mercredi 21 septembre 2011 - par Xtf17

Les cigarettes radioactives

La composition chimique du tabac est très complexe. Son analyse peut concerner la plante fraîche ou séchée, de même que le tabac de la cigarette et ses additifs. Cependant, si la chimie du tabac est examinée sous l'angle de la dépendance, c'est l'analyse de ce à quoi le fumeur est exposé qui importe et c'est donc à la chimie de la fumée de cigarette qu'il convient de s'intéresser. Or depuis les années 1960 on sait que l'on y trouve par exemple du polonium 210 à des doses non négligeables. Revue.

Composition chimique du tabac

La fumée de cigarette peut être définie comme un aérosol dynamique en mouvement constitué d'une phase gazeuse et d'une phase particulaire.

Le filtre en fibre de verre à travers lequel passe la fumée principale retient une partie de la phase particulaire qui correspond, après soustraction de l'eau qu'elle contient, au taux de goudron. À partir de ce goudron, il est possible de doser la nicotine présente dans la phase particulaire qui contient un grand nombre de substances auxquelles le fumeur s'expose. Il convient de noter que parmi les milliers de substances identifiées, seules quelques dizaines sont présentes à des doses toxicologiquement ou pharmacologiquement actives et sont donc à prendre en considération dans le contexte de la dépendance.

De même, la phase gazeuse peut être analysée. La composition chimique de la fumée de cigarette comporte des éléments constants présents à des teneurs variables en fonction du type de tabac, du type de cigarette, de la présence d'additifs et de la manière de fumer. Les additifs servent comme adjuvants de fabrication ou de combustion, agents d'humidification ou d'aromatisation.

Il a souvent été avancé que les cigarettes contenaient des agents susceptibles d'accroître la dépendance au tabac en augmentant l'absorption de la nicotine. Cette hypothèse n'a toujours pas été validée, et même s'il est démontré que la nicotine est l'agent responsable de la dépendance, on ne sait pas si les substances incriminées dans la potentialisation de ses effets sont présentes à des doses suffisantes pour entraîner l'effet supposé.

Les données bibliographiques relatives à la fumée de cigarette découlent d'études réalisées avec la machine à fumer dans les conditions définies par les normes ISO 4387, ISO 10315, ISO 10362-2, ISO 8454. Ce test est utilisé pour déterminer les quantités de goudron, de nicotine et de monoxyde de carbone obtenues dans des conditions standardisées et qui figureront sur les paquets de cigarettes, en application de la directive européenne relative à
l'étiquetage des produits du tabac.


Chimie de la fumée principale de cigarette

La chimie de la fumée de cigarette a été essentiellement étudiée à partir des produits isolés lors des tests de fumage réalisés selon les normes de l'ISO. La machine utilisée pour ces tests tire, une fois par minute, une bouffée d'une durée de 2 secondes et d'un volume de 35 ml ; elle laisse un mégot de 23 mm (lorsque le filtre est long, le fumage est arrêté à 3 mm de la manchette).

Et que trouve-t'on dans cette fumée ?

On y trouve entre autres en phase particulaire : des métaux lourds (plomb, mercure, cadmium, polonium 210, strontium), divers terpènes, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, divers phénols et catéchols, des acides gras, des benzofuranes, des dérivés nitrosamines, indoliques, quinoliniques, pyrazines dont la nicotine. Les alcaloïdes en représentent 6%, les pigments 3%.

En phase vapeur on y trouve le monoxyde de carbone, divers alcanes, alcènes, hydrocarbures, alcools volatils (méthane, isoprène, benzène, méthanol…), de l’acide cyanhydrique, des amines aliphatiques volatiles…

Au total ce sont plus de 4 000 substances toxiques, dont 50 reconnues cancérigènes.

