vendredi 29 mai 2020 - par Bernard Dugué

Comment allons-nous vivre avec le coronavirus ?

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 1) En ce début de mois de juin 2020, le virus semble disparaître, sans que l’on ne sache pourquoi. Les mesures de confinement on aplati la vague des admissions et limité grandement les contagions. Le déconfinement aurait pu faire remonter les chiffres. Il faut croire alors que si le déconfinement avec masques et distances sociales a été efficace, le virus est devenu pour on ne sait quelles raisons moins agressif en terme de contagiosité. Un effet saisonnier, lié aux températures élevées ou autre chose échappant à la science contemporaine ? Constater l’effacement du virus est une affaire d’observation, envisager le retour du virus est une affaire d’anticipation. Nul ne sait quand ni comment, avec quel impact, le SARS-CoV-2 pourrait causer une nouvelle épidémie. Tout en sachant qu’en ce printemps 2020, une épidémie de Covid-19 a bien eu lieu mais seulement dans les régions du nord, de l’est et l’Ile de France. Les autres régions n’ont pas connu d’épidémie. Le nombre d’infectés ayant été bien en deçà des seuils épidémiques fixés pour une grippe ou une gastro, quelque 180 cas pour 100 000 habitants sur une semaine.

 

 2) Si le Covid-19 réapparaît, nous sommes sans doute mieux préparer pour l’affronter sauf qu’il n’y a aucun traitement connu pour soigner cette maladie, excepté les molécules employées en médecine lourde pour les patients parvenus au stade sévère. Anticoagulant, anti-inflammatoires (mais pas n’importe lesquels). Le seul espoir étant de repositionner une molécule qui n’a pas encore été testée et de trouver un effet plus tangible que la chloroquine ou l’azithromycine. Pour le reste, ne comptez pas sur les antiviraux. La recherche piétine depuis des décennies et n’a jamais trouvé d’antiviral efficace contre les infections virales respiratoires, pas plus le tamiflu que le remdésivir. Par ailleurs, le Covid-19 présente un phénotype avancé interprétable comme une maladie immune, ce qui laisse peu de chance pour trouver un vaccin dans les prochaines années, un vaccin qui protège et ne fait pas que produire des anticorps. Le délai le plus court avancé par les spécialistes est de 18 mois. Si un vaccin était possible, mieux vaudrait miser sur 24 mois. Ce qui signifie deux étés et deux hiver à se « coltiner » ce virus plus que facétieux.

 

 3) Il faudra donc apprendre à vivre avec ce virus, avec les habitudes et les réflexes pris depuis le confinement du 17 mars, ce jour d’après devenu une sorte de 11 septembre de la vie sociale, un jour qui trace une irréversibilité dans nos consciences. Les choses ne seront plus comme avant. Certes, quelques événements ont marqué l’histoire récente et ont changé la « vision » du monde que se font les élites de l’Etat, les dirigeants dans le (et du) monde, de l’entreprise, et les gens de peu, qu’on désigne comme peuple. La France a connu trois attentats de grande intensité, le plus terrifiant ayant été celui des attaques coordonnées de novembre 2015. La vie a repris. Les terroristes ne nous ont pas empêché de revenir dans les cafés et les concerts, sauf que des mesures de sécurité drastiques furent mises en place, et par la suite les innombrables blocs-stop en béton disposés dans les villes pour sécuriser les événements rassemblant la foule, après le camion fou du 14 juillet à Nice. Les quais de Bordeaux furent sécurisés pour les fêtes du fleuve, puis les bloc sont restés, et font maintenant partie du paysage urbain. Depuis, nous sommes aussi habitués à voir des militaires se déplacer dans les centres-villes. Ils font partie du paysage urbain. C’est l’Etat qui en a décidé ainsi. L’Etat fait aussi de belles choses pour la société, rendons-lui justice, même s’il déraille. Nous sommes tous responsables de ce qu’est l’Etat

