mercredi 7 mai - par Sylvain Rakotoarison

Saint Esprit et conclave

« Notre foi est une chose vivante parce qu’elle marche main dans la main avec le doute. S’il n’y avait que la certitude, et que le doute n’existait pas, il n’y aurait pas de mystère, et donc la foi ne serait pas nécessaire. » (Robert Harris, le 1er juin 2017).

À la suite de la mort du pape François le 21 avril 2025, les cardinaux sont appelés à élire leur nouveau pape. Cela va se passer au cours du conclave qui commencera ce mercredi 7 mai 2025 à 16 heures 30 dans la Chapelle Sixtine au Vatican.

L'élection d'un pape est toujours un événement mondial et peut influer sur le cours des événements internationaux. Si le pape n'a plus aucun pouvoir temporel, et c'est heureux, il garde, même au-delà des croyants, une influence morale très forte. Les conclaves sont assez rares et souvent surprenants. Ainsi, l'élection de Jean XXIII, de Jean-Paul Ier, de Jean-Paul II et celle du pape François ont été des surprises de taille. Celle de Benoît XVI l'était moins dans la mesure où succéder à Jean-Paul II nécessitait beaucoup d'assurance et d'expérience et peu de cardinaux s'en sont sentis capables.

Je reviens très rapidement sur la désinformation totalement irréelle d'une supposée volonté du Président de la République française Emmanuel Macron d'influer sur l'issue du conclave, ce qui est assez stupide quand on connaît l'organisation du conclave. Et cela uniquement en surinterprétant deux repas diplomatiques complètement ordinaires pris à Rome lors des funérailles du pape François. L'Élysée a d'ailleurs démenti fermement en parlant de fausse information et en rappelant simplement le 2 mai 2025 sur Twitter : « En déjeunant avec les cardinaux français, le Président de la République s’est conformé aux usages républicains en vigueur et respectés par ses prédécesseurs après les funérailles d’un pape. Ces manipulations de l’information ne sont pas dignes. ».

D'ailleurs, l'un des convives du déjeuner, le cardinal François-Xavier Bustillo, évêque d'Ajaccio, a pris la défense du chef de l'État le 2 mai 2025 sur la chaîne catholique KTO : « Nous sommes dans une démarche d'amitié et de respect, nous sommes dans le pays de la fraternité ; il n'y a donc aucun conditionnement. Je ne comprends donc pas pourquoi il y a des polémiques. Le Président de la République n'a pas dit aux cardinaux français ce qu'ils doivent faire, et comment et qui doivent-ils voter. Nous sommes libres et responsables, du côté du Président et du côté des cardinaux. ». Un autre cardinal convive a confirmé : « La France est un État laïc. Nous avons été invités. C’est tout à fait normal. Les manœuvres en vue du conclave n’ont pas été abordées. ». Et même Guillaume Tabard, éditorialiste au journal "Le Figaro" et peu suspect de macronisme, a pu témoigner sur place : « Emmanuel Macron n’a tenu aucun propos visant à exprimer sa volonté de voir triompher une ligne plutôt qu’une autre. ». Mais ce qu'on reproche à Emmanuel Macron de manière fausse et mensongère, on ne le reprocherait pas au roi du populisme outre-Atlantique...
 

En effet, depuis le 21 avril 2025, ce qu'on a appelé en France l'Internationale des réactionnaires cherche à militer pour l'élection d'un pape dit conservateur. Donald Trump lui-même, le Président des États-Unis, n'a pas hésité à donner son grain de sel auprès de journalistes qui lui posaient la question, et il leur a répondu le 29 avril 2025 : « J'aimerais être pape. Ce serait mon premier choix ! ». Puis, plus sérieusement : « Je ne sais pas. Je n’ai pas de préférence. Je dois dire que nous avons un cardinal qui se trouve être à un endroit appelé New York, qui est très bon. Nous verrons ce qui se passera. ». Mgr Timothy M. Dolan (75 ans), ami de Donald Trump, est l'archevêque de New York depuis le 23 février 2009.
 

