mercredi 1er décembre 2010 - par Automates Intelligents (JP Baquiast)

Commentaire du « Secret des femmes » par Elisa Brune et Yves Ferroul

La sexualité de la femme reste de nos jours en France un thème si tabou qu’il paraît sulfureux d’en faire l’objet d’un livre scientifique, voire simplement de le commenter. Lorsque l’on sait cependant l’ignorance qui persiste sur le sujet, et les conséquences sociales et politiques du maintien de cette ignorance, on ne peut que féliciter les auteurs, Mme Elisa Brune et le Dr Yves Ferroul, d’y avoir apporté les nombreux éléments nouveaux contenus dans leur livre " Le Secret des femmes"
 
Le secret des femmes. Voyage au coeur du plaisir et de la jouissance, Elisa Brune et Yves Ferroul, Odile Jacob septembre 2010
présentation et discussion par Jean-Paul Baquiast 


Elisa Brune est romancière et écrivain scientifique. On verra, en consultant la page que lui consacre Wikipedia, qu’elle s’intéresse à un large domaine de connaissances, allant de l’astronomie à la psychologie militante.

Yves Ferroul est peut-être moins connu du grand public, mais cela tient en partie au phénomène que nous indiquons, l’ignorance volontaire à l’égard de la sexologie. C’est dommage car il a été vice-président du Syndicat national des médecins sexologues et membre du conseil d’administration de l’Association hospitalo-universitaire de sexologie. Il a par ailleurs créé un site web, http://www.sexodoc.fr/, qui se présente comme une quasi-encyclopédie personnelle sur la question de la sexualité, ses implications scientifiques et sociales, ses relations avec l’histoire des sociétés et des religions. Il y présente également un certain nombre d’ouvrages récents abordant de près ou de loin la question.

On notera un point intéressant. Le site lui a permis, ainsi qu’à Elisa Brune, de consulter en ligne un nombre respectables de femmes intéressées par la question et acceptant d’en parler. Lorsque l’on sait les réserves que suscitent des sondages même anonymes touchant à ce point la partie intime des psychismes, on doit saluer l’exploit. Concernant le site, nous voudrions mentionner un regret, son architecture étrange qui le rend très peu maniable. C’est dommage.

Un survol des 6 premiers chapitres

Le livre se présente, comme il se doit chez un éditeur aussi austère que Odile Jacob, sous la forme d’une véritable petite thèse interdisciplinaire. Que ce terme ne fasse cependant pas fuir les lecteurs. La forme et les contenus sont particulièrement accessibles. Disons seulement que les différents chapitres abordent des questions tellement riches d’implications scientifiques, voire évoquent tant de problèmes non encore résolus, qu’ils mériteraient d’être développés sous forme d’ouvrages à eux seuls.

Le livre comporte plus de 320 pages dont toutes justifient une lecture attentive. Nous n’allons donc pas le résumer ici. Nous proposons un bref commentaire des 5 premiers chapitres, suivi de quelques réflexions plus générales ou portant sur des points non abordés explicitement dans l’ouvrage mais qui justifieraient pensons nous d’être traités ultérieurement.

Il faut bien comprendre le thème du livre, afin de ne pas y chercher ce qui ne s’y trouve pas. Il ne s’agit pas d’étudier la sexualité en général ni même la sexualité de la femme, mais comme le titre l’indique, le plaisir et la jouissance chez la femme, autrement dit l’orgasme. Chez l’homme, l’orgasme est communément éprouvé et connu. Chaque humain de sexe masculin sait en principe ce dont il s’agit. L’orgasme masculin est à peu près défini en termes sinon psychologiques du moins physiologiques. Chez la femme, comme l’ouvrage le rappelle, il a été longuement ignoré, nié ou instrumentalisé par ce qu’il faut bien nommer le pouvoir mâle. Ceci parce que l’orgasme féminin est nécessairement lié non seulement à la conquête par la femme de son autonomie sexuelle mais à la construction de son autonomie individuelle, souvent loin des rôles imposés par les forces dominantes. Nous allons y revenir. Les auteurs ont donc pleinement raison d’en faire le thème pivot de leur démarche de redécouverte.

