vendredi 16 octobre 2009 - par Jean Claude BENARD

Touche pas au bouclier de mes potes !

« Nous défendons le bouclier fiscal comme un outil de justice fiscale et sociale » a déclaré avec le plus grand sérieux, Luc Chatel, le ministre de l’éducation nationale et porte parole du gouvernement.

iOn ne va tout de même pas décevoir les amis du Fouquet’s, non mais !!!!

On aurait aimé autant de fougue et de détermination lors des récentes menaces puis fermetures de nombreuses usines ou entreprises, mais il faut toujours choisir son camp.

Et le gouvernement a choisi le sien !

Cette déclaration et attitude nous rappelle une des phrases de Coluche dans un des ses sketchs :

C’est un pays, la France, libéral, on peut être en colère, il faut demander gentiment, c’est tout.
- Alors évidemment, les manifestations, c’est entre "la nation" et "la république", hein ! Ils vont pas vous la donner entre l’étoile et la muette, c’est là qu’y habitent, hein !

Alors, on ne va tout de même pas "punir" les habitants de l’Etoile et de la Muette ! L’un des premiers à mener la "lutte syndicale" des riches a été Henri Guaino, le porte plume et boîte à idées du Président

" Le conseiller spécial de l’Elysée Henri Guaino a estimé jeudi qu’il ne serait "pas très cohérent" d’exclure la CRDS du bouclier fiscal, jugeant qu’on ne peut pas "faire chaque jour le contraire de ce qu’on a décidé de faire la veille". "C’est un principe simple, il ne faut pas tricher, il ne faut pas sans cesse revenir en arrière, sans cesse faire des exceptions dans des principes qu’on s’est fixés", a déclaré M. Guaino sur la radio BFM.

... / ... "A ce moment-là il faut se poser la question du bouclier fiscal lui-même, je pense que ça n’est pas très cohérent, c’est un peu désordonné. Que ce soit la CSG ou la CRDS il n’y a pas de raison de ne pas les compter dans les prélèvements directs", a insisté le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy ... / ..." Source AFP/Google

"faire chaque jour le contraire de ce qu’on a décidé de faire la vielle" et "sans cesse faire des exceptions dans des principes qu’on s’est fixés" ?

Mais n’est-ce pas exactement ce que fait régulièrement, le gouvernement ?

Exemples :

Retraite des mères de famille

" Xavier Darcos, le ministre du travail, a annoncé dimanche que le gouvernement avait "décidé de sauvegarder le dispositif" actuel pour la retraite des mères de famille salariées du secteur privé qui bénéficient de deux ans de majoration d’assurance-vieillesse par enfant élevé ... / ... " - Source Le Monde

Fiscalisation des indemnités journalières des accidents du travail

"François Fillon a prudemment affirmé qu’il comprenait "l’esprit" du projet de fiscalisation des indemnités des accidentés du travail, décrié à gauche comme à droite, tout en rappelant qu’il n’émanait pas du gouvernement et que "toutes les options" étaient encore sur la table. "Cette mesure, qui ne figure pas dans le projet de budget, a été proposée par le président du groupe UMP, Jean-François Copé", fait valoir le Premier ministre dans un entretien au JDD ... / ... " Source AFP/Google

TVA sur la restauration

" ... /... La présidente de l’Umih (Union des métiers et des Industries de l’Hôtellerie), principal syndicat de restaurateurs, Christine Pujol, craint pour la TVA à taux réduit dans le secteur ... / ... Certains professionnels, et je le déplore haut et fort, n’ont pas joué le jeu (de la baisse des prix, NDLR) et c’est dommage parce qu’il y a une menace réelle de perdre cette baisse de la TVA". Si la menace n’a pas été clairement évoqué lors de la réunion, Christine Pujol reconnaît que "s’il n’y a pas de résultats, à un moment donné il risque d’y avoir un retour de bâton" Le ministre a indiqué qu’un comité de suivi le 15 décembre ferait "définitivement" le point sur le respect de l’engagement et qu’en cas d’échec, il faudrait en tirer "toutes les conséquences" ... / ... " - Source Challenge

Mais revenons à Luc Chatel. Qu’a-t-il déclaré ?

"Nous défendons le bouclier fiscal comme un outil de justice fiscale et sociale (...) nous pensons que c’est un élément très important de notre politique fiscale, donc la révision de ce bouclier fiscal n’est pas d’actualité", a assuré M. Chatel en rendant compte devant la presse des travaux du Conseil des ministres "
 
Son collègue, le chasseur de déliquants fiscaux, Eric Woerth a été encore plus clair

" Le ministre du Budget Eric Woerth a lui aussi exclu de retirer la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale) des impôts pris en compte dans le bouclier fiscal, ainsi que le suggère la commission, estimant que "quand vous avez des principes et quand vous commencez à faire plein d’exclusions, il n’y a plus de principe".

