lundi 4 mai 2009 - par
Vers un service minimum ?
Les récentes grèves et leurs retombées sociales ne signent-elles pas le début d’un profond débat sur le service minimum dans les services publics ?
"Grève illimitée". C’est ce que les familles les plus pauvres de notre île ont pu lire en arrivant devant la façade de la Caisse d’Allocations Familiales. Et les portes de la CAF étaient résolument closes. C’était aussi le cas, et pendant longtemps, des locaux de la Sécurité Sociale.
On ne saurait douter que les militants syndicalistes aient eu des intentions claires et honorables en bloquant le processus social de redistribution des richesses que représentent des institutions telles que la CAF et la Sécurité Sociale. Le but de la manoeuvre était que, sous le sempiternel prétexte de la cherté du coût de la vie, les fonctionnaires de ces mêmes institutions fassent comprendre aux autorités préfectorales et nationales qu’ils méritent une augmentation financière.
Ne nous attardons pas sur le mythe de la cherté du coût de la vie qui exigerait encore un long débat sur la manière dont les salariés français consomment et sur les moyens pédagogiques qu’il faudrait pour réapprendre à acheter au consommateur lambda.
Mais ce qui doit attirer notre attention ici, c’est le manque incroyable de compassion des fonctionnaires en grève, pour les familles indigentes qui ont attendu et dont certaines attendent encore, pour voir enfin la CAF s’occuper de leurs dossiers. Au Secours Catholique, on a vu déferler une quantité innombrable de familles désespérées, attendant avec angoisse la réouverture des bureaux de la CAF et de la Sécurité Sociale. Or, les employés de ces mêmes bureaux, censés proposer aux plus démunis les moyens de subsistance les plus basiques, sont restés insensibles à la situation de ces familles en détresse. Que leur proposait-on ? "Ils n’ont qu’à manifester avec nous" pouvait-on s’entendre répondre lorsqu’on pointait du doigt les difficultés financières des familles en attente de finalisation de leurs dossiers. Ainsi, pour qu’un citoyen indigent obtienne de l’État que son dossier soit enfin débloqué, il lui faut aussi manifester. Par solidarité envers les fonctionnaires en grève qui ont des fins de mois beaucoup moins maigres et beaucoup moins dures que les leurs ? Manifester pour qu’une institution fasse enfin son travail ? Ou manifester pour que la grève s’arrête et que les allocations des dossiers en attente soient enfin versées ?
Les récentes grèves dans la fonction publique auront finalement été constructives sur un point : les citoyens les plus pauvres commencent à réclamer un service minimum dans les institutions publiques les plus urgentes et pour la simple survie des familles les moins favorisées.
Espérons, par respect pour ces familles qui sont dans les situations les plus délicates, que l’État français mette rapidement en place le système tant attendu du service minimum.
ZSCD