vendredi 16 octobre 2009 - par Olivier Bonnet

Cancers professionnels : silence, on meurt

On nous bassine avec la grippe...


virus"Un taux d’hospitalisation inférieur à 1%, une activité grippale stable, une part du virus H1N1 dans le recours aux consultations faible et une incidence des consultations qui baisse, depuis 3 semaines consécutives. Ce sont les principales conclusions du dernier rapport du 12 octobre de l’Institut de veille sanitaire" (IVS), écrit Santé Log, site communautaire des professionnels de santé. Les données épidémiologiques disponibles à ce jour confirment que l’hystérie pro-vaccinatoire du Premier ministre et de la ministre de la Santé est bien guidée par d’autres intérêts que la santé publique : "Depuis le début de l’épidémie, on recense 32 décès donc aucun nouveau décès cette semaine (dont 7 en métropole, 1 en Guyane, 1 en Martinique, 6 à la Réunion, 1 à Mayotte, 9 en Nouvelle-Calédonie et 7 en Polynésie française). Sur les 7 décès constatés en métropole, 6 sont intervenus avec présence de maladies chroniques graves". Mais pendant qu’une propagande infernale nous a bassinés avec H1N1, silence dans les rangs à propos d’un réel fléau sanitaire : les statistiques du cancer s’affolent. En 1980, l’IVS comptabilisait 150 000 nouveaux cas de cancers par an, contre 320 000 aujourd’hui. A quoi sont-ils dûs ? Lisez la réponse d’Annie Thébaud-Mony, sociologue directrice de recherche à l’Inserm, interrogée par nos confrères de la télé locale Canal Maritima (voir en vidéo le premier sujet du journal) : "Il y a un discours officiel disant que les cancérogènes sont ceux auxquels vous vous exposez volontairement (le tabac, l’alcool, etc.). Ce discours officiel masque complètement la réalité et avec un aspect délibéré, c’est-à-dire que les industriels paient des scientifiques à noyer le poisson concernant tout ce qui est cancérogènes professionnels et environnementaux". Et les premiers sont particulièrement sous-évalués : sur les 320 000 nouveaux cas recensés chaque année, "Seuls 1800 sont reconnus comme des cancers logoprofessionnels", précise la journaliste de Maritima. "Un énorme problème est que dans notre pays, les cancers professionnels sont sous-déclarés, ce qui signifie en clair que le plus souvent les victimes ne savent pas que l’origine de leur cancer provient d’une exposition liée au travail", explique sur son site l’Association pour le recherche thérapeutique anti-cancéreuse (Artac). "Les atteintes à la santé liées au travail sont largement sous-estimées. En France, le travail tue, blesse et rend malade, à raison de deux morts par jour dus à des accidents, de huit morts par jour dus à l’amiante, de deux millions et demi de salariés exposés quotidiennement à des cocktails cancérigènes, de millions d’hommes et de femmes constamment poussés aux limites de ce qu’un être humain peut supporter, moralement et physiquement (4)", écrit encore Annie Thébaud-Mony pour Le Monde Diplomatique. L’écart entre la réalité des cancers professionnels et ce qu’on nous en laisse croire peut se chiffrer : "Un chiffre alarmant : 2,3 millions de salariés en France seraient exposés à au moins un agent cancérogène, ce qui revient à dire que 4 à 8,5 % des cas de cancer seraient d’origine professionnelle", nous enseigne la Ligue nationale contre le cancer dans son magazine Vivre. "2,4 millions de salariés, corrige la dernière enquête réalisée sous l’égide du ministère du Travail, exposés à des produits cancérogènes, soit 13,5 % des salariés", citée par le magazine Santé & Travail dans son Appel à la mobilisation contre les cancers professionnels. Novethic choisit de présenter la statistique basse : "En France, on estime à 4 % le pourcentage de cancers attribuables à des facteurs professionnels, soit 10 000 cas par an." Mais seuls 1800 sont reconnus. Pour le plus grand bénéfice d’industriels criminellement négligents : "parmi les établissements qui continuent à utiliser des agents cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR), 40% seulement ont procédé à une évaluation des risques liés à cette utilisation. Dans 30% des cas, la prévention se limite encore à l’attribution d’équipements de protection individuelle. La fiche individuelle d’exposition permettant le suivi des salariés amianten’existe que dans 16% de ces entreprises et l’attestation d’exposition n’est remise au salarié lors de sa sortie de l’entreprise que dans 9% des cas. Les résultats des campagnes de contrôle des chantiers de désamiantage sont plus graves encore, car ils visent un risque clairement identifié, vis-à-vis duquel la mobilisation est engagée depuis plus longtemps. En 2006, 76 % des chantiers contrôlés étaient en infraction", établit Santé & Travail. "D’ici 2020, 80 000 à 100 000 salariés exposés à l’amiante disparaîtront", accuse la Fondation Copernic (Impunément, travailler tue). La logique du système poussée à son paroxysme : on culpabilise le malade en surévaluant de façon outrancière les cancers liés au tabac et à l’alcool (il n’aurait eu ce qu’il mérite) tandis que les entreprises continuent de jouer avec la vie de leurs salariés, pour faire des économies et ainsi rémunérer davantage leurs actionnaires. Qui a dit : "Nos vies valent plus que leurs profits" ?



