mardi 12 septembre 2017 - par Michel DROUET

Un Président ne devrait pas dire ça

 « Les gens ont tort de déformer pour créer de fausses polémiques. Je n’ai jamais été dans l’invective ». (E. Macron, à propos de sa sortie sur les fainéants, les cyniques et les extrêmes)

Dont acte, mais dites-nous, M. Macron, c’était rudement bien imité. La prochaine fois souvenez-vous de l’adage populaire selon lequel il faut tourner sept fois sa langue dans la bouche avant de parler.

La communication présidentielle

Votre communication, Monsieur le Président, semble s’adresser à un public restreint, sans doute celui qui vous a porté au pouvoir, c’est-à-dire ces classes aisées qui composent votre électorat qui ont été moins sensible que les autres à l’abstention ou au vote blanc ou nul, et cette armée « En Marche » qui vous représente à l’Assemblée Nationale, sans que les effets en soient actuellement perceptibles.

Bref, votre communication désastreuse ne concernerait que le cercle restreint de ceux qui marchent au pas derrière vous et qui vous font une confiance aveugle en comprenant ou en feignant de comprendre le second, troisième ou quatrième degré de vos propos. C’est ce qu’on appelle les courtisans et les profiteurs.

Pour le reste, et cela fait tout de même beaucoup de monde, (à part bien sûr des illettrés) nous en sommes réduits à une lecture simple en se disant que les mots ont un sens que votre pensée complexe vous empêche certainement d’appréhender de prime abord.

Pourquoi cette violence du propos ?

Devons-nous mettre tout cela sur Le compte des obstacles, de la contestation de votre politique, de vos résultats mitigés en matière de travailleurs étrangers ou de vos hésitations concernant la fiscalité et les cotisations des ménages français, qui commencent à faire des vagues, notamment chez les retraités ou bien encore des libéralités un peu voyantes vis-à-vis des entreprises et des assujettis à l’ISF ?

Ou bien s’agit-il de créer le buzz pour masquer l’essentiel : le choc fiscal et social que vous proposez n’aura aucun effet sur la croissance et l’emploi mais profitera pleinement à quelques-uns supposés distraire quelques milliards pour créer des emplois qui ne viendront pas.

L’enthousiasme très mesuré de M. Gattaz après la publication du contenu des ordonnances (c’est un bon début…) vous a sans doute fait prendre conscience que le chemin que vous tracez va être semé d’embûches dans les prochains mois.

Cette violence est nouvelle. Elle marque sans doute une volonté, la vôtre, de réformer, à marche forcée, en oubliant sans doute le sens de ce mot : les français ne sont pas rétifs aux réformes, mais lorsqu’elles vont uniquement dans un sens, ils deviennent méfiants. Le mot réforme (mot-valise) est tellement dévalué qu’il conviendrait peut-être de parler de « changement », mais il est vrai que ce mot nécessiterait une communication apaisée expliquant d’où on part et où on veut arriver, et vous n’en êtes pas encore là.

Vous êtes un homme de conviction

On peut difficilement vous comparer à votre prédécesseur qui avait déclaré pendant la campagne présidentielle que son ennemi était la finance et qu’il allait renégocier les traités européens et qui s’est empressé de de coucher, de taper au portefeuille des classes moyennes et de commencer à déverser des milliards sur les entreprises avec le pacte de responsabilité et le CICE, avec le succès que l’on sait.

Nous ne sommes qu’en début de mandat, et votre fébrilité inquiète, même s’il est vrai que vous aviez annoncé peu ou prou la couleur dans votre programme électoral.

En serez-vous réduit, vous aussi, à tenir la chronique de votre fin de mandat en confiant vos états d’âmes à des journalistes qui publierons un livre juste avant la prochaine campagne présidentielle et au final annoncer que vous ne vous représentez pas ?

Notre époque use beaucoup de Présidents dont on se souviendra davantage des anecdotes sur leur vie privée, leurs frasques matrimoniales ou leurs sorties médiatiques que de leur action politique. « En même temps », il faut bien reconnaître que la parcelle de pouvoir qui vous est conférée par la gouvernance mondiale des entreprises et des banques, les techniques toujours plus évoluées d’évasion fiscale, ainsi que votre trajectoire personnelle, ne laissent que peu de place à un changement en profondeur du pays allant dans le sens des plus modestes.

