vendredi 12 janvier 2018 - par Laurent Herblay

Céline, Charlie, #balancetonporc, censure d’Internet, RT : la liberté d’expression en danger ?

Non publication de pamphlets de Céline, Charlie en danger du fait de son budget sécurité, polémique sur la tribune pour « la liberté d’opportuner  », censure d’Internet au nom de la lutte contre les fausses nouvelles, demande d’interdiction de RT  : malheureusement, beaucoup de choses indiquent que la liberté d’expression est menacée en France, aussi insidieuse soit cette évolution.

 

De « l’ouverture » à Orwell
 
 
En un seul mois, le temps s’est malheureusement accéléré. Le lancement de Russia Today a provoqué une réaction hystérique de certains média, appelant carrément à sa censure, démontrant encore une fois que ceux qui se disent ouverts sont parfois les plus fermés. Ensuite, Emmanuel Macron a annoncé des mesures pour censurer les sites qui diffusent les « fausses nouvelles », d’une manière qui inquiète au-delà de nos frontières, comme l’a rapporté Aude Lancelin sur les réseaux sociaux, qui avait également pointé un article sur le fait que Google pénaliserait les sites dits alternatifs. Gallimard a fini par renoncer à publier des pamphlets de Céline. Et comment ne pas s’inquiéter du sort de Charlie, toujours critiqué et menacé à tort, et dont l’existence est menacée par son budget sécurité
 
La récente polémique sur la tribune de cent femmes dans le Monde « défendant une liberté d’importuner  », après les excès de #balancetonporc, prend un relief particulier. D’abord, il faut rappeler ce qu’elles disent : « le viol est un crime (…) à la suite de l’affaire Weinstein a eu lieu une légitime prise de conscience des violences sexuelles exercées sur les femmes (…) elle était nécessaire  », tant la critique tend à en gommer cet aspect. Elles ne critiquent que les excès d’un puritanisme qui mène parfois une justice expéditive et peut « servir les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires réactionnaires  ». Un débat courageux et utile dans nos sociétés trop binaires.
 
Merci à elles d’avoir fait honneur à une certaine idée de la liberté. Les caricatures grossières de leurs critiques me confortent dans l’idée que cette tribune était utile pour rééquilibrer un débat, qui, s’il est absolument nécessaire et utile au progrès de notre société, pour faire reculer les agressions, peut avoir un côté obscur en versant dans cet hygiénisme extrême anglo-saxon qui semble parfois vouloir imposer une signature de contrat avant tout contact entre un homme et une femme. Bien sûr, l’affaire Weinstein a eu des conséquences positives en libérant une parole qui aurait dû être libre, mais parfois, on peut craindre que nous soyons tombés dans des réactions trop extrêmes.
 
 
Plus globalement, cette nouvelle séquence est inquiétante car elle semble indiquer une forme de crispation et de raidissement contre la liberté d’expression, qu’illustre le caractère de plus en plus agressif de ceux qui ne sont pas d’accord avec le camp adverse. Je persiste à penser que cette liberté d’expression est un fondement de nos valeurs, de Charlie à des personnes que je reprouve totalement.


15 réactions


  • Christian Labrune Christian Labrune 12 janvier 2018 11:29

    à l’auteur,

    A partir du moment où on considère que Charlie Hebdo et les pamphlets d’un trou du cul littéraire de la maison Gallimard appelant au génocide procèdent de la même liberté d’expression, je ne vois pas pourquoi on ne mettrait pas dans le même grand sac ceux qui ont commandité de loin les massacres de Charlie Hebdo ou du Bataclan. Une feuille collabo telle que Je suis partout, du point de vue des conséquences, valait bien les sites Internet plus récents du Califat appelant au massacre des innocents.
    Après tout, les jihadistes, me direz-vous, ont bien le droit de s’exprimer aussi et de la manière qui leur convient. La liberté d’expression, ce n’est pas pour les chiens. Ils ont bien aussi le droit de vivre, comme tout le monde, non ?
     


    • Scuba 12 janvier 2018 12:56

      @Christian Labrune

      Effectivement, la liberté d’expression s’applique aussi aux sous-merdes Daeshiennes.

      PAR CONTRE, la liberté d’expression, ce n’est pas l’OBLIGATION pour un merdia de mettre complaisamment en une toutes les saloperies proférées par le premier trouduc venu. Et d’en faire donc sa publicité.

      Et il semblerait que beaucoup font cette confusion...

