mardi 30 juin 2009 - par docdory

L’Education Nationale fait des enquêtes de police religieuse dans les collèges !

Dans une République censée être laïque , on constate avec effarement que l’administration d’un collège public s’occupe de la religion des élèves dans un questionnaire d’inscription scolaire ! Examinons les faits :

 Hier soir, ma fille, scolarisée au collège J. L. de la ville de Rouen, me remit le formulaire administratif d’inscription pour la classe de 5ème, qui était, selon elle, à remplir toutes affaires cessantes. Accablé d’avance par cette fastidieuse corvée annuelle, je me mis à cette tâche ingrate en soupirant d’ennui, jusqu’à ce que je tombe sur le questionnaire d’inscription à la cantine scolaire. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de tomber sur la formule suivante : "Une remise de principe (des frais de cantine) pour le ramadan est accordée aux élèves qui s’engagent pour la totalité de la période. Si votre enfant ne déjeune pas pendant cette période , cocher la case suivante."

 Ainsi donc, alors que, constitutionnellement, la France est une République laïque, qui , selon l’article 2 de la loi de 1905 "ne reconnaît , ne salarie ni ne subventionne aucun culte", un établissement d’enseignement public demande en toute illégalité aux parents d’élèves s’ils obligent leur progéniture à respecter une des consignes de la religion musulmane, le jeûne du ramadan. En faisant cette demande incongrue , l’administration de ce collège de la République se livre à une reconnaissance officielle d’un culte, en l’occurrence le culte musulman, et à un regrettable fichage religieux ( aucune autre religion ne demandant à ses adeptes de jeûner pendant un " mois " lunaire ). Par ailleurs elle se mêle objectivement de ce qui ne la regarde absolument pas : la religion des élèves qui lui sont confiés et la privation d’aliments qui en résulte par périodes !

 Encore une fois, la pente glissante conduisant à la disparition de la laïcité de la République est pavée de bonnes intentions. Nul doute que l’administration de ce collège, par ce questionnaire, a cru bien faire en désamorçant les éventuelles récriminations de parents d’élèves souhaitant que leurs enfants adoptent dans leur comportement alimentaire les dogmes islamiques. Ces parents effectivement payent la cantine en principe pour le trimestre, quand bien même leurs enfants ne mangent pas pendant un mois pour des raisons religieuses. On pourrait en première analyse trouver injuste qu’ils paient pour des repas que leurs enfants ne mangeront pas, on pourrait également trouver choquant que l’intendance jette à la poubelle des repas qui ne seraient pas consommés.

 Néanmoins, réfléchissons un peu aux conséquences désastreuses d’une telle immixtion religieuse de la part de ce collège. Avant l’invention de ce questionnaire, les parents payaient la cantine, que leurs enfants y mangent ou pas pendant le ramadan. Les parents avaient la possibilité de demander à leurs enfants de ne pas manger à la cantine pendant cette période. Néanmoins, les enfants, sachant que leur repas était quand même disponible à la cantine, puisqu’il était payé, avaient la liberté de contrevenir aux consignes parentales en allant y déjeuner, nonobstant le ramadan, afin de bénéficier des calories nécessaires et indispensables à leur bon fonctionnement physique et mental. En effet, il n’est pas du rôle de l’administration des collèges d’exercer une police religieuse pour vérifier que les élèves obéissent aux injonctions alimentaires relatives au culte pratiqué par des parents d’élèves !

 Avec ce questionnaire, il y a institution de facto par ce collège d’une police religieuse efficace à 100 %, d’autant plus vicieuse qu’elle est invisible : les élèves qui auront le malheur d’avoir des parents qui cochent la case n’auront rien à manger le midi, même s’ils n’en ont rien à faire du ramadan !

 Une deuxième conséquence encore plus vicieuse est que ce type de questionnaire, probablement plus fréquents qu’on ne l’imagine, est peut-être donné à remplir dans des collèges de quartiers à forte population musulmane ( ce n’est pas le cas du collège de mes enfants ) . Parmi les parents d’élèves vivant dans ces quartiers, il en est vraisemblablement une proportion non négligeable qui, par modernisme ou par indifférence religieuse, estimeront à juste titre que leurs enfants doivent s’alimenter correctement pour apprendre efficacement. Ces parents ne cocheront pas la case, et donc leurs enfants iront à la cantine pendant le ramadan, pendant que la progéniture des parents voisins qui ont coché la case restera à crever de faim toute la journée.

