vendredi 23 octobre 2020 - par Thierry Gourvénec

La bouffée délirante collective de la covid-19

Quand, à l’échelle de la planète, on observe les décisions politiques prises en phase aiguë de la pandémie de covid-19 et celles imposées dans ses suites, puis qu’on les met en perspective, aussitôt une chose saute aux yeux : leurs incohérences. La masse de leurs incohérences et de leurs absurdités, la succession de non-sens qui semble ne pas avoir de fin.

Une masse d'une telle ampleur, que même favorable aux gouvernements au pouvoir il devient difficile, soumis à l’épreuve du constat de tant d’atteintes à la logique et au bon sens les plus élémentaires, de ne pas être envahi par la perplexité.

En France, en phase d’expansion de la pandémie, les tests et les masques étaient jugés inutiles, voire, pour ces derniers, nuisibles, quand ils ne nécessitaient pas des compétences si particulières pour les ajuster qu’elles dépassaient.... les compétences d’une ministre ! Par contre en été alors que la pandémie était terminée, le masque - aux mailles tissulaires de taille bien supérieure à celle du virus - n’était plus inutile et nocif, mais devenait au contraire, et paradoxalement... indispensable et obligatoire ! Y compris parfois en extérieur ! Et des amendes élevées étaient même prévues pour les récalcitrants ou les allergiques !

Les tests quant à eux, ayant subi la même curieuse destinée d' "inutiles" à "indispensables", continuent à être pratiqués en nombre croissant alors qu’ils sont parfaitement inutiles (si tant est qu'ils aient jamais été utiles : il faut tout de même savoir qu'ils sont avant tout des outils d'épidémiologistes, parfaitement inutiles, sauf exception, pour les médecins généralistes qui soignent les manifestations pathologiques de ce genre de virus grâce à la seule clinique. Et d'usage non seulement inadapté, mais encore très dangereux pour les enfants [1] [2]. Que sait-on par ailleurs du nombre d'accidents, inévitables sur le nombre, avec des écouvillons nasaux de 15 cm ? Dont on peut très légitimement s'interroger sur leur curieux usage nasal et non pas pharyngé, comme le fait à juste titre observer la généticienne Alexandra Henrion-Caude [3]. De plus on ne peut ignorer que "ces tests ne peuvent pas du tout détecter les virus infectieux libres (...) [mais seulement] identifier des séquences génétiques de virus" sans identité précise, ce que dénient les Décodeurs du Monde avec une mauvaise foi qu'on peut probablement qualifier de délirante. Et pas moins ignorer non plus que de nombreux lots d'écouvillons étaient préalablement contaminés [4]). Comme si cela ne suffisait pas, les résultats positifs, les fameux "cas" (dont la plupart ne le sont qu'en raison d'une sensibilité [amplification à 40 cycles] à ce point abusive qu'elle rendrait l'eau du robinet positive), sont transformés en malades et sont égrainés comme l’étaient les morts pendant la phase aiguë, réactivant la peur déstructurante.

Tout cela est absurde. Totalement incohérent. Ces décisions sont à ce point absurdes et incohérentes qu’issues de ministres, forcément non-dénués d’intelligence, elles forcent aux questionnements et suggestions les plus divers [5]. Pour certains observateurs de plus en plus nombreux une réponse s’impose : il y a forcément anguille sous roche, autrement dit un complot inavouable contre les peuples, provenant de l’industrie pharmaceutique ou d’autres horizons. Tandis que pour d’autres, n’excluant pas forcément maints aspects de la précédente hypothèse, cette affaire traduit avant tout un phénomène rare mais néanmoins bien réel : une bouffée délirante collective. Le mot "délire" étant à entendre dans le sens véritablement pathologique du terme.

 

 

C’est cette hypothèse que je vous propose d’explorer.

Pour qu’une bouffée délirante collective puisse se déclencher il faut des conditions particulières. Tout d’abord l’existence d’une angoisse persistante ou d’une peur intense confinant à la panique est indispensable. Ce fut le cas ici au su de ce qui se passait à Wuhan : un laboratoire P4, un confinement généralisé immédiat drastique, la construction de deux hôpitaux dont le premier de 1000 lits en 10 jours, auquel les autorités chinoises donnèrent un nom halluciné : « L’hôpital de la montagne du dieu du feu ».

Mais, élément apparemment aussi essentiel, du moins dans certains cas, cette angoisse puissante, cette peur panique doivent détenir des caractéristiques particulières pour acquérir la capacité de faire délirer un nombre important de personnes d’une même collectivité. De les faire brutalement entrer dans une néo-réalité dénuée de logique. Une terreur entretenue pourrait peut-être moins nécessiter de facteur archétypique.

