jeudi 15 octobre 2009 - par Estelle Vereeck

Implants dentaires : le marché de l’édentation ne connaît pas la crise

En dépit de la crise qui a mis un coup d’arrêt à la croissance, le marché des implants dentaires est considéré comme très porteur. Avec plus de 250 millions de personnes affligées d’édentation partielle ou totale, rien qu’en occident, les implantologues ont de beaux jours devant eux.

 Avec des taux de croissance phénoménaux, le marché des implants dentaires fait partie des plus lucratifs. Ainsi l’entreprise suédoise Nobel Biocare, numéro un du secteur, a vu son chiffre d’affaire croître de près de 25% depuis les années 2000. Même si, crise oblige, son chiffre d’affaire a reculé de 10 % ces derniers mois, il devrait tout de même atteindre les 450 millions de francs, soit un peu plus de 300 millions d’euros. Autre leader du secteur, la firme bâloise Straumann développe un chiffre d’affaires qui s’élève à 384 millions de francs suisses.
 
Sachant qu’aujourd’hui, les implants dentaires ne sont employés que dans 10 à 15 % des traitements, Les fabricants ont tout lieu de garder le sourire puisqu’ils tablent sur une croissance à deux chiffres dès que la conjoncture sera meilleure.
 
Vu le poids économique de ce marché, on comprend que les fabricants d’implants dentaires aient à cœur de présenter le titane comme le matériau idéal et d’une biocompatibilité totale. Leur communication marketing est si efficace qu’ils sont parvenus à convaincre les implantologues qui jurent, la main sur le cœur, qu’aucune allergie au titane ne peut exister. Quant aux patients, ils ne demandent qu’à croire ce discours rassurant qui s’appuie davantage sur des impératifs économiques que sur une réalité scientifique.
 
En effet, de nombreuses études* ont apporté la preuve de la réalité d’une allergie au titane. Il faut savoir cependant qu’aucune Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) ne valide la commercialisation des implants en titane, comme c’est le cas pour les médicaments. Les fabricants ne sont donc pas obligés d’informer sur les risques, pourtant prouvés, liés à ce matériau. Ils usent et abusent de cette licence en communiquant largement autour de la "totale biocompatibilité" du titane, ce qui n’est ni plus ni moins qu’une allégation mensongère.
 
Sur internet, de nombreux sites de santé reprennent l’information. "Le titane est parfaitement biocompatible" peut-on lire un peu partout. Personne, ou presque, n’ose remettre en question le dogme d’une biocompatibilité douteuse, imposée par le marketing des fabricants. De leur côté, les patients ne font que rarement le lien entre l’implant en titane qu’on leur a posé et les troubles ou altération de la santé apparus postérieurement (fatigue, insomnie, troubles neuro-musculaires, allergies, etc.).
 
Avec la crise, de nombreux traitements sont ajournés. Au lieu d’extraire et de poser des implants, les dentistes reviennent aux anciennes méthodes et préfèrent désormais proposer couronnes ou bridges, moins chers, plutôt que d’adresser les patients à l’implantologue. Ainsi, du fait de la récession, des patients pourraient bien, sans le savoir, passer à côté de problèmes de santé en s’épargnant des suites invalidantes dues aux implants dentaires en titane.
 
Comme quoi, la crise a quelque fois du bon.
 
Comment savoir si on est allergique ou intolérant au titane : Test Melisa
 
* Bibliographie sur les risques liés aux implants en titane
 


18 réactions


  • zelectron zelectron 15 octobre 2009 14:04

    J’ai lu quelque part qu’en prélevant un bout d’os de hanche je crois, on obtenait après implantation dans la mâchoire par croissance cellulaire assistée ( avec cellules indifférenciées ombilicales), des dents, mais malheureusement pour l’instant sans « émail », on est donc obligé de les recouvrir de céramique.
    nota : ma suggestion des implants à base de titane poreux « céramisé » qui donneraient certainement de très bon résultats (hormis un coût qui commence à être presque prohibitif, uniquement donc pour gens plus qu’aisés)


    • Estelle Vereeck 15 octobre 2009 16:37

      Les travaux sur la régénération cellulaire par cellules souches ne permet pas pour le moment d’obtenir des dents. On ne peut pour le moment que régénérer la dentine :



    • Estelle Vereeck 15 octobre 2009 16:40

      La repousse des dents se limite à la dentine : faire repousser les dents


      Il vaut mieux éviter le titane, quelle que soit sa forme car il existe mieux aujourd’hui.

    • zelectron zelectron 15 octobre 2009 16:56

      Il y a mieux aujourd’hui ? quoi donc ?


    • Estelle Vereeck 15 octobre 2009 20:23

      La zircone développée par le Pr Sandhaus pionnier dans ce domaine qui travaille depuis de nombreuses années à la biocompatibilité en médecine dentaire.


    • janequin 16 octobre 2009 07:35

      Êtes vous sûr que le zirconium, même sous forme de Zircone, ne présente paq les mêmes inconvénients que le titane ? Il fait en effet partie de la même famille de métaux (la même colonne de la classification), comme sont dans une autre famille le cuivre, l’argent et l’or.

