mercredi 31 août 2011 - par cti41

Août – brèves sur la politique de sécurité ou les dernières gesticulations pour endormir les policiers, les gendarmes et les citoyens

30 juillet, il est temps que les ministres et les parlementaires prennent des vacances. Après le ministre de l’Intérieur qui remet au goût du jour les « voisins vigilants » une mesurette sécuritaire lancée par Mme Michèle Alliot Marie, après les « Hirondelles » qui doivent dater de Clémenceau, voici que M Ciotti chargé de sécurité à l’UMP propose un projet de Loi d’encadrement des jeunes voyous par des militaires. Idée que nous avons déjà entendue dans la bouche de Mme Royal. Il faut cependant remettre les choses à plat, les militaires sont très occupés, y compris les « anciens militaires » qui sont déjà utilisés en tant que réservistes. Ce n’est pas un vague projet de service militaire citoyen qui va suffire à boucher les trous car la Gendarmerie en utilise déjà beaucoup pour renforcer ses rangs. Il est vrai que nous ne sommes plus à une contradiction près puisque M. Ciotti s’était élevé contre les peines qui n’étaient pas exécutées demandant plus de sévérité à ce sujet. Il n’a pas été entendu par le Procureur de la République de Dunkerque qui s’est vu contraint de reporter certaines incarcérations du fait de la surpopulation carcérale. Une fois la « trêve estivale » terminée la rentrée sera orientée vers les élections présidentielles et les propositions n’ont pas fini de fleurir.

Quand les chiffres du chômage s’emballent. Nous avons appris, au mois de juillet, que les bons chiffres du chômage relevés en début d’année s’était rapidement inversés et qu’ils étaient mauvais à la veille des vacances. Nous ne comprenons pas que des gens puissent être étonnés de cet état de fait. Quand la RGPP réduit les effectifs dans les administrations, celles de la sécurité comme d’autres, quand un départ à la retraite sur deux n’est pas remplacé, il semble logique que le nombre de demandeurs d’emplois augmente. Si l’on demande au « privé » de faire l’effort de prendre à son compte les emplois détruits il va falloir aider les patrons. Prenons l’exemple des services de sécurité, si les chiffres sont mauvais, c’est les citoyens qui en pâtissent. Dans une entreprise privée si les résultats ne sont pas bons, c’est elle qui en souffre jusqu’à risquer de fermer ses portes et d’envoyer une nouvelle vague de chômeurs au pôle emploi. Il y a peut-être un calcul à faire, combien coûtent des chômeurs ? Et combien coûtent des emplois de fonctionnaires ? Même si l’on doit admettre que certains mammouths ont besoin d’être dégraissés.

Monsieur Roland Courteau, Sénateur, vient de publier sur son site la réponse qu’il a obtenue du ministre de l’Intérieur à la question qu’il avait posée : connaître le bilan du rattachement de la gendarmerie à son ministère et les avantages qui en découlent.

Cette réponse est la même que celles que nous avons pu lire à chaque fois que des questions de ce genre ont été posées. C’est avant tout la description de « l’usine à gaz » qu’est devenue la politique de sécurité par les créations de nombreuses structures. Un véritable tour de magie digne de l’illusionniste Robert Houdin puisque le ministre explique qu’il a réussi à faire toujours plus avec moins d’effectifs et de moyens. Pour une fois nous n’avons pas droit à une longue litanie de chiffres, il faut dire qu’il semblerait que les statistiques actuelles ne soient pas conformes aux espoirs du chargé de la sécurité. Si le ministre de l’Intérieur souhaite se recycler, il peut toujours briguer un poste d’animateur au musée de la magie à Blois.

Le 3 août, la Nouvelle République du Centre Ouest nous apprend qu’un garde civil espagnol est venu prêter main forte aux militaires du poste à cheval de Chambord (41). Luis Delgado est normalement en poste à Valdemoro près de Madrid et pendant le mois d’août il va intégrer cette unité hors normes, unique en France, composée de 3 sous-officiers et 9 jeunes femmes gendarmes adjoints volontaires. Le principal de la mission consiste à rebuter les roulottiers qui sévissent sur les parkings. On ne peut négliger le côté « vitrine » pour la Gendarmerie, le cheval étant bien placé entre les hélicoptères et les voitures rapides des autoroutes. Le renfort d’un garde civil espagnol sera certainement apprécié au cours de l’été, ne serait-ce que pour le contact avec les nombreux touristes venus de son pays. Nous suggérons à la hiérarchie gendarmerie et son ministre de tutelle de pousser l’expérience un peu plus loin : Pourquoi ne pas en profiter pour appliquer les règles de la Guardia civile espagnole dont les membres ont le droit d’associations ce qui leur apporte une possibilité d’expression dont sont loin de disposer les gendarmes Français.

