jeudi 20 octobre 2011 - par pingveno

Un vote très primaire

Je sais qu'il est de bon ton, à propos des primaires socialistes, d'encenser le résultat quand on est de gauche et de le railler quand on est de droite, dans les deux cas avec un maximum de mauvaise foi. Je vais donc d'une certaine manière aller à contre-courant en affirmant que le succès de ces primaires, au demeurant bien réel, est un échec pour la gauche et pour la démocratie. Voici pourquoi.

Je précise, pour ceux qui n'auraient pas compris en lisant l'introduction, que c'est bien une voix de gauche qui s'exprime ici. Vous n'y lirez donc pas les actes de mauvaise foi du parti au pouvoir. Ma critique de ces primaires est radicalement différente.

Notre Constitution date déjà de plus de cinquante ans. Il faut se souvenir un peu du contexte de l'époque : personne ne veut plus de l'ancienne et de son président. Le général De Gaulle, déjà considéré comme un sauveur de la France pour son rôle dans la 2eme Guerre Mondiale, reçoit quasiment les pleins pouvoirs pour modeler une nouvelle Constitution à son image. Autrement dit, la 5e République, c'est par De Gaulle et pour De Gaulle. Lui s'intéressait plus à la politique étrangère, donc il s'est gardé ce pré carré et pour que ça semble quand même démocratique, rajoute un parlement pour les affaires intérieures et un référendum sans initiative citoyenne qui n'est en fait qu'un test récurrent de sa popularité.

Loin de s'éteindre avec lui, cette Constitution va se retrouver renforcée avec un changement en apparence démocratique : l'élection du président au suffrage universel direct. En réalité on se rendra compte plus tard que ce subtil changement donne au président une légitimité qu'il avait peu à peu perdue et dont ni le gouvernement, non élu, ni le parlement, dont chaque électeur ne peut élire qu'un seul membre (alors qu'on aurait pu par exemple avoir recours à la proportionnelle), ne peuvent se prévaloir. On atteint aujourd'hui le point culminant avec l'actuel chef de l'État, volontiers qualifié d'omniprésident et dont chacun se plaint qu'il veuille tout régler, en oubliant que, étant le seul élu de tout le peuple de France, il est au fond le seul légitime à le représenter en totalité (là où les députés ne représentent chacun que sa circonscription, et le gouvernement, personne).

Autre effet indésirable, quoi que clairement désiré par l'auteur de la constitution, l'élection présidentielle est de fait devenue la seule qui intéresse vraiment les français. Les législatives, surtout depuis qu'elles suivent immédiatement avec les présidentielles, ne sont qu'une confirmation du choix fait quelques mois auparavant quand il s'agissait de désigner le chef de l'État. Les européennes sont artificiellement tenues à une campagne à minima, quant aux élections locales, elles s'apparentent un peu à leur équivalent chinois où on choisit des élus locaux n'ayant au fond aucun pouvoir dans un État hypercentralisé.

La conséquence moins attendue, c'est que cette élection est aussi celle où tout le monde veut participer. Des mouvements à moitié politisés comme les chasseurs, pour ne citer qu'un exemple, ne participent pas aux législatives, mais seulement aux Européennes, où le suffrage proportionnel leur donne une chance d'être élus, et à la présidentielle, où ils n'en ont aucune, mais où ils sont sûrs d'avoir une visibilité. Sauf que - et c'est là le sens de mon article - cette élection est aussi verrouillée par un scrutin à deux tours sans possibilité de vote multiple.

Maintenant, concentrons-nous sur la Gauche, parti socialiste compris.

J'ai le souvenir d'une certaine candidate qui déjà en 2007 prônait la démocratie participative. Notez bien la subtilité : pas la démocratie directe, comme en Suisse par exemple, mais bien un concept assez flou consistant à permettre au citoyen de donner son avis sans forcément que le politique en face ait l'obligation de l'écouter. Un peu comme dans le projet de "constitution européenne", en fait, où le droit de pétition à adresser à la Commission était accompagné du droit pour cette dernière de classer sans suite (sic), ce qui revenait finalement à institutionnaliser le droit de prêcher dans le désert.

Aujourd'hui, à peu près tous les candidats de Gauche, qu'ils soient verts, communistes, ou candidats à la primaire du PS, ont à un moment donné prononcé le nom d'une 6e République. Nonobstant qu'aucun ne met la même chose derrière ce concept, on peut au moins noter qu'aucun d'entre eux ne souhaite conserver nos institutions telles qu'elles existent. Le Parti Socialiste non plus, ça va de soi.

