mardi 22 mai 2018 - par C’est Nabum

Requête sur ordonnance

Monsieur mon député.

Monsieur Ramos, vous qui fûtes autrefois membre tout comme votre serviteur et néanmoins concitoyen, d’un groupuscule rebelle au nom imprononçable, je viens vers vous pour espérer trouver un remède aux maux qui assaillent bien des gens dans notre département. La pilule est difficile à avaler d’autant plus que désormais la prescription est le plus souvent, impossible à obtenir dans un pays qui a bien raison d’être en Marche puisqu’il ne lui est plus possible de garder la chambre.

Je sais ce propos liminaire parfaitement abscons, c’est à dessein que j’use de circonlocutions tant la situation présente dépasse l’entendement dans ce département du Loiret dont vous avez l’honneur d’être un digne représentant. Vous avez choisi la liberté de ton, vous démarquant ainsi de vos collègues, joyeux godillots d’une classe politique, prosternés devant Jupiter. C’est à ce titre que j’espère vous voir endosser ce cheval de bataille avant qu’il ne soit trop tard dans notre joli désert médical.

C’est en effet l’objet de mon courroux et l’illustration de ma dégradation citoyenne. Ne disposant désormais plus de médecin traitant dans un secteur où trouver un médecin est devenu une course au trésor, prendre un rendez-vous, une fuite dans le temps ; je ne peux plus me soigner. J’avais jusqu’à présent la possibilité d’aller à la consultation de SOS médecin mais ces derniers, devant l’afflux considérable de gens dans mon cas, ont renoncé à tenir leur permanence du midi.

Nous sommes des milliers à n’avoir d’autre choix que d’aller encombrer les urgences pour une toux tenace ou un petit souci de santé. Nous ne pouvons d’ailleurs plus consulter un spécialiste sans le sésame d’une lettre d’introduction d’un généraliste. Nous sommes devenus des citoyens de seconde zone, nous espérons pour l’heure qu’une Organisation Non Gouvernementale étrangère prenne pitié de nous et installe des antennes médicales dans notre zone sinistrée.

Il est évident que nous n’avons rien à attendre d’un parlement où les mandarins, encore nombreux ont imposé, des années durant, ce désastreux état de fait, défendant becs et ongles, les privilèges d’une corporation plus soucieuse de s’enrichir et de vivre au soleil ou dans les grandes villes que de servir les malades. Rien ne changera vraiment et nous devons accepter durablement de ne pas être soignés.

À moins, monsieur de député que vous puissiez obtenir la gratuité des transports pour que nous puissions nous rendre dans les territoires où les médecins sont légion. Dans le Loiret, ce serait vers la Capitale que nous pourrions trouver réconfort et soins, médecins et places disponibles sur leurs agendas. Hélas, la SNCF est sans doute condamnée à brève échéance à la privatisation, cette hypothèse risque fort de demeurer lettre morte.

Que faire alors ? Accepter notre sort semble être la réponse la plus raisonnable. Mais alors, obtenez que les pharmaciens soient en mesure de prescrire et de nous délivrer des produits qui puissent être autre chose que des attrapes nigauds quand ils sont en vente libre. Il suffirait de créer une nouvelle classe de médicaments, qui relèvent de la responsabilité de ces professionnels de la santé, d’ailleurs en danger eux aussi avec la multiplication des para-pharmacies.

Là encore, j’ai comme un doute. Les Mandarins crieraient au scandale ! Nous n’avons plus qu’à solliciter une réduction d’impôt, ne disposant plus de l’accès aux soins, une sorte de niche médicale et fiscale, afin de nous constituer un petit pécule pour aller nous faire voir ailleurs, trouver un professionnel de santé en Hongrie ou bien plus loin encore.

Je compte sur votre légendaire pugnacité qui fait le bonheur des plateaux de télévision, monsieur mon député de la République, afin que ne soient plus oubliés, les déclassés du soin, les exclus du cabinet médical, les citoyens privés d’ordonnance, les mal traités de la macronie. Je sais que chez les parlementaires, l’ordonnance a un sens différent, c’est une procédure expéditive destinée à nous faire avaler des potions amères ou des régimes draconiens, des traitements de cheval (vapeur) à moins que ce ne soient de terribles amputations. Il serait peut être temps que vos collègues se penchent sur nos véritables problèmes quotidiens !

Il y a dans le pays comme une hausse de tension, des éruptions cutanées, des signes avant coureurs d’une crise profonde dans cette nation où le peuple est abandonné par ses élites. Un traitement en profondeur s’impose pour que la santé, ce bien capital, ne soit pas seulement une coquille vide. Le caducée en bandoulière, je vous demande de partir en croisade afin que cesse ce scandale. Merci

Médicalement vôtre.



15 réactions


  • Aristide Aristide 22 mai 2018 11:37

    Ne disposant désormais plus de médecin traitant dans un secteur où trouver un médecin est devenu une course au trésor, prendre un rendez-vous, une fuite dans le temps ; je ne peux plus me soigner.


    Ici, site doctolib prise de RDV sur Orleans, des RDV à partir de demain .... Et encore tous les médecins ne sont pas sur ce site de RDV.

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 22 mai 2018 12:18

    Macron signe du serpent de feu et Brigitte signe du serpent d’eau. Belle SEIN BOL HIC. Quant au caducée,.... ON est à sa recherche,... 


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 22 mai 2018 12:24

    Perso, suite à une forte grippe contractée dans une salle d’attente, j’évite tous ces lieux. Comptant juste sur mon système immunitaire, une cuisine saine et un mental d’acier.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 22 mai 2018 17:56

    Un psy a eu une belle image pour décrire la société actuelle. Celle du baron de Mûnchhausen. Quand il se prend par la peau de son cou pour franchir le ravin. Seul face à nos choix et notre destin.


  • Eric F Eric F 26 mai 2018 19:00

    Il y a désertification médicale, alors que -contrairement à ce qu’on entend parfois- le nombre de diplômés de médecine augmente (+10 000 en six ans), mais moins de généralistes libéraux. Puisque l’état finance les longues études de médecine (plus de 10 000 euros par an par étudiant), il pourrait fixer une « carte médicale » et des incitations (bonus/malus fiscal) pour couvrir les secteurs déficitaires.


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