Corruption, manipulation : les méthodes sulfureuses de GSK (encore) dévoilées !
Spectaculaire coup de filet à Beijing. Les forces de police ont arrêté des délinquants agissant en bande organisée. 4 cadres supérieurs de la firme pharmaceutique GSK se sont fait épingler, dont le Vice-Président des Opérations Chinoises, le DRH, le Directeur Juridique et le Directeur du "Business Development". Ils ont avoué des pratiques de corruption et de fraude fiscale lors de leurs premiers interrogatoires par la police. Une vingtaine de personnes, en tout, auraient été interpellées par la police, y compris des fonctionnaires chinois.
Tout le monde a palpé ! Des fonctionnaires, des associations médicales, des hôpitaux et des médecins ! Tout était bon pour faire gonfler la note des malades au profit des comptes du labo. Même le fisc s'est fait arnaquer grâce à un système de fausse factures.
Selon l'un des enquêteurs, la plupart du business de cette filiale provenait du blanchiment d'argent et d'un système de pots-de-vin. (The Guardian)
La police chinoise rapporte que GSK s'est comportée "comme un parrain chinois" allant jusqu'à accepter des "faveurs sexuelles" en retour. (The Telegraph)
Selon les Echos, "le groupe pharmaceutique a déclaré lundi qu'une enquête interne sur des soupçons de pratiques illégales pour favoriser la vente de Botox en Chine n'avait fourni jusqu'à présent aucune preuve de corruption". Encore une direction générale bienveillante dupée, qui ignorait les astuces mises en oeuvre par sa puissante filiale chinoise pour lui rapporter autant d'argent.
Les autorités chinoises ont indiqué que GSK China avait "abondamment versé des pots-de-vin au cours des dernières années à des fonctionnaires du gouvernement, à un certain nombre de groupes pharmaceutiques et à des fonds, des hôpitaux et des médecins" pour promouvoir ses produits.
Effectivement, depuis 2007, GSK aurait dépensé près de 400 millions d'euros (3 milliards de yuans) dans plus de 700 agences de voyages pour s'assurer de quelques amitiés redevables. (Source : Reuters) "Lundi 8 juillet, GSK confirmait par ailleurs une autre enquête interne, sur les accusations du même donneur d'alerte, selon lequel les commerciaux de l'entreprise auraient plus récemment versé de l'argent liquide à des médecins afin qu'ils promeuvent son Botox." (Le Monde, 12/07/2013)
Selon le ministère chinois de la sécurité publique, cette corruption ne serait pas l'oeuvre de quelques tireurs isolés mais aurait impliqué un très grand nombre d'employés, de très grosses sommes d'argent, pendant une très longue durée. Selon un lanceur d'alertes interne, la firme aurait également arrosé les médecins de 2004 à 2010.
Cette affaire fait suite à un autre scandale récent, cette fois-ci sur de la fraude scientifique, qui a contraint la direction de GSK à licencier le directeur de sa Recherche & Développement en Chine. Ce dernier s'est fait attraper après avoir fabriqué de toutes pièces des données scientifique ayant permis à GSK de publier dans la célèbre revue Nature sur une maladie dramatique : la sclérose en plaque. La Direction du groupe déclara, non sans cynisme, "qu'elle est engagée dans les plus hauts standards de qualité et d'éthique".
Cette histoire de corruption tentaculaire digne d'un long-métrage de Martin Scorcese fait également suite à encore une autre inculpation historique de la même firme, cette fois-ci de l'autre côté de la terre, qui l'a conduite l'an dernier à payer une amende record hallucinante de 3 milliards de dollars aux Etats-Unis pour fraudes massives, des faits qui avaient encore très probablement échappé à la direction de la firme britannique. GSK avait promu sont antidépresseur, le Paxil, auprès d'enfants et d'adolescents. Il avait aussi promu le Wellbutrin, un ersatz de Mediator, comme coupe-faim, caché la toxicité cardiovasculaire d'un médicament antidiabétique, l'Avandia, etc.
Une véritable culture d'entreprise !
Et comme en politique, le patron de GSK USA de l'époque, un certain Christopher Viehbacher, a su retomber sur ses pattes.
Il s'est recasé comme... numéro 1 de Sanofi. Il préside également depuis peu l'EFPIA, la bande organisée européenne des représentants de l'industrie pharmaceutique. Chacun appréciera le discours sincère fièrement affiché sur le site internet de la bande à Big Pharma : "l'industrie pharmaceutique reconnaît qu'elle a la responsabilité de montrer l'exemple en avançant une transparence responsable. L'industrie soutient des mesures qui amélioreront les relations entre l'industrie, les professionnels de santé, les patients, les citoyens au sens large et qui feront avancer la santé publique".
GlaxoSmithKline fait preuve depuis des années en parfaite impunité de méthodes éthiquement inacceptables. En France, la firme cultive les conflits d'intérêts avec un très grand nombre d'hommes politiques en finançant des clubs de parlementaires comme le Club Hippocrate, ou le Club Avenir de la Santé, qui regroupe de très nombreux hauts-fonctionnaires et des élus. Le Directeur Général de GSK France, Hervé Gisserot, est également à la tête du LEEM, la face visible du lobby de Big Pharma. C'est que pour faire passer certaines pilules amères, il convient de disposer des appuis politiques nécessaires :
Au côté de Transparency International, le Senior vice-président de GlaxoSmithKline réfléchit également à déterminer une "charte des bonnes pratiques du lobbying". Lui-même est adepte d'une "approche décomplexée" : "le lobbying est une activité qui s'inscrit naturellement dans le fonctionnement de nos institutions". (Le Monde Pharmaceutique.tv)
Les autorités chinoises apprécieront le concept d'approche décomplexée du lobbying.
En attendant, lorsque cela chauffe, quelques sous-fifres, qu'ils soient américains ou chinois, sont remerciés et/ou incarcérés et le business peut continuer.
Source :
GlaxoSmithKline spent £323m on kickbacks, says China, The Telegraph, 15/07/2013
China names GSK bribery suspects, The Guardian, 16/07/2013
Des dirigeants de GSK avouent des délits économiques-gvt chinois, Les Echos, 11/07/2013
China police say GlaxoSmithKline broke law to boost sales prices, Reuters, 15/07/2013
<a data-cke-saved-href="http://www.economist.com/blogs/schumpeter/2013/07/glaxosmithkline" ; href="http://www.economist.com/blogs/schumpeter/2013/07/glaxosmithkline" ; target="_blank>Big Pharma in a little trouble in China, The Economist, 12/07/2013
La Chine étaie ses accusations de corruption contre GlaxoSmithKline, Le Monde, 12/07/2013
GSK sacks China R&D chief over data fraud , PharmaTimes, 12/06/2013
Responsible transparency, EFPIA,
Ces élus qui se font subventionner par les firmes pharmaceutiques ..., Agoravox, 17/09/2011
Le Club Avenir de la Santé : 23 années de lobbying pharmaceutique intensif, 09/12/2011