mardi 17 février 2015 - par Vincent Verschoore

Cartographie mentale, vie de couple et différenciation

Les choses de la vie font que la plupart d’entre nous se retrouvent de temps à autre confrontés à des problèmes de comportement difficiles à vivre au sein de nos familles, couples ou cercles sociaux. Le plus souvent, c’est-à-dire quand les gens impliqués ne nous paraissent pas souffrir d’une pathologie particulière telle la perversion narcissique, nous partons du principe que les gens qui nous font du mal de le font pas exprès, c’est juste que leurs bonnes intentions de départ sont « trahies » par les casseroles qu’ils traînent – que nous traînons tous – depuis leur enfance : blessures, peur de l’abandon, anxiété, etc… D’où il découle que d’un point de vue thérapeutique il faut arriver à recréer un climat d’empathie, de non-jugement permettant de libérer la parole, se dégager des peurs imaginaires et retrouver un comportement en prise avec la réalité.

Néanmoins, il existe (au moins) une autre manière de voir les choses, telle présentée par le psychothérapeute David Schnarch, inventeur de la « Crucible Therapy » qui est une forme d’intégration de la sexualité, l’intimité, la spiritualité, le développement personnel et de conseil matrimonial. David Schnarch considère que, du moins en ce qui concerne son domaine d’expertise que sont les rapports de couple, les gens qui ont un comportement blessant envers leur conjoint ne le font pas « sans le vouloir » mais au contraire, savent très bien ce qu’ils (ou elles) font et quel type de blessures ils ou elles infligent ainsi à l’autre. Pour Schnarch les gens coupables de « mauvais comportements » ne le font pas du fait de leurs peurs, frustrations et anxiétés mais le font pour leur propre gratification, parce que c’est une forme de relation qu’ils / elles choisissent.

Voilà qui semble un peu violent et contraire aux principes d’attachement avec lesquels nous sommes familiers !

Pour Schnarch toujours, la clé de compréhension de ce processus est ce qu’il appelle le « mind-mapping« , topogramme ou carte mentale en français. A la base le topogramme est un outil pour nous aider à enregistrer et gérer nos idées et informations sur un thème en « cartographiant » notre réflexion sur ce thème. Dans le cadre de l’interaction avec l’autre décrite par Schnarch, c’est la capacité à « cartographier » la pensée de l’autre tout en nous rendant nous-même le plus opaque possible à la cartographie de notre propre mental par cet autre (aussi appelé « mind-masking »). Et c’est là que l’argument devient intéressant.

En effet, cette capacité cartographique émerge vers l’âge de 4 ans et atteint sa maturité vers l’âge de 11 ans. L’environnement direct, donc essentiellement familial, de l’enfant influe grandement sur cette capacité car elle est un instrument de survie dans les environnements déstructurés. L’enfant comprend vite que ses parents sont capables d’avoir des croyances infondées, et qu’ils agissent en fonction de ce qui leur passe par la tête. Tous les êtres (hors ceux qui souffrent de schizophrénie, autisme ou troubles du même type) développent ce type de compétence mais à des degrés divers. Dans un environnement déstructuré l’enfant développe au maximum ses capacités anticipative – la cartographie des mentalités parentales permettant de prévoir la probabilité de tel ou tel comportement néfaste – et protective – se rendre opaque à la cartographie de son propre esprit par son entourage.

Transposés dans des relations d’adultes, ces compétences sont nécessaires mais peuvent parfois conduire à des comportements manipulatifs et néfastes. Nécessaires car il serait difficile de partager un quotidien sans la capacité à cartographier, donc à comprendre et prévoir dans une certaine mesure les besoins, désirs et réactions du partenaire – et en retour, a permettre à notre partenaire de nous cartographier pour avoir un degré similaire de compréhension. Néfastes dès lors qu’il existe un déséquilibre menant à une forme de manipulation : si l’un est doté d’une forte compétence pour cartographier l’autre – et donc aboutir rapidement à une compréhension intime de son mode de fonctionnement – tout en se rendant opaque à ce même partenaire qui, donc, n’a pas vraiment d’idée ni d’emprise sur le fonctionnement du premier, on arrive à une situation dangereuse pour le couple et potentiellement toxique pour le conjoint, obligé de naviguer à l’aveuglette tout en étant un livre ouvert pour l’autre. Pour Schnarch, de nombreux exemples de problèmes de couples découlent directement de ce genre de situation.

