jeudi 24 décembre 2020 - par Laurent Herblay

Les mots révoltants de la crise sanitaire

Malheureusement, il n’y a pas que le bilan sanitaire, le bilan économique et les atteintes à nos libertés qui posent problème dans la gestion de cette crise sanitaire. Les mots qui ont été choisis par nos dirigeants lors de cette crise ont trop souvent également été choquants, entre approximations blessantes et infantilisation outrancière de l’ensemble des Français. Retour sur quelques exemples…Malheureusement, il n’y a pas que le bilan sanitaire, le bilan économique et les atteintes à nos libertés qui posent problème dans la gestion de cette crise sanitaire. Les mots qui ont été choisis par nos dirigeants lors de cette crise ont trop souvent également été choquants, entre approximations blessantes et infantilisation outrancière de l’ensemble des Français. Retour sur quelques exemples…

 

Insensibilité arbitraire et autoritaire

Dès son démarrage, la crise sanitaire a provoqué une crise sémantique. Dès le mois de mars, nos dirigeants et nos média nous ont exhorté à la « distanciation sociale  » pour faire reculer la pandémie. C’est le premier terme mal choisi. Si les mesures prises peuvent aboutir à une forme de distanciation sociale, l’objectif était surtout une « distanciation physique » entre les citoyens, à savoir limiter le plus possible les contacts physiques, pour casser les chaines de contamination. En revanche, tous les moyens modernes de communication peuvent permettre de grandement limiter la distanciation sociale, même s’il est vrai que la distanciation physique tend souvent à en créer. Et surtout, autant l’exhortation à la distanciation physique se comprend de manière parfaitement apaisée avec l’épidémie, autant exiger une distanciation sociale par imprécision est plus difficile à supporter, et donc à se voir recommander, du fait de l’ampleur plus grande des sacrifices qu’elle peut sembler demander aux citoyens.

Deuxième terme qui aura beaucoup marqué le second confinement : celui de « commerce essentiel  », qui implique, par ricochet, que les commerces qui ne sont pas qualifiés de la sorte ne sont pas essentiels… Autant le caractère très restreint des commerces ouverts lors de la première vague n’avait pas trop porté à polémique sur le sujet, autant le caractère moins restrictif du second a suscité des comparaisons délicates, entre commerces ouverts et commerces fermés, certains commerces ouverts (bricolage, caviste) pouvant sembler moins essentiels que certains commerces fermés (puériculture, librairie). D’abord il faut pointer que, là encore, la France a fait le choix de restrictions plus fortes que beaucoup de pays, l’Allemagne ayant longtemps gardé tous ses commerces ouverts. Pire, aucune étude ne montre que les commerces fermés étaient particulièrement dangereux, la concentration dans ceux restés ouverts pouvant au contraire y accentuer la densité des clients, et donc le danger épidémique…

En outre, ce terme est une double peine pour les commerces fermés, qui, outre une fermeture qui peut les envoyer à la faillite, subissent aussi le qualificatif de « non essentiel ». Non seulement ce dont ils font commerce est qualifié de non essentiel, en faisant des commerçants de seconde zone par rapport à ceux qui ont pu rester ouverts, mais en plus, leur fermeture administrative risque bien de rendre leur avenir non essentiel également. Il aurait été beaucoup plus judicieux de séparer de manière plus neutre les « commerces autorisés » à ouvrir des « commerces non autorisés » à ouvrir. Mais ce faisant, nos dirigeants se seraient placés en première ligne dans la séparation entre les deux catégories. Ils ont donc préféré créer une distinction arbitraire et très contestable entre les commerces qui seraient essentiels et ceux qui ne le seraient pas, sans se rendre compte de tout ce que cela implique…