Audace, humour, provocation ...ou vulgarité, Donald Trump s'est même mis à la place du souverain pontife en diffusant le 2 mai 2025 sur son compte officiel des réseaux sociaux l'image que j'ai mise en début d'article, générée par intelligence artificielle. Beaucoup de catholiques ont été choqués par ce narcissisme irrespectueux du pape disparu, notamment en Italie (et le cardinal Dolan n'a pas apprécié l'image), mais le plus choquant est que Donald Trump souhaiterait vraiment influer sur le conclave, il ne s'en est pas caché, mais n'en a pas vraiment les moyens. S'il avait été catholique, il aurait pu imaginer se faire élire pape puisqu'en principe, n'importe quel catholique, y compris un non-religieux, peut se faire élire, même si depuis 1389, les papes élus le sont parmi les cardinaux électeurs. J. D. Vance a donc ses chances.

Revenons aux cardinaux. Chaque jour depuis la mort du pape, les cardinaux présents à Rome se sont réunis en congrégations générales, de plus en plus remplies au fur et à mesure que les cardinaux sont arrivés au Vatican. Tous les cardinaux, y compris les cardinaux non électeurs, ont pu participer à ces temps de prières et de réflexions.
 

Qui va voter au conclave ? Depuis la décision de Paul VI du 1er octobre 1975, seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans peuvent être électeurs du pape et en principe, il ne peut y avoir plus de 120 cardinaux électeurs. Le Collège des cardinaux, qui s'appelait le Sacré Collège avant le 27 novembre 1983, regroupe l'ensemble des cardinaux. Ils sont au total 252, mais seulement 135 cardinaux ont moins de 80 ans au 21 avril 2025. Malgré la règle édictée en 1975, chaque nouveau consistoire (création de nouveaux cardinaux) engendre un nombre supérieur à 120 de cardinaux électeurs. Ainsi, au dernier consistoire le 7 décembre 2024, il y a eu 140 cardinaux électeurs et il aurait fallu attendre le 21 avril 2026, sans nouveau consistoire, pour que le nombre retombât à 120. Toutefois, malgré le surnombre, l'ensemble des cardinaux électeurs voteront. C'est nouveau car à l'élection des deux précédents papes, la limite avait été respectée.

Le plus jeune est le cardinal australien Mykola Bytchok, qui a 45 ans. Les deux plus âgés ont donc un peu moins de 80 ans : le cardinal guinéen Robert Sarah est né le 15 juin 1945 et va avoir 80 ans dans un mois ; le cardinal Carlos Osoro Sierra, archevêque de Madrid, va avoir 80 ans le 15 mai 2025, soit 80 ans dans quelques jours (mais il restera électeur jusqu'à la fin du conclave, d'une part parce qu'il n'a pas le droit d'en sortir avant l'élection du pape, d'autre part c'est l'âge à la mort du précédent pape qui est pris en compte).
 

Des 135 cardinaux électeurs, selon 133 cardinaux vont voter au conclave (les deux autres seront absents). Sur ces 133 cardinaux, une très grande majorité (les quatre cinquièmes), à savoir 108, ont été créés par le pape François ; 5 par Jean-Paul II et 20 par Benoît XVI. À noter que le cardinal lyonnais Philippe Barbarin est donc l'un des rares à avoir été créés par Jean-Paul II (le 21 octobre 2003).

C'est donc un électorat de cardinaux principalement façonné par le pape François. Mais cela ne veut pas dire qu'ils aient la même option... "politique" (?), à savoir, progressiste ou conservatrice (voir plus loin). Le pape François ne cherchait pas forcément à nommer des cardinaux qui pensaient comme lui (humilité, simplicité, douceur) mais a surtout voulu représenter l'ensemble du monde en rééquilibrant l'origine géographique des cardinaux électeurs. Ainsi, sur les 133 électeurs, il y a 52 cardinaux en Europe dont 17 en Italie et 5 en France ; 23 en Asie dont 4 en Inde, 3 aux Philippines, 2 au Japon et 1 en Chine ; 16 en Amérique du Nord dont 10 aux États-Unis ; 4 en Amérique centrale ; 17 en Amérique du Sud dont 7 au Brésil et 4 en Argentine ; 17 en Afrique et 4 en Océanie.
 

