vendredi 4 mai 2018 - par

Aveux forcés

Ces derniers temps, un individu normalement constitué est dans l'obligation d'avouer devant tous les passants ses désirs, ses penchants, ses tendances supposés par le groupe. Que ceux-ci soient réels ou pas. Que ce soit le fantasme du troupeau se basant sur des clichés et autres lieux communs ou pas. On lui tire des aveux presque obligatoires du nez. Qu'il n'aille surtout pas contre. Voire certains groupuscules et associations font son "outing" à sa place, idem pour des adolescents en milieu scolaire. Et finalement ont un point de vue rigoureusement homophobe sur les homosexuels, par sottise et ignorance...

 

C'est d'autant plus répandu que maintenant cela donne de soi une image tellement positive, tellement progressiste d'avoir "aidé" un-e homosexuel-le, de l'avoir comme ami-e. On est tellement libertaire à fréquenter des homosexuels forcément vus comme cultivés et sensibles alors qu'un homo peut être inculte, et, ou con. Sa sexualité ne l'éloigne pas des travers de l'humaine espèce, ne l'en dispense pas. C'est un peu comme oublier cela aussi pour les personnes d'origine étrangère, ce qui est au fond pour le moins ethno différencialiste voire pleinement raciste.

 

Je songe particulièrement à ce garçon précieux, un peu maniéré dont j'ai croisé le chemin il y a quelques années. Mal dans sa peau, il se cherchait comme tous les jeunes de son âge. Toutes les personnes autour de lui, professeurs et éducateurs étaient persuadés convaincus qu'il était homosexuel mais ne voulait pas se l'avouer à cause de son attitude. Tous ceux à qui il demandait conseil lui intimait de se reconnaître homosexuel. Moi, je lui suggérai juste de réfléchir par lui-même sur son intimité et que cela ne regardait personne d'autres.

 

Trois jours après je le croisai en ville filant le parfait amour avec une jeune fille, sans qu'il n'y ait aucune espèce d'ambiguïté sur leurs relations.

 

Moi-même j'ai vécu le même genre de mésaventure dans un établissement scolaire. Ma manière de parler, mon goût pour la littérature, et mon vitiligo pris pour du SIDA semblèrent pour des collègues enseignants un signe évident de mon homosexualité. Il y avait ceux que cela embêtait et ceux tenant à me défendre, arrivant par exemple à une réunion avec un badge "Non à l'homophobie" "pour me défendre". Je protestai gentiment en la remerciant malgré tout mais rien n'y faisait, j'étais homosexuel et je me devais de l'avouer.

 

Il fallut que j'aille m'expliquer virilement pour le coup avec l'imbécile ayant lancé cette rumeur sur mon compte pour que tout cette farce s'arrête. Comme il ne m'avait pas l'air cependant très convaincu, et pour me payer sa tête un peu, c'était de bonne guerre, je serrai sa main avec les miennes avec force pour "sceller" l'explication. Mais il me paraissait penser encore que j'étais contagieux...

 

Il faut à l'instar d'autres catégories de population qu'il y ait toujours une "grande folle de service" se devant d'être extravertie ou "honteuse" et de vivre tristement avec sa mère "dans un très grand appartement rue Sarasate". C'est ainsi dans notre société si avancée...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury - Grandgil

 

illustration

 (Affiche de "guillaume et les garçons à table")

 empruntée ici




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