Être associée par exemple à un très intense sentiment partagé de culpabilité (tel qu’on a pu l’observer dans la rumeur délirante, dite d'Orléans, de 1969). Ou encore renvoyer à des peurs archaïques du genre de celle ayant tétanisé une population entière, comme lors d’une épidémie particulièrement meurtrière par exemple (tous les épidémiologues et les infectiologues savent que la peste noire, de 1346 à 1353, décima quasiment la moitié de la population de l’Europe), ou encore à des paniques très récentes concernant précisément des épidémies à coronavirus (SARS et MERS). Mais aussi des épidémies inquiétantes (à tort) de grippe (H1N1 de 2009, aviaire, etc...), ou d'Escherichia Coli Entéro-Hémorragique comme en juin 2011. Il est plus que probable que la mémoire consciente et inconsciente de ces diverses épidémies, certaines réellement traumatisantes, d'autres faussement inquiétantes car manifestement manipulées, a joué un rôle dans l’appréhension et la gestion de la covid-19, en particulier par les épidémiologistes et les infectiologues.

Une fois que le germe du délire a imperceptiblement envahi une part significative d’un groupe - dans le cas présent des dirigeants politiques et des responsables de média, puis les journalistes - il va acquérir rapidement la capacité de contaminer une proportion toujours plus grande de personnes. Le délire fait tâche d’huile.

Rapidement on va voir apparaitre dans le groupe concerné des symptômes de délire : des troubles de la logique la plus élémentaire à l’origine d’incohérences et d’absurdités, des perturbations de certaines capacités cognitives, une imprévisibilité des comportements et des décisions, la présence de nombreux paradoxes, beaucoup d’irrationalité, des atteintes répétées au bon sens le mieux partagé ; tandis que l’intelligence, elle, recule, la peur affectant grandement la qualité des capacités de réflexion et de raisonnement dans le groupe. Un groupe dont la dimension va s’accroitre rapidement si la thématique du délire ne concerne pas que les membres du groupe d’origine, mais une population bien plus large. Ce qui est effectivement le cas dans une épidémie infectieuse.

Les modalités du délire sont telles qu’individuellement les gens happés par celui-ci ne présentent pas de troubles psychologiques particuliers dans leurs relations sociales tant que ne sont pas évoqués de manière précise le ou les thèmes délirants. Mais ceux-ci peuvent être à ce point prégnants dans le nouveau quotidien qu’ils peuvent en devenir obsédants. Aussi dès qu’ils sont abordés, des perturbations du comportement langagier, du raisonnement et du comportement général peuvent apparaitre. En fait la pensée de groupe n’étant plus rationnelle, la communication collective devient délirante, et les individus non maîtres de celle-ci vouée à une logique propre teintée par l’inconscient collectif, désormais prisonniers du délire, dans une adhésion inébranlable à celui-ci n’ont plus d’autre alternative que de s’en faire l’écho, et de le propager.

Une fois le délire installé, sa critique par les personnes happées par celui-ci s’avère impossibleLes appels à la Raison de tiers extérieurs au groupe délirant sont inopérants. Et cela d’autant plus que les interlocuteurs délirants ont un bagage intellectuel conséquent. Non seulement parce qu’il est malaisé de reconnaitre des erreurs de jugement, mais aussi, et surtout, parce qu’à ces personnes ayant une haute opinion d’elles-mêmes, il leur est absolument impossible d’admettre l’existence d’un processus pathologique qui s'imposerait à elles, et pour la raison supplémentaire que leur niveau d’intelligence est jugé par elles incompatible avec des absurdités que de toute façon leur état délirant les empêche de reconnaitre. Seule la part de la population moins investie dans une carrière intellectuelle ou à l’esprit critique affûté, se trouve avoir un accès plus aisé au bon sens tellement heurté par toutes les incohérences et autres absurdités. Cette population-là se retrouvera donc plus facilement réceptive aux appels à la raison. Tandis que l’élite identifiable comme telle ne sera sensible qu’aux rapports de force politiques ou scientifiques.

Dans le délire collectif en cours aujourd’hui la thématique délirante repose sur l’extrême dangerosité du virus. Dès le départ, en raison de la gestion chinoise très particulière et très anxiogène du début d’épidémie, cette dangerosité a semblé majeure, et cette conviction malgré de nombreux démentis est devenue inébranlable, contaminant des cercles toujours plus grands de population. Le fait qu’il s’agisse d’un coronavirus comme lors des épidémies de SRAS en 2003 et de MERS en 2012, de sinistre mémoire bien qu’elles se soient révélées de mortalité infime, a forcément joué un rôle considérable.

