samedi 8 décembre 2012 - par Pharmaleaks

Sanofi intimide une ONG pour démasquer un lanceur d’alerte

L'association américaine à but non lucratif CREW vient de déposer une requête en annulation contre une plainte de la firme Sanofi dans le cadre d'une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. L'objectif de CREW est de faire cesser des pratiques d'intimidation et de préserver l'identité d'un lanceur d'alerte que le géant pharmaceutique veut démasquer.
 

Aux Etats-Unis, CREW (Citizen for Responsibility and Ethics in Washington) est une association à but non lucratif "poil à gratter" qui s'assure que le gouvernement se comporte d'une manière honnête, régulière et éthique. Selon leur site internet, CREW mène des investigations poussées couplées à une stratégie de communication agressive. Ils oeuvrent également comme un groupe de pression pour favoriser la transparence.

Bien que n'ayant aucun lien direct avec un procès en cours ("Castro, et al. v. Sanofi Pasteur Inc."), CREW a demandé à la FTC (Federal Trade Commission) d'investiguer les pratiques anticoncurrentielles de Sanofi et de Merck pour empêcher des médecins qui achetaient certains de leur vaccins pour enfants, de s'approvisionner auprès d'autres fournisseurs. (Les vaccins sont délivrés et facturés directement par le médecin). Ce ne fut pas du goût de la firme pharmaceutique qui décida de lacher les chiens contre cette association.

Initialement, CREW avait demandé en 2010 à la FTC d'agir après avoir reçu des documents d'un lanceur d'alerte directement impliqué dans cette affaire... CREW a ensuite renvoyé un courrier en mars 2012. Peu de temps après, un groupe de médecin indépendant de CREW a décidé d'attaquer Sanofi en justice.
Visiblement agacé par CREW, Sanofi a engagé un prestigieux cabinet d'avocats new-yorkais pour attaquer CREW et l'épuiser financièrement. Rappelons que le coût d'un procès aux Etats-Unis est sans commune mesure très supérieur à un procès en France.

Selon CREW, Sanofi a fait pression pour les contraindre à dévoiler leurs contacts au sein des médias et de la FTC. Sanofi cherche également à récupérer auprès de CREW des documents qui lui auraient été transmis par d'autres firmes pharmaceutiques (Novartis, GSK, Merck, Navigant et AAI). Toujours selon CREW, l'un des objectifs de Sanofi par ces actions d'intimidation est également de les contraindre à révéler l'identité du lanceur d'alerte.

Les pièces du dossier sont disponibles ici. On y apprend notamment d'après le lanceur d'alerte que Sanofi a mis en place ces accords d'exclusivités commerciales pour "compenser des ventes décevantes".

Cette démarche de Sanofi est intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord, la firme nuit à la liberté de prescription du corps médical en le contraignant par des pratiques d'exclusivité. N'est-ce pas au médecin de choisir au cas par cas quel médicament ou dans ce cas précis quel vaccin il souhaite administrer, en fonction de son efficacité, de sa tolérance, du patient et de l'offre sur le marché ? Ce manquement patent à l'éthique médicale est d'autant plus insultant qu'il revient à considérer l'acte de prescription comme un simple acte commercial. Sanofi utilise dans le domaine de la santé des pratiques anticoncurrentielles dignes d'un opérateur téléphonique.

Ces accords mis en place par Sanofi constituent par ailleurs un manque de chance pour le patient qui en toute bonne foi se trouve au coeur d'une négociation commerciale entre son médecin et la firme pharmaceutique, indépendamment du vaccin qui lui serait le plus adapté.

Elle montre également les pratiques de Goliath contre David, visant à utiliser des moyens démesurés pour décourager et faire taire toute menace qui pèserait sur ses intérêts financiers. Rappelons que le budget de fonctionnement de l'association CREW est de 2,8 millions de dollars, un budget qui serait vite consommé dans en cas "d'actions judiciaires d'épuisement" menées par la première capitalisation du CAC 40.

