jeudi 26 décembre 2013 - par Chien Guevara

Syndicats caca !

En France, la notion d'apolitisme a souvent été associée à la charte d'Amiens, adoptée lors du congrès de la C.G.T., en 1906, bien que le mot ne figure pas dans le texte de la charte. La semaine dernière, Xavier Mathieu (CGT hypermilitant ) parlait d'Edouard Martin (CFDT récupéré par le PS)...

 
Photo : Xavier Mathieu, Marie-Georges Buffet, Jean-Luc Mélenchon. Harlem Désir et Arnaud Montebourg ne sont pas visibles (mauvais cadrage ?).

Poursuivi pour des faits commis dans le cadre de la lutte contre la fermeture de l’usine Continental en 2009 et pour refus de donner ses empreintes ADN, le délégué CGT Xavier Mathieu est condamné à 4000€ d’amende, puis relaxé en appel. Le parquet fait alors appel et l’amende est fixée à 1200 euros.

Le 5 novembre 2013, le parquet a requis un mois de prison avec sursis à l’encontre des Xavier Mathieu et de 4 de ses camarades de la CGT. Le 17 décembre, le tribunal correctionnel de Roanne les a relaxés.

Depuis le début de la lutte des Conti, Xavier Mathieu aura aussi connu le tribunal administratif et le tribunal des prud’hommes.

Continental lui a proposé un poste d’agent de sécurité sur le site de Clairoix (60) aujourd’hui désaffecté. Il réclame sa réintégration pure et simple afin de retrouver son poste de délégué du personnel.

Par le lien ci-dessous, vous entendrez Xavier Mathieu donner son avis dans le Grand Journal de Canal + sur la promotion annoncée du militant CFDT de Florange. Il est assis à côté d’Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris.

A la question : « Edouard Martin est-il un traître ? », il répond avec une indulgence scellée dans des combats communs : « C’est un des miens… un frère de lutte » qui n’a pas fait le bon choix et pour qui je ne voterai pas. Et (ce n’était pas prévu comme ça) il prononce 15 fois les mots traîtres, trahison, ou le verbe trahir en les destinant… au PS.

Pas mal !

Théophraste R. (et Jérôme Cahuzac, on a des nouvelles ?). Source :

 

Ici, on peut lire un autre avis, et surtout des commentaires qui ouvrent largement le débat sur le sujet : Malek Boutih nous donne son avis sur Edouard Martin : 

Les syndicats et l'apolitisme

JPEG En France, la notion d'apolitisme a souvent été associée à la charte d'Amiens, adoptée lors du congrès de la C.G.T., en 1906, bien que le mot ne figure pas dans le texte de la charte. À une époque où le Parti communiste n'existe pas encore, la charte d'Amiens donne comme objectif au syndicalisme une lutte, « en dehors de toute école politique », visant l'émancipation intégrale du prolétariat au moyen de l'action révolutionnaire et tout particulièrement de la grève générale. Il ne s'agit donc nullement, en l'occurrence, d'une attitude de prudence ou de réserve à l'égard de la chose publique, mais au contraire d'une volonté autonome de transformation de la société, sans « se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale »

http://www.youscribe.com/catalogue/dictionnaires-encyclopedies-annuaires/savoirs/definition-et-synonyme-de-apolitisme-2267226

1er point : partout, on traite de traitre Edouard Martin, car il était, en tant que représentant syndical, en lutte contre une décision gouvernementale, et on lui reproche aujourd’hui, en se présentant sous l’étiquette PS de « retourner sa veste ».
 A ce qu’il me semble, l’affaire Arcelor-Mittal, dont il était l'acteur, date du gouvernement Sarkozy ; et si actuellement le gouvernement PS (que je ne défend pas, loin s'en faut) ne peut rattraper le coup de « prostitution » d’une entreprise française envers le grand capital international, il ne faut quand même pas accuser Martin de rallier ceux contre qui il luttait, car il luttait contre les prédécesseurs (pour les citer, l’UMP) , restons quand même honnêtes quant aux faits !