Les agents potentiellement responsables des principaux troubles associés au tabagisme ont été répertoriés :
- Dépendance tabagique : nicotine, alcaloïdes mineurs, agents d’aromatisation.
- Maladies cardiovasculaires : monoxyde de carbone, oxydes d’azote, acide cyanhydrique HCN, goudrons, métaux lourds cadmium, zinc… présents dans les feuilles de tabac (nous y reviendrons plus loin).
- Maladies obstructives chroniques du poumon : HCN, aldéhydes volatiles, NOx, CO, goudrons.
- Cancers du poumon et du larynx : hydrocarbures polynucléaires aromatiques HPA, 4-(méthylnitrosamine)-1-(3-pyridyl)-1-butanone NNK, polonium 210 radioactif (émetteur alpha, demi-vie 139 jours), formaldéhyde, acétaldéhyde, butadiène, cadmium, nickel, chrome.
- Cancers de la cavité orale : NNK, N’-nitroso-nornicotine NNN, HPA.
- Cancers de l’oesophage : NNN.
- Cancers urinaires : 4-aminobiphényl, 2-naphthylamine et autres amines aromatiques.
- Cancer du pancréas : NNK, 4-(méthylnitrosamine)-1-(3-pyridyl)-1-butanol NNAL.

Quelque part, rien de surprenant à ce que tous les produits résultants de la combustion du tabac, ainsi que les substances actives déjà présentes dans la plante se retrouvent dans la fumée. Mais ce qui m'a le plus surpris est la présence de métaux lourds, et notamment de polonium radioactif !!!

Vous savez, le polonium de l'affaire Litvinenko, celui utilisé par les Russes pour éliminé les opposants ! Quelques microgrammes sont fatals, un million de fois plus toxique que le cyanure (Note CRIIRAD N°06-92 / Polonium 210 / Affaire Litvinenko).

Vous allez vous demander comment des métaux lourds en notamment du polonium 210 radioactif se retrouve dans le tabac ? Y est-il rajouté ? Malheureusement non ce serait trop simple, car il est tenu pour responsable de cancers du poumon dû au tabac. La fumée inhalée par les fumeurs contient une proportion infime mais déjà dangereuse de polonium.

Sa présence dans le tabac remonte au début du 20e siècle, les fumeurs d’avant en étant épargnés, du fait de l'utilisation massive d'engrais à base de phosphate de calcium (apatites) dans les nouvelles techniques d’agriculture. Or le minerai de phosphate de calcium est extrait de roches à forte teneur en 210Po, tout simplement.

Ainsi la fumée inhalée par les fumeurs contient une proportion infime (de l'ordre de moins d'un micro Sv) mais déjà dangereuse de polonium. J. Marmonstein, « Lung cancer : is the increasing incidence due to radioactive polonium in cigarettes ? », 1986 On estime qu'1 % des cancers du poumon aux États-Unis sont causés par le polonium-210 (Radford E., "Radioactivity in cigarette smoke", N Engl J Med (1982), 307(23):1449–1450).

A la suite de la découverte du polonium dans la fumée de cigarettes au début des années 1960 (Radford EP Jr, Hunt VR, "Polonium 210 : a volatile radioelement in cigarettes", Science (1964) Jan 17 ;143:247-9" et Kelley TF, "Polonium 210 content of mainstream cigarette smoke", Science (1965) Jul 30 ;149:537-8), les grands fabricants américains se sont penchés sur des méthodes susceptibles de réduire les quantités présentes, allant dans le cas de Philip Morris jusqu'à développer le premier laboratoire capable de mesurer de façon fiable les doses libérées. En dépit de résultats internes favorables indiquant que la présence de polonium était deux à trois fois inférieure aux premières estimations (Martell E., "Radioactivity of tobacco trichomes and insoluble cigarette smoke particles", Nature (1974) 249:215–217), la décision fut prise par les avocats de la compagnie de ne pas publier cette information, le risque en termes de relations publiques et de procès étant perçu comme très supérieur aux bénéfices d'une telle annonce (Seligman R., Philip Morris. January 18, 1990. Bates no. 100372 5602. R. Seligman, « America’s electric energy companies’ad »).

En outre, les diverses tentatives menées par les compagnies pour diminuer la présence du polonium dans les plants se révélaient insatisfaisantes (Philip Morris, « Radiochemistry polonium », 15 avril 1977 ; W. Gannon, « 210Po Manuscript », 30 mai 1978 ; Monique E. Muggli, Jon O. Ebbert, Channing Robertson, et Richard D. Hurt, « Waking a Sleeping Giant : The Tobacco Industry’s Response to the Polonium-210 Issue », American Journal of Public Health 98(9):1643-1650). Communiquer sur ce sujet risquait, selon ces responsables, de "réveiller un géant endormi" en générant une nouvelle controverse (P. Eichorn, « note manuscrite », 2 juin 1978).