 Comme les blocs bétons, les masques sont amenés à faire partie du paysage urbain, étant entendu que le masque dans les campagnes risque de se faire rare, excepté dans de rares boutiques ou chez le dentiste. La ministre Borne aurait suggéré un port du masque obligatoire dans les transports en commun tant qu’un vaccin ne serait pas trouvé, ou bien un traitement miracle. Autrement dit, nous serions obligés, pour ne pas dire condamnés, de mettre le masque pendant une durée indéterminée, au minimum deux ans, et pourquoi pas cinq ou dix. Le corona 229E circule depuis soixante ans. Même si la plupart vont s’acclimater à la menace virale et s’habituer au contraintes légales, la peur du virus ne va pas disparaître de sitôt, non pas une peur comme on la connaît depuis trois mois mais une peur devenue surmontée ou oubliée, faite de prudence et de crainte diffuse. La disparition progressive du virus se fera aussi dans les médias et donc, la peur va s’effacer, mais comme les médias ont besoin d’événements impactant pour faire de l’audience, ils sauront nous rappeler que le virus est parmi nous dès qu’une personnalité sera affectée ou plutôt, un cas, un cluster repéré. Après le décompte des morts, le traçage des infectés, dans un abattoir, une agence postale, une entreprise, une école… Le traçage médiatique, qui ne sert pas le peuple mais les journalistes.

 Les faits cliniques et sociaux liés au virus ont un impact non seulement dans la société, non seulement dans les médias, mais aussi au sein même de l’administration sanitaire et du gouvernement qui conserve ses prérogatives sur cette pathologie devenue une maladie d’Etat et une question régalienne, au même titre qu’un conflit durable au Sahel. Apprendre à vivre avec ce virus impose aussi d’apprendre à gouverner le pays et ce, différemment de ce qui a été orchestré avec le confinement. Un second épisode de ce type aurait des effets désastreux sur une société déjà en état de catastrophe économique induite par une catastrophe naturelle doublée d’une catastrophe collatérale décidée par le régime. Une fois les plis administratifs pris, il est difficile de s’en défaire et l’Etat n’est pas prêt à abandonner les contraintes de distance sociale qui seront assouplies mais prêtes à être durcies en cas de retour des malades. La vie ne sera plus comme avant, plus de contacts rapprochés, bises, mains serrées… Sauf que les jeunes vont résister. Des fondamentaux de la vie sociale s’effacent. La société intégrée a pris un sacré coup, un chômage record et rien de bien réjouissant pour la suite. S’il est rapide de détruire les emplois par centaines de mille, en recréer autant est une affaire sur le très long terme et n’a rien de garanti. Il nous faudra aussi vivre dans une société fracturée comme jamais auparavant. Avec en plus des règles qui ont changé puisqu’un agent microbien affectant en peu de temps un nombre important de patients peut déclencher une séries de mesures autoritaires. C’est la première fois dans l’histoire que nous avons dû remplir un papier pour sortir avec des contraintes importantes. Cet épisode est inscrit dans nos consciences. Nous n’avons plus le sentiment d’être libre de nos allées et venues mais simplement autorisés à sortir puisque le gouvernement ne l’interdit pas. Ce 28 mai, Edouard Philippe a déclaré que la liberté allait devenir la règle. Terrible aveu. La liberté n’était pas la règle. Et ce ne fut pas une décision du virus mais du gouvernement. Allons-nous accepter que la liberté soit décrétée en fonction d’une situation sanitaire et limitée en d’autres circonstances à la discrétion d’un pouvoir renseigné par les experts ? C’est la question la plus essentielle de l’après confinement, une question philosophique qui n’a pas été posée.

 Apprendre à vivre avec le coronavirus, c’est surtout apprendre à vivre avec un régime politique qui au fond, n’a rien d’inédit. Le virus n’a fait que confirmer tous les régimes politiques de la planète, dévoilant leurs traits, leurs valeurs, leurs fondamentaux. Nous acceptons ces règles et ces régimes et si par miracle nous refusions cette vie, alors nous sommes capables de faire une révolution.

 

 4) La philosophie ne permet pas d’alléger nos craintes, peurs et souffrances et ce n’est pas sa vocation en plus. Elle ne peut qu’éclairer, mettre des mots sur les choses de la vie, tracer des raisonnements, élaborer des visions, du sens, dire que rien n’est obligatoire, ni imposé, mais que tout repose sur des choix pouvant être débattus dans les médias, entre observateurs, ou dans les cafés, entre gens de bonne composition prêts à accepter l’opinion contraire d’autrui. Le virus nous place face à un triplet, courage, prudence, peur. Le virus nous incline à la peur, pour soi, pour les autres. Le courage permet d’avancer en affrontant la peur, la prudence permet d’éviter la contamination des plus fragiles. Les sentiments sont contrastés mais pour une majorité de Français, la crainte d’attraper le virus l’emporte sur la crainte de le transmettre. Et puis si le virus devient endémique et peu contagieux, la peur finira par disparaître et tout rentrera dans l’ordre, comme avant mais pas tout à fait, avec une société fracturée, les vieux réflexes égoïstes, les carnassiers de la finance, les opportunistes de l’idéologie, tous ces écolos prenant prétexte du virus pour lancer la grande transition, sorte de grand bond en avant lancé par les Timoniers de la croissance verte. Un monde sans carbone et imagination. Aussi terne que le fut le bloc de l’Est à l’ère soviétique.

