la direction de la CGT, le gouvernement n’est pas sérieux en proposant de rouvrir le débat en 2013, une fois votées les mesures d’âge. Il a ajouté. "Ce n’est pas de nature à modifier quoi que ce soit à notre appréciation de la réforme, à notre mobilisation et à notre état d’esprit." Pour lui l’amendement sénatorial une tentative "évidente" de diviser le front syndical.

Son homologue de la CFDT, Jean-Louis Malys, assure lui aussi que le vote de l’amendement ne "change absolument rien".

Nous verrons bien.


12 réactions


  • Login 23 octobre 2010 10:48

      Principe d’Occam. Juste trouver le bon angle pour lire les choses avec simplicité, donc : 
      Il n’y a aucun rapport entre cette réforme et une réforme systémique des retraites.
      
     
     
     

    • Daniel Roux Daniel Roux 23 octobre 2010 13:19

      Et c’est bien là le problème évoqué.

      N’est pas le rôle de Sarkozy de mettre en place une réforme pérenne qui satisfasse aux principes de justice sociale.

      Travail bâclé par un président trop pressé de donner des gages aux gros prêteurs, qui sont aussi les banques qu’il a sauvé en creusant le déficit d’un manière catastrophique pour le pays.


  • Fergus Fergus 23 octobre 2010 12:04

    Bonjour, Daniel.

    En réalité, Sarkozy se contrefiche de mettre en place la « réforme systémique » que demandent une partie de la gauche, du centre et la CFDT. Le message qu’il adresse, via cet amendement, est le suivant : "Vous, les gogos, votez pour moi et je mènerai à bien la réforme juste et équitable que vous attendez et que la situation économique m’a empêché de conduire.

    Une seule question se pose : qui peut encore croire cet homme qui, avec le plus grand cynisme, a dit, écrit, affirmé, fait tout et son contraire sur tous les sujets, au gré de ses intérêts personnels ?


    • Daniel Roux Daniel Roux 23 octobre 2010 13:22

      A part les gogos dont vous parlez, Fergus, plus personne ne croît en lui.

      Sa chute est inéluctable, reste la manière dont ses amis vont le débarquer au profit de Fillon, qui a parfaitement géré la situation à son seul profit.


  • Kalki Kalki 23 octobre 2010 13:16

    Et vous qu’est ce que vous dites de ca ?

    hxxp ://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_l%27abondance

    « Les robots ont volé mon travail ! : Vous pensez ne pas pouvoir être remplacé par une machine ? Détrompez-vous[5]. Les robots sont de plus en plus adroits, capables de faire un nombre croissant de tâches exigeant de la précision et de la force, et les systèmes informatiques sont de plus en plus intelligents, capables de s’attaquer aux emplois nécessitant des compétences de reconnaissance[6][7][8] et de créativité[9][10][11]. Le travail des êtres humains est encore moins cher, pour le moment, mais cette avancée technologique exerce une pression pour la baisse des salaires - et la vieille règle selon laquelle les nouvelles technologies ouvrent de nouveaux domaines de travail à l’homme ne sera pas toujours vraie. Des machines plus intelligentes, et plus capables prendront également ces emplois. »

    • Daniel Roux Daniel Roux 23 octobre 2010 13:25

      Le progrès technique n’est pas forcément une malédiction.

      C’est l’usage que l’on en fait qui peut être catastrophique.

      Pourquoi garder des structures sociales dont le temps de travail obligatoire et le salaire qui y est attaché, alors que les machines gérées par l’informatique, produisent à la place des hommes.

      Le problème est bien la répartition des richesses produites dans un monde automatisé.


    • herbe herbe 23 octobre 2010 19:13

      Exactement !

      Mais ceux qui contribuent à « l’inéquité » de la répartition des richesses ont en plus réussi à entacher durablement dans l’esprit de certains la notion même de progrès (c’est le comble), mais je devine pourquoi : ça leur permet de couper comme bon leur semble le bénéfice du progrès technique (en allant dans le sens de la diabolisation, voir un certain discours sur INTERNET) à ceux qui plus que jamais en aurait besoin justement pour s’émanciper enfin(ex : HADOPI)....


  • BA 23 octobre 2010 22:11

    Manifestation à Lyon contre la réforme des retraites, mardi 19 octobre 2010 : la CGT infiltrée par la police.

    Plusieurs policiers de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) sont en civil. Ils sont déguisés en membres de la CGT. Ils portent des autocollants CGT sur leur blouson. Plusieurs portent un bonnet noir.

    Un membre de la BAC n’a pas de bonnet noir, mais il porte un keffieh.

    Ces membres de la BAC déguisés en cégétistes retiennent des manifestants derrière une porte cochère.

    Malheureusement pour eux, ils sont repérés et filmés : le policier situé à gauche laisse dépasser son tonfa ! C’est vachement discret !