Début août nous avons suivi en direct les émeutes de Londres et de quelques grandes villes chez nos voisins Anglais. Nous avons surtout entendu un haut responsable de la police qui indiquait que ses services étaient « au maximum de leurs capacités ». Heureusement la situation s’est calmée. Nous imaginons ce qui se produirait en France si des problèmes identiques venaient à se (re) produire. La dissolution de 15 escadrons a été justifiée en son temps par « un climat social apaisé » mais nous savons qu’il existe une très forte tension dans nos cités et qu’une étincelle pourrait mettre le feu à la poudrière.

Rapport de mission sur le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’intérieur.

M. le député Moyne-Bressand et Mme la sénatrice Escoffier ont rendu leur rapport de mission. Cette dernière, concernant le bilan du rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’Intérieur, leur avait été confiée par le premier Ministre. Nous avons pu nous procurer ce document de 43 pages. Le syndicat de police SNOP (officiers de police), s’est offusqué du contenu de ce rapport. Il reste très semblable à ce qui se dit habituellement pour justifier les restrictions en cours mais surtout s’auto-satisfaire des résultats obtenus. Face à ce contenu, les reproches du syndicat sont toujours les mêmes avec une seule nouveauté, des récriminations à l’égard de qualificatifs flatteurs envers la Gendarmerie. Que le SNOP se rassure, cette pommade n’a qu’un but : Faire accepter les réductions d’effectifs et de budgets mais aussi l’éternelle interdiction du droit d’association et une obligation du devoir de réserve sans limite. Dans cette optique les parlementaires chargés de mission ont rappelé la nécessité de conserver sa militarité à la gendarmerie. L’évocation de la nouvelle participation locale qui apporte un droit d'expression et aurait apaisé le climat social est un leurre qui ne trompera personne. Nous n’attendions pas d’autre attitude de M. Moyne- Bressand, il était rapporteur de la Loi dont il a été chargé d’évaluer les effets. Nous reviendrons plus longuement sur ce sujet dans notre magazine à paraître fin septembre.

Christian Contini. Président AG&C http://sites.google.com/site/assogendarmesetcitoyens/

D’autres articles dans le magazine de l’association gendarmes et citoyens de septembre (en particulier un dossier sur les suicides en Gendarmerie).

http://issuu.com/agecassociation/docs/agec_magazine_septembre_2011_209



3 réactions


  • foufouille foufouille 31 août 2011 12:51

    fallait se reveiller il y a 20a
    a part les controles routiers .........


  • chapoutier 31 août 2011 13:45

    nous allons tout droit vers la privatisation de la sécurité, on verra fleurir les officines privées, un pas de plus vers le démantèlement de la république, pour la plus grande joie des syndicats de polices type alliance qui sont un véritable danger contre la démocratie et en grande partie à l’origine de la décision de démanteler la gendarmerie nationale.

    et que pensez vous du projet des 10000 hommes de troupe pour le maintient de l’ordre sur le territoire nationale.
    n’est-ce pas un aveu de la part de sarkosy de sa crainte de troubles graves en réaction a sa politique anti-sociale ?


  • beneolentia beneolentia 1er septembre 2011 12:15

    Si on privatise la sécurité, c’est mal, (parce que se sont des sociétés privées)

    Si on démantèle la gendarmerie c’est un bien, (parce que ce sont des militaires)

    Si on utilise l’armée pour faire la police c’est un mal, (parce que ce sont des militaires)

    La police doit rester publique, et civile.

    +
    Un civil est, par opposition à un militaire, une personne qui n’est pas membre d’une armée.
    D’une manière général, le terme civil désigne tous ce qui relève des non-militaires en général et des citoyens en particulier.

    +
    Public : adjectif dérivé du nom commun (féminin : publique) concernant un objet accessible à tous, ou le concernant.
    Le public désigne aussi souvent le secteur public, c’est-à-dire l’ensemble des administrations et entreprises gérées, directement ou indirectement par l’État et les collectivités locales, par opposition au privé (le secteur privé).


Réagir