Additifs du tabac

Les additifs du tabac sont assez nombreux ; ils figurent généralement sur des listes limitatives quant à l'autorisation de leur usage. Ces produits sont acceptés sur la base de leur toxicité propre (avant combustion) et non sur la base de leur toxicité après pyrolyse. L'application de la nouvelle directive européenne relative à l'étiquetage des produits du
tabac devrait remédier à cet état de fait.

Une étude de fumage réalisée à partir de cigarettes supplémentées avec des mélanges couvrant 333 additifs met en évidence l'impact de ces additifs sur la phase particulaire, qui s'en trouve généralement augmentée. Certains mélanges d'additifs semblent avoir un impact net sur l'augmentation de certains toxiques de la phase particulaire de la fumée de
cigarette. Concernant l'effet des additifs sur le renforcement de l'addiction, les hypothèses relatives sont loin d'être validées, particulièrement si l'on prend en compte les niveaux d'additifs réellement présents.

Différentes catégories de substances sont utilisées comme additifs : les humectants, les aromatisants et les agents de combustion.
- Humectants : Ils peuvent représenter environ 5 % du poids de la cigarette. Ce sont par exemple le glycérol, dont la pyrolyse le transforme en acroléine ; le propylène-glycol et le diéthylène-glycol intervenant dans la formation de l’acétaldéhyde ; ou encore le sorbitol.
-Aromatisants : Terpènes, eugénol (essence du clou de girofle), miel, dérivés pyrroles et pyrazines, ce sont aussi le menthol, très utilisé dans les cigarettes afro-américaines, et qui apparaît comme un candidat sérieux en tant qu’agent susceptible de favoriser l’accoutumance. Le cacao est un additif célèbre, et est incriminé depuis 1999 d’accroître l’addiction à la nicotine en augmentant son absorption par voie pulmonaire du fait de la présence de théobromine. Cet argument est aujourd’hui encore discuté car les doses actives sont relativement élevées comparées aux doses présentes dans la cigarette. La
réglisse est aussi utilisée, et contient un triterpène (glycyrrhizine) aux propriétés de type corticoïde bronchodilatateur mais qui semble dégradé par pyrolyse. L’acide lévulinique améliorerait l’acceptabilité gustative de la nicotine. Les sucres sont généralement ajoutés en associant avec l’ammoniaque pour conduire à des dérivés de la réaction de Maillard
bien connue en chimie alimentaire et donner des saveurs de caramel. Ils expliquent en partie la présence de dérivés furaniques et pyrroliques dans la fumée. L'ajout de sels d’ammonium, (hydroxyde, alginate, phosphate dibasique), outre leurs effets aromatisants, sont utilisés comme modificateur de pH. L'ammoniac gazeux se forme lui naturellement au
cours de la fermentation du tabac, de même que pendant la combustion de la cigarette, par décomposition des nombreuses substances azotées naturellement présentes dans le tabac (plus de 9 000 identifiées). L'ammoniac est donc un composant constant de la phase vapeur de la fumée de tabac. Toutefois, son taux de transfert dans la phase vapeur de
la fumée de cigarette reste faible. S'il se forme de l'ammoniac lors de la fermentation ou de la combustion du tabac, il se forme également de l'anhydride carbonique qui est acide et peut neutraliser aussi bien l'ammoniac que la nicotine libre.

Les cigares sont des présentations de tabac habituellement alcalines (pH entre 7 et 8). La mauvaise conservation des cigares est un phénomène connu ; de ce fait, les cigares font l'objet de conditionnements particuliers. La notion de pH des cigarettes est à utiliser avec prudence, puisque le pH n'a de signification qu‘en solution aqueuse convenablement diluée. Il s'agit en fait de pH de condensats de fumée en solution. L'alcalinité du tabac peut avoir un effet sur la teneur en nicotine libre ; toutefois, cette alcalinité peut également avoir un impact sur les 9 000 substances azotées présentes. La nicotine sous forme libre demeure très majoritairement (99 %) dans la phase particulaire ; son absorption se situe essentiellement au niveau buccal et est donc conditionnée par le pH au niveau des muqueuses. L’ammoniac permettrait ainsi l'inhalation de la fumée sans provoquer de toux et faciliterait l'absorption de la nicotine.