"C’est déjà beaucoup quand quelqu’un paie 50% de l’ensemble de ses revenus en termes de fiscalité. En général, il s’en va", a ajouté M. Woerth à l’issue du Conseil des ministres.
"Le principe, c’est quand même de garder les gens en France, de faire en sorte qu’il y ait une fiscalité élevée, parce qu’on a des services publics élevés, mais qu’il y ait un plafond à cette pression fiscale", a-t-il conclu. - Source Les Echos

Ne mélangeons pas tout ! En effet, ce qu’évoque Eric Woerth est plutôt lié à l’ISF comme l’écrivait Le Figaro : "Pour la première fois depuis des années, le nombre de redevables à l’ISF quittant la France a baissé en 2007, premier exercice d’application du bouclier. 719 personnes se sont exilées, contre 843 en 2006. En outre, 246 contribuables sont rentrés en France en 2007, contre 226 en 2006. - Source Le Figaro

Contribuables assujettis à l’impôt de solidarité sur la fortune qui ne semblent pas si mal se porter si l’on en croit l’excellent dossier (un peu passé inaperçu à notre goût) du JDN : "Les villes où vivent les riches de France"

Extrait : "Pour le cadre de vie ou pour des raisons historiques, les Français les plus riches ne résident pas comme tout à chacun. Leur répartition géographique répond à une logique bien différente de la seule démographie. A partir des déclarations remplies par les contribuables assujettis à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour l’année 2008, le Journal du Net a classé les communes selon le nombre de résidents soumis à cette imposition basée sur le patrimoine. Un classement dans lequel certaines petites villes de province rivalisent avec les grandes métropoles". Découvrez les 50 villes françaises qui comptent le plus d’assujettis à l’ISF.

Mais de quoi parle-t-on dans ce "drame national" évoqué par le gouvernement ?

La proposition de Jean-Luc Warsmann (Président UMP de la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale ) ne consiste pas à abolir le bouclier fiscal mais tout simplement de ne plus y inclure la CRDS.

Comment justifie-t-il cette proposition ?

"Il ne s’agit pas d’un impôt traditionnel mais d’une contribution destinée à rembourser une dette pesant sur les générations futures, il serait normal de la retirer du bouclier"
 
Néanmoins, Xavier Bertrand ce matin sur Europe1 a été ferme : "Il ne faut "certainement pas" toucher au bouclier fiscal, a réagi sur Europe-1 Xavier Bertrand. "Ce n’est pas la cible de l’UMP. Il y a un parlementaire qui fait un rapport, c’est une idée constante chez lui (...) Mon idée constante, c’est de baisser la fiscalité dans notre pays, pas de l’augmenter". Cette mesure "ne sera pas votée par l’UMP. Il n’est pas question de revenir sur le bouclier fiscal"

Nous lui rappellerons les chiffres suivants :

"Chaque bénéficiaire du bouclier s’est vu restituer 33 000 euros en moyenne en 2008 au titre du trop-payé d’impôt en 2007 sur les revenus de 2006, alors que la moyenne était d’un peu plus de 16 000 euros en 2007. Résultat, le coût pour les finances publiques du dispositif est passé de 250 millions d’euros en 2007 à 458 millions en 2008". A titre provisoire ! - Source Le Figaro impôts

Ceci étant à rapporter à ces autres chiffres

" ... / ... Le gouvernement a présenté un nouveau collectif budgétaire qui affiche un déficit record de 103,8 milliards d’euros pour le budget de l’Etat. Il prend acte de la nette dégradation des comptes et de la dette publics de la France en prévoyant des déficits publics de 5,6% du produit intérieur brut à la fin 2009 et de 5,2% à la fin 2010, selon le projet de texte. La dette publique s’établirait, quant à elle, à 73,9% du PIB à la fin de cette année et à 77,5% à fin 2010. Ce collectif budgétaire, le quatrième depuis cet automne, intègre les mesure annoncées lors du sommet social du 18 février et de nouvelles hypothèses de croissance, d’inflation et d’emploi ... / ... " - Source Europe1

Mais comme le dite le "gentil" Xavier Bertand : "Mon idée constante, c’est de baisser la fiscalité dans notre pays, pas de l’augmenter". Même si on doit courir au désastre ou si on doit le faire après la réélection du Président sortant en 2012 ?

Allons, ne désespérons pas puisque comme nous le serine régulièrement le même Xavier Bertrand : "Plus que jamais, nous devons montrer aux Français que nous restons concentrés sur leurs priorités [...] expliquer qu’on tient le cap des réformes, qu’on veut réhabiliter la politique, que nous ne nous éloignerons pas de nos valeurs et que nous ferons de la pédagogie" - Source UMP

Transmis à tous ceux pour qui la fin du mois commence ... dès les premiers jours et qui sont rétifs ... à la pédagogie. Soyez solidaire des "valeurs" de l’UMP et du "bouclier fiscal comme outil de justice fiscale et sociale", enfin quoi m..... !
 