Le sentiment que l’on peut avoir aujourd’hui, et votre politique renforce ce sentiment, c’est que le pays est divisé en deux : d’un côté les investisseurs potentiels qui profitent des effets d’aubaine sans investir et de l’autre les salariés ou petites entreprises à qui l’on donne de la main gauche quelques miettes que l’on reprend de la main droite.

Notre pays est très généreux, mais pour certains seulement, qui oublient généralement de remercier.

Quel Président serez-vous en définitive ?

Pas un Hollande, cela nous l’avons bien compris, encore que, vous semblez chausser ses pantoufles en continuant sa politique économique en faveur de l’offre qui n’a produit aucun effet en matière d’emploi.

Un Sarkozy, peut-être, qui s’était illustré par le bouclier fiscal pour les riches et la défiscalisation des heures supplémentaires pour les pauvres et ses saillies verbales au salon de l’agriculture (« casses-toi pauvre con »). Vous semblez avoir adopté la même trajectoire économique. Nous sommes inquiets s’agissant de la trajectoire verbale…

Un Président à la Margaret Thatcher, peut-être, celle qui avait conceptualisé le fameux TINA (There is no alternative), autrement dit : il n’y a pas d’alternative et qui alliait elle aussi la conviction et la violence des propos ?

N’avez-vous pas peur de lasser les Français en ne leur proposant que des resucées de programmes libéraux dictés par M. Gattaz ?



24 réactions


  • Taverne Taverne 12 septembre 2017 11:15

    Oui, nous nous sommes comportés jusqu’ici comme des fainéants face au chômage : on s’est contenté le plus souvent d’attendre le retour de la croissance et de fabriquer des faux emplois (des centaines de milliers d’emplois aidés par an) et des dizaines de milliers de formations bidons. Plus, quelques manipulations des chiffres officiels...Ce sont là de fausses solutions ou des solutions insatisfaisantes parce que non structurelles.

    - Je donne raison à Macron sur le diagnostic : nous nous sommes comportés en fainéants et il est temps d’agir vraiment 
    - Mais sur la méthode : faire une déclaration fracassante en Grèce, non. C’est en France qu’il doit parler aux Français et pas à l’Etranger.
    - Sur les solutions, les syndicats ont négocié. Dire que je partage à 100 % le contenu de la réforme serait faux. Mais bon, peut-on être à 100 % d’accord avec une réforme de cette nature ?

    Mais il me semble que Macron fait exprès de chauffer à blanc l’opposition improductive (Mélenchon) pour mieux effacer les oppositions qui ont de réels arguments. Il s’agit aussi de crever l’abcès. C’est de la pure politique.


    • canard 54 canard 54 12 septembre 2017 12:45

      @Taverne. Bonjour

      Il a peur de parler au peuple directement au risque de se ramasser des claques sur la tronche Monsieur 26000 € de maquillage


    • bernard29 bernard29 12 septembre 2017 13:33
      @Taverne
      si j’ai bien lu le discours, Macron adressait aussi sa remarque aux dirigeants européens... non ? 

    • Michel DROUET Michel DROUET 12 septembre 2017 16:30

      @Taverne
      Pas d’amalgame Taverne. Il y a une réelle responsabilité de la part de ceux qui sont en situation de créer des emplois mais on ne peut pas parler de faute collective.
      Parmi les créateurs d’emplois recensés il y a les entreprises, mais il faut bien reconnaître qu’elles ne créent pas grand chose malgré les aides financières considérables qu’elle touchent.
      Il y a aussi la responsabilité des collectivités publiques, d’un côté l’Etat qui supprime plus d’emplois qu’il n’en crée et qui s’apprête à supprimer encore des emplois aidés, et de l’autre côté les collectivités territoriales qui ont eu la main lourde en matière de création ces dernières années.
      Il y a sans doute également les auto entrepreneurs qui créent leur propre emploi parce qu’ils ne trouvent rien d’autre.
      Et puis, il y a la masse des salariés et ceux qui aspirent à le devenir qu’ils ne faut pas amalgamer avec les précédents si l’on recherche des responsabilités.
      Donc le « nous » n’est pas de mise et le « on » est trop imprécis pour qualifier l’inaction face à la crise du chômage.