Le modèle actuel de l'addiction est fondé sur l'autotitration, c'est-à-dire que le fumeur adapte sa manière de fumer à la nicotinémie qu'il recherche, ce qui démontre, par ailleurs, le peu d'intérêt des cigarettes dites légères et de la limitation du taux de nicotine dans les cigarettes. L'impact de l'ammoniac sur l'addiction semble donc discutable aujourd'hui. L'ammoniac est bien sûr irritant et toxique pour le système respiratoire. Toutefois, avec ou sans ajout, il sera toujours présent dans la phase vapeur de la fumée de tabac. Les additifs ammoniacaux pourraient être utiles industriellement pour ajuster le pH après fermentation du tabac, et les sels ammoniacaux peuvent avoir un effet acidifiant selon la règle des sels (acide fort + base faible = acide faible). Si l'ammoniac était interdit, d'autre agents alcalinisants non azotés pourraient y être substitués par les fabricants, permettant d'obtenir le même effet sur la teneur en nicotine base tout en respectant la réglementation. Le débat autour de l'ammoniac et de ses effets addictifs n'est pas alimenté aujourd'hui par des données scientifiques solides.
- Agents de combustion :
Ce sont essentiellement les nitrates qui sont utilisés pour favoriser la combustion de la cigarette, ce qui est bénéfique car cela permet la destruction de certaines substances par pyrolyse. En favorisant une combustion plus complète, ils pourraient faire baisser le taux de monoxyde de carbone qui peut aussi être éliminé par ventilation de la cigarette. Les
nitrates sont aussi incriminés dans la formation des nitrosamines. Ces nitrosamines mutagènes et cancérogènes se forment principalement lors de la fermentation du tabac, avant mise en forme, par l'intermédiaire de bactéries nitrifiantes qui utilisent les nitrates comme substrat.

