mercredi 31 octobre 2018 - par Michel DROUET

Taxe d’habitation, pouvoir d’achat et autres fariboles

Si vous lisez la presse écrite, les placards du Ministère de l’action et des comptes publics consacrés au gain de pouvoir d’achat suite à la baisse de la taxe d’habitation ne vous auront pas échappé.

Si on analyse les choses de plus près, c’est à dire si on sort de la communication politique, quelle est la réalité ?

Remettre les choses en perspectives

Tout d’abord en rappelant que le pouvoir d’achat, c’est ce qui reste une fois les charges soustraites des revenus d’une personne ou d’un foyer.

On ne peut donc pas dire que le pouvoir d’achat augmente suite à telle ou telle largesse (taxe d’habitation, cotisation salariales,…) sans avoir analysé l’augmentation de l’inflation générale, par exemple, ou d’autres mesures d’augmentation des taxes (taxes sur l’essence, le diesel, le gaz, le fuel ou l’électricité…).

Actuellement, avec une inflation à 2 %, il est clair que « l’avantage » de la baisse actuelle de la taxe d’habitation peut se trouver complètement annulé selon la situation du contribuable.

Taxe d’habitation et énergie

Si l’on reprend le placard de pub du Ministère, 8 foyers sur 10 auront un « gain de pouvoir d’achat » de 180 euros suite à la baisse de 30 % de la taxe d’habitation mais ces calculs à la cornecul et très généralistes ne donneront jamais un tableau précis de la situation de chaque foyer.

Par exemple, un contribuable qui habite dans une petite commune rurale ou périphérique, dont la taxe d’habitation est peu élevée et qui fait deux pleins de diésel par mois pour se rendre au travail à 10 euros de plus à chaque fois, est déjà perdant en terme de pouvoir d’achat réel.

S’il se chauffe au fuel ou au gaz ou à l’électricité, il devra payer en plus (comme tout le monde) la taxe sur l’énergie (destinée à nous rendre plus vertueux, bien sûr..) son pouvoir d’achat réel sera carrément en baisse.

Pourquoi le choix de la suppression de la taxe d’habitation ?

Oui, pourquoi ne pas avoir choisi de baisser des taxes ou impôts perçus par l’Etat lui-même au lieu de supprimer un impôt perçu par les communes et les intercommunalités ?

Pour trois raisons, parce que la taxe d’habitation est un bâton merdeux que se refilent tous les gouvernements depuis trente ans et que cet impôt n’est pas facile à réformer sans craindre des « retours de terrain » importants, du genre explosion de la fiscalité en zone rurale et faible baisse en zone urbaine.

Macron savait le risque politique qu’il y avait à réformer cet impôt, alors même que les conclusions d’une énième simulation dans trois départements était sortie. Il a fait le choix de la facilité. Voilà pour la première raison.

La seconde est plus politique et vise à faire rentrer les collectivités locales dans le rang de la rigueur en leur supprimant le droit de fixer l’impôt (avec les risques politiques que cela comporte).

La troisième coule de source : il vaut mieux supprimer un impôt perçu par d’autres que de baisser la TVA ou les taxes sur l’essence. Dans le premier cas, la visibilité est énorme et les inconvénients seront à la charge des élus locaux, dans l’autre, la baisse des taxes ou de la TVA ne se verra pas et pour cette dernière taxe, les commerçants et la grande distribution se feront tirer l’oreille pour répercuter la baisse.

Mine de rien, Macron est en train de mettre fin à la décentralisation en France en rétablissant la tutelle financière sur les collectivités locales. 

La face cachée du « pouvoir d’achat redonné » au Français

Le gouvernement s’est mis en tête d’augmenter le pouvoir d’achat des français, alors que cette fonction relevait traditionnellement, soit d’augmentations générales du SMIC ou d’accords de branches et dans les deux cas c’était l’entreprise qui procédait à l’augmentation des salaires. Aujourd’hui, les entreprises peuvent donc se sentir exonérées de cette fonction et consacrer leurs bénéfices soit à la rémunération des dirigeants ou des actionnaires, soit à l’investissement, le tout sans créer d’emplois malgré les milliards du CICE, les baisses de charges et autres « assouplissements » du code du travail. L’augmentation des chiffres du chômage, du montant des dividendes versés et les 260 000 millionnaires en plus en France sont là pour illustrer les effets néfastes de cette politique.