Puis, la préparation du second déconfinement a donné lieu à un incroyable discours de Jean Castex, qui n’a rougi au fait de parler publiquement du fait de «  desserrer la bride  » des Français ! Bien sûr, cette expression est utilisée dans la vie de tous les jours, mais la parole publique d’un dirigeant a une importance qui devrait amener à un peu plus de réflexion dans l’usage que l’on fait des mots. Bien sûr, évoquer une bride serrée décrit probablement bien le sentiment des Français sur la manière dont nous avons été traités pendant ce confinement. Mais, parler de « desserrer la bride » des Français, c’est quand même assimiler les citoyens à des chevaux que l’on monte ou que l’on mène ! L’image est tout de même assez choquante, et probablement un peu trop révélatrice de l’état d’esprit de cette majorité. On y retrouve le complexe de supériorité typique de la macronie, que sa gestion effarante de la crise sanitaire aurait pourtant dû pousser à plus d’humilité. Et c’est aussi très symptomatique d’un rapport au peuple à mille lieues du gaullisme, qui le place tout en haut de la hiérarchie, quand Jean Castex nous compare ici à du bétail qui doit être dirigé… Nouvelle preuve du gaullisme de pacotille du Premier ministre.

Plus dernièrement, Jérôme Salomon a complété la collection en affirmant qu’« on peut voir papy et mamie, mais on ne mange pas avec eux, même à Noël », suggérant de « coupe(r) la bûche en deux  » pour que « papy et mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger  ». Cette déclaration, que même le Gorafi n’aurait peut-être pas osé inventer, a naturellement déclenché un tir de barrage dans les médias, certains « papy et mamie » ne goûtant guère les recommandations de ce dirigeant de l’AP-HP. On y trouve un condensé de tout ce qui ne va pas dans la gestion de la crise sanitaire par nos dirigeants. D’abord, il est choquant de le voir assigner « papy et mamie  » à la cuisine, quand le reste de la famille a droit à la salle à manger, Jérôme Salomon faisant des personnes âgées des citoyens de seconde catégorie… En outre, il est pénible d’être autant infantilisé avec des consignes si précises qu’elles semblent destinées à un enfant en bas âge. Et pour finir, on retrouve le caractère profondément arbitraire de cette haute fonction publique qui prétend édicter des normes uniques pour des cas totalement très différents, alors que nous pourrions privilégier des conseils généraux flexibles et adaptables…

Les mots de cette crise sanitaire ont le don de confirmer à quel point cette majorité gère mal la crise actuelle. Ils montrent à nouveau l’amateurisme de dirigeants tellement dans la réaction, parce qu’ils n’anticipent pas, qu’ils ne prennent pas le temps de faire attention aux mots qu’ils emploient. Et ce faisant, ils confirment encore leur mépris à l’égard de ceux qui ne sont rien à leurs yeux

 



21 réactions


  • Samy Levrai samy Levrai 24 décembre 2020 16:22

    Qu’on leur coupe la tête.


  • I.A. 24 décembre 2020 18:18

    Ils donnent tous l’impression d’avoir oublié les enregistrements numériques multi-supports... et éternels.

    Sans compter qu’ils sont grandement aidés par les médias, qui chantent par exemple sur tous les toits que l’Allemagne reconfine et que les Pays-Bas confinent pour la première fois :

    • En Allemagne, le reconfinement, c’est : fermeture des commerces « non essentiels » et des écoles (comme par hasard pendant les fêtes de fin d’année). Les habitants sont libres.
    • Aux Pays-Bas, confinement veut dire : restez chez vous si possible.

    Les journalistes ne font plus que de la désinformation.


    Tandis qu’en France, on a véritablement le sentiment que le pouvoir en place veut blesser la population, qu’il ne nourrit aucune bonne intention. En France, c’est « on vous fait du mal pour votre bien ! »

    Ce sont de grands grands malades.


  • Arogavox Arogavox 24 décembre 2020 19:17

     L’Histoire dira sans doute que ce qui caractérise cette ’crise’ c’est son rôle de révélateur : de prise de conscience d’un niveau encore insoupçonné de mépris du peuple par ceux à qui les gaulois, même réfractaires, faisaient encore confiance, à tort, sur des conventions tacites qu’ils n’auraient jusqu’ici remettre en question.

    Le système de légitimation français du Pouvoir, ne permet plus, maintenant, au citoyen lambda, d’oser se servir de son propre entendement pour distinguer quelles élites devraient être humblement entendues, et lesquelles seront un jour définitivement classées comme charlatans.

     La confiance se gagne en gouttes, et se perd en litres.