Composés majeurs de la fumée de cigarette et leurs effets physiologiques

Seul un petit nombre de substances est présent en quantité suffisante dans la fumée du tabac ou de la cigarette pour pouvoir entraîner un effet physiologique appréciable. Diverses substances entrant dans la composition de la fumée de cigarette sont susceptibles de participer aux effets du tabac sur l'organisme et certaines ont été incriminées dans la
dépendance. Outre la nicotine, c'est le cas des alcaloïdes secondaires issus du métabolisme de la nicotine (comme la cotinine et la nornicotine), de l'acétaldéhyde (principal métabolite de l'éthanol), des béta-carbolines (harmane, norharmane) ou encore d'inhibiteurs des monoamine oxydases (IMAO).
Les alcaloïdes sont des molécules organiques d'origine végétale de caractère alcalin, renfermant au moins une molécule d'azote salifiable. Ils dérivent des acides aminés et ont généralement des propriétés pharmacologiques puissantes.
- La nicotine est un alcaloïde comportant un noyau pyridine et un cycle N-méthyl-pyrrolidine. Elle est nommée d’après Jean Nicot (1530-1600) de Nîmes, qui était un ambassadeur de France à Lisbonne, et qui a introduit le tabac (surnommé l'herbe à Nicot) à la cour du roi de France. La nicotine, est un stimulant qui a, par ailleurs, un potentiel addictogène. En moyenne, la nicotine atteint le cerveau en sept secondes quand elle est inhalée sous forme de cigarette (elle agit plus vite que l'héroïne injectée). L'accoutumance du corps à la nicotine est très rapide : une consommation modérée de 4 à 5 cigarettes par jour peut suffire à entraîner une dépendance psychique et physique. La nicotine est un acétylcholinomimétique et a donc un effet sur tous les neurones porteurs de récepteurs nicotiniques à l'acétylcholine.
À petite dose, la nicotine a un effet stimulant. Elle provoque une augmentation de la pression sanguine et du rythme cardiaque, provoque une libération d'adrénaline et réduit l'appétit. À haute dose, elle provoque des nausées et vomissements puis la mort par paralysie respiratoire. La dose létale pour un rat est de 50 mg/kg, pour une souris de 3 mg/kg, pour un humain de 65 mg en moyenne. La nicotine est aussi un insecticide remarquable. La nicotine induit une dépendance physique et son arrêt brutal entraîne des symptômes de sevrage importants. Ces symptômes peuvent durer plusieurs années après la dernière mise en relation avec la nicotine bien que leur maximum se situe aux alentours de 2 à 3 jours. Au niveau du métabolisme de la nicotine, de grandes différences interethniques ont été mises en évidence : les Chinois vivant aux États-Unis métabolisent la nicotine plus lentement que les Américains d'origine européenne ou latino-américaine.
- La cotinine est présente en faible quantité dans la fumée de cigarette. Elle s'y forme par oxydation ménagée de la nicotine dont elle constitue le principal métabolite. Les principales propriétés pharmacologiques de la cotinine sont reconnues sur le système nerveux central (stimulant psychomoteur ; antidépresseur (commercialisée aux États-Unis sous le nom de Scotine®) ; action stimulante sur la libération de dopamine et de noradrénaline), sur le système cardiovasculaire (action artériorelaxante ; antagoniste des effets hypertensifs de la nicotine et de l'adrénaline de manière non compétitive ; ces effets cardiovasculaires n'ont pas été mis en évidence dans l'étude clinique de Benowitz de 1983 sur 28 volontaires sains), sur les systèmes enzymatiques (inhibition de la biosynthèse du cortisol) ; inhibition de la biosynthèse des oestrogènes) ; et pour d’autres effets (action sur la prise de poids différente selon le sexe chez l'animal).
- La nornicotine est un constituant du tabac et un métabolite de la nicotine, à la fois dans la plante et chez l'homme. En étudiant ses propriétés, des chercheurs ont mis en évidence des modifications anormales des protéines chez les fumeurs. De tels effets sont à même d'entraîner des maladies métaboliques. En effet, ces glycations anormales ont été associées au diabète, à l'athérosclérose, à la maladie d'Alzheimer et à certains cancers. La nornicotine demeure dans le sang plus longtemps que la nicotine ; le fumeur subit donc une exposition significative. Certains tabacs sont très riches en nornicotine.
- Hormis les gaz usuels dont les teneurs s'évaluent en mg par cigarette fumée, l'acétaldéhyde, dont la teneur peut atteindre 1,4 mg, est constamment présent dans la fumée de cigarette. L'acétaldéhyde est le principal métabolite de l'éthanol et sa présence à un niveau significatif dans la fumée de cigarette suggère un lien entre tabagisme et alcoolisme. Il est responsable de la transformation de certains des acides aminés en alcaloides ayant aussi des activités pharmacologiques amnésiantes, anxiogènes, convulsivantes à forte dose, voire hallucinogènes. (La réaction de l'acétaldéhyde sur la tryptamine ou le tryptophane s'appelle l'harmane (nom dérivé de l'harmel ou peganum harmala qui est une plante hallucinogène rencontrée dans le bassin méditerranéen et au Proche-Orient ; dans le cas du formaldéhyde, l'homologue correspondant s'appelle le norharmane). L'harmane et le norharmane ont été mis en évidence dans la fumée de cigarette par Carpenter et Poindexter (1962), avec une teneur de l'ordre de 10 à 20 μg par cigarette.

En conclusion, les études récentes s'intéressent beaucoup aux éléments cancérigènes et mutagènes de la fumée de cigarette, mais assez peu aux additifs en tant qu'éléments susceptibles de favoriser la dépendance. Pour que des substances puissent jouer un rôle dans la dépendance, il importe que le fumeur y soit exposé à une teneur suffisante.
Hormis la nicotine, la cotinine est le premier candidat, suivi par la nornicotine, l'acétaldéhyde et enfin les dérivés du harmane. Toutes les études existantes sont fragmentaires. L'effet des additifs sur la dépendance fait l'objet de beaucoup d'articles, mais aucun n'est réellement démonstratif et seul le menthol reste une piste intéressante. Les effets endocrinologiques du tabac et de sa fumée constituent également une voie potentielle : en effet, l'inhibition de la biosynthèse de plusieurs hormones stéroïdiennes par inhibition enzymatique (qui n'a été que partiellement explorée et par des outils méthodologiques déjà anciens) permet d'ouvrir d'autres voies d'investigation dans le domaine de l'addiction et des différences liées aux sexe. Il est connu également que les hormones stéroïdiennes agissent au niveau de la transcription de l'ADN et, de ce fait, commandent la biosynthèse de certains récepteurs, cholinergiques en particulier. Les voies du métabolisme et de la pharmacocinétique de la nicotine apparaissent désormais bien établies, notamment du fait qu'elles ont bénéficié d'études de développement de spécialités pharmaceutiques contenant de la nicotine. Toutefois, les effets pharmacologiques des métabolites demeurent mal connus, en particulier quant à leur influence potentielle sur la dépendance tabagique.