Comme il se doit, un premier chapitre «  L’orgasme avant l’humanité » recherche les formes que pourraient prendre l’orgasme chez les femelles des innombrables espèces qui paraissent accorder au plaisir sexuel un intérêt propre, pas nécessairement en accompagnement du rapport reproductif. Le non biologiste sera étonné de voir le nombre des manifestations qui accompagnent la recherche du plaisir, y compris dans des activités d’auto-érotisme, chez de très nombreuses femelles n’appartenant pas aux espèces dites supérieures. Ceci par contre ne surprendra pas nos lecteurs. Ils sont habitués à lire ici les compte-rendus de recherche montrant comment les pratiques comportementales dont l’homo sapiens veut s’attribuer le monopole sont communément répandues dans la nature. Ce qui vaut pour la sexualité des mâles doit nécessairement aussi valoir, mutatis mutandis, pour celle des femelles.

De là on peut supposer que des formes plus ou moins paroxystiques (ou acme) terminant par exemple une activité masturbatoire, s’accompagnent d’un plaisir plus ou moins bref et fort de type orgasmique, ressenti par les centres nerveux de la femelle. Lorsque l’imagerie cérébrale sera devenue suffisamment accessible, on verra ce qu’il en est dans les centres nerveux des petites femelles animales, rattes ou lapines. Mais même sans IRM, on peut supposer que le plaisir existe chez de nombreuses femelles de nombreuses espèces, soit en tant que tel, soit en réponse au plaisir masculin, soit pour le provoquer.

Malheureusement nous ne disposons pas des langages animaux permettant de nous en rendre compte.L’orgasme doit vraisemblablement s’accompagner de manifestations provenant d’un langage du corps que nous sommes en général incapables de comprendre, nous étant coupés de nos racines animales. On renverra sur ce point aux travaux de Dominique Lestel, référencés sur ce site (voir Lestel, L’animal est l’avenir de l’homme).

Le second chapitre, «  L’orgasme féminin dans l’évolution humaine », fait très logiquement la transition entre l’orgasme féminin supposé chez l’animal et celui qu’auraient pu éprouver les femmes de la préhistoire, à des époques où vraisemblablement la tyrannie mâle n’avait pas encore pris les formes excessives développées dans les époques historiques. Il est difficile d’en traiter savamment, faute de preuves très explicites. Cependant, les auteurs, en bons évolutionnistes, considèrent qu’une propriété telle que l’aptitude au plaisir et à l’orgasme, fut-elle fonctionnellement inutile à la reproduction, n’aurait pas pu apparaître tout de go chez les femmes modernes. Si elle préexistait chez certains animaux proches de l’homme, elle existait déjà nécessairement durant les 2 millions d’années où certaines lignées d’hominiens ont évolué en homo sapiens.

A cet égard, les auteurs abordent la question du rôle sélectif que pouvait avoir en ces temps anciens le potentiel orgasmatique éventuel des femelles. Aucun rôle, répondent-ils. Le trait se serait conservé y compris sous la forme de l’organisation génétique et neurale qui le rend possible, simplement parce qu’il était là. On reconnaît une hypothèse de Stephen Jay Gould. Des caractères fonctionnement inutiles peuvent persister longtemps, tant qu’ils ne créent pas de contraintes insupportables aux espèces qui en sont dotés.

Pour notre part, nous préférons penser que, de même que des formes plus ou moins invisibles à nos yeux de plaisir féminin doivent exister chez les animaux, l’équivalent devait se trouver chez les femelles préhistoriques. Ces processus pouvaient au moins servir à renforcer la cohésion sociale, ne fut-ce que dans des échanges de type masturbatoire partagés entre les femmes. Ceci d’autant plus que, comme le souligne les auteurs, le passage à la bipédie a entraîné un remodelage progressif de l’architecture des organes sexuels féminins, avec modification de la place du clitoris. Si comme à juste titre, l’on fait de cet organe un des acteurs de la construction de l’orgasme, on peut penser que son existence, de plus en plus invisible aux yeux des mâles adultes, restait connue et utilisée par les petites femelles, ceci depuis leur plus tendre enfance.