Comme indiqué précédemment, deux cardinaux électeurs ne seront pas présents au conclave : Mgr Antonio Canizares Llovera, ancien archevêque de Valence (en Espagne), qui est malade et Mgr John Njue, ancien archevêque de Nairobi, dont j'ignore encore la raison. En effet, au-delà d'un changement de date de naissance officielle (l'état-civil des pays africains est parfois peu rigoureux), ce cardinal a été déclaré absent car malade, mais dans une interview datée du 6 mai 2025, Mgr John Njue a déclaré dans un journal kényan "Daily Nation" : « Honnêtement, je ne sais pas pourquoi j'ai été exclu du conclave, je ne comprends pas la raison. (…) Ceux qui se rendent là pour l'élection reçoivent généralement des invitations officielles et cela n'a pas été le cas pour moi. (…) Ce n'est pas pour des raisons de santé, vraiment, c'est difficile à commenter. ». Il lui a été répondu qu'il n'avait pas besoin d'invitation pour se rendre au conclave dont il est membre de droit, mais qu'il ne s'y rendrait pas pour raison de santé (ce que le cardinal a pourtant démenti).

Un 136e cardinal aurait pu être électeur en raison de son âge (76 ans), Mgr Giovanni Angelo Becciu, mais à cause d'un scandale financier qui l'a condamné à cinq ans et demi de prison pour détournement et mauvaise gestion de fonds (il a fait perdre au Vatican autour de 150 millions d'euros en tant que substitut pour les affaires générales), Mgr Giovanni Angelo Becciu a été déchu de son droit d'électeur par le pape François, et après une velléité de participer quand même au conclave, le cardinal y a renoncé le 28 avril 2025 après la publication de lettres du pape François l'excluant.
 

A priori, un cardinal n'a pas le droit de voter pour lui-même. Un premier vote aura lieu le 7 mai 2025, puis, chaque jour, il peut y avoir jusqu'à quatre votes. Pour que l'élection soit acquise, il faut une majorité des deux tiers, ce qui est beaucoup. Au bout du treizième tour, si aucun pape n'a été encore élu, la majorité absolue suffit. Les bulletins d'un scrutin sont brûlés, la fumée qui s'échappe est noire jusqu'à l'élection d'un pape, avec la fumée blanche. C'est le protodiacre, à savoir le cardinal français Dominique Mamberti qui annoncera l'élection du pape par le célèbre Habemus Papam ! Notons qu'à l'élection du pape François, ce fut aussi un cardinal français, Mgr Jean-Louis Tauran (1943-2018) qui a proclamé les résultats.

Dès l'annonce de la mort du pape François, les spéculations ont prospéré sur l'identité du futur pape et la principale réflexion s'est portée sur : le futur pape sera-t-il un continuateur du pape François comme pape d'ouverture, ou sera-t-il, au contraire, replié sur l'Église, un pape dit conservateur, gardien du temple dogmatique ?

Mais on voit bien que cette question, qui est importante pour l'avenir de l'Église catholique, n'est cependant pas la plus cruciale. En élisant un pape, les cardinaux élisent d'abord un homme, une personne, avec ses qualités, et ses défauts. Ainsi, il faut d'abord comprendre que tous ces cardinaux se connaissent très peu, à part les Italiens ou, plus généralement, les Européens qui sont nombreux et proches géographiquement.
 

Ensuite, il faut imaginer qu'au fil de leurs réunions à huis clos, les cardinaux vont définir, esquisser la figure du futur pape. Quels devront être ses caractéristiques ? Par exemple, au lieu d'être un "conservateur" (évalué à 30% du collège électeur) ou un "progressiste" (évalué à 25%), le futur pape devra surtout être un rassembleur capable de maintenir dans une Église unifiée l'ensemble des progressistes et des conservateurs, ce qui demande un certain don pour la diplomatie.
 

Les cardinaux peuvent aussi souhaiter que le futur pape soit élu pour des missions particulières : par exemple, si l'objectif est de renouer avec l'Église orthodoxe (et laquelle ? celle de Moscou ?), ce n'est pas la même chose que de raffermir les liens avec l'islam. Ainsi, l'un des cardinaux les plus aptes à entretenir des relations avec les musulmans serait un cardinal à la fois algérien et français, Mgr Jean-Paul Vesco (63 ans), archevêque d'Alger, qui ne fait pourtant pas partie de la (longue) liste des papabili (papes possibles). Remarquons que ce cardinal ne fait pas partie des cinq cardinaux français.