Ouvrage de référence : « Tabac : Comprendre la Dépendance pour Agir » Expertise collective
Inserm © Les Editions INSERM, 2004



27 réactions


  • foufouille foufouille 21 septembre 2011 12:00

    pas besoin de clope
    suffit de faire un footing en ville
    le tabac sans additifs existe aussi


  • cevennevive cevennevive 21 septembre 2011 14:07

    Oui Foufouille, un footing en ville à l’heure de pointe fait, j’en suis sûre, plus de mal qu’une cigarette après le repas !

    Quant au tabac sans additif, oui, il existe... Si l’on permet au fumeur d’en planter dans son potager ! Mon père plantait son propre tabac qu’il faisait sécher, et qu’il coupait soigneusement le soir à la veillée.

    Il en est de même pour tout produit aujourd’hui. On n’est sûr de sa pureté que si on le produit soi même...

    Tout de même, analyse complète de la fumée du tabac qui a demandé beaucoup de travail à l’auteur ! Pourquoi n’en est-il pas de même pour le Coca Cola par exemple, ou les gâteaux à l’huile de palme, ou les desserts lactés et sucrés avec n’importe quoi, ou tout simplement l’air des villes ?

    Merci tout de même à l’auteur de l’article. Je voudrais de telles analyses pour tout ce qui est consommable aujourd’hui. Peut-être aurait-on des surprises de taille...

    Cordialement.


    • foufouille foufouille 21 septembre 2011 15:38

      le footing a paris, ca donne les memes poumons qu’un grand fumeur
      fleur du pays est sans additifs


    • Xtf17 xtf17 21 septembre 2011 17:31

      @ cevennevive
      Merci !
      Bonne question pour d’autres produits de consommation courante. Je regarderai ce que je peux trouver, mais les secrets industriels ne sont pas tous percés. A suivre.


  • laluciole laluciole 21 septembre 2011 15:55

    Le sujet de l’article étant les clopes radioactives, il est peut-être bon de faire remarquer que le tabac sans additifs ne garantit nullement l’emploi d’engrais exempt de radionucléides...


  • laluciole laluciole 21 septembre 2011 16:01

    Puisque la fumée de cigarette est destinée à pénétrer l’organisme, je me demande pourquoi le tabac (sa fumée) n’est pas soumis à des exigences sanitaires semblables à celles appliquées aux produits alimentaires... 


  • krolik krolik 21 septembre 2011 16:25

    L’apport du polonium dans le tabac est un peu plus compliqué qu’il n’a été expliqué.

    Le polonium se trouve dans la chaîne de décroissance de l’uranium.

    Il y a de l’uranium de partout et spécialement dans les phosphates marocains.

    En mettant de l’engrais phosphaté dans les terrains où l’on fait pousser le tabac.. et bien l’uranium décroît aussi ici.

    Dans la décroissance il y a un gaz qui se dégage, le radon, gaz très lourd, durée de vie courte (3,5 jours) qui donc s’élève très peu, pas à plus de 4 mètres du sol, ce qui englobe le tabac.

    Et le radon continue sa décroissance sous forme de polonium 210 qui vient se déposer sur les feuilles. ce n’est pas du polonium qui remonterait par la sève de la plante, c’est une pluie très fine d’aérosol.

    Ce phénomène se produit de partout, sur les salades... etc.. mais les salades on les lave, alors que le tabac on ne le lave pas on le fait simplement sécher. !! C’est là le problème.

    Le polonium a une durée de demi-vie de l’ordre de 100 jours, pour qu’il n’y ait plus de polonium et qu’il se soit transformé en plomb stable, il faut compter une dizaine de demi-vies, un millier de jours, soit trois ans en gros.

    D’où l’intérêt d’avoir une cave à cigare humidifiée.

    mais mesurer l’activité du polonium est très difficile, c’est un émetteur alpha, et ça ce n’est pas facile, les alpha sont arrêtés par n’importe quoi.. sauf que dans les poumons les alphas ne sont arrêtés par rien du tout.

    Sur n’importe quel terrain on a au moins 5000Bq/m2.