      La grande différence de réactivité entre le titane et l’or provient de la passivation électrochimique du titane par la formation d’une couche d’oxyde de titane extrêmement résistante à la corrosion mécanique et aux acides et bases, tout en étant un réducteur possédant un potentiel redox bas pour le couple Ti4+/Ti, alors que le métal or est protégé par son potentiel rédox très élevé (Au3+/Au)

      Le potentiel redox du titane est.de -1,638, il est donc plus réducteur que le Zinc, et risque fort de’être solubilisé au contact des ligands qui existent dans la cavité buccodentaire, qui ne contient pas que de l’eau, loin de là.

      Donc, méfiance vis-à-vis d’un tel métal, qu’on pourrait comparer à l’aluminium d’une certaine manière.


    • Estelle Vereeck 16 octobre 2009 09:10

      La zircone, même si elle dérive d’un métal, n’en est pas un et n’a plus aucune des propriétés d’un métal ni les inconvénients.

      C’est le matériau le plus stable et le plus biocompatible existant actuellement.

      De plus, les résultats esthétiques sont bien supérieurs car avec le titane,un liseré noir subsiste au niveau de la gencive.

      À voir donc, pour le remplacement d’incisives latérales.

    • janequin 16 octobre 2009 09:33

      Oui, c’est l’oxyde de zirconium ZrO2, très semblable à l’oxyde de Titane TiO2. A priori, il ne doit pas présenter le caractère réducteur du titane métallique. Il est également très stable, avec une température de fusion très élevée.
      Mais il doit coûter sacrément cher, vu sa rareté relativement au rutile.


  • Francis, agnotologue JL 15 octobre 2009 14:12

    Bonjour Estelle Vereeck, merci pour ces infos. Que peut-on faire lorsqu’on a déjà un implant ? Au bout de combien d’années les implants risquent-ils de poser problème ? Y a-t-il des solutions pour y remédier ? Est-ce que les prothèses de hanche, genoux sont faits de titane ? Une prthèse et beaucoup plus conséquente en terme de quantité de métal qu’un implant. La quantité de métal est-elle un facteur déterminant ? Merci de vos réponses.


    • Estelle Vereeck 15 octobre 2009 16:44

      Que peut-on faire lorsqu’on a déjà un implant ? 


      Faire procéder à un test Melisa.

      Au bout de combien d’années les implants risquent-ils de poser problème ? C’est variable. Une allergie ou intolérance peut survenir à n’importe quel moment.

      Y a-t-il des solutions pour y remédier ? 
      Oui, la dépose.

      Est-ce que les prothèses de hanche, genoux sont faits de titane ?
      Certaines, oui. Devant les problèmes de nécrose osseuse rencontrés en raison de la toxicité du titane, les chirurgiens orthopédistes s’orientent vers d’autres matériaux.

      La quantité de métal est-elle un facteur déterminant ?
      Pas en ce qui concernent les phénomènes allergiques. On peut réagir à des traces (voir les personnes allergiques qui réagissent à des traces d’aliments : arachides…).


  • foufouille foufouille 15 octobre 2009 15:08

    trop cher pour moi, le test melissa
    je suppose que c’est valable aussi pour le materiel comme les clous ?


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 15 octobre 2009 16:37

    Comment  fermer la bouche si on implante un genou ?


  • thomthom 15 octobre 2009 21:11

    sympa comme article....
    moi qui vais un jour ou l’autre perdre mes deux incisives latérales supérieures qui sont complètement foutues, je découvre que j’aurais le choix entre garder deux énormes trous en façade de ma dentition (parce que bon, un bridge sur les dents de devant, je préfère oublier !) ou risquer un empoisonnement au titane !

    je croyais jusque que j’étais bon pour un méchant soulagement de mon compte en banque....

    snif !


    • Estelle Vereeck 16 octobre 2009 09:12

      La zircone, même si elle dérive d’un métal, n’en est pas un et n’a plus aucune des propriétés d’un métal ni les inconvénients.
      C’est le matériau le plus stable et le plus biocompatible existant actuellement.

      De plus, les résultats esthétiques sont bien supérieurs car avec le titane,un liseré noir subsiste au niveau de la gencive.

      À voir donc, pour le remplacement d’incisives latérales.

  • foufouille foufouille 15 octobre 2009 22:25

    j’ai eut un clou dans le femur et un cerclage autour de la rotule
    c’est fait en quoi ?
    ca peut declencher une neuropathie tomaculaire de type B ?
    ancienne designation : neuropathie hereditaire avec hypersensibilite a la pression


    • Estelle Vereeck 16 octobre 2009 09:13

      Je n’en sais rien. Posez la question à votre orthopédiste.

      Ce que je peux vous dire : les prothèses en titane génèrent des nécroses dites aseptiques dues à la toxicité des particules de titane pour les cellules osseuses.

  • zelectron zelectron 18 octobre 2009 20:42

    Chère Estelle,
    J’insiste, (ce n’est pas parce qu’un produit est à la mode que c’est le meilleur), la mousse de titane d’abord dorée puis céramisée ne fait l’objet d’aucunes études puisque c’est un concept que je livre à la discussion. La croissance osseuse dans et au dessus de l’implant peux être « amorcée » in vitro puis le pivot (contre torsadé) implanté dans la mâchoire du (pauvre cobaye) patient.


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