Enfin, cette histoire américaine est riche d'enseignements à l'heure où en France on se penche sur des projets de loi pour protéger les lanceurs d'alerte contre certaines multinationales aux pratiques douteuses, Big Pharma en tête.

Sources :

Pharmaceutical Giant Sanofi Pasteur Seeks to Muzzle CREW from Speaking Out, CREW (Citizen for Responsibility and Ethics in Washington), 03/12/2012

Assignation en justice de CREW par Sanofi, document original, CREW, 29/11/2012

Are doctors giving patients the best vaccines or the vaccines with the best prices ?, CREW, 06/07/2010

Courrier du 06/07/2010, CREW, 06/07/2010

CREW with advocacy groups ask FTC to investigate anti-competitive practices of vaccine makers, CREW, 19/03/2012

courrier du 19/03/2012, CREW, 19/03/2012

Pièces du dossier, CREW, 29/11/2012



12 réactions


  • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2012 09:08

    Les mots ont un sens : avant de lire cet article, j’ai besoin d’éclaircir la question du vocabulaire.

    Le verbe démasquer s’emploie à l’encontre des coupables de manœuvres frauduleuses.

    pharmaleaks : laisseriez vous entendre par ce titre, que les lanceurs d’alertes sont des fauteurs de troubles masqués ?


    • pissefroid pissefroid 8 décembre 2012 09:39

      démasquer :

      Faire connaître quelqu’un pour ce qu’il est,
      mettre en évidence des secrets de conduite et d’intentions. 


    • Francis, agnotologue JL 8 décembre 2012 10:16

      pissefroid,

      le concept de démasquer est plus proche de celui de dénoncer que de celui de mettre en évidence est neutre. Dans un cas, la conduite ou la personne démasquée est frauduleuse ou malveillante ; dans le second, la personne ou la conduite est secrète ou discrète, en ’tout bien tout honneur’.

      Nuance et colossale finesse, donc.

      Je n’aime pas pousser les mots dans leurs retranchements : c’est le début de la fraude intellectuelle.


    • Francis, agnotologue JL 10 décembre 2012 11:10

      Puisque cet article est encore en tête de gondole, et même si j’ai été moinssé ici,

       j’accuse pharmaleaks qui n’a pas réagi à mon premier post, de fraude intellectuelle pour son titre ambigu : on ne « démasque » pas un lanceur d’alerte, et ce titre est porteur d’une confusion inadmissible.

      N’en déplaise aux moinsseurs, « démasquer » n’a pas le même sens que « révéler l’identité ». Les journalistes ont le devoir de protéger l’identité de leurs source.

      Démasquer est une action saine et louable ; révéler l’identité d’un tiers est une action répréhensible. CREW est dans son rôle en refusant de révéler l’identité du lanceur d’alerte. Sanofi est dans l’illégalité en faisant pression pour obtenir cette identité. Et pharmaleaks doit corriger son titre. Celui qui ne comprend pas ça ne comprend rien à rien.

      Le titre correct est :

      Sanofi intimide une ONG pour la pousser à révéler l’identité d’un lanceur d’alerte
      Les mots ont un sens et nous ne devons pas laisser les tricheurs les pervertir.

    • Parlez moi d'amour Parlez moi d’amour 10 décembre 2012 20:23

      Le petit Larousse selon JL


  • leypanou 8 décembre 2012 10:24

    Merci à l’auteur d’avoir relayer cette information. Concernant le projet de loi concernant les lanceurs d’alerte en France, il faut que la pression soit mise pour que cela aille dans le bon sens : n’oublions pas en effet que les lobbys sont très forts et bien représentés à tous les niveaux du pouvoir et une loi est très vite vidée de sa substance. Les actions de groupe ne sont pas toujours mises en place par exemple : ce n’est pas pour rien.