 

 Je n’ai pas encore commencé les grandes manœuvres philosophiques sur ce monde qui arrive. Je mets en place mes pensées pour dire les choses qui semblent échapper aux professionnels de la philosophie.

 



19 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 29 mai 2020 09:52
    « Comment allons-nous vivre avec le coronavirus ? »

    Comme avec la rougeole, la varicelle, la tuberculose, le sida, la flore intestinale, les ferments lactiques, les asticots et les vaches laitières !


    • Clark Kent Séraphin Lampion 29 mai 2020 10:27

      @Raymond75

      ça permet à ceux qui n’écrivent aucun article de se défouler en démolissant systématiquement toute idée un peu rebelle...
      garde-à-vous, jeune homme !


    • Aristide Aristide 29 mai 2020 11:15

      @Séraphin Lampion

      rebelle ? Une rebelitude en pantoufles tout au plus ... 


  • julius 1ER 29 mai 2020 10:39

    Un peu « fourre-tout »cet article M Dugué !!!!

    D’abord l’Hygiénisme tant redouté par certains qui croient que cela va devenir une problématique comme tous ces mots en « isme » alors que finalement nous vivons un simple rattrapage ..... car comment expliquer que de nombreuses maladies aient disparues pendant le confinement, de la gastro-entérite en passant par la rhinites et autres .... honnêtement qui peut s’en plaindre ?????

    ne voir l’augmentation du PIB que par des cabinets de médecins surbookés et de même pour les pharmacies, cela n’a rien d’un grand progrès civilisationnel !!!!

    à la manière des alertes météo, j’aimerai que dans le futur on soit averti lors des épidémies de grippe ou autres et à même de remettre le masque pour faire de la simple prévention et ne pas encombrer les cabinets de médecins en toutes circonstances, si cette pandémie aura servi à être plus attentif aux autres et être moins enclins à distribuer ses microbes par altruisme ..... alors merci Covid !!!

    si votre dernier couplet sur les « timoniers de la croissance verte » se rapporte " au Shift Project ????? je pense qu’il y aura lieu de faire un débat complet sur ce projet qui est non seulement à l’échelle de ce pays, mais aussi de celle de l’Humanité ..... d’ailleurs ce débat aura lieu de gré ou de force et il va occuper tous les questionnements sur l’après Covid19 !!!!!!

    en tous cas ce lien n’est pas inutile : https://fr.news.yahoo.com/ecologie-mesures-choc-emissions-co2-avions-155243940.html


    • Clark Kent Séraphin Lampion 29 mai 2020 10:46

      @julius 1ER

      l’« hygiénisme » n’est pas l’« hygiène ».


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 29 mai 2020 11:07

      @julius 1ER Les gastro et les rhinites n’ont pas disparu. C’est juste qu’en étant confiné, vous n’avez pas croisé les enrhumés qui ont été enregistrés dans les données Sentinelles. Il y avait dix plus plus d’IRA que de Covid-19 d’après les quelques tests effectués.
      Le débat sur le carbone aura lieu. Ce sera sans doute un combat idéologique entre deux camps, les technocrates qui veulent des objectif et les démocrates qui veulent la liberté et les valeurs
      Les objectifs ou les fins


    • xana 29 mai 2020 11:09

      @Séraphin Lampion
      D’autant plus que l’on se gargarise avec les résultats du confinement... Pour ne pas avouer que ça n’a pas empêché les porteurs de virus de circuler : Les flics, les personnes verbalisées pour ne pas avoir respecté le confinement, plus les innombrables qui sont passés à travers les mailles du filet. Plus les travailleurs forcés de se frotter les uns contre les autres dans le métro, et sans masque puisqu’on nous disait qu’il n’y en avait pas et que ca ne servait à rien.
      Mon avis est que le virus s’est arrêté de lui-même. Sinon il continuerait de circuler avec toutes ces personnes, sans se soucier de nos « gestes-barrière » et autres simagrées, imaginées pour que le bon peuple ne se désespère pas de constater qu’il n’y a rien à faire dans l’état actuel de la médecine.
      Non, le confinement n’a servi à rien sur le plan médical. Il a permis beaucoup de choses, mais dans des domaines complètement différents, et en général d’expérimenter la résilience populaire contre les diktats des gouvernements.