En sus de la baisse de la taxe d’habitation, il faut aussi considérer la suppression des cotisations salariales sur la maladie et le chômage qui doivent également « redonner du pouvoir d’achat » aux salariés, en fonction de leurs salaires bien entendu, c’est-à-dire qu’un cadre « gagnera » in fine deux ou trois fois plus qu’un smicard. Où est la justice sociale dans ce genre de mesure généraliste qui de plus exonérera les entreprises de toute mesure d’augmentation salariale générale, voire individuelle ?

Où nous mène cette politique ?

Le gouvernement, dans sa communication, considère que ces mesures généralistes, ces grandes masses, règleront tous les problèmes d’en bas - une autre forme de théorie du ruissellement - mais qui va aggraver la situation de millions de salariés, de retraités, de chômeurs et conforter les plus riches qui bénéficient eux de réelles baisses d’impôts (rappelons que la Ministre du Travail du Gouvernement Macron a ainsi bénéficié d’un gain annuel de plus de 50 000 euros suite à la suppression de l’ISF !)

On donne à penser qu’il a moins besoin de remplir les caisses de l’assurance chômage parce que – c’est sûr – le chômage baisse ou il va baisser (alors que cela ne se vérifie pas) et que le très précaire équilibre de la Sécurité Sociale permet ce genre de « cadeau ».

On donne à penser que les prothèses auditives, dentaires et les lunettes seront gratuites, alors même qu’il s’agit d’un tour de passe-passe avec les mutuelles qui ne manqueront pas d’augmenter leurs tarifs, voire de proposer des contrats spécifiques pour couvrir ce genre de risque pour les plus aisés.

On donne à penser que les collectivités territoriales sont des dépensières invétérées (ce qui peut parfois s’avérer exact) et que, par conséquent, restreindre leur autonomie fiscale est bon pour les français qui ne paieront plus de taxe d’habitation. La compensation de cette taxe par l’Etat aux collectivités locales nécessitera de trouver de nouveaux financements (taxes, CSG ?...). Préparez-vous !

On donne à penser, en surfant sur le sentiment anti-fonctionnaires bien présent dans la société qu’il faut supprimer des postes dans les administrations d’Etat et locales et dans les hôpitaux et que tout marchera mieux quand on aura privatisé le tout.

Avant de se réjouir, il faut se demander comment les services publics (écoles, crèches, voirie, restauration collective, maisons de retraite, police, justice, hôpitaux publics,…) fonctionneront, ou non, dans quelques années. Il faudra bien que les citoyens mettent la main à la poche. Pour compenser tous les « cadeaux » faits par le Gouvernement et toutes ces « réformes indispensables »

On donne à penser enfin que les retraites servies sont trop élevées, surtout qu’elle sont versées de plus en plus longtemps, mais comme il est électoralement difficile de reculer l’âge de départ en retraite, on nous vend une retraite à points qui obligera bon nombre de futurs retraités à continuer à travailler au-delà de l’âge de départ, sans compter les incertitudes qui pèsent sur les pensions de réversion, autre trappe à pauvreté.

Un avenir tout tracé

La communication gouvernementale sur le pouvoir d’achat est une escroquerie intellectuelle.

Ce qui nous est présenté comme « gain de pouvoir d’achat », est en réalité une régression sans précédent du modèle social du pays pour les moins aisés bien entendu, les plus riches étant hors système.

La boîte de pandore des assurances privées, des fonds de pension pour les retraites et de l’acceptation de tous les emplois mal payés est ouverte.

En mettant fin aux cotisations sociales des salariés et en redessinant le paysage de la fiscalité locale, l’Etat recentralise des financements qui sont l’essence même du paritarisme et du contrat social actuel et du lien entre élus locaux et citoyens. Il reprend la main de manière très ferme en distribuant quelques miettes au bon peuple ébahi et prié d’applaudir.

L’Etat s’arroge donc le droit de tout reprendre en mains et de pouvoir dire, le moment venu qu’il ne peut plus compenser l’intégralité de la taxe d’habitation aux collectivités, qu’il doit diminuer les allocations chômage ou les remboursements de santé.

Cela ne saurait tarder, et le contexte spéculatif des marchés financiers ouvre la voie à une nouvelle crise financière et économique, comme en 2008, qui justifieront de « réformer » encore plus vite et laisseront à nouveau des dizaines de milliers de salariés et leurs familles sur le carreau.

Vos enfants et petits-enfants ne vous remercieront certainement pas d’avoir voté Macron. 

 



44 réactions


  • Francis, agnotologue JL 31 octobre 2018 09:09

    Excellent constat.

     

    Mais que peut-on attendre d’autre, de la part de cette « ploutocratie élue », un comble !!!


  • Buzzcocks 31 octobre 2018 10:55

    Le but de la BCE est de juguler l’inflation, car les allemands étant de gros épargnants et ayant des excédents monumentaux, il ne faut pas que cet argent s’érode par une inflation trop forte.