    • Legestr glaz Ar zen 12 septembre 2017 16:41

      @Michel DROUET

      L’inaction écrivez vous ? Elle s’explique ! Si vous voulez une traduction de ces articles, je suis à votre disposition. 

      Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne :

      Article 63

      (ex-article 56 TCE)

      1. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.

      2. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux paiements entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.

      Article 106

      (ex-article 86 TCE)

      1. Les États membres, en ce qui concerne les entreprises publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux ou exclusifs, n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire aux règles des traités, notamment à celles prévues aux articles 18 et 101 à 109 inclus.

      2. Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux règles des traités, notamment aux règles de concurrence, dans les limites où l’application de ces règles ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie. Le développement des échanges ne doit pas être affecté dans une mesure contraire à l’intérêt de l’Union.

      3. La Commission veille à l’application des dispositions du présent article et adresse, en tant que de besoin, les directives ou décisions appropriées aux États membres.

      Article 121

      (ex-article 99 TCE)

      1. Les États membres considèrent leurs politiques économiques comme une question d’intérêt commun et les coordonnent au sein du Conseil, conformément à l’article 120.

      2. Le Conseil, sur recommandation de la Commission, élabore un projet pour les grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l’Union et en fait rapport au Conseil européen.

      Le Conseil européen, sur la base du rapport du Conseil, débat d’une conclusion sur les grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l’Union.

      Sur la base de cette conclusion, le Conseil adopte une recommandation fixant ces grandes orientations. Le Conseil informe le Parlement européen de sa recommandation.

      3. Afin d’assurer une coordination plus étroite des politiques économiques et une convergence soutenue des performances économiques des États membres, le Conseil, sur la base de rapports présentés par la Commission, surveille l’évolution économique dans chacun des États membres et dans l’Union, ainsi que la conformité des politiques économiques avec les grandes orientations visées au paragraphe 2, et procède régulièrement à une évaluation d’ensemble.

      Pour les besoins de cette surveillance multilatérale, les États membres transmettent à la Commission des informations sur les mesures importantes qu’ils ont prises dans le domaine de leur politique économique et toute autre information qu’ils jugent nécessaire.



    • Le421... Refuznik !! Le421 12 septembre 2017 18:56

      @Taverne
      Nous avons proposé de réorienter la production du pays, non pas vers le futile « pas cher », mais vers le nécessaire pour l’avenir.
      Et je peux vous dire qu’il y a du taf dans ce domaine...

      Problème de la loi de l’offre et de la demande.
      Technique obsolète.
      Vous avez combien de bagnoles à la maison ?
      Moi, cinq en état de rouler et conforme au CT.
      Je fais quoi ?
      J’en achète une sixième ?


    • alinea alinea 12 septembre 2017 20:51

      @Taverne
      C’est qui les oppositions qui ont de réels arguments ?


    • Le421... Refuznik !! Le421 13 septembre 2017 08:58

      @alinea
      On continue à chercher parce que Mélenchon, quand même, faudrait pas qu’il y ait que La France Insoumise et son « phi » de merde...
      Ca la foutrait mal dans le paysage jupitérien.
      divide et impera.
      Du Machiavel pur et dur.


  • Furax Furax 12 septembre 2017 12:30

    Depuis que je l’ai vu déguisé en militaire sur la base d’Istres (et toute la suite, déclarations comprises, le confirme), ce type est fou à lier. Il a seulement besoin de soins psychiatriques intenses, même s’il faut, durant quelques temps brailler dans sa cellule capîtonnée : « Ze suis le sef ! », « Ze ne cèderai rien’ »
    Voir le psy italien que les déconneurs du « Monde » ont bien sûr taxé d’« extrême-droite » : smiley
    https://www.youtube.com/watch?v=NNDgsw39m9s
    ce qui est un gage de qualité !
    Ensuite, il faudra qu’un tribunal populaire juge toutes les saloperies médiatiques qui ont porté ce cinglé au pouvoir.


  • zygzornifle zygzornifle 12 septembre 2017 13:59

    Bozo le clown est revenu ....