Je conçois qu’en France, on puisse donc prendre cela comme une trahison ; moi même je le pense. Mais …

2ème point : je pense sincèrement et profondément que le syndicalisme français est relativement faible et improductif, car il est victime de la charte d’Amiens, qui, sans l’imposer, sous-entend fortement l’apolitisme des syndicats.
Et là, je suis absolument contre. Car comment défendre des travailleurs, pions du système capitaliste, sans faire de politique ?
La preuve en est là tous les jours : un gars de la CGT (interdit de le dire, mais syndicat quand même plutôt proche du PC... !) a pris sa carte au FN … ; aujourd’hui, on reproche à Edouard Martin, de « s’allonger » devant ses bourreaux, en s’engageant sur une liste PS aux prochaines élections européennes. Et le CGTiste qui va au FN, c'est un gentil fidèle au fil directeur de son syndicat ? Désolé mais entre le choléra et la peste, je préfère encore le PS ...

3ème point : un peu plus loin que notre nombril franco-français, il y a des pays qui connaissent ça quotidiennement, et depuis longtemps ; et tellement quotidiennement et depuis longtemps, qu’ils ont même eu des présidents anciens syndicalistes.
Pour ne citer que ceux que tout le monde connaît : Lech Walesa, leader du syndicat solidarnosc, qui a quand même fini président de la république polonaise après sa sortie de prison. (merci de noter au passage, que je n’en voudrais jamais comme exemple, vu qu’il n’était qu’un pion de la guerre froide états-unienne). Il n’en reste pas moins que syndicat et politique, ça peut coller à merveille.
Deuxième exemple, beaucoup plus glorieux (ouf, j’ai failli auto-saborder mon article) : Lula, au Brésil !
Et vu le contexte actuel de l’amérique du sud, prise dans un éternel étau de coups d’états, de dictatures imposées, de manipulations US permanentes, de guerres civiles made in CIA, finalement, l’ex syndicaliste Lula, qui a remis en course sa succession avec Dilma Rousseff, représente quand même un moindre mal, pour ce pays si « ressourcifère », et donc convoité par de proches rapaces sournois.

L’avis du Chien Gué :

Oui, je pense comme Xavier Mathieu, donc comme Théophraste : bien sur que c’est une trahison, et bien sur qu'Edouard Martin en est plus victime que responsable (récupération politique ou médiatique, quand tu nous tiens…).
En plus, il n’a pas choisi le bon parti pour se recycler dans sa carrière politique ; et il est clair que vu que le PS poursuit la même ligne politico-sociale que son prédécesseur UMP, ce représentant de la lutte des travailleurs n’a en effet pas choisi la liste qui aurait dûe s’imposer à lui, bien plus à gauche.
Par contre, je pense vraiment, et j’en suis prêt à accepter les critiques, voire insultes, qu’un syndicat apolitique ne peut pas fonctionner de façon efficace... Juste pour preuve supplémentaire : un délégué FO qui se présente sur une liste UMP
Il faut quand même savoir, que tous les congrés FO, (même si la charte d’Amiens, etc, etc, ...) , se terminent par l’internationale chantée a capella et le point levé…
Ce syndicaliste de FO Florange, a t’il assisté à un congrés de son syndicat ? A t’il levé le poing ? Et contre qui ?

Trahison, l’Edouard Martin ? Sans doute… Mais si les syndicats avaient les « cojones » de choisir un camp, peut-être qu’il y aurait moins de trahisons, et en tous cas, plus de clarté pour les syndiqués !

L'article chez lui : Syndicats caca !



9 réactions


  • Arnaud69 Arnaud69 26 décembre 2013 13:56

    Ce que j’ai aimé dans votre article c’est : L’avis du Chien Gué

    Pour le reste, étudiez l’histoire des syndicats aux USA, les syndicats Français ont été tués par le biais de la même technique.

     smiley


  • Attilax Attilax 26 décembre 2013 21:11

    Qu’on soit de gauche ou de droite, en tant que salarié on a tous les mêmes intérêts. Je ne vois pas l’avantage d’avoir plein de syndicats de différentes couleurs politiques, qui se tirent dans les pattes, trahissent leurs ouailles ou font le jeu du patronat, suivant leurs petits intérêts du moment, et je ne vois pas ce que les partis politiques viennent faire dans la défense de branches professionnelles. Il est tellement évident qu’un syndicat corporatiste unique et indépendant serait tellement plus fort (et plus juste)... Mais bon, je dois être con.