    Donc tous les présidents de la BCE ont eu pour tache de combattre l’inflation, ce qui poussa notre JL Trichet national à dire qu’il ne fallait pas augmenter les salaires sauf pour lui bien sur (et ses petits amis). 

    Partant de là, le pouvoir d’achat ne peut pas augmenter puisque la politique menée par l’UE ne le souhaite pas.


    • Michel DROUET Michel DROUET 31 octobre 2018 11:28

      @Buzzcocks
      Vous avez raison d’élargir la question avec la BCE, maintenant, il faut bien observer que l’inflation en France va sans doute franchir la barre des 2 % en 2018. Ce serait à cause du renchérissement du baril de pétrole, nous dit-on. Malgré cette inflation, il n’est pas question d’augmenter les salaires et les pensions autrement que par les artifices que je dénonce, mieux même, puisque les retraités vont perdre environ 1.7% de leurs revenus. Pour les salariés, à part quelques hauts salaires, on peut prévoir, sans grand risque de se tromper que les seules « largesses » gouvernementales suffiront à peine à maintenir leur pouvoir d’achat (sans parler de l’augmenter)


    • Michel DROUET Michel DROUET 31 octobre 2018 12:13

      @Cadoudal
      Comme je le dis plus haut, raisonner en pourcentage sans parler des montants concernés, ni du nombre de personnes qui perçoivent les allocations ou pensions, ne veut rien dire.
      Pour votre info, le montant de l’allocation journalière pour un demandeur d’asile s’il n’est pas hébergé est de 14.60 € et 76100 demandeurs d’asile bénéficiaient de la totalité ou simplement de la partie sans l’hébergement fin 2016 (source : .gouv.fr).
      Pour les retraités, je ne vous fais pas de dessin, il sont environ 15 Millions et la pension moyenne est bien supérieure à l’ADA.
      C’est un peu la recette du pâté d’alouette que vous nous proposez avec votre comparaison (un cheval une alouette).
      Cela n’enlève en rien au scandale de la non revalorisation des pensions en fonction de l’inflation, mais il est des comparaisons qu’il vaut mieux ne pas faire.


    • Michel DROUET Michel DROUET 31 octobre 2018 12:21

      Merci pour le lien. Si je comprends bien votre propos (« je suis la seule dans l’hémicycle à l’avoir dénoncé »), vous êtes la Députée Ménard ?


    • Michel DROUET Michel DROUET 31 octobre 2018 12:23

      @Cadoudal
      Pas un point de vue, simplement une question d’honnêteté intellectuelle.


    • waymel bernard waymel bernard 1er novembre 2018 22:30

      @Michel DROUET 1,7% de hausse de la CSG prélevée sur le brut, c’est environ 1,85% de baisse de la retraite.


  • chantecler chantecler 31 octobre 2018 11:22

    Désolé les taxes locales dans les faits explosent .

    Vous habitez une demi ruine à Trifouilli les Oies ?

    Pas un commerce , pas un service ?

    +15 %


    • Michel DROUET Michel DROUET 31 octobre 2018 11:45

      @chantecler
      Les +15 % dont vous parlez s’appliquent, en campagne ou en périphérie, sur des valeurs locatives beaucoup plus basses qu’en ville. C’est pour cela qu’il vaut mieux avoir une maison à 15 Kms qu’un trois pièces dans la ville centre.
      Le raisonnement en pourcentage n’est donc pas le bon et l’augmentation doit être comparée en valeur absolue entre un bien en ville et un autre à la campagne afin de mesurer l’écart. C’est cette anomalie que voulaient corriger les gouvernements précédents et qui aurait eu pour effet d’augmenter considérablement la TH en campagne, d’où sa suppression par Macron.
      Il ne faut pas se réjouir trop vite : les 18 ou 20 milliards de perte de recettes suite à la suppression de la TH, il faudra bien les trouver quelque part... Préparez votre porte monnaie...


    • chantecler chantecler 1er novembre 2018 05:20

      @Michel DROUET
      Non,
      Avec les regroupements de communes Trifouilli les Oies est autant taxé que la petite ville de référence .
      Et ça ne fait qu’augmenter .
      Je n’étais pas soumis à la T H , faute de revenus suffisants ,donc pas imposable , aujourd’hui je le suis .
      La TH devrait être supprimée ?
      Oui, mais avant la fin du quinquennat !
      Si tout va bien .
      Apparemment pour les finances publiques tout va mal .
      Mais dans les médias on en parle comme si elle n’existait plus .. !
      Quant aux taxes foncières elles explosent même si vos bâtiments sont des demi ruines .
      Nous sommes dans le monde magique de Disneyland .


