mercredi 8 août 2007 - par Fontaine Jean-Louis

Les handicaps : de la garden-party à l’oubli !

Les personnes en situation de handicap sont encore oubliées.

Il n’est pas envisagé, apparemment, qu’elles soient exonérées de « la franchise ». Les femmes enceintes le seront, ainsi que les bénéficiaires de la CMU, ce qui est normal.

Ce qui l’est moins c’est que les personnes handicapées percevant pour la majorité d’entre elles l’Allocation adulte handicapé (AAH), soit 621,27 euros, ont 15 euros de trop pour avoir droit à la CMU. Les conséquences en sont très inquiétantes, ces personnes devant, la plupart, cotiser à une assurance complémentaire afin de prévoir une prise en charge intégrale de leurs soins.

Soupçonnerait-on ces citoyens d’abuser de la Sécurité sociale ? Par maladie ou accident, ce sont des accidentés de la vie, citoyens ordinaires, victimes de leur diversité ; le nombre impressionnant de pathologies très différentes fait qu’il existe beaucoup d’associations pour les défendre, chacune dans « son domaine » (qu’il s’agisse du handicap mental, physique, sensoriel ou psychique) . Il est donc difficile aux personnes handicapées de revendiquer « d’une seule voix » pour leur situation, ce qui arrange bien les autorités, quelles qu’elles soient.

Seul le CDH (Collectif des démocrates handicapés), mouvement politique autonome, « essaye de rendre la parole à ceux qui ne l’ont jamais » et de promouvoir le handicap dans l’arène politique. Ce n’est pas une mince affaire.

Lors des dernières campagnes électorales, chacun a pu remarquer combien cette frange de la population intéressait peu les candidats ; il s’agit pourtant de la plus importante minorité dans le pays.

Il a été remarqué que le candidat N. Sarkozy avait écrit dans son programme : « Je considère que l’Allocation adulte handicapé ne permet pas de vivre décemment, elle n’atteint même pas le seuil de pauvreté et, au nom de la solidarité la plus élémentaire, je propose d’en revaloriser le montant de 25 % ». Et de proposer d’en porter le montant à 800 euros.

Quelle ne fut pas la déception quand les titulaires de l’AAH, comme d’autres, furent exclus des traditionnelles revalorisations du 1er juillet. Jusqu’au mois de décembre, au moins, cela restera 621, 27 euros !

Cependant le coût de l’électricité, les loyers, les laitages, le pain continuent d’augmenter. Le pouvoir d’achat des personnes les plus vulnérables continue de chuter lamentablement !

Etait-il indispensable de se donner bonne conscience en invitant une kyrielle de personnes en fauteuil roulant à la garden-party de l’Elysée le 14 juillet ? Les fins de mois n’en sont que plus amères.

La situation des personnes handicapées pouvant travailler est comparable : rien n’a encore été fait pour favoriser l’embauche de travailleurs handicapés, chez qui le taux de chômage est le triple du milieu dit « ordinaire ». La Fonction publique, avec moins de 4 % de travailleurs handicapés, est toujours « la lanterne rouge »

Si l’on fait un bilan de ce début de quinquennat, on se rend compte que jamais les personnes handicapées n’ont été aussi exclues. Elles sont oubliées pour les revenus, pour l’emploi. Et, chose nouvelle, elles sont menacées maintenant pour ce qui concerne l’accès aux soins.

Il y a non seulement « la franchise », mais aussi les affections de longue durée (ALD), pour lesquelles une commission est en train de réviser le fonctionnement. Le modèle français de protection sociale tend à devenir intéressant... quand on n’est pas malade, ce qui est un comble !

Enfin, pour conclure, on ne peut éluder la convergence du secteur du handicap et de celui de gérontologie prévu pour 2010. Il y a lieu de se demander comment cela va être géré par les départements. Ceux-ci sont « en premières lignes » dans les deux secteurs. Si on tient compte de ce qu’a décidé le président de la République, en n’augmentant pas la dotation de l’Etat, on imagine les inquiétudes des Conseils généraux.

Les handicaps ne sont pas encore pris en considération comme il devrait l’être : révélateurs de la qualité des rapports sociaux du pays. C’est pourtant N. Sarkozy qui a écrit : « J’ai toujours pensé que la société avait le devoir de garantir aux personnes handicapées les mêmes conditions d’existence qu’aux personnes valides et, à ces dernières, la chance de pouvoir apprécier le courage et la volonté des personnes handicapées ». Sachant que le « gouvernement parallèle » mis en place par le PS, pour faire des contre-propositions au gouvernement, n’a délégué personne au handicap, l’inquiétude des personnes concernées dans leur chair ainsi que des professionnels du domaine est justifiée.



10 réactions


  • Iceman75 Iceman75 8 août 2007 14:52

    Mais pourtant ces personnes handicapées à la Garden Party ? Que faisaient elles ?