9 réactions


  • Paul Cosquer 16 octobre 2009 15:10

    La mort progresse à pas de Néant.

    Voris


  • Paul Cosquer 16 octobre 2009 15:11

    La mort progresse à pas de Néant !

    Voris

    Citation de Voris gâchée par la technique smiley


  • sagesse 16 octobre 2009 19:38

    Excellent article, merci à l’auteur qui parle d’un sujet très important et plus que jamais d’actualité.


  • Ropi 17 octobre 2009 00:12

    Merci pour cet article, et merci aussi d’évoquer l’ARTAC, qui fait un travail formidable pour mettre en lumière et faire prendre conscience des causes réelles des cancer.


  • ObjectifObjectif 18 octobre 2009 10:06

    Bonjour,

    Si cet article a peu de commentaires, c’est peut-être parce qu’il est clair : il n’y a rien à ajouter.

    Et une telle vérité fait peur...elle détourne les lecteurs qui perçoivent bien ce problème mais préfèrent fermer les yeux : c’est le même phénomène que le complot des 19 nains à cutter du 11 septembre 200, refuser de voir plutôt que d’accepter la réalité et la combattre.

    Bon courage !


  • GreenGarden GreenGarden 18 octobre 2009 10:08

    Bon article, bien écrit !

    Merci

    G.


  • Atlantis Atlantis 18 octobre 2009 10:26

    je ne peux qu’aller dans le sens de l’article. ce n’est pas ma spécialité, mais il y a des signes qui ne trompent pas quand on visite des sites industriels ...
    Et je vous explique même pas comme les stats (aussi bien en accidentel qu’en chronique) vont exploser consécutivement à la crise.


  • Francis, agnotologue JL 18 octobre 2009 22:54

    Bien sûr, sujet brûlant. Mais s’il y a peu de réactions, cela ne signifie nullement que l’article n’est pas lu : si j’en crois ce qui se dit, il y a beaucoup de lecteur qui ne commentent pas, et ne votent pas. C’est si vrai que sur des articles polémiques qui font 500 ou 1000 réactions, ces lecteurs sont ciblés par des « posteurs » qui semblent parfois n’écrire que pour eux : cela est perceptible dans leurs tentaives pour mettre les rieurs de leur coté.

    Un article comme celui-ci, merci Olivier Bonnet pour les uinfos et les liens, offre peu de matière à railleries aux chasseurs de soucoupistes.  smiley


  • sheeldon 19 octobre 2009 09:22

    bonjour

    merci pour cet article qui me touche particulièrement . très bon , j’aime bien vos articles monsieur bonnet .

    cordialement


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