Le coronavirus, comme l’adénovirus et le rhinovirus, est un virus de rhume. Mais le SARS-Cov2 semble faire naitre un paradoxe « entre sa très grande innocuité pour l'immense majorité des gens et sa dangerosité extrême dans certains cas  »[6]. En fait il est dangereux essentiellement pour les personnes âgées en fin de vie. Et donc en réalité il est un paradoxe seulement en apparence, rendant néanmoins l’épidémie difficile à penser. Un paradoxe relatif si l’on songe que ce processus pathogène est celui de toutes les infections respiratoires, le nez - est-il utile de le rappeler ? - n’étant pas un organe vital, tandis que le poumon, lui, l’est. Et c'est pourquoi son atteinte par des agents infectieux quel qu’ils soient est potentiellement mortelle. Et avec une symptomatologie parfois bien plus impressionnante que dans la covid-19, comme lors de l’épidémie de grippe de Hong-Kong de 1968-69. Au cours de celle-ci quand les infectés développaient une pneumopathie, celle-ci était très souvent mortelle puisqu'elle se compliquait d'une hémorragie pulmonaire noyant les malades dans leur sang. Et pourtant cette grave épidémie à la complication effrayante n’a pas généré de panique. Et, en son absence, encore moins de bouffée délirante collective.

Au lieu du million de morts mondial dans son cas (31 000 en France), quel en aurait été son dramatique bilan si à l’époque on avait confiné les porteurs sains ?

 

Dr Thierry Gourvénec

Pédopsychiatre

 

 

Pour plus d'informations :

- Interview par Denis Robert sur Le Média, le14 juin 2020 : COVID-19 : LA PEUR A-T-ELLE DÉCLENCHÉ UN DÉLIRE COLLECTIF ?

 

- Coronavirus : un délire collectif ? | Mondialisation

- Covid-19 : De la difficulté à admettre l’existence d’un délire collectif

COVID-19 : opération psychologique

 

[5] : MESSAGE à M. Olivier VÉRAN, Ministre de la "Santé" de Jean-Dominique Michel - YouTube

[6] : Jean-Dominique Michel : Covid-19 : fin de partie ?! - Anthropo-logiques et Mars 2020 : la date où l’industrie pharmaceutique aura définitivement supplanté la médecine...

 



305 réactions


    • Patrick Samba Patrick Samba 26 octobre 2020 12:49

      @Francis
      Même s’il n’est pas le seul, on peut tout de même le dire...

      A moins qu’il soit à ce point manipulateur, que tout en ayant conscience qu’il a pris des décisions liberticides, il se convainc qu’elles sont nécessaires pour sauver la Liberté incarnée indéfectiblement par notre pays et le libéralisme.
      Mais la manipulation politique rendant le peuple fou reste pour moi un acte pathologique, fou.


    • Patrick Samba Patrick Samba 26 octobre 2020 14:29

      @Patrick Samba
      Mais fou ou pas, il est très toxique et il doit donc lâcher les manettes et laisser le Président du Sénat s’en charger en attendant les élections un mois plus tard, comme en 1969 après la démission de De Gaulle.


  • Eric F Eric F 27 octobre 2020 18:40

    Il y a deux sortes de délires opposés dans cette affaire :

    -celui de l hypercatastrophisme apocalyptique

    -mais aussi celui du déni

    Typiquement, le premier courre surtout dans les milieux « institutionnels », le second dans les milieux « réfractaires »


    • Ouam (Paria statutaire non vacciné) Ouam 27 octobre 2020 19:22

      @Eric F
      « -mais aussi celui du déni.. »

      Vu que tu cause déni, c’estr plutot celui de nos libertées individuelles qui est en train de sombrer du d’un coté à l’incurie de ce gvt d’icapables et de l’autre de l’allégeance à cet islamisme rampant qui de l’autre grignotera le reste de nos libertés...
       
      J’ai l’impression d’entendre en ce moment une tres vieille chanson « le France » de Sardou , sauf que ici ce n’est plus le paquebot mais le territoire France (sigh...)
      Qui n’a jamais été aussi juste...


    • Eric F Eric F 28 octobre 2020 11:33

      @Ouam
      Dans mon commentaire précédent, je parlais spécifiquement de la question de l’épidémie de covid, et dans ce cadre je mentionnais le déni de l’existence même de cette épidémie par certains courants « réfractaires » (prenant le contrepied de tout ce qui est officiel).

      Concernant l’emprise de l’islamisme, il est exact qu’il y a eu également une forme de déni, et dans ce cas il a été du côté du courant « institutionnel » (partis de gouvernement, grands média, intelligentsia..).

      Il me parait en effet que le « clivage » qui structure l’opinion publique n’est désormais plus tant de type gauche/droite, mais plutôt « institutionnels »/« réfractaires », un peu comme aux USA. Le mouvement « gilets jaunes » ou encore les tensions « Province/Paris » relèvent de ce clivage.


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