L'ouverture sur le monde moderne est aussi un enjeu majeur du prochain pontificat, même si le pape François avait déjà commencé. Cela peut aussi signifier la poursuite d'une opération vérité sur les abus sexuels trop longtemps soumis au silence dans les Églises nationales (le travail a été entrepris en France, aussi dans quelques autres pays, mais dans pas assez de pays).
 

Le choix de l'origine géographique peut aussi être un élément majeur de l'élection. Ainsi, on peut imaginer le premier pape d'Afrique subsaharienne, ou le premier pape asiatique (chinois, pourquoi pas ?), etc. Ou au contraire, un retour à un pape italien pour s'occuper des affaires romaines et réformer la Curie, comme Mgr Mateo Maria Zuppi, l'archevêque de Bologne et président de la Conférence des évêques d'Italie.

Cette liste des papabili est officieuse et ne repose que sur des ressentis de journalistes, un peu comme la liste des futurs ministres lors d'un changement de gouvernement ! Elle donne néanmoins une petit indication sur les enjeux. Celui qui a le plus de probabilité d'être élu serait Mgr Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Vatican (l'équivalent de Premier Ministre), un très proche du pape François, le numéro un des cardinaux dans l'ordre protocolaire ; il jouerait le rôle d'une continuité rassurante comme l'a fait Benoît XVI pour succéder à Jean-Paul II.

Il y a aussi des papabili considérés comme "conservateurs", tels que Mgr Robert Sarah (de Guinée), Mgr Peter Turkson (du Ghana) et Mgr Peter Erdo (de Hongrie). Ou encore des papabili d'Asie : Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille (Philippines), très proche aussi du pape François, ou Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun (Birmanie).

Enfin, terminons sur un papabile français, Mgr Jean-Marc Aveline, l'archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêque des France. Sa montée dans l'Église a été très rapide, aidée du pape François. Marseillais, d'un naturel très chaleureux, Mgr Jean-Marc Aveline avait eu l'honneur d'accueillir le pape François il y a un an et demi (en septembre 2023).
 

Mais la plus grande surprise serait surtout qu'il n'y ait pas de surprise et que le pape soit choisi parmi ceux dont la liste de papabili vient d'être proposée. Les débats au sein du conclave sont secrets et le mystère devra rester ce qu'il est. De l'extérieur, on ne pourra pas donc suivre le cheminement qui aura abouti au choix d'un candidat précis, sur lequel une majorité de cardinaux se sera mis d'accord. L'élection improbable de René Coty à la Présidence de la République française, élu au treizième tour le 23 décembre 1953, montre à quel point chaque tour de scrutin peut complètement changer la situation.

La tâche de choisir le nouveau pape est ardue, compliquée, angoissante. C'est pourquoi on dit généralement que les cardinaux électeurs vont s'imprégner, se laisser guider par le Saint Esprit. Pour le meilleur ...et le meilleur.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 mai 2025)
http://www.rakotoarison.eu


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La vérité nous rendra libres.
Il est venu parmi les siens...
Pourquoi m’as-tu abandonné ?
Dis seulement une parole et je serai guéri.
Le ralliement des catholiques français à la République.
L’abbé Bernard Remy.


 

 



20 réactions


  • xana 7 mai 10:00

    Prêchi-prêcha.


    • Mervis Nocteau Mervis Nocteau 8 mai 22:03

      @tous. Progressiste ou conservateur, il se trouve que François « jésuita » sur une ligne de crête entre respect du dogme et ouverture moderne adaptée. La choix du nom de Léon XIV est du même tonneau, considérant ce que fit Léon XIII. Je dirais même que c’est le surgeon de la dynamique papo-franciscaine.


  • pasglop 7 mai 10:05

    Ils sont en rodage ?


  • Gollum Gollum 7 mai 10:13

    Quel suspens.


