vendredi 24 juin 2011 - par calach

Affaire Loïc SECHER : La part de responsabilité de la circulaire Royal !

 Loïc Sécher est jugé pour la troisième fois par la Cour d’assises pour des faits qu’il n’a pas commis mais dont les deux premières condamnations à 16 ans de prison l’ont conduit à accomplir la moitié de cette peine avant que la jeune fille accusatrice le déclare innocent.

  La Cour de révision aurait pu lui éviter, ainsi qu’à la jeune fille, l’épreuve d’un troisième procès. Mais il est toujours difficile à des metteurs en scène de sacrifier une dernière représentation théâtrale pour des raisons de bons sens ! Alors, le spectacle go on…

 Et puisque ce procès se déroule actuellement du 20 au 24 juin 2011, profitons-en pour dénoncer une nouvelle fois la circulaire Royal qui a sa part de responsabilité, entre autres, dans ce fiasco.

 Rappel : Après l’affaire Dutroux en Belgique au cours des années 96-97, le monde politique s’agite en France et veut ériger la défense des enfants comme un mur de morale protectrice pour exorciser les erreurs et les compromissions du passé. Pour Alain Juppé, le premier ministre de l’époque « Il faut parfois mettre entre parenthèses les droits de l’homme pour protéger ceux de l’enfant » (L’Express – 4/9/96). Le 11 juin 1997, Ségolène Royal, ministre des Ecoles, déclare à Europe1 : « Il faut que la parole des enfants soit entendue, qu’ils soient crus ». En 1999, le conseiller Hayat affirme à une délégation syndicale au nom des ministres Allègre et Royal : « Si un enfant peut être préservé au prix de neuf enseignants accusés à tort, l’objectif est rempli. »

 La circulaire Royal de 1997 obligea le personnel de l’Education en cas de rumeur à « s’extraire au plus vite » de cette situation en informant sa hiérarchie afin de procéder à une enquête interne puis à une dénonciation au procureur de la République. Il fut clairement rappelé au personnel de l’Education que « Tout manquement à cette obligation légale l’expose à être poursuivi en justice pour non-empêchement de crime, non-dénonciation de mauvais traitements, omission de porter secours ou non-assistance à personne en péril, selon les cas et à faire l’objet de poursuites disciplinaires ».

  Le rapprochement avec l’affaire Loïc Sécher qui se déroule à l’automne 2000. Selon l’AFP qui a rapporté, mardi 21 juin 2011, les témoignages de deux professeurs de la jeune fille, on ne peut que constater qu'ils ont appliqué à la lettre les ordres de la circulaire Royal. 

 Karine Etévenard, professeur de physique et Michaël Deshaies, professeur de français ont recueilli des confidences de l'adolescente de 14 ans, qui, en novembre 2000, leur a confié avoir été violée.

''Peut-être qu'elle nous a trompés sur la personne mais, sur ce qui lui était arrivé, je ne peux pas imaginer qu'elle nous ait menti'', a déclaré devant la cour d'assises d'appel de Paris Karine Etévenard, professeur de physique, encore bouleversée à l'évocation de cette époque. ''Elle me faisait peine... On réagit avec empathie face à un enfant qui souffre'', a expliqué son ancien collègue Michaël Deshaies, professeur de français.

Elle ne donnait pas le nom de l'homme, mais sa description avait suffi à ses parents pour identifier Loïc Sécher, un voisin, résidant comme eux dans une petite commune de la Loire-Atlantique toute proche.

Ses professeurs, Mme Etévenard en particulier, ont expliqué combien ils avaient tenté de comprendre pourquoi elle allait si mal. Ils ont aussi raconté s'être sentis bien seuls face à une hiérarchie beaucoup plus sceptique face au comportement de la jeune fille.

Emilie avait parlé d'''attouchements'' à Mme Etévenard. Ensuite, dans une rédaction, elle a évoqué une ''humiliation'' de la part de son père, sans évoquer spécifiquement des abus sexuels mais en mentionnant dans la marge ''SVP ne parler (sic) pas de ce devoir''.

Son professeur de français s'en est alarmé et a fait un ''signalement'' au tribunal de grande instance. C'était pendant les vacances de Toussaint 2000. Ensuite, le 25 novembre 2000, les deux professeurs, avec une camarade de classe, ont discuté avec Emilie, l'ont interrogée, lui posant des questions, certainement plus ''fermées'' que ne l'auraient fait des spécialistes. ''Sans doute était-ce maladroit... Je ne suis pas psychologue'', reconnaît le professeur de français. ''C'est très douloureux, même onze ans après'', dit-il.

