jeudi 23 octobre 2008 - par ÇaDérange

Brèves... maritimes

  • Après des années de discussion pour réformer les ports français et les rendre compétitifs avec des ports étrangers autrement plus dynamiques, mieux équipés et organisés, la réforme des ports français s’est matérialisée par la loi du 4 juillet dernier dont on attend encore les décrets d’application. Les problèmes de compétitivité de nos ports sont liés à des investissements insuffisants au fil des ans, à la sophistication et au coût de plus en plus élevé des installations portuaires, à l’obsolescence de la structure des ports autonomes et au souhait des armateurs de retrouver la maîtrise des personnels des infrastructures portuaires, au financement desquels ils étaient prêts à participer. Car l’organisation du travail "à la française" est telle qu’elle nécessite deux fois plus d’intervenants pour une tâche équivalente qu’à Rotterdam, Barcelone ou Gènes.
    Les décrets qui vont sortir créent une nouvelle catégorie de ports, les GPM pour Grand Ports Maritimes, qui seront désormais gérés par une structure de Conseil de surveillance et de Directoire. Chaque Grand Port Maritime devra se doter d’un plan stratégique dans les trois mois et devra, dans les deux ans, transmettre au privé les grues et les portiques ainsi que les personnels qui les opèrent. Il y a environ 1 800 personnes qui sont concernées par ces transferts au privé et il a été donné aux partenaires sociaux jusqu’à fin novembre pour négocier les conditions de ces transferts (garanties pour les transférés dans le privé et application de la convention collective des dockers aux grutiers en particulier). En fin de compte, d’ici deux ans, tous les dockers et grutiers devraient être sous commandement unique des entreprises de manutention.
    Gageons que sur cette période le fonctionnement de nos ports devrait être sérieusement perturbé.
  • Les navires naviguant dans les eaux territoriales des pays européens ou se présentant dans un port de l’Union devront à court terme... être assurés pour les dommages qu’ils pourraient créer en cas d’accident. Car, pour l’instant, ils ne sont pas forcés de l’être !
    C’est la Commission européenne qui va légiférer dans ce sens dans une Directive très attendue. Ce sont les Etats qui devront tenir un registre des bateaux battant leur pavillon, s’assurer qu’ils sont désormais assurés, et faire auditer leurs administrations maritimes par des organismes privés. Toutes choses qui, si je comprends bien, ne devaient pas être assurées avec cette rigueur pour l’instant.
    Il a quand même fallu édulcorer sérieusement la première version de cette directive qui avait été rejetée par 20 pays sur 27 pour arriver à faire passer le texte. C’est dire combien les pays européens devaient être laxistes dans leurs réglementations maritimes. Il est vrai que seuls les pays de la façade maritime sont vraiment concernés. Un pas en avant limité donc, mais un pas en avant tout de même.
  • Côté économique, le transport maritime est en première ligne dans la crise économique réelle qui se profile à l’horizon tellement sont devenus importants les échanges maritimes entre les pays consommateurs et les pays producteurs. Les indicateurs sont en effet au rouge comme le Baltic Dry Index qui donne la tendance des cours des frets dans le transport vrac (charbon, minerais ou céréales) qui a été divisé par quatre en quatre mois ! C’est dire que la chute des cours des matières premières est bien là.
    Quant aux porte-conteneurs, le trajet Asie-Europe d’un conteneur de 40 pieds ne coûte plus que 400 dollars contre 1 400 il y a un an ou encore la location d’un porte-conteneur de 2 500 boîtes ne vaut plus que 18 000 dollars/jour contre 25 000 en janvier.
    En plus, les compagnies maritimes n’ont pas été très prudentes dans leurs commandes de navires puisque 1 410 navires nouveaux, soit un tiers de la flotte mondiale doivent être fabriqués et livrés d’ici 2013 ! Et comme en plus il va falloir les financer dans le contexte de crise du crédit actuel, gageons que nous allons assister à des annulations de commandes massives (une sur trois) et peut-être même à des faillites des compagnies maritimes.
    Seul élément positif de cette crise qui se profile, elle fera peut-être disparaître les vieux bateaux qui continuaient à opérer du fait de la force de la demande. 

 



2 réactions


  • appoline appoline 23 octobre 2008 13:28

    Au niveau du nautisme, idem, la gestion des ports laisse à désirer. La compétence du personnel laisse apercevoir une incompétence flagrante entre entretien, investissement, fonctionnement. Eaux noires et grises sont rejetées directement dans les bassins. Alors si on ne maîpltrise pas la gestion dans les plus petits ports, comment peut-on le faire en gardant la même mentalité avec des tankers. Ce raisonnement qui peut vous paraître simpliste et pourtant une réalité. Il faut des gestionnaires à la tête de ces entreprises, une bonne analyse des besoins et des possibilités. Nous serons compétifif en adaptant l’un à l’autre.


  • JJ il muratore JJ il muratore 30 octobre 2008 19:57

    @ çaDérange. A une époque j’ai eu à travailler pour la PA de Marseille...La CGT y faisait la Loi façon maffia italienne.


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