    • Michel DROUET Michel DROUET 1er novembre 2018 08:30

      @chantecler
      Il faut s’entendre sur ce qu’on appelle « Ville ». A10000 habitants on est en zone rurale ou périurbaine. Pour établir une comparaison, je prends plutôt en référence des chefs lieux de département ou d’arrondissement qui payent des charges de centralité (services publics, parking, voirie, transports en commun, salles de sports, piscine, établissements culturels,...) dont les habitants de petites communes situées aux alentours peuvent profiter, sans en payer le prix réel dans leurs impôts locaux ;
      Les impôts locaux dans ces villes sont plus élevés que dans les plus petites communes en raison essentiellement d’une valeur locative plus importante sur laquelle s’applique le taux communal et le taux intercommunal de TH. Comparez les valeurs locatives entre Trifouilli les oies et la petite ville de référence et vous constaterez sans doute déjà un écart entre Ces valeurs. Enfin comparez Trifouilli les oies avec le chef lieu de Département et vous verrez que l’écart sera encore plus important.


    • chantecler chantecler 2 novembre 2018 06:03

      @Michel DROUET
      Soyons sérieux :
      Je connais quelqu’un qui est « propriétaire » de deux bâtiments :
      l’un dans un hameau , qu’il habite (70 m2 habitable) en état très moyen, qu’il pourrait louer peut être 200, 00€ /mois .
      l’autre proche , en demi ruine où d’énormes travaux de base sont à faire dans un petit village dépourvu de tout commerce /service , non habitable , non louable bien entendu dans l’état .
      Pour chacun de ces bâtiments les taxes foncières sont de l’ordre de 900,00€ l’an ... !
      Ce quelqu’un est profondément préoccupé car il lui est impossible de boucler son budget sans vivre sur quelques menues réserves qui bientôt auront fondu .
      Il tente de se séparer du second bâtiment à prix bradé mais il n’y arrive pas .
      Il estime que la valeur de ses « biens » au total ne peut excéder 45,000 € sous réserve qu’il puisse les vendre , qu’il trouve acheteur ...
      Voilà les données d’un problème concret .
      Qu’en pensez vous ?


    • Michel DROUET Michel DROUET 2 novembre 2018 09:07

      @chantecler
      Je n’en pense pas grand chose car je ne connais pas ce cas particulier , ni la commune dans laquelle se situent ces biens. A priori, s’il paye 900 € de taxes foncières, il doit alors payer beaucoup plus pour la taxe d’habitation, non ? Si cette personne estime trop payer, il faut qu’elle se retourne contre la commission communale des impôts locaux, présidée par le Maire qui procède au classement des biens, ce classement en catégories correspondant à une valeur locative sur laquelle s’appliquent les taux de TH et de TF qui aboutissent à la détermination de l’impôt à payer. Lors de sa demande, il devra demander à un nouvel examen du classement de ses biens et le Centre des Impôts procèdera alors (ou non) à un dégrèvement.
      Après, l’impôt important peut découler d’un taux très élevé voté par la commune...  


    • foufouille foufouille 2 novembre 2018 09:31

      @chantecler
      les taxes sont calculées pour une certaine date, celle de la déclaration ou la construction. ton ami doit donc faire changer de catégorie ses ruines aux impôts. il peut aussi louer à un agriculteur, pas de taxes foncières pour un bâtiment agricole.


    • chantecler chantecler 2 novembre 2018 09:35

      @foufouille
      Salut !
      Pas de terrain lié au bâtiment en « ruine ».
      Mais au centre d’un petit village .
      Cdt.


    • foufouille foufouille 2 novembre 2018 10:10

      @chantecler
      si tu peux mettre un tracteur, c’est bon. sinon la vendre pas cher genre 5000 ou juste 1000 si c’est une grosse ruine. quand ça revient trop cher de garder, il faut bazarder.


  • Jason Jason 31 octobre 2018 11:26

    Nous subissons un matraquage permanent selon lequel seules les taxes et impôts seraient le levier incontournable agissant sur le pouvoir d’achat. C’est la doctrine la plus solidement ancrée dans l’esprit des responsables politiques. La démarche des gouvernements qui se sont succédé consistant à baisser la fiscalité touchant les ménages afin de doper leur pouvoir d’achat est à revoir en profondeur. Ce mécanisme est en partie vrai, mais écarte complètement le fait que les ménages sont soumis à des prélèvements par le biais des rentes.