    • julius 1ER 29 mai 2020 13:19

      l’« hygiénisme » n’est pas l’« hygiène ».

      @Séraphin Lampion

      sauf quand c’est érigé en « doctrine » .... mais ce n’est pas mon sujet.... là tu me fais un procès d’intention !!!


    • julius 1ER 29 mai 2020 13:28

      @Bernard Dugué
      Monsieur Dugué, vous jouez sur les mots , les cabinets des médecins généralistes
      ont été désertés, vous ne suivez pas l’info , les toubibs pleuraient sur ce malheur !!
      pour le lien que je vous ai donné là vous bottez en touche sans trop vous mouiller ....vous avez lu le book :
      Crise(s) climat : plan de transformation de l’économie française .....
      c’est l’intitulé de ce manifeste, c’est là -dessus que je vous attendais pas sur :

      Le débat sur le carbone aura lieu. Ce sera sans doute un combat idéologique entre deux camps, les technocrates qui veulent des objectif et les démocrates qui veulent la liberté et les valeurs Les objectifs ou les fins

      entre -nous, pas besoin d’être scientifique pour émettre ce genre de sentence à peine niveau CM1 !!!!


  • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 29 mai 2020 11:03

    Un plaidoyer pour la servitude volontaire... La naïveté n’excuse pas tout.


  • Baron de Risitas Alain Melon 29 mai 2020 13:34
    « Comment allons-nous vivre avec le coronavirus ? »

    J’ai entendu parler d’un professeur de Marseille , pas très connu qui avait trouvé un traitement imparable


  • Sylv1 29 mai 2020 15:17

    "Les mesures de confinement on aplati la vague des admissions

    "

    On peut le croire, mais ceci est faux, les mesures de confinement n’ont rien changé. Il suffit de voir la forme de la courbe de Gauss de l’épidémie, semblable à n’importe quelle épidémie pour laquelle il n’y a pas eu de confinement.


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 29 mai 2020 15:20

      @Sylv1
      Et l’Allemagne n’a pas fait de confinement obligatoire, et n’a pas vu de morts non plus... Pour une fois, le miracle des frontières (façon Tchernobyl) n’a pas joué en notre faveur...


    • Sylv1 29 mai 2020 15:42

      @Opposition contrôlée
      oui bien sûr.
      En plus de ça.
      Mais en plus de ça, le confinement n’a rien aplani du tout, vu que les chiffres de l’Insee montre clairement un pic, comme dans n’importe quelle épidémie encore une fois.


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 29 mai 2020 16:24

      @Sylv1
      C’est même le contraire, ce qui est louche d’ailleurs. On a jamais vu un pic aussi étroit et brusque dans les données de L’INSEE. Ça veut pas dire plus de morts (la hauteur compte autant que la largeur, il faut faire l’intégrale de la courbe) mais ça ne ressemble pas à une maladie contagieuse...


    • Sylv1 29 mai 2020 16:52

      @Opposition contrôlée
      exact, et ce qui est très « marrant » c’est que l’Insee communique publiquement sur le pic de nombre de morts journaliers, ce qui ne veut absolument rien dire en soi.


  • agent ananas agent ananas 29 mai 2020 15:23

    En ce début de mois de juin 2020, le virus semble disparaître, sans que l’on ne sache pourquoi.

    C’est ce que font les virus en général à l’arrivée des beaux jours, Du...

    Il reviendra peut être l’hiver prochain ou pas du tout comme le coronavirus du SRAS qui a complètement disparu de la surface du globe !


    • Sylv1 29 mai 2020 15:45

      @agent ananas
      Exactement, et pourtant, tous les medias qui n’en savent rien, nous parlent du fait qu’il faudra vivre avec !


    • xana 29 mai 2020 21:41

      @Sylv1
      Mais c’est normal, pour eux c’est leur pain quotidien.
      « S’il n’existait pas il faudrait l’inventer ». Eh bien, ils inventent. Ca fait marcher leur commerce...


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