     La cohésion sociale survivra-t-elle à cette prise de conscience définitive ?


    • Arogavox Arogavox 24 décembre 2020 19:20

      oups : "... qu’ils n’auraient jusqu’ici osé remettre en question

      "


    • I.A. 25 décembre 2020 18:14

      @Arogavox

      « La cohésion sociale survivra-t-elle à cette prise de conscience définitive ? »

      Question essentielle, en effet. Moi, par exemple, depuis le port du masque obligatoire, je considère que tous ceux qui le pincent impeccablement sur l’arête du nez sont des collabos, des fous, ou simplement des sales cons.

      Le pire, c’est que je sais parfaitement que j’ai tort... Mais comme dit Sartre : « La confiance se gagne en gouttes, et se perd en litres. »

      Voir mes concitoyens défigurés par ce fichu sur le visage, les observer se frotter compulsivement les mains avec des gels bizarres, s’éloigner les uns des autres et obéir sans rechigner aux ordres comme aux conseils hygiénistes... Il ne me reste plus une seule goutte de confiance en eux. Ils me dégoûtent autant que ceux qui ont brisé notre société.


  • Clocel Clocel 25 décembre 2020 10:32

    Mots et usage des maux...


  • Bertrand Loubard 25 décembre 2020 11:21

    Merci pour ce texte.

    « C’est pas seulement à Paris

    Que le crime fleurit,

    Eux, en Belgique, aussi, ils ont

    Des vrais faux cons »

    (Brassens)

    Les bons conseils de Marc van Ranst en cas de pandémie

    https://www.youtube.com/watch?v=3OAQ4QTv_3M
    Bien à vous.


  • Le421... Refuznik !! Le421 25 décembre 2020 17:02

    Je suis bien aise de vous voir revenir sur le terme « distanciation sociale »...

    Dès le premier jour où j’ai entendu cette horreur, j’ai expliqué sur ma page Facebook le côté terrible du terme.

    Je pense que de façon subliminale, le mot « sociale » a été choisi inconsciemment par les dirigeants actuels pour casser le peu de cohésion qui pouvait encore rester dans notre société.

    D’ailleurs, c’est un pari réussi.

    La plupart des gens ne voit plus personne physiquement déjà que la connection informatique avait bien éloigné les gens et les contacts ne se font plus que par écran interposé.

    Pour continuer en disant une connerie, je pense que la démographie du pays va chuter en flèche, faire des gosses sur skype, ça ne marche pas !!  smiley


    • Bertrand Loubard 25 décembre 2020 22:46

      @Le421

      Orwell (George) « 1984 » - « Appendice – Les principes du Novlangue » : « Il était entendu que lorsque le « Novlangue » serait une fois pour toute adopté et que l’« Ancilangue » serait oublié, une idée hérétique -c’est à dire une idée s’écartant des principes de l’Angsoc- serait littéralement impensable, du moins dans le mesure où la pensée dépend des mots. »

      Bien à vous.


  • Adèle Coupechoux 26 décembre 2020 08:04

    Macron n’est qu’un VRP qui s’exprime de manière triviale. 

    En très peu de temps, il a saccagé un pays et fragilisé toute une population. Une population désormais pleine de TOCs, de petits VRP donneurs d’ordre. Bavant comme son maître de familiarité déplacée. 

    Encore hier, un crétin nous a tancé avec mon mari alors que nous étions dans une rue vide. Courageux mais pas téméraire le type, il a attendu de nous avoir dépassés pour nous dire « Alors, on met pas le masque ? »

    Ils sont passés où d’ailleurs ceux qui n’avaient pas peur de mourir d’une crise cardiaque ou d’écrasement au sol avec le saut à l’élastique ? Terrorisés par un virus ?

    Ils me répondent « Ces mesures, je les respecte non pas pour moi, mais pour protéger les plus fragiles ».

    Ils sont déjà à l’hôpital les plus fragiles, et y passent pratiquement tout leur temps et depuis des années, les plus fragiles, ils ne sont pas en train de mourir dans la rue, les plus fragiles. Et quand c’est le cas, ils sont quasi invisibles. En tout cas, ils ne sont pas source d’inquiétude pour ceux qui se préoccupent soudainement de la santé des plus fragiles...