    On peut y voir là une solution de facilité puisque les lois de finance sont annuelles, donc rapides et jouissent d’une très grande publicité avec les effets d’annonce qui l’accompagnent. La consommation, elle, restant en retrait. Mais la politique y trouve son compte. Trop d’impôt tue l’impôt dit-on ; la rente, elle, étouffe lentement, et tout ce qui est lent et bien caché n’intéressant pas les politiques.

    Cette énorme intoxication des esprits dissimule de façon honteuse le fait que ces gouvernants évitent soigneusement de s’adresser à la rente. Une des définition est donnée par Wikipedia : “En économie, c’est une notion centrale (liée à celle de profit) mais qui a de multiples définitions selon les auteurs ». Excluons les rentes provenant d’emprunts d’Etat, les revenus annuels des pensions, ou les rentes viagères. Penchons-nous sur les rentes de situation soigneusement dissimulées dans divers contrats souscrits par les consommateurs.

    Concernant l’économie des ménages, j’avais indiqué plusieurs domaines dans lesquels une action pouvait être envisagée à court terme. Il s’agit des assurances habitation (33 millions de contrats et 9,4 milliards d’encaisse) et automobile, de l’encadrement des prix du propane à usage domestique (700000 usagers) et de la révision des Contrats de Construction de Maisons Individuelles (300 à 400 mille maisons par an), le CCMI. Une politique générale touchant le logement privé est aussi à mettre en oeuvre. On a pu voir la corruption et le lobbying qui règnent grâce à une récente émission télé sur Vichy et Béziers. Le gouvernement se tait. Lobbies trop puissants.

    J’ai publié sur ce site un article concernant les assurances habitation qui n’a eu que très peu d’échos. La rente cachée de ces contrats est la suivante. Grâce à une clause de vétusté (dépréciation d’un bien mobilier ou immobilier au cours du temps) les assureurs indemnisent les sinistres comme bon leur semble en l’absence de grilles ou de projections. Au fil du temps les biens se déprécient. Le risque financier pour l’assureur diminue. Mais les primes restent constantes et augmentent suivant l’inflation ou les dépenses dues aux sinistres (on pense aux catastrophes naturelles). Le résultat, c’est l’effet de ciseau, diminution des risques, augmentation des primes. Voilà un bel exemple de rente ! Les banques auxquelles ces assureurs sont adossés, s’en réjouissent.

    Pour le propane, un foyer sur deux en zone rurale, pas question de l’inclure auprès de la Commission du Contrôle de l’Energie (CRE). Ce même propane vendu 40% moins cher en Allemagne ou au Benelux. De plus, chaque usager doit verser un “abonnement” de 100 € chaque année aux propaniers, droit de cuissage oblige.

    Les contrats de construction de maisons individuelles, c’est plusieurs milliards d’avance de trésorerie à l’industrie du bâtiment de la part des souscripteurs, grâce à une subtile interprétation des appels de fonds.

    Voilà où on en est. Députés et ministère contactés n’ont jamais répondu sur le fond.

    Alors, le pouvoir d’achat, il en est où ?


    • Michel DROUET Michel DROUET 31 octobre 2018 11:52

      @Jason
      Bonjour Jason
      Merci d’avoir élargi le débat à ces rentes indolores, parce « qu’inévitables » pour le commun des mortels. A quand un gouvernement qui agira sur ces leviers pour « augmenter le pouvoir d’achat des Français » ?
      Non, je rigole, il vaut mieux faire croire au bon peuple qu’en supprimant la TH il gagne en pouvoir d’achat, sauf qu’on ne lui dit pas que les 18 à 20 Milliards de recettes perdues, il faudra bien les trouver dans la poche du contribuable. Pas question de déplaire aux lobbies que vous citez.


    • Jason Jason 31 octobre 2018 14:36

      @Tous,

      P.S. Les rentes que je viens d’indiquer seront in fine en partie financées pour les particuliers par les baisses de taxes. Moins de taxes, plus de pouvoir d’achat qui sera utilisé pour alimenter les rentes > assurances (habitation, auto) obligatoires, et propane. Plutôt que de faire baisser les services, le gouvernement alimente les bénéficiaires des rentes évoquées ci-dessus dans un processus de transferts habiles.
      Ce sont donc les revenus les plus faibles qui seront impactés.

    • Michel DROUET Michel DROUET 31 octobre 2018 17:48

      @Jason
      Il y a une autre rente qu’il faut citer, c’est la rente bancaire qui repose sur le pari que beaucoup de titulaires de comptes ne regardent leurs relevés sur internet qu’en fin de mois, ce qui laisse le champ libre à des découverts chèrement payés.