    Encore une fois les handicapés se retrouvent les jouets de nos politiques prêts à les utiliser pour tirer une larme pour mieux les jeter ensuite.

    Je m’étonne toujours des accès déplorables faits aux fauteuils roulants dans tous les magasins et notamment les...pharmacies. Il y a tout juste un an seulement la bibliothèque de mon quartier installait une rampe. Aucun constructeur automobile européen n’a pensé lui même aux handicapés. Les japonais ont parfois des gammes spécialisés, non distribués en France, pour les personnes à mobilité réduite, véritable enjeu pour ce pays. A quand une prise de conscience d’autant qu’handicapé ne veut pas dire « fini »


  • La Taverne des Poètes 8 août 2007 15:10

    J’ajouterai deux points :

    - La Maison du handicap : L’Igas (l’Inspection générale des affaires sociales ) reconnaît la responsabilité de l’Etat dans les difficultés de mise en place des MDPH. Elle s’appuie pour dire cela sur des investigations approfondies dans quatre départements. Le bilan de MDPH est mauvais.

    - L’accès à la culture : La loi Dadvsi du 1er août 2006 qui prévoit une exception au bénéfice des personnes atteintes d’un handicap, afin de favoriser leur accès aux oeuvres. Un an après la promulgation de ce texte, la situation est au point mort par la faute d’un décret d’application qui ne vient pas.


  • claude claude 8 août 2007 21:54

    la revue du 14 juillet est terminée. on rangé les accessoires dans les placards pour les ressortir dès que ce sera nécessaire. au besoin, avant, on les dépoussièrera et leur donnera un petit coup de jeune !

    super nicolas semble avoir fait sienne cette superbe chanson de dalida et delon : paroles... paroles ... http://www.paroles.net/chansons/19732.htm

    A.Delon :
    - C’est étrange,/ je n’sais pas ce qui m’arrive ce soir,/ Je te regarde comme pour la première fois.//

    Dalida :
    - Encore des mots toujours des mots/ les mêmes mots//

    - Je n’sais plus comment te dire,//

    - Rien que des mots//

    - Mais tu es cette belle histoire d’amour.../ que je ne cesserai jamais de lire.//

    - Des mots faciles des mots fragiles/ C’était trop beau//

    - Tu es d’hier et de demain//

    - Bien trop beau//

    - De toujours ma seule vérité.//

    - Mais c’est fini le temps des rêves/ Les souvenirs se fanent aussi/ quand on les oublie//

    - Tu es comme le vent qui fait chanter les violons/ et emporte au loin le parfum des roses.//

    - Caramels, bonbons et chocolats// Merci, pas pour moi/ Mais tu peux bien les offrir à une autre/ qui aime le vent et le parfum des roses/ Moi, les mots tendres enrobés de douceur/ se posent sur ma bouche mais jamais sur mon cœur//

    - Une parole encore.//

    - Parole, parole, parole//

    - Ecoute-moi.//

    - Parole, parole, parole//

    - Je t’en prie.//

    - Parole, parole, parole//

    - Je te jure.//

    - Parole, parole, parole, parole, parole encore des paroles que tu sèmes au vent//

    - Par moments, je ne te comprends pas./

    - Comme j’aimerais que tu me comprennes./

    - Rien que des mots/

    - Que tu m’écoutes au moins une fois./

    - Des mots magiques des mots tactiques/ qui sonnent faux//

    - Tu es mon rêve défendu.//

    - Oui, tellement faux//

    - Mon seul tourment et mon unique espérance.//

    - Rien ne t’arrête quand tu commences/ Si tu savais comme j’ai envie/ d’un peu de silence//

    (...)


  • Rage Rage 9 août 2007 12:32

    Bonjour,

    Une réponse à votre dépit, fort prévisible suite à l’élection présidentielle :

    Derrière les grandes paroles, il y a les actes. Dans les actes, il y a eu la « fameuse » loi Handicap du 11 février 2005, loi sympathique à la lecture mais totalement fusillée à la racine car non dotée, ni de pilotes, ni de financements.

    Je travaille moi même sur le Schéma d’Accessibilité Transports de ma Région :
    - Les décrets d’application, on les attend toujours
    - La définition d’un pilote coordonnateur (Région étant le plus crédible à ce titre) n’est pas à l’ordre du jour
    - Les modes de financements ne sont pas prononcés et encore moins mis à plat.

    Bilan :
    - La mise en accessibilité d’ici à 2015 dépendra bien plus des évolutions technologiques et des petites « phrases » en fin de cahier des charges.
    - Cette mise en accessibilité se fera suivant les volontés locales : la loi ne définit rien du suffisamment concret pour agir... dommage.