 Imaginons un peu les conflits engendrés par cette différence alimentaire. les enfants qui vont déjeuner seront victimes d’ostracisme, voire d’actes de violence de la part de ceux qui ne déjeunent pas. Les parents de ceux qui mangent seront catalogués comme mauvais musulmans dans leur quartier, tous leurs voisins sauront bien vite qu’ils n’ont pas coché la case " ramadan " de leurs enfants. Est- ce ce genre de situation que l’école de la République doit promouvoir ?

 Dernière réflexion : parmi les buts fondamentaux de l’Education Nationale, il y a celui de de promouvoir la Raison et de combattre les superstitions, d’une part, et celui de favoriser l’égalité des chances d’autres part.

 En encourageant par d’illégaux questionnaires la pérennité d’interdits alimentaires, déraisonnables sur le plan physiologique, et issus de croyances superstitieuses remontant au début du moyen-âge, l’Education Nationale contrevient à la première de ces deux missions.

 En instaurant de facto une police religieuse invisible empêchant une catégorie d’enfants de se nourrir correctement un mois par an, elle introduit entre les élèves une distorsion de concurrence. Le cerveau d’un enfant qui jeûne est incapable, après 14 heures, du moindre apprentissage. S’il y a des interrogations écrites, elles risquent fort d’être ratées par ces élèves, qui sont souvent dans des quartiers déjà défavorisés. S’il y a des cours de sports l’après-midi , on assistera à des demandes abusives de dispense de sport (1). Cette année , le ramadan coïncide partiellement avec le début de l’année, et se termine le 21 septembre. Pendant les 21 premiers jours de l’année scolaire , les élèves qui ne jeûnent pas prendront donc une avance scolaire décisive par rapport à ceux qui jeûnent. L’Education Nationale ne doit en aucun cas, par des questionnaires illégaux, cautionner et encourager un regrettable fait générateur d’inégalités des chances.

 

 (1) http://www.ripostelaique.com/Ramadan-ou-cours-de-gym-est-ce-au.html



106 réactions


    • docdory docdory 1er juillet 2009 11:02

      @ Barbouse 


      Le respect des principes ( et de la loi républicaine ) est que ce n’est pas aux établissements d’enseignement de demander aux parents ce genre de choses , c’est aux parents d’élèves de dire à l’avance, individuellement, à l’intendance du collège que leur enfant n’ira pas à la cantine de telle date à telle date, sans en préciser la raison, qui ne regarde pas le collège .
      J’ajoute qu’un certain nombre de parents , au vu de ce questionnaire , cocheront la « case ramadan », alors qu’ils ne leur serait peut-être pas venu à l’idée de déclarer une absence de leur enfant de la cantine pendant cette période, ce qui aurait permis à l’enfant de manger.
      En ce sens , ce questionnaire est une entreprise de déresponsabilisation des parents.
      Par ailleurs , qu’en est-il du cas ou il y a une divergence d’opinion entre le père et la mère sur la question du suivi du ramadan ? En effet , sur les questionnaires de cantine , il n’est en général demandé que la signature d’un seul des parents ...
      J’ajoute que si certains enfants « ne se sentent pas avoir le droit de manger » pendant cette période ( ce dont je doute ) c’est qu’ils ont été victimes d’un sérieux bourrage de crâne !

  • Bois-Guisbert 1er juillet 2009 11:11

    « J’espère que la France n’en est pas revenue à ces vieilles lunes catholiques intégristes... », s’inquiète Marianne ( 1er juillet 07:38 )

    Bien sûr que non. Le catholicisme est devenu une religion de tapettes qui demandent pardon pour des « crimes » qu’elles n’ont pas commis.

    Il se situe, désormais, à mi-chemin d’un parti politique et d’une assoce humanitaire et le fidèle qui croit en Dieu sans se prendre la tête, y fait déjà figure de dangereux fanatique.

    L’intégrisme d’avenir, c’est le musulman. Si on sait que la population bruxelloise sera majoritairement musulmane en 2020, la France connaîtra le même sort vers 2050-2060.

    A ce moment-là, seront effectués les derniers « réglages sociétaux » destinés à parachever l’islamisation de la société et des institutions.

    Dans l’intervalle, le premier président de la République de confession musulmane aura été élu.

    L’événement devrait se produire lors des présidentielles de 2026 ou de 2033, c’est-à-dire au moment où un quart du corps électoral sera composé d’« issus du tiers monde » - pour simplifier.