  • Étirév 7 mai 10:52

    Il était une foi au conclave…
    Dans la soirée du 28 septembre 1978 ou tôt le matin du 29 septembre, trente-trois jours après son élection, le pape Jean-Paul Ier mourut.
    Heure du décès : inconnue. Cause du décès : inconnue.
    One month before (d’après « Les Dossiers Noirs du Vatican » de P. Williams) : Avant de mourir, Paul VI décide de mettre le Collège des cardinaux à l’épreuve. Il s’arrange pour que le processus d’élection de son successeur soit des plus pénibles. Conscient du fait que les conclaves antérieurs ont été mis sur écoute, il laisse des instructions pour que tous les cardinaux fassent le serment solennel, sous peine d’excommunication, de ne divulguer les résultats du scrutin à personne en dehors du conclave et de ne pas en discuter avec d’autres princes de l’Église. On poste des gardes suisses devant chaque entrée et sous chaque fenêtre, au cas sans doute où l’un des cardinaux octogénaires essaierait de s’échapper par là.
    Le conclave se réunit à la chapelle Sixtine. Les cardinaux, habitués au luxe de leurs appartements, sont affectés à de petites chambres tout à fait inconfortables. Avant d’y entrer, les cardinaux passent à la fouille. Les gardes suisses chargés de cette tâche sont à l’affût de tout dispositif d’écoute ou de tout autre moyen de communication, calepins et crayons compris.
    À l’ouverture du conclave, le 25 août 1978, les 11 cardinaux se rendent en silence à la chapelle. Celui qui préside l’assemblée, le camerlingue, fait l’appel et ordonne aux prélats portant la pourpre de s’agenouiller en se frappant la poitrine et en chantant le « Veni Creator Spiritus ». Dans la chapelle Sixtine, où toutes les portes sont fermées et barricadées, et où toutes les fenêtres sont scellées et placardées, on doit étouffer. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que les traditionalistes et les progressistes en arrivent très vite à un compromis et choisissent le doux Albino Luciani comme nouveau pape. Il s’agit du conclave le plus court de l’histoire : il dure une seule journée. À la grande satisfaction de toute l’assemblée, Luciani choisit le nom de Jean-Paul Ier (« Jean » pour Jean XXIII et « Paul » pour Paul VI). Les cardinaux semblent rassurés, le nouveau Pape s’inscrira dans la continuité, sans perturber le fonctionnement de « Vatican Inc. ».
    Ils vont être amèrement déçus.
    Dès que la fumée blanche s’échappe de la cheminée de la chapelle Sixtine, la presse italienne réclame au nouveau Pape de rétablir « l’ordre et la moralité » au Saint-Siège.
    « Il Mondo », le journal économique le plus important en Italie, publie une lettre ouverte et pose à Jean-Paul Ier une série de questions précises. « Est-il normal que le Vatican agisse en spéculateur sur les marchés ? », demande le journal. « Est-il normal que le Vatican possède une banque dont les opérations favorisent le transfert de capitaux hors du pays ? Est-il normal que cette banque aide des citoyens italiens à échapper au fisc ?
    « Il Mondo » poursuit et s’interroge sur les liens unissant le Vatican « aux financiers les plus cyniques », comme Michele Sindona. D’autres questions encore : « Pourquoi l’Église tolère-t-elle des placements dans des sociétés, nationales et internationales, dont le seul but est le profit, des sociétés qui, quand elles l’estiment nécessaire, n’hésitent pas à piétiner les droits les plus élémentaires de millions de pauvres, en particulier dans ce tiers-monde qui vous tient tant à cœur ? »
