jeudi 11 octobre 2018 - par Sylvain Rakotoarison

Paul VI et Mgr Romero, bientôt saints de l’Église catholique

« Aujourd’hui à vous, je dis : vous n’êtes pas seuls, l’Église est avec vous, le pape est avec vous. Je porte chacun de vous dans mon cœur et je fais miennes les intentions que vous avez au fond de vous-mêmes, je fais miens vos remerciements pour les joies, vos demandes d’aide dans les difficultés, votre désir de consolation dans les moments de peine et de souffrance. » (Pape François, le 25 juillet 2013 à Rio de Janeiro).



Ce dimanche 14 octobre 2018 à 10 heures 15, sur la place Saint-Pierre à Rome, va avoir lieu une "double" canonisation par le pape François, à l’occasion du Synode des jeunes. Celle du pape Paul VI et celle de l’archevêque de San Salvador assassiné, Mgr Oscar Romero.

La canonisation est le stade ultime de la mise en exemple d’un chrétien auprès des autres chrétiens. Pour la canonisation, il faut d’abord une béatification pour devenir "bienheureux". Que ce soit pour la béatification ou pour la canonisation, il faut un procès avec instruction pour enquêter sur la vie et l’action de la personne concernée.

On pourrait comparer ce type de cérémonie à l’équivalent non religieux de la cérémonie très républicaine d’inhumation au Panthéon. Une sorte de Prix Nobel posthume pour l’ensemble d’une existence. Évidemment, il y a une part de subjectivité, et si beaucoup de saints l’ont été dans leur propre humilité, d’autres humains, encore plus humbles mais dont la richesse d’âme fut tout aussi immense, ont été certainement oubliés depuis le début de l’histoire du monde (du moins depuis le début du christianisme). Nécessairement.

Et les statistiques sont souvent désolantes : peu de femmes, beaucoup d’Européens alors que l’Europe ne regroupe maintenant qu’un quart des fidèles de l’Église catholique, etc. C’était la raison pour laquelle le pape Jean-Paul II n’hésitait pas à beaucoup béatifier et à beaucoup canoniser : il voulait que les populations du monde entier aient leurs propres saints locaux. Pendant ses vingt-six ans de pontificat, il a béatifié et canonisé autant de personnes que pendant les cinq derniers siècles !

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Parmi les plus de mille cents personnes béatifiées depuis le début du pontificat du pape François, il y a les 552 martyrs de la guerre d’Espagne (qui furent assassinés par les miliciens républicains entre 1936 et 1939), béatifiés le 13 octobre 2013 à Tarragone, les martyrs d’Albanie, persécutés par le régime communiste en Albanie entre 1945 et 1974, béatifiés le 5 novembre 2016 à Shkodra, les 17 martyrs du Laos, assassinés par les guérilleros communistes entre 1954 et 1970, béatifiés le 11 décembre 2016 à Vientiane, ainsi que Louis-Antoine Ormières (1809-1890), prêtre français, béatifié le 22 avril 2017 à Oviedo, et Jean-Baptiste Fouque (1851-1926), prêtre français, béatifié le 30 septembre 2018 à Marseille.

Parmi les presque neuf cents personnes canonisées depuis le début du pontificat du pape François, il y a Jean XXIII et Jean-Paul II le 27 avril 2014 à Rome, et Mère Teresa de Calcutta le 4 septembre 2016 à Rome. À ce jour, 885 ont été canonisés par le pape François, ce qui en fait le pape qui a canonisé le plus de personnes de toute l’histoire de l’Église catholique.

Le pape François tenait beaucoup à la canonisation de Mgr Romero. Il a autorisé sa béatification le 3 février 2015. Quant à l’un de ses prédécesseurs, Paul VI, il l’a béatifié le 19 octobre 2014 à Rome. Il les réunit ce dimanche 14 octobre 2018 dans une canonisation commune, un peu à l’instar de la double canonisation, toujours par François, des deux papes Jean XXIII et Jean-Paul II.

Avec une différence, car ce n’est en fait pas une double canonisation, mais une septuple canonisation. En effet, le pape François va canoniser en tout sept personnes ce même jour.

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Voici très succinctement quelques repères biographiques.