  • Iceman75 Iceman75 9 août 2007 14:44

    Une exemple : à Paris, quel est le pourcentage de bus disposant d’une plateforme mobile pour l’accès handicapé ? si les gares ont facilité parfois l’accès aux personnes handicapés, qu’en est il des trains ? Accès au wagon impossible sans accompagnement, pas de place pour le fauteuil, pas de braille sur les inscriptions, etc...


  • Bérenger 10 août 2007 12:19

    N’oublions pas les restrictions imposées aux « bénéficiaires » de l’AAH par les CAF (Commissariat au Flicage des Familles), organisme payeur : l’aumône mensuelle de 610 euros et des poussières est délivrée « sous condition de ressources », ce qui interdit à la personne handicapée de mener une vie de couple, et a fortiori une vie de famille, sous peine de voir ladite aumône révisée à la baisse au prorata du revenu déclaré de son conjoint éventuel. En France, on appelle ça un barême. Ailleurs, on parlerait de discrimination ou d’apartheid. Et essayez donc de saisir la HALDE à ce propos : ils vous répondront que c’est la loi et que c’est ainsi qu’elle doit être appliquée. Il n’y a pas discrimination, nonon, l’handicapé a parfaitement le droit de vivre avec quelqu’un, pourvu que ce quelqu’un soit aussi handicapé, ou à la rigueur Rmiste. Du moment que ça ne dépasse pas le barême de la CAF... qui par ailleurs, ne se gène pas pour dépécher un de ses barbouzes cégétistes au domicile du handicapé, en cas de doute sur la validité de sa déclaration annuelle. Vive la République des droits de l’Homme.


  • Le Chacal Le Chacal 11 août 2007 10:37

    [mode cynique]

    ça reste parfaitement cohérent avec le « travailler plus pour gagner plus » : si tu ne travailles pas, tu n’as rien. C’est tout.

    Après, les fausses excuses comme le handicap pour voler l’argent des honnêtes travailleurs, ça ne passe plus aujourd’hui ! d’ailleurs on a élu un homme fort pour ça.

    Et puis Darwin l’a dit : seuls les plus forts, les plus adaptés survivent.

    [/mode cynique]

    Plus sérieusement, il est inadmissible de contraindre à la pauvreté de facto une population qui a moins de moyen de se retourner que les autres. Mais on ne peut pas à la fois faire des cadeaux à ceux qui n’en ont pas forcément besoin, et venir en aide aux plus démunis. Il y avait un choix à faire, et l’Handicapé sert uniquement à faire chialer la ménagère et lui donner bonne conscience en lui faisant faire des dons supplémentaires aux diverses associations.

    C’est une forme détournée d’impôt supplémentaire : on ne prévoit rien au budget pour les handicapés, on les montre juste à la télé pour que les gogos qui ont voté pour nous fasse la rallonge d’eux-même.

    C’est tellement plus pratique que de faire en sorte que l’Etat remplisse ses fonctions...


