vendredi 6 février 2009 - par citoyen

Santé : Vous avez dit responsable ?

La conjonction de certaines informations relatives plus ou moins directement au champ de la santé conduit le Blog Citoyen à mettre en lumière ce que l’on voudrait cacher, ignorer, oublier ou nier. Loin d’être exemplaire en matière de responsabilité sociale et d’éthique, le secteur de santé apparait au contraire touché par des dérives dont on pourrait croire qu’elles étaient l’apanage du secteur mercantile ...

L’actuelle polémique autour du livre de Pierre Péan « Le Monde selon K.  » mettant en cause la moralité ou l’intégrité de Bernard Kouchner, ministre d’ouverture en charge de la diplomatie française, icône parmi les icônes, véhiculant l’image de l’homme au sac de riz m’a conduit à lire des articles sur une question connexe portant sur la responsabilité sociale et éthique des entreprises de l’industrie pharmaceutique de rang mondiale. 
L’explosion des dépenses de santé dans les pays dits développés ont permis à cette industrie de réaliser des chiffres d’affaires colossaux à nous faire frémir en ces temps de crise - Pfizer (48,6 Md$), GlaxoSmithKline (44,2 Md$), Hoffmann-La Roche (42,2 Md$), Sanofi-Aventis (40,7 Md$) et Novartis (39,8 Md$) - et dont des études prospectives laissent penser que cette manne financière va continuer à croitre pour atteindre d’ici 2020, d’après une étude de PriceWaterHouseCoopers, 1300 Md$ (« Pharma 2020 : The Vision - Which Path Will You Take ? »). Ce chiffre est d’ailleurs hors de portée de notre imagination. Dans le même temps, on apprend que l’entreprise GSK se réorganise et licenciera 850 emplois en France d’ici 2012 sur les 6 000 salariés du groupe soit environ 14% des effectifs tandis que dans le même temps la page ’emploi’ de son site affiche sans vergogne un slogan qui apparait pour le moins contradictoire « il n’existe pas de croissance durable et responsable dans une entreprise sans développement des collaborateurs dans l’organisation » ! Que voilà de jolis mots ! Il n’est pas certain que les salariés du site d’Evreux apprécient à sa juste valeur ce bel engagement digne d’une politique de développement durable mûrement réfléchie et structurée. A lire les déclarations inquiétantes rassurantes de la direction de GSK (« GSK ne quitte pas la France, on ne va pas vers du low cost »), ils devraient pourtant comprendre qu’il s’agit de garantir un développement durable aux collaborateurs qui resteront et non pas comme le dénonce le syndicat CGT d’ « assurer un taux de profitabilité optimum pour les actionnaires ». A moins que la CGT ne voit juste ... et on fait alors le lien avec l’étude de PwC ! 
Sur une autre thématique portant elle aussi sur la responsabilité sociale de l’entreprise, la Recherche et le Développement (R&D) de nouveaux médicaments, enjeu stratégique d’ampleur depuis que le secteur ne peut plus espérer développer son chiffre d’affaire sur la vente des blockbusters, il apparait que ce secteur R&D est loin de s’inscrire dans une démarche éthique et respectueuse de principes fondamentaux. Le développement d’un nouveau médicament impose ainsi plusieurs phases de tests avant mise sur le marché dont la dernière d’entre elles doit se faire sur l’être humain. Cette dernière phase de tests est particulièrement sensible aujourd’hui pour le secteur pharmaceutique car des dérives assez graves ont été constatées ces 30 dernières années et ont provoqué pour certaines de véritables scandales.
On pourra voir ainsi « Réflexions sur certains facteurs à scandale dans l’industrie pharmaceutique »), ou l’histoire de ce médicament qui soigne le cancer qui passe malheureusement à la trappe pour des questions de manque de rentabilité non que le médicament aurait été trop cher à développer mais parce qu’au contraire existant déjà il ne coûte presque plus rien et ne rapporterait pas beaucoup ! Ces dérives sont accentuées par le fait que l’industrie pharmaceutique cherche par tous les moyens et notamment ceux de la loi (quel plus beau rempart !?) à échapper à sa responsabilité et aux sanctions juridiques pouvant déboucher sur l’épineuse problématique de l’indemnité des personnes victimes. (Voir à ce sujet « L’industrie pharmaceutique veut une immunité totale pour les effets indésirables  »)
Pour en revenir au secteur de la R&D, ces dérives, particulièrement sensibles dans les pays développés ont amenés les entreprises pharmaceutiques à développer la partie sensible des test sur les êtres humains dans les pays en voie de développement là où la réglementation est moins forte, où le pouvoir en place moins regardant et où les individus attirés par la perspective d’une rémunération « facile » n’apprécient pas à quelle hauteur le fait de servir de cobaye humain induit une prise de risque qui n’est pas négligeable. Là où l’histoire devient inqualifiable c’est quand par exemple lors « de certains tests sur des médicaments de lutte contre le sida (...) les patients sains qui devenaient séropositifs durant le test n’étaient pas pris en charge par la suite par le laboratoire » alors que ces mêmes médicaments étaient développés pour les populations des pays développés ! (Voir article sur Novethic).
 