Alors on pourrait mettre tout cela sur le compte de l’inconscient et en revenir au discours classique : recréer un climat de confiance et ce type de comportement disparaîtra de lui-même. Mais pour Schnarch ce n’est pas si simple : cette capacité que certains ont à cartographier l’autre et à se protéger en même temps découle d’une réelle volonté de façonner la relation selon une forme bien définie. Volonté qui a ses racines dans l’enfance, car confrontés à des parents instables, violents, inaptes, l’enfant pour survivre utilise le mind-mapping et le mind-masking pour façonner, tant que faire ce peut, un environnement familial le moins dangereux (cad le plus prévisible) possible. C’est une expérience traumatisante pour l’enfant, dont le comportement devient hypervigilant et « collant ». Une fois cette manière de faire intégrée dès le plus jeune age, elle nous poursuit toute notre vie – cela devient un modus operandi normal, conscient et maîtrisé.

Une fois ce diagnostic établi, que faire ? Reconnaître ce comportement déjà pour soi-même, car rares sont les couples avec d’un côté un démon et de l’autre une oie blanche. Reconnaître où nous en sommes dans la recherche d’un équilibre entre notre besoin d’attachement et de connexion d’une part, et notre désir d’individualité et de conduite de notre propre vie de l’autre. Ce que Schnarch appelle la Différenciation. La différenciation mène à l’autonomie émotionnelle, base d’une interdépendance bénéfique, et fondement de l’intimité et de la stabilité dans une relation à long terme.

Il fait en outre la distinction entre deux types d’intimité : celle validée par les autres, et celle validée par soi-même. Dans la première, l’un des partenaires se dévoile devant l’autre et reçoit en retour de l’acceptation, de l’empathie et du support. C’est un des piliers de la thérapie de l’attachement. Dans la seconde, l’intimité validée par soi-même, la confrontation avec soi-même mène à un dévoilement à soi-même qui a lieu indépendamment d’une quelconque validation, ou non, par le ou la partenaire ou par qui que ce soit.

Pour Schnarch, c’est cette forme-là de validation qui prime car elle nous oblige à nous tenir debout et à dire la vérité quoi qu’il arrive, quoique les autres puissent en penser. Cela mène soit à la rupture libératrice, soit au renouveau de la relation avec une nouvelle dynamique et une nouvelle cartographie mentale.

 

Source : http://www.alternet.org/sex-amp-relationships/mind-mapping-how-we-manipulate-people-we-love



24 réactions


  • Philippe VERGNES 17 février 2015 10:16

    Bonjour et merci pour cette présentation d’une problématique qui me parle, bien au delà des conceptions propres à l’auteur que vous présentez.


    Ce que vous décrivez aborde l’intentionnalité caractéristique des personnes qui finissent par utiliser autrui comme « verrouillage » du système de défense que leur personnalité a appris à développer pour se protéger d’une situation stressante du à des liens d’attachement « défectueux » ayant entraîné une conflictualité interne qu’ils tentent par là d’éviter.

    Au demeurant, cette intentionnalité et cette volonté de blesser délibérément autrui pour se protéger d’affects ou de conflits internes personnels est spécifique... à la perversion narcissique et aux pathologies narcissiques perverses (dont font également partie la paranoïa, mais aussi les relations dîtes « ustensilitaires » et fétichiques). C’en est même la définition principale.