Et il ne faut pas oublier que, si les urnes devaient décider dans un peu plus de six mois, de leur donner raison, ils seraient devant une situation dont ils ne pouvaient pas se prévaloir en 1981 : la majorité dans les deux assemblées, Sénat compris, tout en sachant que c'est ce dernier qui est prioritaire pour toute réforme de la constitution. La fameuse sixième république, même si on ne sait pas encore ce que c'est, pourrait donc avoir une chance de devenir réalité.

Or, qu'a-t-on vu lors de ces primaires ? Ben, un scrutin uninominal à deux tours. Donc le même que pour les autres élections.

Autrement dit, le parti qui dit vouloir changer la constitution prochainement n'a même pas jugé utile, pour une élection dont en tant qu'organisateur il pouvait maîtriser les règles, de tester les nouveaux modes de scrutin qu'il pourrait vouloir mettre en place à l'avenir.

En conséquence, le comportement des électeurs fut exactement le même qu'à l'accoutumée. Au premier tour, il y avait des "petits candidats" qui ont juste fait de la figuration, les grands ayant appelé au vieux réflexe du "vote utile". Puis, même si l'un d'entre eux peut se prévaloir d'un succès rappelant celui de François Bayrou en 2007, on ne peut pas dire qu'il en a tiré les mêmes conséquences : mieux valait sans doute négocier un ministère et appeler au sacro-saint vote utile, même s'il ne pouvait le présenter comme tel à ses électeurs. Et au final, est élu le candidat permettant peut-être le meilleur score électoral dans six mois, mais certainement pas celui qui avait les meilleures (ou le plus d') idées politiques. Bref, une élection de plus avec une logique comptable plutôt qu'idéologique.

Avec un mode de scrutin identique, il ne pouvait en être autrement, les échanges d'idées n'avaient pas vraiment leur place. Sans même parler d'un autre défaut des modes de scrutin actuel - la non-comptabilisation des votes blancs - qui avec un électorat plus réduit a des effets bien plus visibles. Les autres composantes de la Gauche ne s'y sont d'ailleurs pas trompé, puisqu'ils n'ont participé à ces primaires ni en tant que candidats, ni en appelant leurs militants à y participer en tant qu'électeurs. En revanche, d'une certaine manière, les électeurs ont, par leur participation payante, apporté leur soutien à ce mode de scrutin et à ses conséquences. Voila pourquoi je pense que le candidat socialiste n'aura peut-être pas la légitimité pour changer la constitution, du moins la légitimité idéologique, même si la légitimité comptable lui sera acquise. Ce qui n'est pas bon pour l'avenir de notre démocratie.

En tant que sympathisant de gauche, mais plutôt proche d'une autre composante que le socialisme, j'ai vraiment hésité à participer à cette mascarade. Quand je vois le résultat, je crois que je peux regretter de l'avoir fait. Ce qui est sûr, c'est que, risque de le Pen ou pas, je ne voterai pas socialiste au premier tour.



11 réactions


  • Robert GIL ROBERT GIL 20 octobre 2011 09:16

    Les salariés ne font plus confiance aux politiques, car les différentes
    expériences de gauche plurielle les ont déçus, et ils n’ont rien à attendre de la
    droite et de l’extrême droite ! Voter pour des parties trop à gauche leur fait peur,
    alors qu’un bon score de ces partis, qualifiés d’extrêmes, est la seule façon
    d’envoyer un message fort à nos gouvernants. Lire :
    http://2ccr.unblog.fr/2011/09/21/sondages-sondages/


    • pingveno 20 octobre 2011 10:19

      Oui mais l’extrême-gauche n’était pas présente dans la primaire PS.
      Je profite donc pour poser la question :
      quelle était la position de l’extrême-gauche vis à vis de la primaire PS ? A défaut d’y participer en tant que candidats, fallait-il la boycotter en tant qu’électeurs ou néanmoins s’y rendre ?


    • Pingouin094 Kazan 24 octobre 2011 19:53

      En 2012, la situation de « l’extrême gauche » n’est pas la même qu’en 2007.