    N’oublions pas aussi que sous couvert de santé publique, c’est tout un ensemble de parasites qui s’engraisse sur le dos de la population, avec la complicité des pouvoirs publics. Rappelons-nous de l’affaire du vaccin AH1N1. Même toutes ces vaccinations obligatoires sont très discutables, surtout avec l’aluminium qui est utilisé alors que d’autres aussi efficaces mais sans aluminium ne sont pas utilisés ; mais en attendant, les personnes d’effets secondaires des fois très graves, on n’en entend pas parler.


    • lulupipistrelle 8 décembre 2012 14:40

      Ou la campagne orchestrée quelques année auparavant autour de la grippes aviaire, et le virus H5N1, une véritable entreprise de manipulation des esprits, pour les préparer à la pandémie suivante. Les gens ne sont pas si bêtes, ils ont pris le contre-pied des agences de santé publiques, et maintenant c’est toute la politique de vaccination qui est remise en cause.


  • joletaxi 8 décembre 2012 13:30

    oui, le statut de lanceur d’alerte est difficile, parfois périlleux

    regardez ce qui arrive à un type qui ose proférer publiquement des faits avérés :

    http://wattsupwiththat.com/2012/12/07/monckton-on-his-smashing-u-n-wall-of-silence-on-lack-of-warming-and-censure/#more-75426

    comme quoi,il y a encore du boulot.


  • sanofi..pfizer...gsk...servier

    LES MUTUELLES S ALLIENT AUX ASSUREURS POIUR MIEUX VOUS « SOIGNER » (lire........arnaquer °° )

    SANOFI PFIZER..GSK...SERVIER

    fabriquent des potions sous controle du NOUVEL ORDRE MONDIAL ...............DE WALL STREET ET DE LA CITY

    mediator 500 morts et 7000 INVALIDES

    merci aux clubs de lobbyistes genre hippocrate ou crite............vos ELUS VOUS SOIGNENT

    REMERCIEZ LES EN LEUR ENVOYANT UN PETIT BILLET avec la carte de voeux...100 euros minimum....)


  • LANCEURS D’ ALERTES 
     vous pourrez bientot nous vendre des mutuelles ...devenir riches et vous défendre de GROS

    LABOS................JE mettrai 1 euro avec la carte de voeux ....pauvres medecins.

    meme a 4 600 EUROS MOIS ET LOGES LES CARABINS FILS OU FILLES DE CARABINS NE VEULENT PAS S INSTALLER DANS LES REGIONS PAUVRES RESERVEES AUX MEDECINS AFRICAINS OU ROUMAINS

    ON NE MELANGE PAS LES TORCHONS ET LES SERVIETTES..............


  • crazycaze 10 décembre 2012 12:09

    Autre fait troublant concernant le H1N1 et SANOFI. Lors de la visite de Sarko au Mexique, SANOFI a passé un contrat pour la construction d’une usine dont le principale production prévue était des vaccins anti-grippe... et c’est du Mexique que partira quelques mois plus tard la fumeuse grippe H1N1. Souvenons nous aussi que c’est quelques mois auparavant que sous la pression des labos l’OMS a changé sa définition de pandémie entraînant une alerte à l’échelle planétaire, celle-ci ne tenant plus compte des décès mais simplement du nombre d’individus ayant contracté un pathologie d’origine virale. SANOFI soigne plus son portefeuille que quoi que ce soit d’autre...


    • Romain Desbois 10 décembre 2012 12:16

      mais l’origine est l’élevage et donc la consommation de viande par les inhumains.

      La grippe porcine, la grippe aviaire, la tuberculose, la rougeole , le rubéole, etc...

      150 maladies qui déciment et ont décimées le humains sont d’origine animale, et pour la plupart liées à l’élevage qui permet aux virus et microbes de muter

      Mais les scientistes préfèrent continuer à faire des animaux OGM des chimères comme ces porcs de Jouy en Josas de l’INRA qui avaient des gènes humains.

      A partir de quand on est humain ou on est porc dans ce cas ?

      Le spécisme mènera l’homme à sa perte


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