  • zygzornifle zygzornifle 31 octobre 2018 13:31

    En supprimant la taxe d’habitation le gouvernement a calculé combien cela allait lui rapporter .....


  • bernard29 bernard29 31 octobre 2018 17:04

    Mais enfin, il faut bien débuter un jour ou l’autre la décroissance. Ce qui en effet, ne sera pas une mince affaire dans notre « pays de cocagne » puisque à cette aulne bien entendu, chacun est plus précaire que le voisin. 

    La difficulté réside évidemment dans le fait de décroître et en même temps de réduire les inégalités, c’est le défi d’une société durable comme on dit.


    • Michel DROUET Michel DROUET 31 octobre 2018 17:46

      @bernard29
      Bonjour
      Le problème, c’est que ce gouvernement, comme tous les autres, ne veulent pas entendre parler de décroissance : c’est mauvais pour le PIB et les affaires. Et pourtant, on commence à observer une baisse de la consommation (c’était le cas au 1er trimestre) conséquence sans doute d’une part de prise de conscience mais également de la CSG. Il n’y a pas grand monde pour croire que le gouvernement va améliorer le pouvoir d’achat des français (sauf les plus riches).


    • velosolex velosolex 31 octobre 2018 18:56

      @bernard29
      Je ne crois pas une seconde les déclarations de ce gouvernement la main sur le coeur, jurant que tout cela est lié à la transition écologique. On se moque totalement des rapports alarmants sur les pesticides. Qui sait que le nombre de cancers des testicules dans les zones les plus agricoles explosent, surtout chez les jeunes. Le Remera est sur la sellette pour la deuxième fois. Les enfants sans bras sans jambes n’ont pas d’explication, alors que ce problème est connu et récurent. 
      Personnellement je ne soutiens pas la bagnole, surtout le diesel, mais force est de constater qu’on a tout fait pour que les ruraux s’équipent en diesel, et que celui leur soit indispensable....
      Le passage à l’électrique est loin d’être neutre d’ailleurs. les batteries sont une aberration écologique. ( raffinage, métaux rares, recyclage)
      L’indignation n’existe que quand elle se conjugue avec des bénéfices. La non condamnation de l’arabie saoudite, ( on suit le dossier, mais rien de probant nous dite on sans rire) alors que la plupart des pays européens, comme l’allemagne ou l’angleterre condanme et prennent des sanctions est révélateur. 


    • Michel DROUET Michel DROUET 1er novembre 2018 08:45

      @velosolex
      C’est ça la démocratie... Hélas ! Le couvercle sur la marmite, le royaume des lobbies et le copinage commercial avec des théocraties.


    • Eric F Eric F 1er novembre 2018 10:40

      @bernard29
      il y a une sensible décroissance depuis des années en France, c’est celle de la production industrielle


  • velosolex velosolex 31 octobre 2018 18:45

    Quelques questions. : Qui va payer les dettes des communes, parfois considérables. Les ménages français vont ils mettre à contribution ?

    Sachant qu’un centimes d’augmentation du gas oil génère 350 millions pour l’état ; ( https://bit.ly/2JuCAiPon peut penser que celle d’essence rapporte autant) calculez combien l’état devra augmenter chacun de ces carburants pour arriver à 22 milliards, qui est le montant total des impôts locaux en france https://bit.ly/2x9ORl3

    Réponse : Environ 30 centimes. 

    Le gouvernement a décidé d’une forte augemtation de la TICPE* jusqu’en 2022.
    Prévision de l’évolution du prix des carburants : https://bit.ly/2P2QY7R

    Année201720182019202020212022TICPE Gazole0.540.590.650.700.750.78TICPE SP 950.660.660.690.710.730.76Prix/L Gazole1.231.311.411.511.601.67Prix/L SP 951.381.401.471.521.591.64
    On le voit, le total des augmentations entre 2017 et 2022 compense très largement l’ardoise. Il reste même un pourboire pour le pompiste..Mais je dois avoir l’esprit tordu. L’état qu’à du coeur ne pense qu’à la terre. Même bourrée de pesticides. 

  • eau-du-robinet eau-du-robinet 31 octobre 2018 21:04

    Bonjour,

    "Si l’on reprend le placard de pub du Ministère, 8 foyers sur 10 auront un « gain de pouvoir d’achat » de 180 euros suite à la baisse de 30 % de la taxe d’habitation« 

    Elle est ou et quand la baisse de la taxe d’habitation ?

    Pour mon 30m2 au nord de Bordeaux j’ai jusqu’au 15 Nov. pour payer 588 Euros pour la taxe d’habitation !