    La cohésion sociale n’est faite que de séparatisme et avec la guerre que nous a déclarée Macron...Elle a disparu pour longtemps. 

    Dans les familles, avec les amis, avec les commerçants, au travail, dans les transports, dans la rue...


  • Bernard Mitjavile Bernard Mitjavile 26 décembre 2020 09:23

    Effectivement, les mots sont vraiment importants et l’usage qu’en font les membres du gouvernement révèlent leur arrogance et amateurisme.


  • GoldoBlack 26 décembre 2020 10:03

    Pas facile de faire plaisir aux débiles :

    On veut être protégé, mais il ne faut rien changer ou plutôt rien changer « i, my garden »...

    Ne faites rien, Dupond-Lajoie vous le reprochera.
    Faites, Dupont-Lajoie vous le reprochera.
    Traitez l’épidémie comme une grippette, Dupond-Lajoie vous le reprochera.

    .
    Considérez-la comme dangereuse, Dupont-Lajoie vous le reprochera.

    Confinez, ne confinez pas, fermez les restos, laissez les ouverts, Les D-Lajoie avec leur parano anti-système comprenez par là, tout ce qui vient d’un média reconnu est faux, surtout si ce n’est pas réac’ - vous le reprocheront.
    Il aurait fallu agir fermement. Qu’importent les D-Lajoie !


    • Adèle Coupechoux 26 décembre 2020 10:19

      @GoldoBlack

      Il aurait fallu ne rien faire dans le doute, plutôt que de faire du mal.
      Nous avons vécu pendant des mois au rythme des réa et maintenant nous vivons au rythme des contaminations, que nous soyons malades ou non !

      D’ailleurs, au vu des contaminations qui grimpent (dues aux tests massifs), quid des lits et des services fermés dans les hôpitaux ??? La situation est si grave ??? Pas d’hôpitaux militaires non plus en vue d’endiguer cette pandémie ??? Plus de TGV apprêtés ?
      Plus d’applaudissements aux fenêtres à 20h00 ? 


    • Francis, agnotologue Francis 26 décembre 2020 10:28

      @Adèle Coupechoux
       
       ’’D’ailleurs, au vu des contaminations qui grimpent ...’’
       
      Plus précisément : D’ailleurs, au vu des (nombres de) cas qui grimpent ...


    • Adèle Coupechoux 26 décembre 2020 12:22

      @Francis

      et les cas contacts des cas contacts...Quant aux asymptomatiques, ils seraient les plus dangereux, ni vus ni connus, et ils nous font un cluster. Cette folie est extrêmement contagieuse...Les rues dans Paris sont quasi vides, mais j’ai encore eu une réflexion parce que je ne porte pas mon torchon. 
      Je ne vois pas comment nous allons nous en sortir. smiley


    • GoldoBlack 28 décembre 2020 22:16

      @Adèle Coupechoux
      C’est stupide.
      Des malades sont évacués chaque jour de l’Est vers l’Ouest du pays (le voisin de mes parents à Besançon, aujourd’hui, vers Angoulême...)


    • Adèle Coupechoux 29 décembre 2020 16:11

      @GoldoBlack

      C’était en mars et en avril, c’est vraiment très marginal aujourd’hui.
      Pour rappel, les cliniques n’ont pas été sollicitées pendant cette période ! Pourquoi avoir fait le choix de transporter des malades au lieu de les diriger vers de cliniques ? Il fallait attendre octobre, novembre ?


    • GoldoBlack 2 janvier 2021 09:45

      @Adèle Coupechoux
      Pas dans l’Est.
      Vous prenez, comme à votre habitude, vos désirs votre parano pour une réalité.


  • troletbuse troletbuse 28 décembre 2020 07:21

    Mauricette, « consentante », première vaccinée à l’insu de son plein gré  : smiley

    Ah, c’est pour un vaccin !

    https://www.alnas.fr/actualite/buzz/ah-il-faut-faire-un-vaccin-la-premiere-femme-a-se-faire-vacciner-decouvre-linjection-en-direct-video/


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