      D’abord parce que nous vivons une crise gravissime du capitalisme qui aura un impact sur une part des électeurs de gauche,

      Ensuite, parceque LO et le NPA sont - me semble-t-il - dans une extrême faiblesse, tandis que le Front de Gauche ne me semble pas être du genre à faire autant « peur » à un électorat très ancré à gauche, type « gauche du PS ».
      La gauche anticapitaliste, c’est 12% en 2002, 9% en 2007. Avec la possibilité qu’une large part de cet électorat se rallie autour du candidat du Front de Gauche, on peut pronostiquer un score approchant des deux chiffres pour le Front de Gauche, dans le cadre de la crise du capitalisme que nous vivons.

      PS : Le Front de Gauche avait appelé à ne pas participer à la primaire. Mais c’est un secret de polichinelle que de dire qu’une part du score de Montebourg vient de sympathisant du Front de Gauche qui n’ont pas écouté cette consigne.

    • pingveno 25 octobre 2011 09:51

      PS : Le Front de Gauche avait appelé à ne pas participer à la primaire. Mais c’est un secret de polichinelle que de dire qu’une part du score de Montebourg vient de sympathisant du Front de Gauche qui n’ont pas écouté cette consigne.

      Certains ici semblaient prétendre que Mélanchon appelait à soutenir Montebourg puis Aubry.
      J’avais des doutes.
      Donc je vous remercie d’avoir confirmé que j’avais bien entendu quand il parlait.

  • Alpo47 Alpo47 20 octobre 2011 13:12

    Et quand on n’est de ... nulle part, on s’en fiche.
    Le choix final sera donc entre Sarko et « Flamby » ... blanc-bonnet ou bonnet-blanc ?
    Le défenseur des banques et des riches ou celui qui obéira à ce que lui dictera Bruxelles-Washington et ... le CRIF ?
    Est ce que la pêche est ouverte en mai ?


  • bernard29 bernard29 20 octobre 2011 16:47

    il y a beaucoup de choses fausses dans votre article.

    vous dites :

    - les candidats à la primaire du PS, ont à un moment donné prononcé le nom d’une 6e République.
    Seul Montebourg l’a fait ; et en plus Hollande dans sa réponse à la lettre de Montebourg a bien indiqué que lui n’était pas pour changer de numéro à la république mais pour changer la république.

    - Les autres composantes de la Gauche ne s’y sont d’ailleurs pas trompé, puisqu’ils n’ont participé à ces primaires ni en tant que candidats, ni en appelant leurs militants à y participer en tant qu’électeurs.
    ah bon !!, et les appels « mine de rien » des Verts à voter ou à soutenir Aubry. Que ça soit faux culs, c’et sûr mais on ne peut pas dire qu’ils ne s’y soient pas mêlés. Ni même Mélanchon avec sa drague vers Montebourg.. il y a des actes et faits qui sont aussi des appels.
     
    - la non-comptabilisation des votes blancs 
    Mais si , a la vue des réusltas , j’ai même calculé leurs pourcentages ; c’est à peu prés 0,55 %

    C’est bizarre que vous regrettiez d’avoir participé à ce que vous appelez une « mascarade » . Vous avez sans doute perdu ?? 

    Mais, il n’y avait pas besoin d’un scrutin pour savoir que le changement du numéro de la République ne sera pas à l’ordre du jour avant longtemps et que l’élection du président de la république par le suffrage universel est un fait acquis en France, n’en déplaise aux promoteurs d’une sixième République. mais ce n’est pas cela qui empêche le combat pour la revitalisation de notre démocratie. voir le pacte démocratique 2012  : http://changerlarepublique.over-blog.com/





    • pingveno 20 octobre 2011 21:18

      et les appels « mine de rien » des Verts à voter ou à soutenir Aubry

      Ben faut croire que c’est une manie chez les verts de ne pas être d’accord entre eux...

      Ni même Mélanchon avec sa drague vers Montebourg..

      Ah bon, moi j’aurais plutôt dit l’inverse...

      C’est bizarre que vous regrettiez d’avoir participé à ce que vous appelez une « mascarade » . Vous avez sans doute perdu ??