    Donc une première règle de radioprotection c’est de faire laver les mains des enfants qui ont touché la terre avant de passer à table.. Et puis laver ses légumes.. !!!

    @+


    • cevennevive cevennevive 21 septembre 2011 16:33

      Merci Krolik pour ces précisions.

      Mais alors, ne pourrait-on pas laver les feuilles de tabac avant de les faire sécher ? Moi, lorsque je fais sécher des herbes pour la cuisine ou pour les tisanes d’hiver, je les lave, je les essore, puis les fais sécher... De même pour les champignons, les fruits de la forêt, etc.

      Bien sûr, vous riez... Vous avez raison, j’imagine mal les manufactures de tabac laver les feuilles avant de les faire sécher...


    • Xtf17 xtf17 21 septembre 2011 17:29

      Merci Krolik, pour ces compléments très intéressants.
      J’ajouterais juste en effet que dans les poumons les particules de polonium initialement dans la fumée se retrouvent piégées par les goudrons déposés sur les parois, où elles font tranquillement leur oeuvre... Presque de la radiothérapie ciblée si ce n’était si grave...


  • joletaxi 21 septembre 2011 17:59

    @Mr. Krolik,


    c’est quoi cet enfumage ?

    Tout le monde sait que ce sont des retombées de Tcherno, et maintenant de Fuku,des expériences maléfiques de Mme Curie,de Hiroshima , de... la liste est longue.

    C’est tout ce que l’on doit savoir.
    D’ailleurs le Pacifique est mort pour mille ans,merci Tepco.
    Ah ces serviteurs fidèles du nucléaire,c’est que l’on finirait par les croire.

    PS:comment allez-vous ?
    Vous nous avez bien laissé tomber pour tenter de clarifier un peu ce qui pouvait l’être dans ce barnum antinuc.


    • krolik krolik 21 septembre 2011 21:10

      oh, j’ai vu que vous vous en tiriez très bien lors des happenings antinucs organisés sur AV.

      Et puis, plus les antinucs qui n’y connaissent rien font des discours à n’en plus finir, plus ils combattent l’idée qu’ils voudraient défendre, alors autant regarder passer..

      @+


  • ali8 21 septembre 2011 18:01

    ne savez vous pas que c’est Montézuma qui fît connaître le tabac aux espagnols pour venger son peuple ???

    le tabac tue tous les jours après d’atroces douleurs : cancer de la gorge, des lèvres des gencives des poumons.....ect

    fumez, fumez, les Aztèques seront vengés


  • joletaxi 21 septembre 2011 18:05

    @ cevennevive


    Analyser toute notre nourriture est certes une bonne idée, mais qui peut réserver des surprise :


    Tout le monde rigole avec ce bon JP Koff quand il est aimable avec ses carottes, mais la sciences nous indique que c’est une mesure de sécurité avant même de convivialité.

  • krolik krolik 21 septembre 2011 18:21

    Pour vous donner une idée de la toxicité comparée de trois isotopes célèbres..

    Pour se prendre 1mSv, on peut inhaler 800Bq de polonium ou avaler 78000Bq du fameux césium 137... Ou alors inhaler 4000Bq de plutonium 239..

    Mais le polonium 210 inhalé c’est ce qu’il y a de plus radiotoxique .. et en sus c’est naturel !!

    Et se rappeler que l’on vit au sol sur au moins 5000Bq/m2 de polonium 210

    Les valeurs comparatives sont issues de la directive radioprotection publiée au JO de l’UE le 29 juin 1996.

    @+


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 21 septembre 2011 21:34

    Bonjour,

    j’ai du arrêter de fumer pour raisons de santé suite à une pleurésie ayant pour cause l’amiante. j’ai effectivement arrêté le tabac, mais ne renonce pas à une feuille de tilleul, le soir, ramassée sous mon banc et fumée dans ma pipe. L’économie substantielle est de quarante euros par mois


    • krolik krolik 21 septembre 2011 22:13

      Mais vous devriez monter sur l’arbre à plus de 4 mètres pour récupérer votre feuille de tilleul ;, ou alors lavez votre feuille si vous la ramassez, sinon vous retombez dans le même travers des feuilles de tabac avec le polonium.

      Le tout est de savoir si l’on veut chasser le becquerel...