    • Crab2 13 janvier 2018 15:10

      @OMAR
      Parler de nazisionisme est similaire aux bouffées de délires de Trump - Même pas envie dans dire plus -


  • Crab2 12 janvier 2018 11:31

    Pour certains tragi-comiques les frères Kouachi ont baclé le boulot

    http://imgstore.free.fr/Les%20djihadistes%20de%20boudoir.odt


  • zygzornifle zygzornifle 12 janvier 2018 14:11

     malheureusement, beaucoup de choses indiquent que la liberté d’expression est menacée en France....


    Sarkozy l’avait déjà bien écorchée , Hollande l’a amplifiée avec son Valls et Macron va la piétiner .....

  • Tom France Tom France 12 janvier 2018 14:55

    Pour rebondir sur l’affaire weinstein, tout le gratin hollywoodien savait parfaitement ce qu’il faisait et préférait ne rien dire parce que comme disait la vieille meryl streep : « c’est un dieu » ! Enfin bref, il y a vraiment un gros problème en france au niveau de la liberté d’expression et plus encore avec la liberté d’opinion. Il faut voir aussi la plupart des gens dans la rue et les réactions totalement hystérique à la moindre opinion réfléchi sur n’importe quel sujet !


  • Samson Samson 12 janvier 2018 15:17

    « Les caricatures grossières de leurs critiques me confortent dans l’idée que cette tribune était utile pour rééquilibrer un débat, qui, s’il est absolument nécessaire et utile au progrès de notre société, pour faire reculer les agressions, peut avoir un côté obscur en versant dans cet hygiénisme extrême anglo-saxon ... »

    Quel « débat » voudriez-vous rééquilibrer, quand des intellectuel(le)s réagissent à une « culture » mondialiste du slogan - formaté en maximum 140 caractères - pour être ensuite twitté ou liké en meute ?

    « Plus globalement, cette nouvelle séquence est inquiétante car elle semble indiquer une forme de crispation et de raidissement contre la liberté d’expression, qu’illustre le caractère de plus en plus agressif de ceux qui ne sont pas d’accord avec le camp adverse. »

    En régime de Pensée Unique, « TINA », le totalitarisme néo-libéral ne tolère aucune remise en question des options macro-économiques qu’il nous impose. Les seules options restantes au maintien de la mascarade démocratique et d’un semblant de débat portent donc sans surprise sur la critique du totalitarisme religieux - auquel il prétend en fait se substituer ! - et sur l’évolution des mœurs ! Et quand l’émergence de l’aristocratie mondialiste a pour corollaire l’appauvrissement massif des populations européennes nord-américaines et mondiales, on comprend volontiers l’urgence pour le « progressisme » contemporain de produire slogans et revendications destinés à toujours mieux brouiller les repères et enfumer l’opinion quant aux réels enjeux sociétaux.

    Quand la liberté - qu’elle soit d’expression ou toute autre - ne s’envisage plus que comme slogan publicitaire avec toujours moins de choix quant aux produits qu’elle permet d’encore consommer (même langue de bois de rigueur sur toutes les chaînes et dans tous les journaux), il n’y a guère lieu de s’étonner de la chasse aux « fake newis » et autres entraves à son authentique exercice.

    Et pour en rire un peu, je vous renvoie à l’excellente et fort savoureuse tribune de Frédéric Lordon sur le sujet ! smiley


    • Piere CHALORY Piere CHALORY 13 janvier 2018 09:57

      @Samson


      D’accord avec votre commentaire, mais juste une précision ; même si ceci ne change guère l’apparence ou la finalité des twits, ceux-ci sont passés récemment à 280 caractères au lieu de 140, ce qui permet tt de même d’en dire un peu plus...

      Pour revenir juste sur ce projet d’interdiction des fake-news, ça me rappelle un peu l’histoire du type qui scie la branche sur laquelle il est assis. Il est clair que le système actuel dit démocratique ou progressiste n’existe que et par les fake-news. 

      Tous ces cloportes journaleux agrégés es-info bidonnée, qui portent aux nues des menteurs ataviques, tous ces politocs mafieux biberonnés au discours Ena.nique ; consistant à raconter simplement n’importe quoi, mais d’un air convaincu ; vivent sur un énorme tronc d’arbre virtuel, fait de mensonges grossiers enchevêtrés les uns dans les autres. 