      Je savais d’avance que le candidat que j’avais choisi au 1er tour n’avait aucune chance d’arriver au second.
      Par contre ce à quoi je ne m’attendais pas, c’était que ce candidat choisisse, pour le 2e tour, de voter pour « le candidat arrivé en tête », sans le nommer (c’est la raison qui me gêne, pas le choix en lui-même)
      Et donc, c’est moins le résultat que je conteste que les tractations d’entre deux tours qui en sont à l’origine. Au soir du premier tour, je n’avais pas du tout cette impression.

      l’élection du président de la république par le suffrage universel est un fait acquis en France

      Oui mais depuis il y a une nouvelle donne : le mandat a une durée égale à celle du parlement et celui-ci est élu juste après, ce qui fait que le président nouvellement élu est absolument certain d’avoir un Parlement à sa botte pour toute la durée du mandat. D’autant plus que le scrutin législatif n’étant pas proportionnel, les petits partis ne peuvent y avoir des sièges qu’en faisant des alliances avec le parti du président.

      voir
      le pacte démocratique 2012

      Intéressant, je suis d’accord avec la plupart de vos propositions, mais permettez-moi d’en rajouter une : ne plus avoir recours aux scrutins uninominaux à 2 tours (qui conduisent justement aux tractations en interne que je dénonce dans mon article et dans ce commentaire) mais à un vote plurinominal à 1 tour (méthode Condorcet ou vote alternatif). Car avec les modes de scrutin actuel, « si vous n’êtes pas avec nous vous êtes contre nous » : ça ne reflète pas l’opinion réelle de la majorité des électeurs (la majorité d’entre eux n’a pas un candidat de prédilection mais plutôt des préférences 1, 2, 3...).


  • Tonio Tonio 21 octobre 2011 07:41

    Ah désaccord (bon, je suis socialiste en même temps, et j’ai tenu un bureau de vote).


    Désaccord sur les origines de la 5ème : c’était une évolution de la 4ème que De Gaulle, dans sa pratique puis avec le référendum sur l’élection directe du président a énormément transformée. La 5ème aurait pu avoir un tout autre destin. Mais ce débat historique est sans grande portée.

    Désaccord sur le mode de scrutin : il s’agissait de choisir une personne, et à ma connaissance le scrutin majoritaire uninominal à deux tours fait le job. Il existe bien d’autres systèmes (votes successifs avec élimination des derniers, scrutin majoritaire à vote multiple) mais ils ne sont pas bien testés en France et il faudra sans doute les roder dans des procédés moins importants que l’élection reine


    Désaccord en particulier sur le vote utile. La question s’est effectivement posée au second tour, quand Hollande était certain de son élection : 9 points d’avance au premier tour, 8 dans le premier sondage, égalité au débat d’entre deux tours : la campagne était terminée, il ne pouvait plus perdre. Ne se posait plus que la question des conditions de sa victoire : large et rassemblée, ou étriquée et amère ? Le phénomène de vote utile lui a fait gagner 2-3 points par rapport à son potentiel. Mais pas au premier tour ! Le vote utile, c’est pour être sur d’être au second tour de la présidentielle devant Le Pen. Il jouera, sans ambiguité. Il n’avait pas de sens dans des primaires, où justement les électeurs choisissent le candidat sans pression extérieure. Soyons clairs : à la présidentielle, les candidats verts et Front de Gauche font de la figuration. Ils ne seront pas devant Hollande, ils n’ont aucune chance d’être au second tour et donc élus. Leur seule chance de gagner ces élections (sinon pourquoi y participer ?) est de sortir vainqueurs d’une primaire, là où le vote utile ne joue pas (ou alors entre socialistes face à des candidats d’autres structures). Ce n’a pas été leur choix...

    • pingveno 21 octobre 2011 09:58

      il s’agissait de choisir une personne, et à ma connaissance le scrutin majoritaire uninominal à deux tours fait le job

      Je n’ai pas dit qu’il ne le fait pas, mais qu’il le fait mal.
      Le gros défaut du scrutin uninominal, c’est qu’en votant pour une personne (ou même une liste pour un scrutin proportionnel) vous éliminez tous les autres alors que peut-être vous aviez un deuxième choix. Je comprends qu’en principe le militant d’un parti n’a qu’un seul choix, mais l’électeur de base est généralement plus nuancé. Sauf que pour le militant d’un parti, avec un vote à choix unique, « ou bien vous êtes avec moi ou bien vous êtes contre moi ». Du coup les verts ou le front de gauche ne peuvent plus être « avec les socialistes » puisque « soit ils sont avec eux soit ils sont contre eux », pas de nuance possible.
      Et par ailleurs, l’échec de Jospin en 2002 est une conséquence directe du vote uninominal : les sympathisants verts, communistes et même radicaux, votaient au 1er tour pour leur candidat et donc involontairement contre Jospin, alors qu’avec un vote plurinominal, certains d’entre eux (les sympathisants, pas les militants engagés) auraient probablement mis Jospin en position 2 ou 3, ce qui aurait donné un tout autre résultat : Le Pen aurait été fraichement battu car il aurait certes eu ses 16% de placements en position 1, mais probablement près de 60% en dernière position, ce qui l’aurait disqualifié.
      Toujours pas convaincu ?

