lundi 7 novembre 2005 - par Europeus

Violences urbaines en France : le maillon faible

Le « neuf-trois », banlieue chaude du nord de Paris, vient de vivre plusieurs nuits d’émeutes après la mort accidentelle de deux jeunes, électrocutés sur un site EDF pour avoir fui, aux dires de certains témoins, des policiers qui les poursuivaient. La mort de ces deux jeunes gens, pour déplorable qu’elle soit, témoigne du climat délétère qui règne dans certaines cités, devenues ce qu’il est convenu d’appeler des « zones de non-droit », où se pavanent en toute impunité dealers et gros bras. Ces lieux sont autant de verrues sur le territoire de la République, cités clapiers en béton où les citoyens d’un grand pays démocratique comme le nôtre, non contents d’avoir à affronter la misère et le chômage, se trouvent mis en coupe réglée par quelques poignées de voyous. Sont responsables de cette situation les divers gouvernements qui se sont succédé depuis un quart de siècle. Ils ont préféré « refiler le bébé » au gouvernement suivant pour ne pas avoir à affronter leurs responsabilités. Si bien qu’aujourd’hui, nous nous retrouvons au pied du mur, contraints de prendre rapidement les mesures qui s’imposent :

D’abord, le rétablissement de l’ordre républicain et de l’autorité de l’État. Pour mémoire, l’année dernière, quand les camionneurs en grève ont bloqué les routes, le gouvernement n’a pas hésité une seconde à envoyer l’armée et tout est rentré dans l’ordre en un clin d’oeil. Sans mesures efficaces et adaptées, grand est le risque de voir la violence gagner de proche en proche les quatre coins du pays, une violence qui pourrait bien être instrumentalisée... Quoi qu’il en soit, il est inadmissible de voir les forces de l’ordre, garantes de nos libertés publiques, aussi ouvertement bafouées. Sans oublier les pompiers caillassés, eux qui luttent pour sauver des vies au péril de la leur. Considérés comme des héros outre-Atlantique, ils sont devenus de vraies cibles chez nous. Ensuite, le désenclavement des populations des cités rendues à des conditions de vie plus humaines, le traitement social du chômage et pourquoi pas, la création de grands chantiers nationaux qui mobiliseraient les énergies de façon positive. Enfin, la stricte application de la laïcité dont nous allons fêter le centenaire cette année, et qui reste la meilleure arme pour lutter contre les replis identitaires et les intégrismes, le meilleur moyen de promouvoir l’égalité des chances et la mixité sociale.

Qu’on ne s’y trompe pas, les cités sont devenus le maillon faible de notre pays, le champ clos où s’affrontent jeunes voyous et policiers, mais aussi les islamistes pour qui les banlieues sont devenues un enjeu, tout comme une certaine fraction de la classe politique française qui exploite leur mal-être à des fins électoralistes. Nous en sommes, paraît-il, à l’ère des ruptures

 : le moment est donc venu de faire acte de courage et de lucidité. Cessons d’utiliser la langue de bois, de travestir la réalité derrière des mots et des concepts creux, il faut savoir appeler un chat un chat, et un voyou un voyou. Aucun fait divers ne doit atteindre les fondements mêmes de la République. Il nous faut conjuguer nos efforts pour que cette époque accouche enfin de solutions nouvelles et constructives, au lieu de nous mener tout droit à la guerre civile et au chaos.

Serge Misrai est ancien présentateur du journal télévisé d’Antenne 2, et porte parole de l’Union des Républicains radicaux



7 réactions


  • bolo12 (---.---.120.196) 7 novembre 2005 21:22

  • Jeriko (---.---.159.68) 7 novembre 2005 21:31

    Nous (les enfants sages) avions deux choix : soit dire on vous envoie la police, l’armée, soit réfléchir un peu plus.

    Mettons nous dans la peau d’un jeune. Que se passe t’il pour lui ? il a le choix entre :
    - retourner casser des voitures indéfiniement et en prendre cher dans la gueule pour parler argotiquement quand il se fera prendre (faut bien que ça sert à quelque chose un téléphonne portable), OUBIEN
    - il reste faire dodo pour réussir comme moi son partiel de demain.

    Ca c’est un choix qui se propose à eux (les méchants enfants) en se moment. Dans le discour de mon cher et tendre ministre je n’ai rien entendu qui puisse les encourrager à choisir la 2e option.