      Ils sont arrivés à un point de surenchère tel que des spécialistes en sémantique perverse, officiels ou officieux travaillent jour & nuit à inventer des phrases magiques qui pensent-ils vont les sauver ; C’est ainsi que naissent des proto-types de larverie étonnants ; du de la Housse à Reluire, à pompes vernies sur-mesure très onéreuses au troll anonyme et besogneux chaussé darty-tong, qu’on croise souvent par ici, au fait.

      Tout le problème étant que des gens simples croient encore ces médias dominants, de moins en moins certes, mais quand même... Si vous parlez à un français dit profond, çad représentant la France dite profonde, il vous répétera les phrases du jité faisandé comme si c’était son opinion. Je le sais car j’en ai vu des exemplaires encore vivants.

      Cette espèce, ce ciment crétin fondateur de la situation actuelle par assentiment in-conscient, est heureusement en voie de disparition, les jeunes regardant et écoutant de moins en moins les vecteurs de l’insane enregistré ou direct que sont les médias dits mainstream.

      Alors, sachant que la concurrence du Web prend de plus en plus de parts de marché sur l’opinion écrite ou parlée, et surtout pensée. Sachant que les fake-newzeurs professionnels le savent très bien, ils espèrent donc supprimer tout simplement, interdire, condamner, prohiber toute opinion différente de celle qui les arrange, & qu’ils infligent depuis la nuit des temps à la masse égarée au sens large.

      Ceci ou cela me paraît toutefois non seulement prétentieux mais surtout, dans les faits ; impossible. L’Union Européenne (Soviétique ?) commence à perdre beaucoup de sa crédibilité aux yeux des foules austérisées malgré elles. Brexit, marche arrière toute pour mère Kel, reste plus que le dieu-roi-empereur de ce qui reste de cette association délétère et ses sbires pour y croire encore...

      Optimisme béat de ma part, c’est bien possible.


    • Samson Samson 13 janvier 2018 20:27

      @Piere CHALORY
      « Sachant que les fake-newzeurs professionnels le savent très bien, ils espèrent donc supprimer tout simplement, interdire, condamner, prohiber toute opinion différente de celle qui les arrange, & qu’ils infligent depuis la nuit des temps à la masse égarée au sens large.
      Ceci ou cela me paraît toutefois non seulement prétentieux mais surtout, dans les faits ; impossible. »

      Quand les tweets - en 140 ou 280 caractères - du leader de la première puissance mondiale font désormais office de communications « officielles » de la présidence U$, vous conviendrez qu’ils ne laissent guère place aux arts de la nuance, du raisonnement ou de l’argumentation, mais tout au plus au marketing de la formule bien sentie et du slogan percutant, Et c’est toute une génération qui est maintenant familiarisée et formatée à ce mode de communication.

      D’autre part, les sièges des principaux réseaux sociaux et moteurs de recherche planétaires étant établis aux USA - soit sous juridiction du Patriot Act - leurs fonctionnalités offrent aux autorités impériales des outils sans équivalents de centralisation, de contrôle et de manipulation de l’opinion et de l’information en ligne.

      Si je n’ajoute aucun crédit à la fable attribuant aux twitteurs russes le crédit de l’élection de Donald Trump - les Russes, pas plus fous que les autres analystes, n’auraient osé miser l’ombre d’un kopeck sur pareil cheval ! -, l’usage des réseaux sociaux comme outils de manipulation de masse me semble par contre hors de doute dans l’organisation des feu « Printemps Arabes », des « révolutions » libyennes et syriennes et autres « vertueuses » campagnes d’opinion en appui à la stratégie du Chaos déployée par l’OTAN et le Pentagone. Il suffit de se rappeler ces clichés viralement « likés » pour faire pleurer dans toutes les chaumières, ou encore ces touchants témoignages d’une enfant de cinq ans bénéficiant manifestement d’une connexion internet hors pair dans l’enfer d’Alep assiégée et privée d’électricité : les scribouillards et autres éditoctrates à la botte - désormais relégués aux seconds rôles - n’ont déjà plus qu’à embrayer.

      Ce qui est inquiétant, ce n’est pas tellement l’illusoire censure des fake news par l’état français - à mon sens un pur fantasme jupitérien de toute puissance narcissique -, mais la collusion en cours du grand capital numérique avec l’appareil impérial.
      Google ne censure pas, mais déclasse déjà les sites et infos « dérangeantes », ce qui revient pratiquement à les faire disparaître du panorama numérique.
      Et nul doute qu’alors que le système est aux abois, la politique commerciale des GAFAM intègre déjà plus ou moins discrètement à leur « core-businness » la vente aux autorités clientes de toute information utile concernant recherches, opinions ou internautes ciblés : leurs intérêts convergent.

