jeudi 19 avril 2018 - par erpotiron

Arkéa, un projet qui met en danger l’emploi !

Sous l’impulsion de son président, Jean-Pierre Denis, le Crédit Mutuel Arkéa souhaite plus que jamais se désolidariser du Crédit Mutuel. Les arguments et le projet en lui-même interrogent. Or, l’enjeu est important, notamment pour les employés de la filiale bretonne qui sont en première ligne.

Et si le Crédit Mutuel venait de boucler son dernier exercice faste ? C’est la question que se pose les employés. On peut lire sur le site Internet du mutualiste tricolore que le groupe Crédit Mutuel a connu “une hausse du PNB de 5,5 %” ce qui confirme “ la solidité et la pertinence de son modèle mutualiste . Un modèle que certains veulent remettre en cause.

Depuis le 23 mars – et jusqu'au 20 avril –, les administratrices et administrateurs du Crédit Mutuel Arkéa sont appelés à se prononcer sur le principe d'une sécession, mis aux voix par le patron de la branche bretonne, Jean-Pierre Denis. Celui qui se présente volontiers comme un « bonnet rouge de la finance », prétextant agir selon les intérêts de la région et du « peuple breton », rumine son projet de sécession depuis un bout de temps déjà. Et beaucoup, au sein de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), se posent des questions sur ses intentions réelles.

C'est, notamment, l'absence de projet véritable qui surprend – et inquiète. C’est une fuite en avant, car on ne crée pas un établissement « coopératif et mutualiste » – selon le bon vouloir de M. Denis – sans dossier solide. Le conseil d'administration du CNCM l'a d'ailleurs bien compris ; il y a quelques semaines, il a tenu à exprimer « sa vive inquiétude vis-à-vis d'un aventurisme lourd de risques pour les sociétaires et salariés du Crédit Mutuel Arkéa et pour le mutualisme ». Une crainte partagée par les autorités publiques compétentes en la matière.



D'après la mission pilotée par Christian Noyer, ancien gouverneur de la Banque de France, chargée de faire la lumière sur le différend entre la filiale bretonne et sa maison-mère, « le maintien de l'unité serait [en effet] nettement préférable, tant pour la stabilité de l'ensemble du monde bancaire mutualiste et la crédibilité du modèle mutualiste français […] que d'un point de vue prudentiel ». Le statu quo, c'est aussi ce que prône le ministère de l'Economie et des Finances, qui a indiqué « partager » les conclusions de la mission.

D'autant plus qu'en cas de scission, Arkéa devra abandonner la « marque » Crédit Mutuel, tout en demeurant « coopérative et mutualiste » – quelle cohérence y a-t-il là-dessous, si ce n'est aucune ? Les caisses régionales devront donc se dissoudre pour ne plus apparaître aux couleurs du groupe mutualiste français. Ce qui signifie également qu'elles abandonneront les circuits de financement, de coopération et de débouchés que lui octroyait la Confédération ; sans parler de la notoriété, européenne voire mondiale, qu'elles n'auront plus.

« Un véritable enfumage »

C'est ce qu'un courageux collectif de mutualistes de bretonnes et bretons a entre autres tenu à dénoncer, dans une pétition récemment publiée sur Change.org, qui soulève d'ailleurs plusieurs autres questions. Comme, par exemple, «  le peu de cas fait des avis négatifs de la Banque centrale européenne et du gouvernement français sur ce projet de séparation  » ; ou encore « la réalité des rémunérations anormalement élevées, dans le milieu bancaire mutualiste, du management général des dirigeants du Crédit Mutuel Bretagne » ; et, enfin, l'avenir des salariés.

Pour Roger Le Bris, retraité d'Arkéa et ancien camarade CFDT au sein de la Confédération nationale, « on ne peut défendre ce projet de scission au nom de l'emploi »... tout simplement parce que les salariés ne sont pas assurés de conserver leur poste ! Mais ont-ils réellement le choix ? De nombreuses voix s'élèvent afin de dénoncer les manipulations dont se rendrait coupable la direction bretonne pour inciter les employés à accepter la scission.

Ainsi, de plus en plus, il bruisse que Jean-Pierre Denis agit non pour l'intérêt des Bretonnes et Bretons de la région, mais bien pour le sien. Ce qui expliquerait les sommes astronomiques dépensées dans la communication autour des « bienfaits » de l'indépendance d'Arkéa. « L'opération de Jean-Pierre Denis […] est un véritable enfumage ; sous couvert de défense de l'emploi, totalement surréaliste, nous sommes en situation d'un pillage financier hors normes », pointe ainsi du doigt Roger Le Bris.



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