  • arnulf arnulf 27 décembre 2013 00:39

    "si actuellement le gouvernement PS (que je ne défend pas, loin s’en faut) ne peut rattraper le coup de « prostitution » d’une entreprise française envers le grand capital international" ??? Pourquoi ??? il aurait fallu une volonté politique !


  • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 27 décembre 2013 07:12

    Dévoyés, et qui puent, comme le reste des institutionnels !

    1) 1976 : un jeune naïf se présente à la Bourse du travail de Lyon pour demander le soutien à la première porte qui se présente, tant son estime des syndicats est aveugle. La première porte, c’est la CFDT qui ne lui rendra jamais le dossier et qui ne le défendra pas parce que la patron incriminé appartient au même syndicat.  

    2) les syndicats d’enseignants ne sont que des repaires corporatistes pour favoriser les représentants pyramidaux au détriment des adhérents de base (mutations, détachements, AG aux frais de la princesse, etc.). 1998 : A Mayotte, un de ces meneurs a emmené, par panurgisme, nombre de ses encartés en Mauritanie, pays à la démocratie esclavagiste compatible avec des valeurs syndicales... Ah les chasseurs de primes...

    3) il y a quelques mois ou années, l’UIMM du MERDEF a bien été convaincue de pots de vin aux syndicats pour payer sous la table les jours de grève des meneurs. Depuis silence radio sur le sujet...

    4) Un syndicaliste retourné ? De la merde dans un bas de soie ? Pardon c’était pour Talleyrand de la part de Napoléon. Édouard Martin, c’est dans une salopette de métallo !

    Alors oui, syndicat = caca sauf que le bon sens populaire vous dira que la présence de caca est un signe de santé... capitalistique, en la circonstance.  


  • Denzo75018 27 décembre 2013 10:45

    La CGT apolitique !? De qui se moque-t-on !?
    On sait bien que la CGT a toujours pris ses ordres du PCF et par conséquent de Moscou ...


  • Denzo75018 27 décembre 2013 10:50

    D’ailleurs c’est bien pour ça que le syndicalisme n’a jamais pris en France parce que les Français ont bien compris que nos syndicats défendaient d’abord leurs convictions politiques avant les intérêts de salariés et des entreprises !!! Combien de fois ne les a-t-on pas vu préférer foutre en l’air une entreprise et ses emplois plutôt que de céder sur leurs dogmes politiques !!! Exemple Good Year...


  • herve33 27 décembre 2013 12:59

    La CGT apolitique ..... On peut dire que la CGT appuie à 100 % la politique de Hollande .

    Dans mon secteur d’activités , elle a même approuvé des suppressions de postes , avec l’accord de la Direction . 

    Elle approuve les directives européennes visant à créant des organismes Low-cost au niveau européen ( à fond public évidemment ) pour mettre les employés français en concurrence avec les autres .

    Bref , la CGT ne défend que ces propres intérêts comme les socialistes d’ailleurs avant ceux du peuple . Elle fait partie de ce système pourri .


  • alain_àààé 2 janvier 2014 16:04

    JE CONNAI DES SYNDICALISTES QUI SONT APOLITIQUES MAIS JE PENSE QUE VOUS VOYEZ LA QUESTION A L ENVERS CAR PAR RAPPORT AUX COMMUNISTES QUI AVAIENT DES OUVRIERS DANS DES SECTIONS LE PS LUI NE POSSEDE REIN CAR JE N AIS JAMAIS CONNU DE SOIALISTES AYANT CREE UNE SECTION.DE CLASSE OUVRIERES
    J AJOUTERAIS QUE LE PS SONT DES FONCTIONNAIRES QUI NE CONNAISSENT RIEN DU MONDE OUVRIERS ET SURTOUT COMMENT FONCTIONNE LES ENTREPRISES ET QUI DE PLUS TOUCHE LEURS SALAIRES PLUS CELUI DE POLITICIENS S ILS SONT ELU


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