  • lyago2003 lyago2003 11 août 2007 22:10

    Pas drôle au départ d’être handicapé dans notre société. Dans aucune société du reste. On n’a pas le droit à la différence parce que cela dérange. Tout dérange aussi : la femme violée au cours d’une tournante, l’enfant victime des pulsions d’un adulte à la con, l’étranger au petit château, le SDF, le chômeur, le petit vieux, même un homme qui pleure simplement ... La normalité apaise parce qu’elle évite de devoir se poser tout un tas de questions fondamentales. Je ne vous parlerai pas de ces jeunes gamins et gamines dans les transports publics qui ne savent même plus lever leur derrière pour laisser la place aux personnes âgées ou aux femmes enceintes... Je ne vous parlerai pas non plus de cette ministre qui parquait systématiquement sa voiture SUR le passage piéton qui donnait directement dans l’entrée de l’école communale de ses enfants, obligeant tout le monde à contourner sa voiture de fonction. Les mamans qui tentaient de passer avec leur buggy adoraient au plus haut point. Et quand cela a fait l’objet d’un mot dans le journal de l’école, écrit par l’association des parents d’élèves, les mêmes parents ont dû s’excuser... Tout est question d’éducation et de tolérance en fait et j’ai vraiment le sentiment profond que tout fout le camp. Mais revenons aux handicapés. Je ne supporte définitivement pas de voir un valide se parquer sur une place réservée pour eux et sortir tout guilleret de sa voiture pour entrer dans sa grande surface, presque en dansant, parce qu’il a trouvé un parking près de la porte d’entrée. Imbécile ! Tu ne sais pas la chance que tu as d’avoir deux jambes valides ? Trop fatiguant de marcher pendant 50 mètres avant d’aller acheter ta pizza 4 saisons en surgelé pour remplir ta panse devant la Star Ac ? Du reste, je ne me gêne jamais pour les apostropher. Sans succès bien souvent et en me faisant traiter de « connard » en plus. Mais il est vrai que quand on développe ce style de comportement, on prouve simplement et une fois de plus son manque d’éducation et cela ne se traduit donc pas que dans les agissements... le vocabulaire fait aussi partie de ce type de processus de fonctionnement ! Ceci dit, les établissements publics de tous bords ne sont pas en reste non plus. J’entends l’autre jour à la radio que dans la plupart de ces établissements et/ou ministères, les chiens ne sont pas admis, en ce y compris les chiens accompagnateurs d’handicapés. Donc, mesdames et messieurs handicapés, vous avez beau avoir comme compagnon des chiens hyper bien éduqués, spécialement formés pour vous venir en aide à tous moments, merci à vous de les laisser à l’entrée et démerdez-vous comme vous le pouvez ! Sans commentaires ! Quelques points qui devraient faire évolués la reconnaissance de la personne handicapée comme un être humain à part entière « mais je suis tout de même sceptique je ne sais pas dans quel siècle celà sera fonctionnel » vivant déjà depuis plus de trente ans de promesses je suis comme St thomas« Voilà ce qui en »théorie« devrait fonctionner et faire aavancer les choses,- 1 - création de la MDPH : Maison départementale des personnes handicapées ; 2 - création de la CDA »Commission des droits et de l’autonomie« (regroupement de deux anciennes commissions : la Cotorep et la CDES) ; 3 - le plan personnalisé de compensation du handicap ; 4 - création de la prestation de compensation (PCH) ; 5 - accessibilité : les établissements recevant du public et les réseaux de transports collectifs ont un délai de dix ans pour se mettre en conformité ; 6 - financement : les entreprises qui ne respectent pas le quota d’embauches de personnes handicapées paient un tribut qui est collecté par l’Agefiph, agence qui l’utilisera pour aider les entreprise qui jouent le jeu ; 7 - chien guide : la loi précise que l’accès aux transports, aux lieux publics, ou permettant une activité professionnelle ou formatrice « est autorisé aux chiens guides d’aveugle ou d’assistance ». La présence de ce chien aux côtés de la personne handicapée « ne doit pas entraîner de facturation supplémentaire » ; 8 - scolarité : l’accès au monde scolaire normal et à ses diplômes, c’est la facilitation de l’insertion dans le monde du travail ordinaire. La loi prévoit un « parcours de formation » pour chaque enfant, adolescent et adulte handicapé ; 9 - la prime exceptionnelle de retour à l’emploi ; 10 - et le dixième cap vers l’emploi n’existe pas ! C’est ma proposition : inclure les personnes handicapées désireuses de travailler dans le dispositif du RSA (Revenu de solidarité active). Le président Sarkozy, dans son élan de »rupture« avec son prédécesseur Jacques Chirac, semble avoir écarté les personnes handicapées de sa politique de valorisation du travail. Le projet de RSA de Martin Hirsch, revu et corrigé, n’a pas prévu de valorisation des revenus pour les bénéficiaires de l’AAH (Allocation adulte handicapé). Monsieur le président, c’est l’heure de faire preuve de »continuité" en favorisant les conditions qui peuvent permettre d’agir sur les trois points évoqués ci-dessus et en parachevant l’oeuvre de la loi Handicap ! quelques liens : http://www.braillenet.org/ http://www.accessibilite.info/accessibilite.php Dire que des collègues exploitent encore des personnes aux possibilités réduites ne m’étonne guère, notre société est devenue une société hyper égoïste et hyper individualiste ou seul compte le profit sur autrui.

    L’évolution de notre société en société humaniste sera ou ne sera pas pour reprendre des paroles qui ont servis dans d’autres causes.


  • lyago2003 lyago2003 16 août 2007 09:12

    Certains handicaps ne sont pas visibles. L’image du handicapé reste figée dans celle d’une personne en fauteuil roulant. En sus des « handicapés mentaux »qui semblent classés au bas de la hierarchie parmi les handicaps, il existe des handicaps physiques très lourds invisibles à l’oeil . Les campagnes pour l’insertion des handicapés présentent toujours la même image, le handicapé en fauteuil roulant. La plupart des améliorations urbaines visent ce public et peuvent géner d’autres handicaps . Pourquoi abaisser les trottoirs aux coins des rues, tandis que l’on multiplie au meme endroit bornes et installations diverses très génantes pour la circulation de personnes à mobilité difficile. Les bancs de rue disparaissent (plus de pause repos possible à l’extérieur) ainsi que les chaises des magasins (il n’y en n’a plus que dans les pharmacies). Ne parlons pas des laisses de chiens extensibles capable d’en envoyer plus d’un à l’hopital. Pense t-on aux mal voyants en multipliant les codes d’acces à chiffres qui sont en train de devenir le sesame pour une multitude d’actes.


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