    Leurs voix s’ajoutant au fonds de commerce électoral de la gauche, ou à celui de la droite courbe, permettront d’atteindre une majorité confortable et, facteur décisif pour le choix des principaux candidats, il ne sera plus possible de réunir, en France, une majorité absolue sans le soutien massif des électeurs allogènes/alterculturels*.

    Mais notez bien que dans la mesure où la philosophie des « Lumières » a été infoutue de faire le bonheur de qui que ce soit, on ne perdrait pas forcément au change, avec l’instauration d’une République islamique…

    * A ceux qui douteraient, je signale que c’est exactement la conjonction d’éléments qui a permis l’accession d’un autre issu du tiers monde à la Maison Blanche.


  • frédéric lyon 5 juillet 2009 03:52

    Ce qu’il y a de plus remarquable dans ces affaires est que le retour du fait religieux dans nos sociétés occidentales se fait par le moyen d’une religion qui est parfaitement étrangère à nos traditions et à notre culture et qui a été importée en contrebande par des communautés étrangères que personne n’a songé à inviter.


    Cette question est désormais au centre de tous les débats publics et pèsera sur toutes les élections futures, on en voit déjà les résultats, tant au niveau national qu’au niveau européen. 

    Elle pèsera d’autant plus que cette irruption inopinée ne met pas seulement en danger la laïcité, mais aussi des valeurs aussi fondamentales que les droits ou la dignité des femmes, ou la sécurité publique.

    Nous n’avons donc pas fini d’en parler. 

  • Manu Manu 5 juillet 2009 21:31

    @ Tetsuko Yorimasa

    L’athéisme n’est pas l’absence de croyance : par définition, l’absence de croyance est l’incroyance.

    Ainsi un animiste est athée mais pas incroyant.


  • Halman Halman 6 juillet 2009 07:25

    Doctory : «  »Une remise de principe (des frais de cantine) pour le ramadan est accordée aux élèves qui s’engagent pour la totalité de la période. Si votre enfant ne déjeune pas pendant cette période , cocher la case suivante.«  »
     & 
     "Ainsi donc, alors que, constitutionnellement, la France est une République laïque, qui , selon l’article 2 de la loi de 1905 "ne reconnaît , ne salarie ni ne subventionne aucun culte", un établissement d’enseignement public demande en toute illégalité aux parents d’élèves s’ils obligent leur progéniture à respecter une des consignes de la religion musulmane, le jeûne du ramadan. En faisant cette demande incongrue , l’administration de ce collège de la République se livre à une reconnaissance officielle d’un culte, en l’occurrence le culte musulman, et à un regrettable fichage religieux ( aucune autre religion ne demandant à ses adeptes de jeûner pendant un " mois " lunaire ). Par ailleurs elle se mêle objectivement de ce qui ne la regarde absolument pas : la religion des élèves qui lui sont confiés et la privation d’aliments qui en résulte par périodes !"

    C’est lourd ça mais faut arrêter la stigmatisation et la parano anti religieux exacerbée par les médias !

    Mais le respect du régime alimentaire religieux mais qu’est ce que cela a de choquant ?

    Dans les hôpitaux aussi, où toute manifestation et port de tout signe religieux ou politique est strictement interdit on demande le régime alimentaire des patients, casher ou musulman.

    On a des plat casher, on respecte le régime sans porc et le ramadan tant que cela ne perturbe pas la santé et les soins.

    Mieux, les familles qui apportent les repas préparés selon leurs rites et croyances on les accepte le plus naturellement du monde et le plus normalement du monde. On ne va pas accepter qu’un patient se laisse mourir de faim parce que les plats de l’hôpital ne correspondent pas à sa religion merde !!!

    Et tout le monde trouve cela normal.

    Par contre on voit apparaitre des infirmières intérimaires avec le voile, la nuque et le dos des mains cachées, même pour les soins.

    Et là effectivement c’est un vrai problème.

    Mais empêcher les gens de changer leur alimentation parce qu’on est chez lez laïques, mais faut arrêter de faire chier le monde là !

    Je suis attée et anti religions mais faut pas pousser !!


  • Pierrot Pierrot 6 juillet 2009 10:07

    Bonjour,
    Si ce fait était avéré, il sera condannable.
    Je vous incite à déposer une plainte rapidement, afin d’éviter que cette dérive se répendre.

    Je pense cependant, qu’il s’agit d’une bêtise d’un administrateur ou professeur de cet établissement car je n’ai jamais constaté un tel abus dans les établissements scolaires publiques que je connais.


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