     !!! Merci !!! à Alain Juppé de nous avoir construit un nouveau stade de foot surtout que je ne mettra jamais les pieds dedans !

    1. Le vrai coût du stade

    310 millions d’euros : c’est le »coût complet« du stade, dont plus des deux tiers ont été absorbés par la construction de l’enceinte. À ceux-ci s’ajoutent des charges financières, de maintenance et d’exploitation.

    Mais quelle est la charge réelle imputée à la Métropole et financée par les impôts des contribuables  ? Chaque année, la collectivité verse à l’exploitant Stade Bordeaux Atlantique quatre redevances (financière, gros entretien, maintenance, gestion, soit 10 millions d’euros par an) et lui rembourse les taxes et impôts dont il est redevable (1,1 million par an). À l’inverse, la Métropole perçoit des recettes nettes garanties de SBA (4,5 millions), le loyer d’occupation des Girondins (3,85 millions par an), lesquels ont d’ores et déjà versé un »ticket d’entrée" de 20 millions d’euros.

    https://www.sudouest.fr/2017/10/05/stade-matmut-atlantique-le-satisfecit-de-la-cour-des-comptes-3835578-4812.php

    Et ou vas l’argent qui nous est volé et qui fait baisser notre pouvoir d’achat ?

    Toujours plus de richesse et plus de milliardaires dans le monde
    https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/10/30/toujours-plus-de-richesse-et-plus-de-milliardaires-dans-le-monde_5376353_1657007.html

    Selon une autre étude publiée le 26 octobre par la banque suisse UBS en partenariat avec le cabinet PwC, la fortune des 2 158 milliardaires de la planète a augmenté de 19 % en 2017, pour atteindre 8 900 milliards de dollars (7 829 milliards d’euros).

    Au début du mois de mars 2018 on comptait 2 208 milliardaires !


    • Jason Jason 1er novembre 2018 08:27

      @eau-du-robinet

      Bonjour,
      Cela montre bien qu’il faut retirer aux maires leur statut de compétence universelle, surtout en matière d’urbanisme.

    • Michel DROUET Michel DROUET 1er novembre 2018 08:58

      @Jason
      C’est déjà le cas dans les Métropoles, avec le transfert des compétences en matière d’urbanisme à la Métropole mais cela n’empêche pas les villes centres de faire ce qu’elles veulent en matière d’infrastructures prestigieuses, coûteuses et ruineuses pour le contribuable.


    • Eric F Eric F 1er novembre 2018 10:35

      @Michel DROUET
      exact, il y a eu transfert de certaines compétences communales (de voirie notamment) vers les communautés de communes, mais les communes ont conservé leur prélèvements antérieurs et un prélèvement supplémentaire a été ajouté pour les communautés.


    • Michel DROUET Michel DROUET 1er novembre 2018 11:58

      @Eric F
      Vraisemblablement et c’est en particulier dû aux doublons de services et de personnels.


  • Eric F Eric F 1er novembre 2018 10:30

    L’article traite du cas des salariés, mais ni les indépendants, agriculteurs, etc. ni les retraités n’ont de baisse de cotisation en compensation, alors qu’ils ont endossé la hausse de CSG. En outre, parmi les 20% qui continuent à payer la taxe d’habitation, les plus riches d’entre eux ont bénéficié de la baisse de la taxation sur le capital, mais la majorité des autres n’ont eu aucune réduction. Par ailleurs les Français propriétaires de leur logement vont endosser une hausse de la taxe foncière que les collectivités locales décideront pour compenser le moins perçu sur la taxe d’habitation. Et les taxes sur les carburants touchent surtout ceux qui n’ont pas de transports en communs à leur disposition.

    Il s’agit donc d’une sorte de jeu de chaises musicales fiscales, les locataires urbains salariés s’en sortiront mieux que les propriétaires ruraux indépendants ou retraités, et les un peu aisés trinquent pour les très riches.


    • Michel DROUET Michel DROUET 1er novembre 2018 12:01

      @Eric F
      C’est vrai, mais faire un article complet sur la fiscalité locale s’avérait trop long.
      Pour la taxe foncière vous avec probablement raison et ce sera d’autant plus douloureux qu’il y a moins de monde à payer cette taxe que la TH.
      C’est bien évidemment un jeu de chaises musicales qui fera beaucoup de perdants sauf les riches...