    D’où l’intérêt de votre billet et de l’approche que vous présentez, car elle corrobore, sans la nommer et probablement sans la connaître véritablement tout en l’approchant par l’un de ses aspects, la problématique de la perversion narcissique et des pathologies narcissiques perverses.

    D’où également l’intérêt de croiser les approches théoriques - même si cela présente certains risques -, car en ce domaine, il n’y a aucune certitude acquise, mais bien plutôt, comme lors d’enquête sans preuve, un « faisceau d’indice » permettant d’établir le profil de ces personnalités qui, pour se protéger de leurs propres affects devenus insupportables, n’hésitent pas à manipuler autrui et à leur faire porter la responsabilité de leurs propres turpitudes.

    En tout cas, merci encore pour cet apport qui m’est d’un grand secours, car le problème de l’intentionnalité est un problème non encore résolu (non pris en compte) dans cette problématique.

    • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 17 février 2015 12:02

      Merci pour votre commentaire. Le cas du pervers narcissique m’a tout de suite sauté aux yeux mais ce n’est sans doute là que l’aboutissement extrême (avec les psychopathes) d’une continuité qui englobe une bonne partie de la population. Tout le monde fait du mind-mapping de tout le monde au moins un petit peu, c’est ce qui permet de huiler les rouages des interactions humaines. 


    • Philippe VERGNES 17 février 2015 14:32

      Absolument...


      C’est d’ailleurs bien ce qu’indique la théorie de la perversion narcissique qui est avant tout une théorie intégrative dite « dimensionnelle » dans le sens où elle présente la formation de la personnalité selon divers mouvements, dont l’un, celui dont parle David Schnarch, aboutit aux pathologies narcissiques perverses qui peuvent se comprendre selon l’adage suivant : « l’exercice de la perversion (ici faire porter le poids de sa propre responsabilité dans nos conflits internes sur les épaules de notre entourage) commence par un besoin (celui identifié par Schnarch), continue comme une habitude et finit comme un vice ». A ce titre, c’est une théorie anti-DSM et « anti-nosologique ».

      Ce que vous présentez dans votre article, c’est le besoin qu’identifie David Schnarch. Pour ne pas que ce besoin « mute » en vice, il est effectivement très important, comme vous le soulignez fort justement, de « reconnaître ce comportement déjà pour soi-même ».

      Le problème, c’est qu’en l’absence de cette reconnaissance, ce besoin finit en vice et à ce stade, il est généralement trop tard pour inverser la tendance (sauf à de rares exceptions près).

      Ce que confirme le passage suivant de votre article : « Mais pour Schnarch ce n’est pas si simple : cette capacité que certains ont à cartographier l’autre et à se protéger en même temps découle d’une réelle volonté de façonner la relation selon une forme bien définie [NB : et cette forme et cette volonté sont celles de la perversion narcissique]. Volonté qui a ses racines dans l’enfance, car confrontés à des parents instables, violents, inaptes, l’enfant pour survivre utilise le mind-mapping et le mind-masking pour façonner, tant que faire ce peut, un environnement familial le moins dangereux (cad le plus prévisible) possible. C’est une expérience traumatisante pour l’enfant, dont le comportement devient hypervigilant et « collant » [NB : typique également du comportement pervers narcissique - mais pas qu’à eux - qui a besoin de contrôler son environnement pour ne pas succomber aux angoisses auxquelles il s’expose de par ses expériences traumatisantes précoces]. Une fois cette manière de faire intégrée dès le plus jeune age, elle nous poursuit toute notre vie – cela devient un modus operandi normal, conscient et maîtrisé. »

      Le malheur, c’est qu’avec l’habitude, ce comportement est relégué à des réflexes inconscients qui deviennent « instinctuels » (qui ne passent plus par le circuit de l’analyse rationnelle de notre cerveau : la raison est courtcircuitée, cf. Perversion narcissique et traumatisme psychique - L’approche biologisante et les travaux de Daniel Kahneman, psychologue prix Nobel d’économie en 2002 pour ses travaux sur les prises de décisions, les biais cognitifs et les heuristiques de jugement : Peut-on faire confiance à notre jugement ? La fiabilité des « experts » en cause). « Instinctuel » signifie ici qu’il y a une part d’inconscient dans ce type de comportement d’où le fait que ce modus operandi normal et maîtrisé ne soit pas entièrement conscience. Il y a dans ce modus operandi, une part consciente et une part inconsciente. C’est l’un des écueils à la compréhension de telles attitudes nocives pour l’entourage comme, à long terme, pour celui qui les adoptent.

