Campus France, quel accueil pour les étudiants étrangers ?
Le mercredi 7 mars, les ministères de l’Education nationale et des Affaires étrangères ont créé l’agence Campus France, chargée de coordonner l’orientation, l’accueil et les bourses des étudiants étrangers. Mais le rôle de cette structure qui va devenir déterminante pour tous les étudiants étrangers n’est pas clair...
Tout commence le jeudi 1er mars au conseil d’administration extraordinaire du Centre national des oeuvres universitaires et scolaires (le CNOUS), organe gérant l’aide sociale pour les étudiants, les restaurants universitaires et les cités universitaires. Un débat houleux commence, lancé par une proposition du gouvernement qui souhaite mettre en place un nouveau dispositif d’accueil pour les étudiants étrangers, basés sur les centres d’études en France, créés il y a deux ans.
Le ministère de l’Education nationale présente le projet « Campus France », groupement d’intérêt public regroupant les ministères des Affaires étrangères et de l’Education nationale, le CNOUS, l’association EGIDE (promotion de l’enseignement supérieur français à l’international), et les établissements d’enseignement supérieur (universités et grandes écoles). L’objectif affiché de ce GIP : le développement de la mobilité universitaire ou l’initiation de « toute mesure visant à améliorer l’accueil des étudiants étrangers ».
Très vite, les représentants des étudiants (UNEF, FAGE, PDE) ont dénoncé un projet développé sans aucune consultation des représentants des étudiants et du personnel, projet amenant de tels changement qu’il est impossible d’en débattre de tous les aspects, et que le vote des membres du CNOUS ne pourrait se faire que sur un rejet ou une adoption du texte, sans réelle possibilité d’en changer le contenu.
En effet, plusieurs points négatifs sont soulevés, malgré la bonne volonté affichée du projet :
- Il est prévu que d’ici dix-huit mois, la gestion des bourses réservées aux étudiants étrangers soit transférée du CNOUS à Campus France. La gestion des bourses par le CNOUS est donc remise en cause, et cela d’ailleurs sans que le personnel concerné n’ai été informé.
- Le conseil d’orientation prévu pour Campus France, dont les pouvoirs restent à définir, n’a pas défini de représentation étudiante en son sein.
- Le projet "Campus France" reprend le principe des centres pour les études en France mis en place dans quelques pays par le ministère des Affaires étrangères et par lesquels les étudiants étrangers doivent passer pour venir étudier en France, et ce avec des critères de sélection là encore assez flous.
Au final, le projet est passé à une voix près, l’ensemble des représentants des étudiants et des salariés s’y étant opposés (à l’exception de l’UNI). Après l’approbation en conseil des ministres, les CROUS devront donc demander dans chaque académie à se prononcer pour adhérer à l’Agence Campus France. Le débat est à peine né qu’il est clos !
Alors que les Réseaux universités sans frontières, qui visent à protéger les étudiants sans papiers et à aider les étudiants étrangers sans visas à venir étudier en France, se multiplient dans les universités (voir le site RUSF), le gouvernement a ainsi encore choisi de faire passer un dispositif en force sans avoir permis de mener un débat serein et constructif sur le sujet.
On a beaucoup parlé de réforme de l’université récemment, hors le sujet des étudiants étrangers, de plus en plus nombreux à venir étudier en France et souvent dans des conditions difficiles, a été très peu abordé. C’est pourtant ces étudiants qui permettent à nos universités d’avoir un semblant de rayonnement international . Or, aujourd’hui, on constate que les problèmes sont de plus en plus nombreux pour les étudiants étrangers : quotas dans les cités universitaires, aide sociale quasi inexistante, démarches administratives lourdes ...
Il faudrait donc lancer un réel débat entre tous les acteurs de l’enseignement supérieur (universités, Crous, ministères), les représentants des étudiants et les associations d’étudiants étrangers pour avancer sur ce sujet. Ce n’est pas en faisant tout pour sélectionner les étudiants étrangers par des critères de rentabilité que l’on fera de nos universités de vrais lieux de mélanges des cultures !