    C’est ça l’urgence. C’est pas de dire : dans le prochain budget vous aurrez des sous (pour réparer ce que vous avez bruler..)

    Dire ya de la popérisation c’est bien et intellectuel. dire : avec ceux qui s’arrête on sera moins sévère qu’avec ceux qui continuent... ça ne règle pas le problème mais ça permet à chacun de garder un peu d’honneur, tout en limitant la casse ?

    Je ne parle pas d’amnistie... loin s’en faut. La France ne doit pas supporter ce genre de chose. Mais elle doit ouvrir la porte aux personnes ayant un soupson de lucidité.

    Ca c’est immédiat comme décision. ça fait effet instantanément et ça coute rien. (De toute façon ça coute rien de dire moins sévère que quelquechose qu’on n’a pas encore subit.) Sauf que ça prouve qu’on ne cherche pas uniquement à aller fusiller les pauvres eres dans leurs ghétos.

    Quand je pense à l’armée... L’armé, c’est chouette ! En France, on adore les défilés (comme dans les pays dictatoriaux). Ca ferait des belles images pour TF1, et en plus une ou deux bavures... pour attrister tout le monde.

    Ok c’est un maillon faible la cité. On dit que les cités c’est l’échec scolaire, mois je trouve que c’est des mecs assez intelligents et organisés, assé fins stratèges de surcroit pour mettre en déroute des professionnels nombreux qualifié et bien équipés du maintient de l’ordre.

    Le maillon faible c’est que le politique n’a pas de courage. Machiavel disait que c’est dans les périodes de troubles que l’on éprouve une bonne politique... à méditer.

    Bon vote (tant que c’est autoristé)


  • Didier Vincent Didier 7 novembre 2005 23:26

    1/ les vrais reponsables sont les Français qui ont joué à l’autruche en refusant de voir et donc de traiter les problèmes

    2/ l’autorité de l’Etat n’est pas une fin en soi quand on voit la situation - c’est même une expression vide de sens

    3/ ce n’est pas de je ne sais quelle pommade dont ces jeunes ont besoin, c’est d’une perspective commune, partagée avec nous. Y etes vous prêt ?


  • Isaac (---.---.49.11) 9 novembre 2005 10:19

    L’amalgame avec les islamistes, même de Villepin a reconnu que c’est à côté de la plaque.

    Qui croit que le pays va à la guerre civile ? Il y a des jeunes qui n’ont pas de perspective. Eux aussi il veulent que ça s’arrête. Ce n’est pas un problème militaire, c’est un problème économique et politique. Dans l’immédiat, un simple mot d’excuse des provocateurs-ministres serait la chose la plus simple et efficace pour arrêter la révolte tout de suite. Evidemment, ça demande du courage...


  • Jules (---.---.49.11) 9 novembre 2005 11:01

    Bravo Misrai ! C’est sûr qu’aux prochaines élections tu piqueras de voix à Le Pen. Enfin, t’es pas le premier à tenter le coups...


  • vireen (---.---.113.123) 10 novembre 2005 11:14

    n’est-il pas surréaliste que le Parlement et la représentation des citoyens ainsi que les médias aient passé leur temps à savoir comment faire disparaître l’ISf et diminuer les impôts pour 5% des plus riches . Sujet tabou que les impôts pourtant seule façon de rééquilibrer la société . D’accord sur les aspects décrits dans l’article mais raboter les aides, subventions et soutiens découragent en plus les bénévoles . C’est aussi tout le tissu associatif qui s’épuise car c’est trop dur de militer pour le vivre ensemble et lutter contre la misère . actuellement des mouvements d’éducation populaire et complémentaires voient leur subvention diminuée de 20% . Les Pupilles de l’Enseignement Public par exemple .. Alors vive l’ISF et que les flambeurs aillent à Neuilly .


  • Emile Red (---.---.72.82) 10 novembre 2005 14:42

    M. Misraï doit prendre certainement ses pages pour une tribune assujétie à ses propres théories fumeuses. Cependant nous ne sommes pas sur le service publique (gouvernemental ?), ni sur les chaines TV du maquignonage politico-industriel (TF1). Il y a assez de choses sensées et constructives à lire sur Agoravox pour aller perdre son temps à lire ses sombres textes sans crédits ni valeurs.


Réagir