1. Le pape Paul VI (Giovanni Montini), est né près de Bescia le 26 septembre 1897. Il fut ordonné prêtre le 29 mai 1920 et consacré évêque le 12 décembre 1954 pour être archevêque de Milan du 12 décembre 1964 au 21 juin 1963. Il fut créé cardinal le 15 décembre 1958 par Jean XXIII et fut élu pape le 21 juin 1963 à la mort de Jean XXIII. Pendant ses quinze années de pontificat, il a fait entrer l’Église catholique dans l’ère moderne, en poursuivant le Concile Vatican II convoqué par son prédécesseur, qui a renouvelé la liturgie, et en s’ouvrant au monde, faisant de très nombreux voyages hors du Vatican (ce qui était très rare à l’époque) et nouant des relations avec les autres religions. Il est mort d’une crise cardiaque à Castel Gandolfo le 6 août 1978 à presque 81 ans.

Paul VI fut béatifié par le pape François le 19 octobre 2014 à Rome : « En ce jour de la béatification du pape Paul VI, me reviennent à l’esprit ses paroles, par lesquelles il a institué le Synode des évêques : "En observant attentivement les signes des temps, nous nous efforçons d’adapter les orientations et les méthodes… aux besoins croissants de notre époque et à l’évolution de la société". À l’égard de ce grand pape, de ce courageux chrétien, de cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd’hui devant Dieu qu’une parole aussi simple que sincère et importante : merci ! Merci à notre cher et bien-aimé pape Paul VI ! Merci pour ton témoignage humble et prophétique d’amour du Christ et de son Église ! (…) Paul VI a vraiment su "rendre à Dieu ce qui est à Dieu" en consacrant sa vie tout entière à "l’engagement sacré, solennel et très grave : celui de continuer dans le temps et d’étendre sur la terre la mission du Christ", en aimant l’Église et en la guidant pour qu’elle soit "en même temps mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du salut". ».

2. Mgr Oscar Romero est né au Salvador le 15 août 1917. Il fut ordonné prêtre le 4 avril 1942 et consacré évêque le 21 juin 1970. Il fut archevêque de San Salvador à partir du 3 février 1977 et se démena pour venir en aide aux populations les plus pauvres lors de la junte militaire. Il fut assassiné par les escadrons de la mort en pleine messe à San Salvador le 24 mars 1980 à 62 ans. Il fut béatifié par l’archevêque de San Salvador, Mgr José Luis Escobar Alas, le 23 mai 2015 à San Salvador.

Le pape François rédigea à l’occasion de la béatification de Mgr Romero une lettre le même jour : « En ce jour de fête pour la Nation salvadorienne, et aussi pour les pays frères d’Amérique latine, rendons grâce à Dieu parce qu’il a accordé à l’évêque martyr la capacité de voir et d’entendre la souffrance de son peuple et a façonné son cœur afin que, en son nom, il l’oriente et l’illumine jusqu’à faire de son action un exercice total de charité chrétienne. (…) Mgr Romero nous invite au bon sens et à la réflexion, au respect pour la vie et à la concorde. Il est nécessaire de renoncer à la "violence de l’épée, à celle de la haine" et de vivre "la violence de l’amour (…), celle que chacun de nous se fait à soi-même pour vaincre ses propres égoïsmes et afin qu’il n’y ait pas d’inégalités si cruelles entre nous". Il a su voir et a expérimenté dans sa chair "l’égoïsme qui se cache dans ceux qui ne veulent pas céder ce qui leur appartient pour le donner aux autres". Et, avec un cœur de père, il s’est préoccupé des "majorités pauvres", demandant aux puissants de transformer "les armes en faux pour le travail". » (23 mai 2015).

3. Francesco Spinelli est né à Milan le 14 avril 1853. Il fut ordonné prêtre le 17 octobre 1875. En plein recueillement à la Basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, il a eu une vision de jeunes filles se consacrant à la foi. Il consacra sa vie à aider les pauvres et les marginaux, et créa deux congrégations de religieuses pour les jeunes filles pauvres, d’abord les Sœurs sacramentines le 15 décembre 1882 à Bergame (congrégation qui a obtenu le décret de louange le 11 avril 1900 puis l’approbation du pape Léon XIII le 14 décembre 1906), avec Gertrude Comensoli (1847-1903), canonisée par Benoît XVI le 26 avril 2009, puis les Sœurs adoratrices du Saint-Sacrement en 1892 à Rivolta d’Adda. Il est mort à Rivolta d’Adda le 6 février 1913. Il fut béatifié par Jean-Paul II le 21 juin 1992 à Caravaggio.