      On en revient au problème de l’intentionnalité, car si tout le monde fait du « Mind-mapping » (faculté qui est indissociable de l’empathie, mais cela complique le sujet même si c’est en lien, cf. ma série d’article sur L’empathie, la conscience morale et la psychopathie), tout le monde ne se sert pas de cette faculté pour les mêmes raisons. C’est là toute la différence entre le pervers et les gens « normaux ».

      En tout état de cause, ce qu’il y a d’intéressant dans l’approche de l’auteur que vous présentez, c’est qu’il identifie bien le même besoin de base que tout ceux qui se sont penchés sur les liens d’attachements (ou la problématique de la déliaison ou du « détachements » comme dans le cas de la perversion narcissique) ont pu repérer avant lui (cf. Théorie de l’attachement de John Bowlby et de la perversion narcissique de Paul-Claude Racamier : Pervers narcissique (1/2) - Plongée au cœur des origines d’un concept en vogue).

      Bien que tout cela soit assez complexe, c’est d’une utilité dont je préciserais l’importance pour nos sociétés dans un prochain article qui parlera du fascisme et du totalitarisme et que je proposerais sous peu à la modé d’avox.

      Bon... désolé de me faire de la pub sous votre article - cela n’était pas mon intention -, mais comme la rédaction d’Ago cite en lien sur le même thème la plupart de mes articles ET que vous me paraissez soucieux de comprendre pourquoi ce monde ne tourne plus du tout rond, je me suis permis quelques petits développements, car si ce sujet vous interpelle, la suite devrait fortement vous intéresser (toujours en rapport avec la pathologie du pouvoir, cf. ma série d’articles portant ce titre).

       smiley !!!

  • Le p’tit Charles 17 février 2015 10:23

    En couple ou en société...l’homme est un barbare...Les preuves ne manquent pas il me semble.. ?


  • lsga lsga 17 février 2015 10:59

    ah non... la récupération du mind mapping par les sectes néo-psychanalytiques : NOOOOOON !!!

     
    Bref, sinon, rappelons que la famille est un milieu très fortement pathogène, et qu’il n’est pas sain et encore moins naturel de forcer 2 adultes et quelques enfants à vivre les uns sur les autres pendant des décennies. À l’époque de Cromagnon 80% des individus mourraient avant 30 ans.
     
     
    Les enfants devraient avoir le droit de quitter le cercle familiale dès qu’ils en expriment le besoin (aux alentours de 7 ans la plupart du temps). 
     
    Un milieu sain pour l’être humain, c’est la communauté : des groupes d’adultes, en couple ou non, et des enfants élevés par un grand nombre d’adultes différents DE SON CHOIX. 

    • Francis, agnotologue JL 17 février 2015 13:19

      D’accord avec Isga,

      mais seulement sur la première phrase : mais je la plussoie un max.


    • lsga lsga 17 février 2015 15:07

      c’est le passage en rouge avec lequel tu devrais être d’accord.


    • Francis, agnotologue JL 17 février 2015 17:52

      Dans ce passage en rouge, il y a cette phrase : ’’Le mind mapping n’y pourra rien ’’.

      Sujet de l’article ici, le concept de mind-mapping est hors-sujet dans ce passage en rouge ; un intrus.

      Ce qui signifie, par conséquent que ce passage est hors sujet par rapport à l’article. Et je ne souhaite pas m’engager ici dans une discussion hors sujet.