    La lettre, que signe le chroniqueur financier du journal, contient aussi un certain nombre de remarques sur l’évêque Marcinkus, président de la Banque du Vatican : « Il est, quoi qu’il en soit, le seul évêque membre du conseil d’administration d’une banque laïque, qui se trouve, par hasard, avoir une filiale dans l’un des plus grands paradis fiscaux du monde capitaliste. Nous voulons parler de la « Cisalpine Overseas Bank », à Nassau, aux Bahamas (qui deviendra « Banco Ambrosiano Overseas »). L’utilisation des paradis fiscaux est permise par la loi humaine et on ne saurait tramer devant un tribunal un banquier laïque, quel qu’il soit, pour avoir tiré parti de cette situation (ils le font tous) ; mais cela n’est peut-être pas licite au regard de la Loi divine qui devrait marquer de son empreinte tous les actes de l’Église. L’Église prêche l’égalité mais il ne nous semble pas que la meilleure manière d’assurer cette égalité soit l’évasion fiscale, les impôts étant le moyen par lequel l’État laïque essaie de promouvoir cette même égalité. »
    Le Pape prend à cœur ces commentaires et ces critiques. Il décide de corriger la situation et de ramener « Vatican Inc. » à ce qu’était l’Église apostolique des saints apôtres.
    Le 27 août, le deuxième jour de son règne, Jean-Paul Ier fait part au cardinal Villot, le secrétaire d’État du Vatican, de son intention d’ouvrir une enquête sur tous les aspects des finances du Saint-Siège. « Il ne faudra exclure aucun service, aucune congrégation, aucune section », recommande le Saint-Père à Villot.
    En moins d’une semaine, Jean-Paul Ier reçoit un rapport préliminaire sur le fonctionnement de la Banque du Vatican. La Banque, créée au départ pour promouvoir des « activités religieuses », sert désormais, de toute évidence, des objectifs séculiers. Parmi les 11 000 comptes qui figurent sur ses registres, moins de 1 650 ont un rapport avec la mission de l’Église. Les 9 360 autres servent de « caisses noires » à des amis très spéciaux du Vatican, les Sindona, Calvi, Gelli et Marcinkus.
    Le 7 septembre, le cardinal Benelli apporte au Saint-Père des nouvelles plus mauvaises encore. La Banque d’Italie enquête sur les liens entre la Banque du Vatican et Roberto Calvi de la Banco Ambrosiano et, entre autres, sur l’achat de la Banca Cattolica del Veneto par celui-ci, ainsi que sur les manœuvres boursières de la Banco Mercantile de Florence. Les enquêteurs ont déjà envoyé un rapport préliminaire sur des irrégularités au juge Emilio Alessandrini.
    Le Pape est au bord de la syncope. Le rapport, il en est persuadé, entraînera des accusations pour activités criminelles non seulement contre Calvi mais aussi contre des représentants officiels du Vatican, comme l’évêque Marcinkus et ses deux proches collaborateurs, Luigi Mennini et Pellegrino de Strobel. Il sait qu’il doit agir sur-le-champ.
    Le Pape, sans l’ombre d’un doute, ignore que tout est déjà rentré dans l’ordre. Licio Gelli et Roberto Calvi sont au courant de l’enquête et de l’existence du rapport. Ils règlent ce problème épineux en ayant recours à ce que Sindona appelle « la solution italienne »... Suite
    Rappel : C’est l’an 325, lors du Concile de Nicée, que la secte catholique, qui avait complètement dénaturé le Christianisme depuis Paul, s’installa en maîtresse à Rome.
    Par sa constitution de l’an 312, Constantin avait introduit dans les lois l’esprit « jésuique » ; par le concile œcuménique qui fut réuni sous ses auspices le 19 juin 325 à Nicée, il donna à l’Église son organisation et l’associa au pouvoir politique. Ces événements firent du IVème siècle une époque de la plus haute importance pour l’avenir de la société.