4. Vincenzo Romano est né à Torre del Greco, au Royaume de Naples, le 3 juin 1751 et fut ordonné prêtre le 10 juin 1775. Curé de Torre del Greco, il se dévoua pour ses paroissiens, venant en aide aux malades et aux déshérités, créant une école, construisant une basilique, et son engagement fut très efficace pour aider la population après l’éruption du Vésuve pendant la nuit du 15 au 16 juillet 1794 où 27 millions de mètres cube de lave ont détruit une grande partie de Torre del Greco. Il est mort à Torre del Greco le 20 décembre 1831 à 80 ans et fut béatifié par Paul VI le 17 novembre 1963 à Rome.

5. Maria Katharina Kasper est née à Dernbach, en Rhénanie-Palatinat le 26 mai 1820. Elle fut une religieuse allemande qui a fondé le 15 août 1851 la congrégation des Pauvres servantes de Jésus-Christ pour aider les malades et soulager les gens de leur misère. Elle reçut le décret de louange le 9 mars 1860 et l’approbation pontificale le 20 mai 1870 (par Pie IX). Elle est morte à Dernbach le 2 février 1898 à 77 ans et fut béatifiée par Paul VI le 15 avril 1978 à Rome. En 2009, la congrégation regroupait près de 700 religieuses dans une centaine d’établissements.

6. Nazaria Ignazia March Mesa est née à Madrid le 10 janvier 1889. Sa vocation de religieuse (espagnole) commença à l’âge de 9 ans. Sa famille a dû partir pour le Mexique pour des raisons financières. Elle est devenue religieuse en Espagne et fut envoyée en Bolivie en 1912 pour former de nouvelles religieuses. Elle accompagna et soigna les mourants et les malades. Elle créa la congrégation des Sœurs missionnaires croisées de l’Église le 16 juin 1925 qui reçut le décret de louange le 8 avril 1935 et l’approbation pontificale le 9 juin 1947. Elle est morte à Buenos Aires le 6 juillet 1943 à 54 ans. Elle fut béatifiée par Jean-Paul II le 27 septembre 1992 à Rome.

7. Nunzio Sulprizio est né à Pescosansonesco, en Italie, le 13 avril 1817. Orphelin à l’âge de 6 ans, très pauvre, recueilli par un oncle très violent qui l’a beaucoup maltraité, il travailla très tôt comme artisan et fut d’une santé très fragile, handicapé par un pied malade au point de mourir à Naples le 5 mai 1836 à 19 ans de la gangrène, malgré quatre ans de soins réguliers dans un hôpital. Parce qu’il ne s’est jamais plaint de ses souffrances et qu’il aida lui-même ses collègues ouvriers, il fut béatifié par Paul VI le 1er décembre 1963 à Rome, au cours du Concile Vatican II, proposé comme modèle aux jeunes, aux apprentis et aux personnes en situation de handicap.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (11 octobre 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La canonisation de Paul VI et de Mgr Romero.
Paul VI.
Mgr Oscar Romero.
La canonisation de Jean-Paul II et Jean XXIII.
Jean-Paul II.
Concile Vatican II.
Saint Nicolas II.
Barbe Acarie.
Divine douceur.
Maurice Bellet.
Le plus dur est passé.
Le début de la révolution luthérienne.
Saint François de Sales.
Le pape Formose.
Viens m’aider à aider !
Le pape François, une vie d’espérance.
Benoît XVI.
Les saints enfants de Fatima.
La révocation de l’Édit de Nantes.
La laïcité française depuis 1905.

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10 réactions


  • Dom66 Dom66 11 octobre 2018 19:24

    He ! Le révèrent père Rakoto….le Pape….il y en a un qui a même béni les Panzers à Hitler.

    Et les dernières déclarations de Paul VI ???

    laissez le domaine religieux aux forum du « Va-t y quand » mais pas ici,ou attendez vous à recevoir les commentaires du diables


    Quel est le point commun entre du whisky et un enfant pour un prêtre ?
    – C’est toujours du 12 ans d’âge et juste un doigt.