      Big Brother is watching you !

      Maintenant, rassurons-nous : je ne miserais moi non plus l’ombre ni d’un kopeck, ni d’un €uro ou d’un dollar sur la survie de ce système. Un milliardaire narcissique à la tête de l’Empire, le giton de Rothschild, tout aussi narcissique, aux manettes de la République nous en disent long sur l’état de désagrégation de l’Occident, en seulement 45 ans d’application du catéchisme néo-libéral.

      En vous présentant mes cordiales salutations ! smiley


  • Crab2 12 janvier 2018 16:01

    Le «  féminisme victimaire »est au féminisme universel ce que la pudibonderie est au sexuel dans la société – CRAB

    .

    suites  :

    https://laicite-moderne.blogspot.fr/2018/01/vux-2018.html

    .

    http://laicite-moderne.blogspot.fr/2014/08/salome.html


  • L'enfoiré L’enfoiré 12 janvier 2018 17:03

    La féministe Anne Morelli a cosigné la tribune à raison


    • Samson Samson 13 janvier 2018 21:55

      @L’enfoiré
      N’étant pas abonné au Monde, il m’a fallu un peu de temps pour trouver le pdf de la tribune sur le net.
      Très beau texte !

      Chapeau bas, Mesdames ! smiley


  • legrind legrind 13 janvier 2018 13:42

    le projet Veritas a démontré que les comptes Twitter de droite, pro Trump sont censurés, supprimés.


  • Crab2 13 janvier 2018 15:12

    LEs femmes ne sont pas des petites choses fragiles !

    Au lieu de porter aussitôt plainte contre un harceleur ou un violeur, attendre, pour sauver sa carrière, dix ans et plus pour "balancer son porc " c’est faire preuve d’irresponsabilité vis à vis des autres femmes et des hommes qui ne supportent pas les prédateurs sexuels – je ne jette pas la pierre à ces dernières, mais n’ai nulle envie de les soutenir !


    • Samson Samson 13 janvier 2018 18:24

      « LEs femmes ne sont pas des petites choses fragiles ! »

      De fait, et sur certains aspects nettement plus solides et efficaces que les mecs !
      Que cela relève des relents d’une culture patriarcale moribonde, de la pudeur, du tabou ou de la psychologie féminine, il n’empêche que certaines de leurs réactions me restent profondément incompréhensibles.

      J’ai travaillé 17 ans dans une petite institution d’hébergement à l’origine destinée à l’accueil de femmes souffrant de handicap mental, et ensuite progressivement passée à la mixité, dans un premier temps du personnel, ensuite dans l’accueil de résident(-e)s.

      Une de mes collègues a un jour réagi ouvertement aux attouchements déplacés et par trop insistants d’un collègue masculin. C’est alors que le couvercle de la casserole a sauté : comme la justice l’a plus tard établi ce type abusait sexuellement de plusieurs résidentes et membres du personnel, Personne, et moi pas plus que les autres, n’avait rien vu, ou plutôt compris ! S’il tenait certaines collègues par le chantage, d’autres avaient démissionné plutôt que subir son harcèlement, mais pas une - 20 ans durant - n’avait parlé !

      Et je vous parle bien d’un établissement philosophiquement neutre où nous étions particulièrement sensibilisés à la problématique de l’abus sexuel et de son traitement, le pourcentage de femmes souffrant de handicap mental ou de troubles de la personnalité victimes d’abus sexuels - intra ou extra familiaux - étant particulièrement élevé, et ou tant l’information sexuelle des résidents que les problématiques liées à la prostitution de certaines résidentes étaient gérées en équipe éducative selon une approche pluri-disciplinaire, et notamment analytique !

      Je n’ai toujours pas compris mais j’imagine que je n’ai - apparemment pas plus que les autres - voulu ou accepté de voir ce qui se passait pourtant sous mon nez ! Quant aux collègues importunées ou abusées, certaines n’en ont pipé mot durant plus de 10 ans !

      Mais imaginer que la non-dénonciation du harcèleur ne visait qu’à préserver leur carrière me paraît en l’occurrence fort réducteur, d’autant que ce type n’occupait pas une position d’autorité au niveau du personnel !

      Bref, cette affaire reste pour moi une (sombre) énigme !!!

      Salutations !


Réagir