Alors quand je vois Bernard Kouchner se démenait pour expliquer que toute sa vie durant il a œuvré pour améliorer le sort des populations du sud, je suis tout à fait prêt à le croire, et son parcours le montre suffisamment. Mais quand il se sent obligé pour se défendre au journal télévisé de nier certains faits comme celui qu’il a appartenu aux entreprises Imeda et Africa Steps et que le lendemain à peine un magazine produit une photo laissant présumer de lanière forte qu’il a bien fait partie de ces eux entreprises (Voir article de Challenges « la photo qui dément les propos de Bernard Kouchner  »), je me souviens de ces débats qui ont eu lieu il y a encore peu sur le fait de savoir si le champ de santé était un secteur marchand comme les autres ou non. Et je me dis que le citoyen lambda que je suis et que nous sommes est d’une grande naïveté. Il ne s’agit pas pour moi ici d’enfoncer Bernard Kouchner - certaines attaques de Pierre Péan semblent avoir de mauvais relents - mais le parallèle entre cette icône égratignée et ce monde de l’industrie pharmaceutique qui engrange des milliards sans se préoccuper de sa responsabilité dans le développement de l’être humain m’apparait soulever question.
 
Alors que le champ d’activité de la santé devrait être celui où le respect d’autrui, l’application des principes de responsabilité sociale, d’éthique, de développement durable constituent des axes forts de l’action des entreprises et des responsables les plus en vue, on s’aperçoit que c’est tout le contraire. Nous avons encore du chemin à parcourir ... pour devenir enfin responsables !
 
 


7 réactions


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 6 février 2009 15:46

    Bonjour,

    Il est dommage que votre article ait paru au lendemain du discours de notre Docteur social en chef... Apparemment, nos concitoyens comptent plus sur sa parole divine et la perfusion bancaire pour le Salut final...Puis-je vous soumettre ce petit article où j’ai mentionné la recherche en matière de remède contre le cancer il y a quelques cinquante huit ans... http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=48871 On peut percevoir comment l’industrie pharmaceutique entretient la maladie afin de dégager les profits gigantesques dont vous relatez.

    Bien à vous.


  • joelim joelim 6 février 2009 18:07

     Le "big problem" est que les maladies sont devenus la matière première de l’industrie des médicaments. Elle a donc tout intérêt à augmenter son parc de matière première, par exemple en générant des effets secondaires.

    De plus, cette industrie a conclu une joint-venture avec l’industrie alimentaire : cette dernière vent des produits dangereux pour la santé (les nombreux additifs reconnus comme tels mais toujours présents dans les produits !!!), ce qui permet de favoriser le chiffre d’affaires de l’industrie des médicaments.

    Quand tout est bizness l’humain n’existe plus. smiley 


  • plancherDesVaches 6 février 2009 18:32

    Hhmm... vous semblez mélanger un peu tout.

    Mais bon. Entre manipulés, on se comprend.

    Je vais vous asséner un certain nombres de données, merci de les compléter ou contredire.

    - les médecins prononcent le serment d’Hippocrate. http://fr.wikipedia.org/wiki/Serment_d%27Hippocrate
    qui n’a aucune valeur d’engagement au niveau juridique. Mais est juste un titre défendu et protégé, comme le titre d’ingénieur, ce qui n’est pas idiot, sur le principe. Sinon, ce serait la foire encore plus complète, faite moi confiance.

    - rien ne les empêche de choisir tel médicament ou tel matériel.... et les dessous de table sont connus. Et acceptés par la loi. http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=51169
    Le pied, non ?

    - la France s’est vue qualifiée de mauvais élève par les labos américains, car elle osait négocier les prix des médicaments... (j’ai paumé la source, mais c’est y’a 2 ans)

    - enfin, pour achever de vous tuer : les labos ont une politique de soins, et non de prévention : ça rapporte plus smiley ...

    Vous avez dit rentabilité à outrance, ou j’ai mal lu smiley


  • plancherDesVaches 6 février 2009 18:34

    Et zut, j’ai oublié un détail avant de poster : c’est qui Kouchner ?


  • luxopher 9 février 2009 15:35

    La sante est un secteur mercantile comme les autres...... ne vous en etiez vous pas rendu compte avant ?!!!
    Il suffit pourtant d’aller chez un medecin specialiste ou non, dans une pharmacie, chez un dentiste ou autre chirurgien, kine et la liste est encore longue pour s’en apercvoir NON ?!!!! Voyez simplement la cadence a laquelle ils recoivent les clients et non plus patients.....


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