  • troletbuse troletbuse 12 septembre 2017 18:06

    Macaron est un inculte. Il est incapable de tenir un discours par manque de vocabulaire. Il utilise les mots de la rue. On a bien vu dans sa campagne « Soyez printemps, y’a des soeurs, des frères, des poissons » Du grand n’importe quoi. Comme les mots ne lui viennent pas à l’esprit, il utilise le langage de bar. Sinon, on entendrait des euh euh euh. Il ne peut pas faire de débat. Pour celui avec Le Pen, les journaputes avait déjà leur conviction forgée par la bien-pensante. Ont-ils parlé de la prestation de Macronimbus ? Non. Il n’a pas du beaucoup bossé dans les écoles. Ni après d’ailleurs.


  • Doume65 12 septembre 2017 18:23

    @Michel DROUET
    Comme ces choses sont dites avec élégance et courtoisie !
    Total respect !


  • Le421... Refuznik !! Le421 12 septembre 2017 18:52

    Faire une thèse sur Machiavel, ça vous oriente une vie.
    « divide et impera »
    La base de tout commandement...


  • devphil30 devphil30 12 septembre 2017 20:19

    C’est une nouvelle façon de faire de la politique .... !

    On crache à la figure de ceux qui ont voté pour lui sans comprendre que derrière lui se situe la finance qui l’a propulsé dans les médias.

    Philippe


  • alinea alinea 12 septembre 2017 20:58

    Un bon élève qui a toujours fait ce qu’on attendait de lui et qui a toujours été félicité n’est pas armé pour faire face à la contestation ! C’est un petit garçon qui a cru que, parce que ses amis l’ont propulsé au pouvoir, avec les méthodes que l’on sait ( et qui marchent, c’est un autre sujet), c’était gagné !
    Ben non, c’est pas gagné, il n’a rien à dire sauf peut-être : faisons comme nos voisins, ça a l’air si bien !
    Le problème c’est qu’il a effectivement toute l’oligarchie, tous les lobbies, toute la finance derrière lui, donc il se sent invulnérable.
    J’espère qu’on saura lui prouver qu’il se goure ! Mais le combat sera rude et je ne suis pas convaincue que tout le monde en a bien conscience.


    • Le421... Refuznik !! Le421 13 septembre 2017 09:01

      @alinea
      La solution sera dans la résistance, la grève du zèle.
      Se limiter uniquement à ce qui est demandé. Pas d’initiative, ou les garder pour soi.
      Difficile de faire avancer un âne qui freine des quatre pattes !!
      Là, on se rends compte que c’est lui qui porte le fardeau.


    • Michel DROUET Michel DROUET 13 septembre 2017 09:26

      @alinea
      « Faisons comme nos voisins » : sur ce sujet, un très bon dossier dans « Alternatives économiques » du mois de septembre, intitulé « Faut-il copier l’Allemagne ? »


  • Gorg Gorg 12 septembre 2017 21:16

    @Michel Drouet

    Merci pour l’article Michel... Décidément vous êtes en forme en ce moment... Coquelet 1er vous inspire...


    • Michel DROUET Michel DROUET 13 septembre 2017 06:21

      @Gorg
      Le personnage est très inspirant, en effet.


    • Le421... Refuznik !! Le421 13 septembre 2017 09:03

      @Michel DROUET
      Inspirant... Je le trouve même désespérant.
      J’adore la présentation dans les grandes gueules RMC, quand il se mets à gueuler avec sa voix de pré-pubère... Vive la France.


    • Michel DROUET Michel DROUET 13 septembre 2017 09:22

      @Le421
      Enfin, inspirant, en terme d’écriture. Pour le reste, vous avez raison, il faut plutôt dire désespérant.


  • zygzornifle zygzornifle 13 septembre 2017 13:12

    comme quoi ce paltoquet n’est pas un président ..... Comme hollande il a été élu par erreur et manque de discernement par les mougeons privés de leurs neurones ......


  • zygzornifle zygzornifle 14 septembre 2017 09:19

    Il va bientôt vous dire que ceux qui ne sont pas content n’ont qu’a aller en migrer en famille en Afrique et au Maghreb pour combler la place de leurs ressortissant venus s’échouer sur les plages d’Italie ......


Réagir