 Responsabilité de la circulaire Royal : En 2000, le scandale d’Outreau n’avait pas encore éclaboussé la procédure judiciaire et il ne se terminait pas un seul journal télévisé sans que nos vedettes du petit écran ne dénoncent une affaire de pédophilie. Malheur à ceux qui étaient accusés à tort ! Leurs cris d’innocence, non seulement n’avaient pas grande valeur mais étaient bien souvent une circonstance aggravante pour les coller à l’abri derrière les barreaux ! Et le personnel de l’Education était aux premières loges comme victimes de la rumeur ou comme « complice », coupable de non dénonciation car la circulaire Royal était claire à ce sujet : « s’extraire de cette situation » et « Tout manquement à cette obligation légale l’expose à être poursuivi en justice pour non-empêchement de crime, non-dénonciation de mauvais traitements, omission de porter secours ou non-assistance à personne en péril, selon les cas et à faire l’objet de poursuites disciplinaires ».

 Alors, certains professeurs, troublés par la souffrance d’enfants qui leur étaient confiés, ont pu se laisser emporter par leur rôle d’éducateur et le pousser jusqu’à considérer que « l‘enfant dit toujours le vrai ! » comme le préconisait Ségolène Royal que le suicide d’un enseignant (Bernard Hanse) sur de fausses accusations ne dérangeait pas dans ses certitudes.

 

 Conclusion : Loin de nous l’idée d’accabler des professeurs qui ont été aveuglés par cette satanée circulaire et par les fausses certitudes d’une classe politique et d’une cour médiatique, toujours prêtes à sacrifier le bouc émissaire sur le plateau de la popularité.

Outreau est passé par là pour ramener une certaine forme de démagogie à un peu plus de décence mais rien n’a changé sur le fond… D’autres Loïc Sécher dorment en prison. Signalons, entre autres, le cas de Jean-Paul Degache, instituteur ardéchois, condamné par deux fois à 8 ans de prison pour des faits qu’il a toujours nié et qui n’ont jamais été démontré.

 La dictature de l’émotion n’est pas morte ! 

 



6 réactions


  • L.S.B 24 juin 2011 12:03

    Les cas de Loïc Sécher, Christian Iacono, Antonio Madeira, Gilles Pommier et d’autres qui crient leur innocence au fond des prisons devraient faire réfléchir les magistrats et les experts de tout poil.... Mais il est à craindre, un fois de plus après Outreau, que la leçon ne servira pas... Il serait pourtant facile de faire quelques réformes utiles pour analyser la parole de l’enfant :
    - Transmettre immédiatement à la personne mise en cause le PV de déclaration de l’enfant dès la première heure de témoignage (ou garde à vue). La lecture de cette déclaration permettrait certainement à la personne mise en cause et qui s’estime innocente d’apporter des compléments d’information pour analyser cette parole. Plutôt que cette ouverture, les enquêteurs préfèrent garder jalousement le PV entre leurs mains et torturer psychologiquement « le client » !
    - Relativiser les rapports d’experts psychiatriques qui ne sont que des éléments d’informations, jamais des certitudes !
    - Donner plus de droits à la défense pendant l’instruction, en particulier des possibilités de recours élargies contre les décisions du juge !
    Mais la politique de sécurité (pour raison électorale) ne va pas dans ce sens. Nous ne pouvons que le regretter !


  • Antoine 24 juin 2011 23:57

     Dans tous les domaines, y compris celui-ci, il y a des modes à la con...


  • mako mako 25 juin 2011 07:21

  • Mania35 Mania35 25 juin 2011 10:30

    Bonjour,

    je ne comprend pas votre accusation contre la circulaire Royal. J’estime que toute personne (enseignants, services sociaux ...) ayant le moindre soupçon de maltraitance d’un enfant doit alerter la justice. Après il appartient à la police et la justice de faire une véritable enquête pour démêler le vrai du faux dans les paroles de l’enfant. Combien d’enfants sont violés et maltraités, voire tués, dans l’indifférence générale.

    Suite à l’affaire DSK, beaucoup de féministes dénoncent actuellement les violences faites aux femmes (et je suis à 100% d’accord) mais je n’entend personne dénoncer les violences envers les enfants. 


  • Patrick Guillot Patrick Guillot 28 juin 2011 20:25

    Sans oublier le dossier très complet sur les fausses accusations ici :

    http://www.la-cause-des-hommes.com/spip.php?rubrique18


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