jeudi 25 novembre 2010 - par
Alors hormis ceux, résolument butés, et c’est leur droit, qui haïssent Ségolène Royal -même si je les trouve étrangement passionnels dans leur soi-disant mépris- et qui donc ne verront pas d’intéret à cette question - puisqu’ elle est indécrottablement nulle, ségolène...-, je pose la question aux autres, et particulièrement à ceux que le choix du candidat socialiste à la primaire interesse, et qui n’ont pas de réaction passionnelle et désinformée.
Trouvez vous Ségolène Royal trop excessive dans son anti-sarkozysme, trop agressive dans l’attaque ?
La question me semble importante car je crois que c’est son meilleur atout et sa faiblesse aussi.
Ségolène Royal attaque-t-elle trop Sarkozy ?
Je trouve la question intéressante puisqu’elle ressort, implicite, dans les articles de presse, qu’ils soient de gauche ou de droite, dès qu’il s’agit de relayer les interventions de Ségolène Royal. On ne saurait leur donner tort, à ces journalistes : Ségolène Royal, mardi soir, au cours de son université populaire participative sur la liberté de la presse - où étaient invités un éditorialiste du « monde », un représentant de la principale agence de presse italienne, etc...- y est « allée au canon » comme l’a écrit Libération, pour fustiger le « bonsoir, amis pédophiles » de sarkozy qui s’adressait à un parterre de journalistes.
Ségolène Royal, et on ne peut lui enlever cela, est sans doute la plus virulente chez les socialistes.
Alors hormis ceux, résolument butés, et c’est leur droit, qui haïssent Ségolène Royal -même si je les trouve étrangement passionnels dans leur soi-disant mépris- et qui donc ne verront pas d’intéret à cette question - puisqu’ elle est indécrottablement nulle, ségolène...-, je pose la question aux autres, et particulièrement à ceux que le choix du candidat socialiste à la primaire interesse, et qui n’ont pas de réaction passionnelle et désinformée.
Trouvez vous Ségolène Royal trop excessive dans son anti-sarkozysme, trop agressive dans l’attaque ?
La question me semble importante car je crois que c’est son meilleur atout et sa faiblesse aussi.
Son atout, bien sûr, et c’est pour cela, aussi, que je pose cette question...Car personnellement, je pense que c’est un des nerfs de la guerre pour tous ceux qui voudront battre Sarkozy. Face à la droite, à ses relais médiatiques, à sa communication massive qui endort les esprits, il va falloir, bien sûr, être "au taquet"comme on dit aujourd’hui, ne rien laisser passer. Et il y en a des choses à dire... C’est un des aspects que Royal regrette le plus, certainement, dans la direction actuelle du PS et qui lui a manqué aussi en 2007 : un parti vraiment combatif dans l’opposition. Avec tout ce qui se passe, tant au niveau national qu’international, Le PS ne frappe pas assez fort. Ni forte opposition, ni même de véritable rassemblement au sein du parti... Encore moins de leader, ne serait- ce que pour incarner l’opposition. Les primaires nommant le candidat en novembre, exactement comme en 2006, sont une erreur. Encore peu structuré, le PS devrait accélérer le mouvement. Un projet ou la personne...Mais il faut au moins un des deux.
Ségolène Royal, depuis son échec à la présidentielle, est la seule socialiste à avoir vraiment dénoncé la gouvernance Sarkozy. C’est la seule à avoir dit tout haut et plusieurs fois que le système Sarkozy etait un régime corrompu alors que le PS est resté longtemps embarrassé sur la question...
Et on arrive à ce qui peut être son défaut...Peut- elle accuser, sans preuve, le gouvernement Sarkozy ?
Un certain consensus dans la sphère médiatico-politique s’accorde plus volontiers à souligner la précipitation d’une telle déclaration...
Et pourtant, il y a de bien grandes présomptions. les chefs d’accusations sont si nombreux. De l’affaire Woerth-Bettencourt à celle des attentats de Karachi, en passant par l’affaire clearstram, les français sont éclaboussés de scandales les uns à la suite des autres. - Pasqua aussi, qui a été jugé- beaucoup d’indices laissent en plus clairement soupçonner les atteintes à la justice d’ exercer indépendamment son travail. Cela ne suffit-il pas ?
Si l’on doit attendre que la justice fasse son travail sur ses dossiers et en ayant la garantie qu’elle ne soit pas corrompue ou intimidée, l’élection présidentielle de 2012 sera très largement passée.