      Pour en recvenir au sujet, cette réduction des relations humaines à un concept aussi étriqué (relativement au domaine considéré) que le mind-mapping ne me parait pas porteuse de sens ; mais de profits commerciaux, peut-être.

      Pour paraphraser Jean-Pierre Berlan, je dirai : croyez vous que les think-thank néolibéraux produisent du sens ? Bien sûr que non : ils préparent des profits futurs.


    • lsga lsga 17 février 2015 18:02

      l’article commence par : « des problèmes de comportement difficiles à vivre au sein de nos familles », et propose un simulacre de mind mapping pour y répondre.

       
      donc on est en plein dedans. Je rappelle que la famille contemporaine est invivable, car franchement « contre-nature ». 
       
      Le mind mapping, c’est super, ça été développé par des scientifiques, pas par des idéologues. Par contre, c’est surtout pratique pour la gestion de projet. 
       

    • Francis, agnotologue JL 17 février 2015 19:37

      Bon, d’accord Isga,

      mais alors, comment le dire ? Je ne sais pas. Je trouve que ce concept effectivement inventé pour la gestion de projets, n’a pas sa place dans le domaine de la psychologie des profondeurs et des relations personnelles et intimes. On n’est pas des robots.

      Je crois que c’est Lacan qui a dit : l’inconscient est structuré comme un langage. Il me parait plus judicieux de dire que l’empathie cognitive est la faculté de lire dans l’inconscient de l’autre, ses intention et son fonctionnement ; cependant que l’empathie affective y serait un handicap, puisque étant la faculté de percevoir les émotions.


    • lsga lsga 17 février 2015 19:43

      L’important, c’est que tu comprennes bien que la famille est pathogène. 


    • Francis, agnotologue JL 17 février 2015 20:47

      La tienne, peut-être ?


    • lsga lsga 17 février 2015 20:59

      attends d’avoir chez toi un ado de 14 ans qui fait des cacas énormes, remet en question ton autorité, et une gamine de 15 ans qui s’enfonce des concombres en gémissant avant de traiter sa mère de salope. 

       
      Ceci dit ; une famille où tout le monde s’engueule reste beaucoup moins pathogène que les familles où tout le monde s’aime, et qui pue l’inceste refoulé à des kilomètres
       
      L’un dans l’autre, c’est pas un mind mapping qui va résoudre ça. 
       
       

    • Francis, agnotologue JL 18 février 2015 08:03

      Isga,

      vous avez ( vous permettez qu’on se vous vouvoie ?) une vision infecte de la famille. Du vécu sans doute ? Je comprends mieux vos prises de positions bizarres et extrémistes.

      ps. je suis septuagénaire.


  • 1984 17 février 2015 11:35

    Bonjour, votre article m’a fait penser à cette conférence de Roland Gori. Si vous ne l’avez pas vue, je vous la conseil.
    https://www.youtube.com/watch?v=2FEtiA18lZU


  • Francis, agnotologue JL 18 février 2015 08:12

    Le Mind-mapping est une technique trop fruste pour représenter la pensée complexe.

    Je suis surpris (quoique ...) de voir ici un champion de la pensée complexe, pour ne pas dire compliquée, voire l’anti-pensée, applaudir sans réserve et s’y installer avec délectation.

    Je suppose que ce concept est né des travaux ayant pour objet la copie psychique destinée à procurer l’immortalité.

    Quand je disais que les think-thank néolibéraux ne produisent du sens mais préparent des profits futurs !


    • Francis, agnotologue JL 18 février 2015 08:16

      « La génétique néolibérale : Les mythes de la psychologie évolutionniste », publié aux Editions de l’éclat. (*)

      ’’La psychologie évolutionniste (ou évopsy) se veut être la science autoritaire de la « nature humaine ». Ses défenseurs (qui commencent à sévir en France depuis quelques années) ont réussi à construire une tour d’ivoire tout en gagnant une large audience et une influence notable sur les discours publics. Mais quelle réponse propose réellement la psychologie évolutionniste en ce qui concerne le langage, la sexualité ou les relations sociales ? « Aucune… » répond Susan McKinnon.