    • Dom66 Dom66 11 octobre 2018 20:50

      @Dom66

      Je te verrais bien en curé, avec une calotte.


      As-tu vu le curé ramener la nonne ?


      Quel est le point commun entre le curé et un surdoué ?
      Ils ont tous les deux sauté une classe !


    • zygzornifle zygzornifle 12 octobre 2018 09:21

      @Dom66


      As-tu vu le curé ramener la nonne ?

      Il ramène le gnome au presse bite à l’air pour se l’enfiler ....

  • cathy cathy 12 octobre 2018 06:08

    Il n’y a pas un Etat qui se moque autant de Dieu que le Vatican. Saint, veut dire mis à part pour Dieu. L’apôtre Paul nous dit clairement dans Romains 15 que celui qui sanctifie, c’est bien le Saint Esprit :


     14 Pour moi, frères, j’ai la persuasion que vous êtes pleins de bonté, remplis de toute connaissance, et capables de vous exhorter les uns les autres. 15 Cependant, frères, je vous ai écrit plus librement en quelque sorte, pour réveiller vos souvenirs, selon la grâce qui m’a été donnée de Dieu, 16 D’être le ministre de Jésus-Christ auprès des Gentils et d’exercer les saintes fonctions de l’Évangile de Dieu, afin que l’oblation des Gentils lui soit agréable, étant sanctifiée par le Saint-Esprit.

    Et pour finir, le pape usurpe un titre qui n’appartient qu’à Dieu, un blasphème très grave, Paroles de Jésus dans Mathieu 23 : 9 Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est dans les cieux. 


  • zygzornifle zygzornifle 12 octobre 2018 09:20

    La canonisation de Navarone ? Tous au bunker .....


  • Christian Labrune Christian Labrune 12 octobre 2018 09:38
    Sylvain Rakotoarison,

    C’est vraiment drôle : je tombe sur votre article deux jours après une brève conversation que j’ai eue sur cette question avec l’Immaculée Conception, dans cette grotte bénie des Buttes-Chaumont où, depuis plus de dix ans, elle m’apparaît presque tous les mercredis. Elle me fait la grâce de ces apparitions parce que je suis athée et que je ne risque pas, comme elle dit, de lui « cirer les pompes (sic.) pour obtenir quelque chose en échange ». En effet, échaudée par la bergère de Lourdes puis ceux qu’elle appelle les « petits crétins de Fatima », elle n’apparaît plus qu’à des athées.

    « S’il fait un jour canoniser Pie XII, ce vieil imbécile d’évêque de Rome - et il en est bien capable !- il ne lui restera plus qu’à faire du Duce et du Fûhrer des saints de l’Eglise catholique apostolique et romaine », me disait-elle encore avant-hier, et elle ajoutait : « Nous avons, à trois kilomètres d’ici, Saint Gervais et Saint Protais, il suffirait de changer cette dédicace d’une vieille église que peu de paroissiens comprennent malgré Philippe de Champaigne et Le Sueur au Louvre, et l’église pourrait ainsi s’appeler  »Saint-Adolf et Saint-Benito« . Puisque L’Europe est désormais allemande malgré les étoiles inspirées sur son drapeau par la bienheureuse Catherine Labouré, les choses en deviendraient infiniment plus claires ». Elle était vraiment furieuse.

    Comme elle avait rendez-vous avec son dentiste, rue Cavendish, et qu’elle craignait d’être en retard, la conversation ne s’est guère prolongée, mais si le point de vue de l’Immaculée Conception vous intéresse, je pourrai l’interroger mercredi prochain et vous rendre compte de ce qu’elle pense d’une manière plus exacte.

  • ZEN ZEN 12 octobre 2018 11:20

    Tout cela ne me semble pas très sain, Monseigneur.


  • zygzornifle zygzornifle 12 octobre 2018 12:32

    Touchez ma bosse monseigneur elle vous portera bonheur comme le disait Jean ma raie dans le film , non pas celle du dos monseigneur mais celle entre mes 2 jambes ....


  • ZEN ZEN 12 octobre 2018 12:53

    Cela me rappelle un article de Mgr Rako, un éloge de Charles Pasqua.

    Celui-là aussi pourrait avoir son auréole..

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