      @+


  • Hijack Hijack 21 septembre 2011 22:47

    Je ne fume plus depuis 2 ans 1/2 grâce à la cigarette électronique et l’aide de l’acupuncture les premiers jours ... après avoir été gros fumeur de brunes !

    Mieux, j’arrive la grosse majorité du temps à oublier même l’électronique. Liberté retrouvée.


  • Serpico Serpico 22 septembre 2011 00:29

    L’auteur nous fait du Soldat Schveik.

    Encore et encore la nocivité de la cigarette, ce qu’on y trouve et ce qu’on y découvre tous les jours !

    Ça doit occuper des chercheurs, cette cigarette, rien que pour la mousse.

    Du polonium, 4000 substances, et puis quoi encore ?

    Bientôt un article sur « Comment fabriquer une mini-bombe atomique avec 10 paquets de cigarettes ».

    On le sait que la cigarette est nocive. Pas la peine de rajouter des tonnes de couches de « culture » tabagique.


    • Xtf17 xtf17 22 septembre 2011 06:56

      Pourquoi cette suffisance face au savoir ?
      Lisez ou relisez de Jean-Francois Revel : « La Connaissance Inutile », qui pose la question « notre civilisation est-elle viable si elle refuse de se servir de la connaissance ? ».
      Un homme averti en vaut toujours deux parait-il...


    • joletaxi 22 septembre 2011 09:24

      @ l’auteur


      à propos de savoir... faire des bulles, avez-vous une appréciation sur la dernière suggestion que je faisais l’autre jour ?

      Et d’autre part, avez-vous une conviction sur la petite expérience (et les suivantes) de Spencer ?
      J’avoue que je reste perplexe.

      Bien à vous

    • Serpico Serpico 22 septembre 2011 16:01

      xtf17 « Pourquoi cette suffisance face au savoir ? »

      ****************

      Malhonnête. Réponse très malhonnête.

      Je ne m’en prends pas au savoir mais à la lourde insistance.

      C’est uniquement pour dire que le tabac est nocif : tout le monde en est convaincu. A 100%.

      Même les grands fumeurs comme moi.


  • Gérard JOYON Gérard JOYON 22 septembre 2011 14:08

     KROLICK écrit:sauf que dans les poumons les alphas ne sont arrêtés par rien du tout.
    Tiens, bravo KROLICK. !
    Pour une fois on est d’accord.
    Alors , toi, vous..... que j’ai croisé ,connu (PLUTON 1973), vous apportez un peu d’eau à notre moulin.
    Car, lorsqu’on lit dans des conclusions de tribunaux qu’il n’y avait pas d’Alphas à MORUROA de ce fait ,que les poumons ne risquaient rien.. ?.(Tpmi NIMES 2010).
    Intéressant votre remarque, Henri .Plus que juste.
    Parce que ,sans fumer ?........ on en a pris pas mal au Pacifique !
    Sur les atolls et même à TAHITI, matériel non décontaminé.
    Je ne suis pas un « antinuc » borné.
    Mais j’ai du mal à accepter le déni de gens, qui s’appuyant sur vos thèses ,et celles de spécialistes de l’atome comme vous, nous jettent.
    Refusant de reconnaître la vérité.
    Vous êtes un spécialiste , mais j’aurais aimé Henri, vous voir plus,pour expliquer
    FUKUSHIMA.
    Là, vous n’avez pas trop montré le bout de votre nez .

    Un ancien qui vous a croisé un jour,
    à l’époque où je croyais encore que tout était propre chez nous, même votre PLUTON.
    Un ancien des essais nucléaires , un ancien de ..« quand on avait vingt ans à trente ans », sur le plateau de « Dragui » à Comps ou à TAHITI.
    Un ancien qui n’aime pas les Saint BILLAUD de la négation.

    Gérard JOYON Sous officier à Canjuers et au Pacifique.


  • david333 28 janvier 2014 21:11

    La cigarette a été étudié pour ca ! Faire devenir les gens accro physiquement et physiquement ! Je conseille vraiment a tous de ce mettre a la cigarette electronique. Ou plutot de s en servire pour arreter de fumer. 


  • Claude 31 janvier 2014 18:10

    Je suis entierement d accord, et plein de personne en parle dans leur article sur la cigarette electronique.


  • Raul 1er février 2014 11:53

    Pareil !!! Les cigarettes electroniques doivent servir d outils pour couper court au tabac, cela a assez durée !!


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