      ’’Rappelons que la psychologie évolutionniste est une branche de la psychologie culturelle qui pense l’être humain à partir de la théorie de l’évolution biologique darwinienne, supposant donc que le cerveau, tout comme le corps, est le produit d’une évolution. Elle a pour objectif de démontrer que l’être humain raisonne en fonction de « modules mentaux » innés, et qu’il existe une seule nature humaine universelle formatant les diverses cultures du monde. Or, le fait de considérer qu’il existe une nature humaine unique (et que la culture soit fabriquées par l’homme) est théoriquement suspicieux, notamment aux yeux des anthropologues (cf. les travaux de Marshall Sahlins, Eduardo Viveiros de Castro, Philippe Descola).

      ’’Susan McKinnon démontre que la psychologie évolutionniste est une « pseudo-science » qui transforme la génétique évolutionniste en un mythe sur les origines de l’homme ; plus grave, ce mythe est modelé par des valeurs néo-libérales et repose sur une compréhension ethnocentrique des concepts de genre, de relations sociales, de parenté. Un ouvrage indispensable pour lutter contre certaines idées pseudo-scientifiques qui n’ont aucun fondement anthropologique, mais qui arrivent néanmoins à produire leurs effets néfastes dans les appréhensions du monde et des autres qui sont les nôtres.

      (*) Susan McKinnon est professeur au département d’anthropologie de l’Université de Virginie.


    • Francis, agnotologue JL 18 février 2015 08:29

      Woody Allen disait : ’Les méchants ont sans doute compris quelque chose que les bons ignorent’’

      Sans approuver cette phrase, je l’interprète ainsi : il y a des gens qui préfèrent une imposture pour le bénéfice qu’elle leur procure à une posture pour le sens qu’elle apporte.

      On peut appeler ça de la compréhension dans le sens de cette définition : la compréhension est une adéquation à nos intentions. Les bons, par définition, n’ont pas de mauvaises intentions.


    • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 18 février 2015 13:03

      Il me semble que le mind-mapping n’est ici qu’un nom pour une technique générique que nous développons tous afin de prévoir, tant que faire ce peux, les réactions et mode de pensée des gens avec qui nous traitons. Comme toute aptitude, poussée trop loin elle devient pathologique pour en arriver à la perversion narcissique. Mais son absence mène à l’autisme. 


    • Francis, agnotologue JL 18 février 2015 14:52

      Le mind-mapping tel que je le comprends, me semble relever à la fois de l’empathie cognitive et de la transmission de pensée : deux processus inconscients et incontrôlables.

      Pour en revenir à ce que j’en ai dit ci-dessus, que pensez vous de ça :

      En 2045, le Russe pense pouvoir télécharger la conscience ’’Vers 2035, Itskov pense être en mesure de procéder au «  reverse engineering  » du cerveau humain  : télécharger la conscience vers une version synthétique. L’initiative lancée par Obama, la cartographie du cerveau, va dans ce sens. Si l’on est capable de connaître avec précision les méandres exacts du fonctionnement du cerveau, on peut imaginer sa représentation numérique.’’

      Bref, je conclurai par ceci : ces travaux vont dans le sens d’un contrôle des esprits, oui, mais dans un but mercantile ; il y aura toujours des fous paniqués par leur mort prochaine et riches - le système libéral s’y entend - pour payer des fortunes à ses promoteurs.


    • Francis, agnotologue JL 18 février 2015 14:54

      Le reverse engineering est le nouvel ’’Objectif Lune’’ !


    • Francis, agnotologue JL 18 février 2015 14:56

      Le ’’Reverse engineering de la conscience’’ est l’’Objectif Lune’’ du 3ème millénaire.


  • cevennevive cevennevive 18 février 2015 09:08

    Isga est ignoble !



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