Ségolène Royal a organisé mardi soir une université populaire participative sur la liberté de la presse. Beaucoup d’esprits un peu retors pensent qu’elle saisit l’air du temps. Si saisir l’air du temps signifie se saisir des problèmes d’actualités pour y réfléchir, je ne vois pas où est le mal. Sarkozy avec son " amis pédophiles, bonsoir" adressé aux journalistes lors du sommet de l’ OTAN, clôt suffisamment le débat...Et tous ces ordinateurs qui disparaissent dans les presses, et qui détiennent comme par hasard, pour certaines, des infos importantes sur l’affaire Woerth-Bettencourt ? Et la pitoyable inertie critique de messieurs Denisot et Pujadas lors de la dernière intervention télévisée de Sarkozy qui, lui, ne s’est pas privé d’épingler les journalistes, alors que la majorité des médias sont détenus par ses amis ? ce " bonsoir, amis pédophiles" est tout de même une provocation, une mise en rapport très agressive de la part de Sarkozy. De là à être puni...Peut-être que Royal n’ a pas choisi les bons mots mais Il mériterait de l’être, oui, puni, à la place à laquelle il est...En tant que chef d’état, on a aussi des devoirs, et on ne se conduit pas ainsi. Amener la pédophilie, en plus, la comparaison est malsaine, malvenue. Elle équivaut à dire " m’accuser d’avoir magouillé de l’argent , c’est comme me dire que je suis pédophile". C’est une manière de clore le débat assez malhonnête et très...sensationnelle, dans l’affect. On prend l’autre en otage par un affect, un tabou...C’est très "made in america", ca...on n’est jamais loin du puritanisme avec Sarkozy...
Sarkozy a beau se prendre très au sérieux, ses positions sont souvent de l’ordre de l’affect. Les journalistes, eux, posent des questions, c’est normal. ca fait partie des règles du jeu de la démocratie et quand on est chef d’état, on est regardé plus que quiconque. C’est bien normal. Le chef de l’état doit rendre des comptes. Le sentiment d’impunité n’est pour personne, et particulièrement pour le président de la république qui doit montrer l’exemple.
Dans le même ordre d’idée, en ce qui concerne les retraites, Ségolène Royal est la seule à avoir dit tout haut chez les socialistes ce qui se tramait vraiment derrière la réforme des retraites. c’est à dire leur privatisation à plus ou moins brève échéance. En gros, quelques grosses entreprises du Cac40, amis de Sarkozy et qui l’ont soutenu en 2007, et qui attendent de faire main basse sur le pactole des retraites ; Elle a osé dire que cette réforme, il ne fallait pas s’y tromper, c’était celle du MEDEF qui, étrangement, restait silencieux sur la question, Banal à priori ? pas tant que cela ; C’est la seule à l’avoir dit, en brandissant même la presse économique qui, en plein débat, faisait déjà de la pub dans ses magazines pour " améliorer sa retraite" via des assurances privées -axa, notamment-...Or, tout le monde a surtout parlé de la justice ou non de cette réforme sans soupçonner même qu’elle servait d’abord, avant d’être juste ou injuste, des intérêts indépendants de l’intérêt collectif. Ca aussi, Royal l’a dit souvent " les élus sont là pour servir, non pour se servir"...
Le climat, qu’on le veuille ou non, est à la corruption et au conflit d’intérêt. Et l’accumulation d’informations rend déjà la défense de ce gouvernement très affligée. le bateau coule à l’ UMP. Sarkozy est contesté, de ses électeurs jusqu’à son propre parti.
Alors parfois, et c’est là son tort, Ségolène Royal grossit le trait, quitte à exagérer un peu les chiffres. Peut-on lui donner vraiment tort ? Pour moi, non...déjà faut- il se faire entendre par les médias...Il n’y a qu’à voir " à vous de juger" d’ Arlette chabot pour s’en rendre compte. Les médias sont bien plus sévères avec les socialistes qu’avec la droite. Sur les retraites encore, nombre de journalistes continuent de dire que le PS n’a eu aucune proposition. C’est mensonger, la gauche avait un véritable contre-projet, chiffré et détaillé autant que celui de l’ UMP...
Les erreurs de Royal sont minimes, dérisoires : elles n’enlèvent rien à la perspicacité de son propos, ni à son courage politique. C’est sans doute pour cela que parfois elle a tort de surenchérir. Elle a acquis depuis 2007 la force de frappe nécessaire. Le discours très brillant qu’elle avait fait à Dakar, unanimement reconnu à droite comme à gauche, a été sapé, en quelques jours, par l’affaire zapatero où elle lui avait écrit une lettre d’excuses...