    Les manifestants s’approchent d’eux et commencent à les insulter.

    Des gendarmes mobiles interviennent. Les policiers déguisés en cégétistes se réfugient derrière la porte cochère. Les gendarmes mobiles se mettent devant la porte cochère pour les protéger.

    Les manifestants commencent à jeter des pierres sur les gendarmes mobiles.

    Un membre du service d’ordre de la CGT s’approche, il parle aux gendarmes mobiles, puis il se tourne vers les manifestants : « Dégagez ! Ils vont les lâcher si vous dégagez ! »

    Les manifestants reculent.

    La porte cochère s’ouvre. Les policiers déguisés en cégétistes s’enfuient en courant, les uns derrière les autres, en rasant le mur.

    Ils courent en restant derrière la rangée des gendarmes mobiles qui les protègent des pierres avec leurs boucliers.

    Les manifestants leur jettent des pierres.

    Certains policiers déguisés en cégétistes essaient de protéger leur tête avec leur tonfa !

    Les manifestants les poursuivent.

    Les manifestants leur jettent des poubelles.

    C’est une vidéo extraordinaire :

     

    http://www.dailymotion.com/video/xfa7p6_manifestation-lyon-19-10-10-la-cgt_webcam


  • epapel epapel 24 octobre 2010 15:56

    Effectivement ce n’est pas une réforme, c’est juste une modification des paramètres d’un système sans changer de logiciel. C’est comme si je réglais la selle de mon vélo et que je disais : ça y est j’ai un nouveau vélo.

    Et la réforme des retraites ça ne se limite pas au volet redistribution, ça doit prendre en compte également le volet collecte dont on ne veut changer que les paramètres (plus de cotisations pour les syndicats, moins de charges pour le patronat) alors que c’est le mode de financement lui-même qui est inadapté.


  • Francis, agnotologue JL 24 octobre 2010 18:57

    « Il y a pire que la perspective de la déconfiture annoncée de la (future) retraite capitalisée. Car la captation par les marchés des retraites n’a pas seulement pour conséquence leur fragilisation financière mais, bien plus profondément, un effet structurel de verrouillage définitif de la libéralisation financière. Par les masses d’épargne qu’elle concerne, la retraite capitalisée pousse l’implication financière du salariat à son comble et, par là même, lie objectivement les intérêts des salariés aux bonnes fortunes de la finance… laquelle prospère précisément de les opprimer. Un sophiste libéral qui passerait par là objecterait sans doute que si les salariés souffrent un peu, les pensionnés qu’ils seront plus tard en profiteront. On lui répondrait d’abord que les appels à la patience pour 40 ans sont bien le propre des nantis d’aujourd’hui (qui font miroiter aux autres leur improbable nantissement de demain). Mais on l’enverra surtout paître en lui faisant observer, expériences désormais suffisamment nombreuses à l’appui, que les fonds de pension DC font et les salariés exploités et les retraités miséreux tout simplement parce que les très nombreux intermédiaires de la division du travail financier se payent sur la bête en prélevant d’effarantes commissions. S’ils allaient y voir de plus près, les pauvres pensionnés britanniques en auraient les yeux qui dégringolent des orbites à découvrir les proportions phénoménales dans lesquelles se sucrent les principaux gestionnaires de leurs fonds, le pompon revenant à HSBC qui pour 40 années de versements mensuels de 200£, soit un total de 120.000£ (96.000£ plus les avantages fiscaux) se sert sans mollir une commission de… 99.900£, soit un modeste 80%. » (Frédéric Lordon, Le point de fusion des retraites, 23/10/10)

    Ps. Un article fondamental pour comprendre quelque chose à ce qui se prépare.


    • Francis, agnotologue JL 24 octobre 2010 19:22

      La rue est le contre pouvoir des lobbies.


    • Daniel Roux Daniel Roux 24 octobre 2010 20:11

      Les financiers, donc le pouvoir actuel, veulent mettre fin à la retraite par répartition pour lui substituer la retraite par capitalisation.

      Il faut absolument éviter cela. L’explosion du système financier occidental, et probablement mondial, n’est qu’une question de mois.

      Les conséquences de cette explosion seront évidemment catastrophiques pour les fonds de capitalisation. Ces derniers peuvent perdre 50% de leur valeur dans les années à venir avec l’hyper inflation ou encore plus, avec la faillite des banques.

      A contrario la retraite par répartition est fondé sur la redistribution des richesses créées au fur et à mesure de leur production, donc à valeur actuelle. L’hyper inflation aura un impact faible sur celle-ci.

      Le dollar ne vaut même plus le papier sur lequel il est imprimé et ils s’en impriment par milliards chaque mois. La valeur des actifs américains censés garantir tous les dollars en circulation reste globalement la même alors que le nombre de dollars explose. La conséquence facilement prévisible est l’hyper inflation, type Allemagne années 30.


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