6 réactions


  • Gabriel Gabriel 16 octobre 2009 11:03

    L’étron’s club s’exprime et ça pue, il serait temps de les renvoyer dans la cuvette des toilettes d’où ils n’auraient jamais du sortir ! Débiter de telles âneries prouve une fois de plus, que nous ne sommes pas tous égaux au plan de la masse neuroanatomique et, que l’absence de flux neuronale a définitivement atrophié leurs synapses. 


    • 1984 16 octobre 2009 11:49

      Propos un peu rapides, faudrait leurs couper la tête pour une dernière vérification.


  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 16 octobre 2009 18:20

    Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789
    ***************************************************************

    Article XIII

    Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les Citoyens, en raison de leurs facultés.


    Egalement répartie, cela veut dire que chacun doit faire le même effort, en fonction de ses facultés. Si les prélèvements représentent 20% ou 25% des revenus de chacun, cela est bien une répartition également répartie. Cela représente un cinquième ou un quart de ce que chacun produit par son travail, et cela parait juste de consacrer cette part de son travail pour le bien de la communauté. (Il peut être envisager un plancher pour les plus faibles revenus). Le problème, c’est qu’en France, c’est 52% du PIB qui est capté par l’Etat.

    D’autre part, comment justifier que certains puissent payer plus de la moitié de ce qu’ils gagnent. Au nom de quelle justice ?

    Soit leurs gains sont légaux, et il n’y a aucune raison de les taxer plus que les autres. Soit ils sont illégaux, et ce sont d’autres lois qui doivent s’appliquer.

    Il y a une grande confusion entre égalité devant la loi, qui est une condition de la dignité de l’Homme. Et l’égalitarisme, qui est le socle d’une « justice » dictatoriale.


  • Daniel Roux Daniel Roux 16 octobre 2009 21:10

    Vous vivez dans vos rêves ou vous faites exprès de ne pas comprendre.

    Pour faire simple, la population est organisée de la manière suivante :

    1) Le peuple, celui qui travaille dur, paie ses impôts, consomme des produits de masse à fortes marges, regarde des médias sous contrôle et vote dans les limites permises sont sous notre protection, les autres sont remisés dans des ghettos isolés. Pour éviter toute surprise désagréable, le choix de leurs « représentants légitimes » est limité à une liste où figure principalement nos affidés plus quelques faire-valoir sans danger. Le système est sous contrôle et fonctionne bien. Il y a eu une petite dérive socialiste avant et après la guerre mais l’ordre naturel se rétabli de façon satisfaisante depuis quelques années.

    2) Les leaders d’opinion, l’encadrement et les hauts fonctionnaires, sont divisés en 2 groupes dès le début de leur service actif. Ceux qui soutiennent l’ordre établi, par fidélité, vocation ou intérêt, bénéficient de privilèges encourageants. Ils passent dans les médias, sont nommés à des postes bien payés et sont protégés contre les petites misères de la vie. A l’inverse, les déviants, ceux qui combattent l’ordre établi, sont précarisés, végètent dans leur coins et sont durement sanctionnés en cas de faute.

    3) Les hommes libres sont les maîtres des catégories précédentes et les seuls bénéficiaires des richesses produites dans leurs zones d’influence principalement en Europe et en Afrique. Ce ne sont pas des brutes, ils ont leurs oeuvres et versent une obole aux caisses publiques avec les quelques revenus qu’ils conservent sur leurs terres. Leurs affidés, bien rémunérés, s’occupent des détails techniques, tels que les lois qui organisent l’exploitation du capital humain et le maintien de l’ordre. Les plus méritants sont admis dans leurs rangs et s’intègrent en quelques générations. Le grand oeuvre en cours est l’harmonisation au niveau mondial des règles de gestion du capital humain et le recyclage des déchets.

    Caricature ou réalité ?


    • Ali 16 octobre 2009 21:51

      D R

      je crois que vous faîtes diversion

      en fait il y a EUX et puis moi puis vous oui là vous ne vous en déplaise il en est ainsi

      m’avez vous compris ??


  • Michel DROUET Michel DROUET 17 octobre 2009 09:13

    Aujourd’hui, 17 octobre 2009, c’est la journée mondiale du refus de la misère.
    Je lis dans mon quotidien que des gens, en France, ne disposent qu’entre 1,60 € et
    7,80 € par jour et par personne pour se nourrir, une fois leurs charges payées.

    Au regard de cette information, les propos de M. CHATEL concernant les vertus de justice fiscale et sociale du bouclier fiscal prennent toute leur saveur.


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