Là encore, d’ailleurs, si la forme était excessive - une lettre d’excuses était effectivement trop théâtrale-, il n’en reste pas moins que sur la scène internationale, toute la presse étrangère a fustigé Sarkozy de ses propos sur Obama, Merkel, etc...Je me rappelle encore de l’intervention de Royal chez Pujadas. Elle brandissait la presse étrangère notamment le "Times" qui titrait " pourquoi Sarkozy ne supporte pas Obama ?"...Pujadas a trouvé cela irrecevable. Malgré la forme, elle avait eu raison de souligner cette attitude, indigne du chef de l’état. Si faute il y avait, c’était d’abord Sarkozy. Pas Royal. Mais on a préféré taper sur elle.
Ses interventions, pourtant, sont plus travaillées sur le fond, plus musclées, plus pédagogiques aussi. Son intervention chez Chabot où elle a exposé le projet du PS sur les retraites était excellent. Elle sait y faire quand elle est vigilante, et mieux que les autres, à mon avis.
Sur le salaire du président et celui de ses ministres, par exemple...Ségolène Royal a affirmé plusieurs fois que Sarkozy s’était augmenté de 200% et ses ministres de 130%. Or, au bout de plusieurs mois, le journal "Libération" qui déteste ostensiblement Ségolène Royal et ne la loupe jamais dans ses articles, a révélé la relative inexactitude des chiffres sortis par la présidente du Poitou-Charentes - au passage, bonjour la solidarité, pour un journal de gauche, pour leur camarade " Royal"...-.
En réalité, Sarkozy s’est, oui, bien augmenté de 200% et les ministres ont été augmentés de 70% depuis le gouvernement Raffarin. A cela s’ajoutent l’augmentation normale de leur salaire évalués selon la crise, la situation - ha bon ??- et des avantages liés à leurs fonctions, multiples et non évalués. - ha bon ???-...
Mais le plus amusant et le plus révélateur dans tout cela, ce n’est pas la surenchère, finalement relative, de Ségolène Royal, c’est surtout le silence assourdissant de la droite...Ceux qui suivent la politique savent bien que la droite ne loupe pas une occasion de descendre Ségolène Royal. Et disons honnêtement qu’en s’attaquant à eux, elle en accepte l’augure.
Là, rien. Silence radio. Cet éloquent silence - mais où sont les hyènes de L’ UMP, Paillé et Lefebvre ?- est bien la preuve que la réalité est indéfendable ; La droite n’a aucun intérêt à aller sur ce terrain là. Au delà même de l’augmentation des ministres, un président qui augmente son salaire de 200% en pleine crise, c’est indécent-...
Je soupçonne même Royal de faire monter les chiffres en toute connaissance de cause...Ce qui, moi, m’amuse assez...car elle sait qu’ils n’iront pas découdre sur ce terrain...d’où pour elle, la liberté d’augmenter les chiffres, qui avantages non évalués, ne doivent pas être si loin de la réalité si la droite se tait...
Je crois que Royal s’est fait le devoir de dénoncer le pouvoir Sarkozy, et peut-être d’autant plus qu’elle a été son adversaire à la présidentielle. Elle sait la violence de l’affrontement. On parle d’ordinateurs volés partout, mais Royal avait eu, elle aussi, des ordinateurs dérobés à désirs d’avenir pendant la présidentielle, elle a été cambriolée chez elle plusieurs fois, sans qu’on lui vole quoi que ce soit, et toujours à des moments forts, selon elle, de son opposition politique à Sarkozy.
Soyons honnêtes. Que la gouvernance Sarkozy les utilise ou non, ces pratiques ont toujours plus ou moins existé. Eva Joly témoignait, que suite à l’affaire Elf, son appartement en 1996 ou 1997 avait été mis à sac.
Ecoutes de Mitterrand ou non, cela n’empêche nullement la gauche de 2010 de combattre ses pratiques aujourd’hui et de s’élever contre tout ce qui tue la démocratie d’une manière générale.
Je terminerai en disant que ces prétendues erreurs ou exagérations sont dérisoires.
L’ UMP sort tous les jours des approximations bien plus grossières que Ségolène Royal mais ils le font avec un tel sérieux que ca passe...
Les oppositions de Ségolène Royal sont saines, je trouve. Comme elle proclamait sa colère " saine" lors du débat de l’entre-deux tours...
Quelques approximations, exagérées par l’opposition, mais qu’elle aurait tort de ne pas corriger car elles pourraient encore faire l’objet d’un doute sur sa crédibilité, n’entament pas mon adhésion à ses idées.
Elle reste pour moi la meilleure candidate du parti socialiste, la plus ambitieuse pour son pays, la plus audacieuse, réformiste, la plus intègre aussi, et la plus proche des gens.
Mais ce n’est que mon avis, bien sûr....