  • xana 7 mai 11:20

    Vérité inversée, tu nous emmerde avec tes « vérités » à la noix.

    Effectivement, si tu représente les femmes (enfin c’est ce que tu susurre), alors vive le machisme ! A bas le terrorisme intellectuel des féministes exclusives !


    • Seth 7 mai 12:24

      @xana

      ... surtout si elles sont folles à messe.  smiley


    • Seth 7 mai 15:14

      @xana

      Vérité inversée, tu nous emmerde avec tes « vérités » à la noix.

      En plus il reste à prouver qu’une vérité retournée en soit encore une. Bon sujet de dissert au bac.  smiley


  • Seth 7 mai 12:23

    Rakoko n’est pas très au courant et doit être distrait à la messe : on ne dit plus « Saint Esprit » que pour le signe de la Croix, sinon c’est « Esprit Saint », nuance...  smiley


  • njama njama 7 mai 18:55

    Le prochain élu sera-t-il assassiné... ? pour réaliser la prophétie ?

    Trêve de plaisanterie... A une époque les empoisonnements entre princes étaient monnaie courante, les autopsies n’existaient pas.
    Pour sortir de cette intrigue, il aurait fallu pouvoir autopsier Jean-Paul 1°
    Une demande d’autopsie a-t-elle été faite ?

    Qui connaît encore cet interview de François Brune il répond à cette question : Le pape Jean-Paul 1er a-t-il été assassiné ? un témoignage très important !!!!!!!!!

    « Il n’y a aucun doute Jean-Paul 1° a bien été assassiné » dit-il. Il évoque aussi la mort très suspecte de Pie XI ...

    (12’02)
    http://www.dailymotion.com/video/xh9jk2_francois-brune-a-propos-de-la-mort-du-pape-jean-paul-1er_webcam


  • njama njama 7 mai 19:03

    Il y a au Vatican et autour des cadavres dans les placards, ... pas que dans les catacombes

    Le triple meurtre qui embarrasse encore le Vatican 13 ans après

    En 1998, trois personnes ont été retrouvées mortes au Vatican. Un jeune garde suisse aurait tué son chef et la femme de celui-ci avant de se suicider. La version officielle n’a jamais convaincu et les théories alternatives se multiplient. Treize ans après, la mère du tueur présumé à demandé à Benoit XVI la réouverture de l’enquête.

    https://web.archive.org/web/20111122024230/https ://www.atlantico.fr/decryptage/triple-meurtre-enquete-vatican-224561.html

    Et l’étrange disparition de la jeune Emanuela Orlandi ?

    Emanuela Orlandi avait 15 ans quand elle a disparu, en 1983, après avoir quitté l’appartement familial, au cœur de la Cité du Vatican, pour aller à son cours de musique à Rome. Son père était l’un des employés laïcs du Saint-Siège.


    http://www.lalibre.be/actu/international/l-affaire-orlandi-ou-le-mystere-du-vatican-51b8eaffe4b0de6db9c69b7b


  • njama njama 7 mai 19:15

    Le secret de Fatima, pourquoi l’Église le garde-t-elle encore sous le boisseau ?

    Que craint-elle ?

    Il est vrai que les conditions de la mort de Jean Paul 1er sont étranges..
    si l’on exclut la mort naturelle
    Trois options : l’assassinat, le suicide (plus que très improbable), l’overdose médicamenteuse accidentelle... ou volontaire (?)...

    Le fait que celui ci avait rencontré personnellement sœur Lucie (« la petite voyante » de Fatima) et que cette rencontre fut source de bien des angoisses, laissent à penser que celle ci ou lui révéla qu’il finirait en martyre s’il acceptait sa mission ou bien partagea avec celui ci une révélation de la Vierge non connue du public sur le devenir de l’Église..
    il confiera bientôt aux siens après ce tête à tête qui dura deux heures :
    « Je dois retourner à Fatima, je veux parler à la Madone. Sœur Lucie m’a laissé un gros souci sur le cœur. Désormais, je ne pourrai plus oublier Fatima. »

    Jean Paul 1er sera parti avec ce qui le tourmentait... 

    Le Vatican a la réponse...


  • ETTORE ETTORE 8 mai 23:25

     Décidément, Rakoto...

    Dans votre toboggan, à vous foutre de la gueule de Trump, vous commencez votre édito, en le présentant en pape.

    Et voyez comme la vision peut vous être cruelle, .....Nous ( il) venons d’avoir un pape ricain.

    En gros, vous n’étiez pas loin, de la bonne vision, mais.....

    Quatre à cinq verres de mescal en plus, et vous auriez été dans la bonne soutane !

    Maintenant, on attend votre présentation papale, ET,sans palper le subside ; de votre substitut .


  • SilentArrow 9 mai 09:18

    @Sylvain Rakotoarison

     

    Enfin, terminons sur un papabile français, Mgr Jean-Marc Aveline, l’archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêque des France.

    Il introduirait la tradition du Ricard et de la pétanque au Vatican


  • SilentArrow 9 mai 09:22

    Heureusement pour moi, je ne risque pas d’être élu pape.

    J’aurais l’air de quoi dans ces soutanes d’un autre âge ?


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