  • Ecométa Ecométa 1er novembre 2018 11:53

    Avec sa tronche de G.O. (gentil organisateur de Club Merdique), aussi « herDoctor » en philosophie tenant du sophisme et du cynisme, le MACRON nous a organisé une course à l’échalote nationale.
    Le problème c’est que les coureurs, les seuls participants, sont ceux qui font le PIB, ceux qui font réellement la valeur ajoutée dans les entreprises, la classe moyenne basse et la classe des « travailleurs pauvres » qui s’étoffe de plus en plus car le modèle de MACRON c’est l’Allemagne et la Grande Bretagne, pays dans lesquels les travailleurs pauvres sont légion.

    Toute l’économie est d’ailleurs une course à l’échalote ! Le problème c’est qu’on ne s’y amuse pas ; du moins pas les participant qui régulièrement se casse la gueule et, qui, contraints économiquement, reprennent leur course ! Seul les spectateurs, dirigeants en tout genre, économistes, et autre rentiers privilégiées du système se marrent !

    Économiquement, il y a une chose que je n’ai jamais comprise, en fait il y en a même plusieurs, et elles valent leur pesant de cacahuètes.

    Il faut, et c’est impératif, « concurrence » oblige (étymologiquement courir avec et non contre... concurrence à anglo-saxonne totalement imbécile) ; donc concurrence imbécile oblige, il faut baisser les prix, et pour cela il faut baiser les coûts. Mais, baisser les coûts c’est aussi baisser les revenus car si les coûts font les prix, il se trouve aussi, qu’ils font les revenus ! Que donc, en la matière, entre boire et conduire : il faut choisir !
    Il se trouve que la seule variable d’ajustement qui soit, pour le capitalisme, le dogme capitaliste, et encore plus pour le financiarisme totalement déconnecté du travail, de l’économique ; cette seule variable d’ajustement c’est la baisse des coûts salariaux pour satisfaire l’actionnariat, non pas populaire, mais exclusivement « financier » !

    Albert Einstein, et c’est d’une telle évidence, d’un tel entendement, nous dit que « Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion ; mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau ».

    La difficulté c’est que beaucoup de personnes, par fatalisme, sont persuadés que rien d’autre n’est possible ! Mais, si nous voulons résoudre nos problèmes, nos difficultés, conformément à ce que nous dit Albert Einstein, il nous faut développer un nouvel état de conscience (avec science et non scientisme) comme l’on fait les physiciens de la physique quantique et en tenant compte des acquits intellectuels du 20 è siècle qui en sont issus ; aussi le principe cognitif de Pascal tout est possible !. 

    Ce n’est certainement pas par un raisonnement « linéaire simpliste », comme celui positivo rationalo économico technoscientiste, que l’on peut se rendre compte de cette dichotomie, de cette absence de relation entre coûts et revenus en économie, en sciences économiques qui sont pléthores, comme autant de disciplines qui s’ignorent les une les autres.

    On peut seulement se rencontre compte de cette anomalie, de cette dichotomie coût/ revenu, de ce manque d’entendement, non pas en ayant un raisonnement linéaire, de fuite en avant rationalo économico technoscientiste, mais en ayant un raisonnement circulaire, écosystémique, non pas vicieux mais vertueux, une rationalité vertueuse participant d’une vision à la fois de détail et d’ensemble, d’adéquation, d’entendement, et non un raisonnement simpliste de la chose pour la chose et de la chose imbécile !

    A quand une économie de rationalité « écosystémique », et même d’une raison « métaécosystémique » incluant la finalité humaine de la satisfaction de tous les besoins individuels et collectifs ; non celle du moyen pour le moyen, du seul moyen, de ses seuls tenants (propriétaires) et de leurs seuls aboutissants capitalistiques et désormais financiaristes ?

    De la bonne valeur d’usage des systèmes humains : ils sont faits pour servir l’humain et non pour l’exploiter par le truchement de ceux qui les mettent en œuvre et qui en deviennent propriétaires.


  • troletbuse troletbuse 2 novembre 2018 14:36

    J’ai cru entendre hier l’interview d’un idiot du village :

    « Ca fait 20 ans que je vais dans ce café et je ne vois pas pourquoi je n’irai plus »

    Enfin à peu près cela. Ensuite, j’ai vu la vidéo. C’était notre Macronimbus qui au milieu d’un « bain de foule » programmé sortait cette phrase à un journapute. Il est vrai que cette remarque doit intêresser vivement tous les Français qui croulent sous les taxes. Notre idiot national va au bistrot. Vraiment interessant. C’est une info de première importance que nos merdias relaient. Pour le bain de foule, on voyait quelques Benalla autour mais pas de plan général de l’immense foule qui devait être là à applaudir notre gai président et à faire des selfies avec De plus,il n’était pas fatigué. Encore plus intéressant. Le journaputasserie s’est contenté de celà avec gourmandise.


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