      il faudra sans doute les roder dans des procédés moins importants que l’élection reine

      Et c’est justement ce que je vous reproche de ne pas avoir fait. Sauf à considérer que votre primaire est l’élection reine.
      Vous auriez pu expérimenter un autre mode de scrutin, en expliquant ses potentiels avantages, et en disant « si ça marche on change la constitution pour le généraliser ». En ne le faisant pas vous montrez que le mode de scrutin actuel ne vous dérange pas tant que ça.

      8 dans le premier sondage, égalité au débat d’entre deux tours : la campagne était terminée, il ne pouvait plus perdre.

      Ah oui bien sûr les sondages font une élection, c’est bien connu. D’où la logique comptable, je ne suis pas au second tour donc je te donne mes voix en échange d’un ministère.

      Ne se posait plus que la question des conditions de sa victoire : large et rassemblée, ou étriquée et amère ?

      Oui, là j’ai un gros reproche à faire aux médias : ils ont plein de fois répété que le candidat ne serait légitime qu’avec un score supérieur à 60% (pour ne pas dire 70 comme réclamait la droite).
      Pas de pressions extérieures ? Laissez-moi rire !
      En tout cas si vous croyez ce que disaient les médias vous savez maintenant que votre candidat n’est pas si légitime que ça. Ce n’est pas ce que je pense mais je vous laisse conclure.

      Soyons clairs : à la présidentielle, les candidats verts et Front de Gauche font de la figuration.

      C’est bien ce que je pensais : les socialistes ne changeront pas un mode de scrutin qui les avantage par rapport aux petits partis de gauche, parce qu’ils n’ont pas compris que c’est ce mode de scrutin qui les a perdus face à Le Pen en 2002.

      Leur seule chance de gagner ces élections (sinon pourquoi y participer ?) est de sortir vainqueurs d’une primaire, là où le vote utile ne joue pas

      Le parti radical n’a-t-il pas prouvé que même dans une primaire, à mode de scrutin identique, les autres formations de gauche n’ont aucune chance ? La seule différence étant donc d’être éliminés six mois plus tôt.
      De plus, n’oubliez pas que dans le camp d’en face, pas de primaire, donc on vote pour savoir qui va aller au charbon contre un seul candidat à droite. Si un communiste avait été élu à cette primaire, il aurait eu tout l’électorat centre-gauche contre lui en 2012 et donc Sarkozy était réélu avec des voix de (centre-)gauche. Un risque que beaucoup d’électeurs de gauche n’auraient probablement pas voulu courir en votant communiste dans une primaire entre tous les candidats de gauche.


  • Pingouin094 Kazan 24 octobre 2011 20:28

    Il faut voir que dans l’ensemble, les institutions de la Vème république servent les intérêts du PS. Le poids excessif de la présidentielle, scrutin uninominal à 2 tours, renforcé par l’inversion du calendrier des élections législatives favorisent le bipartisme à l’américaine. Les grands gagnants objectifs en sont le PS et l’UMP.


    La primaire, en mimant le même mécanisme de scrutin uninominal à deux tours vient encore renforcer le bipartisme. Elle donne une « légitimité » au candidat socialiste, désigné par 3 millions d’électeurs que ne peuvent pas avoir Mélenchon (environ 50 000) ni éva Joly (environs 25 000) dans leurs processus de ratification de candidature respective.

    Du point de vue du PS, les primaires sont une victoire. Du point de vue de l’avancée de la démocratie en France, ceux qui pensent qu’une VIème république est nécessaire penseront que c’est un grave recul, ancrant encore un peu plus notre pays dans le culte de l’élection présidentielle et dans le bipartisme.

    • pingveno 25 octobre 2011 09:52

      Merci d’avoir ainsi résumé le contenu de mon article. J’aurais difficilement pu faire mieux.
      Au moins une personne qui a compris.


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