Le troisième chapitre, «  Petite ethnologie de l’orgasme », survole ce qui là aussi pourrait faire l’objet d’un livre tout entier, sinon d’une collection, la façon dont différentes sociétés antiques ont reconnu ou nié le plaisir féminin. Le coup d’oeil est étendu aux sociétés contemporaines dites primitives, notamment celles des archipels Pacifique. D’une façon générale, les auteurs rappellent une évidence, qui aujourd’hui ne peut plus être affirmée sans de multiples précautions oratoires : le fait que les jeux sexuels entre enfants des deux sexes ou entre enfants et adultes avaient un véritable rôle symbolique et pratique dans la construction des identités sociales et individuelles. Cependant, à partir d’une probable égalité de départ relative entre les sexes, le rôle prédominant du mâle s’est affirmé très tôt dans l’histoire de l’antiquité grecque et romaine, au profit bien sûr des individus socialement dominants.

La sexualité et le plaisir de la femme n’ont cependant jamais été niés sous l’Antiquité, jusqu’à ce que survienne cette véritable catastrophe que fut à cet égard le succès du Christianisme en Europe. La question a été abondamment documentée et commentée. Inutile d’y revenir. Ce fut le sexe tout entier, et pas seulement la sexualité féminine, qui furent persécutées et condamnés au silence. Un minimum de bon sens avait survécu à cet égard dans les populations rurales, mais il n’a pas résisté longtemps aux assauts des prédicateurs.

Sur ce point, nous aurions aimé que les auteurs présentent quelques hypothèses permettant de comprendre une telle apocalypse. Pourquoi selon eux, dans l’Occident chrétien, des visions aussi terrifiantes de la sexualité en général, de la sexualité féminine en particulier, ont-elles pu prendre l’importance qui est restée en grande partie la leur. D’autres régions du monde, où ce sont aux mêmes époques édifié les pouvoirs des princes ou des dignitaires religieux, n’ont pas hébergé de telles dérives. Même si la femme, en Chine ou en Inde, n’a jamais été véritablement reconnue en tant que personne dotée de droit, la haine féroce du sexe féminin, de véritables démonisations, allant jusqu’à la mise à mort par milliers de présumées sorcières, ne semblent pas avoir ensanglanté à ces échelles le reste du monde.

Il est vrai qu’aujourd’hui la même question peut être posée à l’égard de la haine de la femme manifestée par l’islam radical. Superposée à une domination du mâle présente depuis des siècles dans le bassin méditerranéen et au Moyen-orient, elle commence désormais à faire de sérieux ravages en Europe même. Peut-on alors parler d’une véritable incompatibilité entre les religions monothéistes et le féminisme, et si oui pourquoi ? Il serait temps d’examiner la question avec le sérieux qu’elle mérite.

Le chapitre 4, « L’orgasme et les médecins », est consacré non à l’étude de l’orgasme féminin par les sciences modernes, présentée au chapitre suivant (« Que dit la science ») mais aux efforts laborieux des premiers anatomistes et thérapeutes pour traiter le sujet. Certains de ceux-ci étaient d’honnêtes chercheurs utilisant pour décrypter les mystères du plaisir féminin les moyens de leur époque. Mais d’autres étaient les représentants de ce que l’on nomme aujourd’hui le pouvoir médical. Celui-ci se déployait aux détriments des faibles, femmes, enfants et personnes au psychisme déficient. Il imposait – et impose encore parfois - la domination des classes dominantes et des mâles détenteurs du pouvoir économique et politique. Il en est résulté le traitement asilaire de ce que l’on appelait l’hystérie. Bien pire en un sens, il en est résulté ce que les auteurs nomment la catastrophe freudienne.

On sait ce qu’il en est. Inutile de reprendre ici le procès légitime fait à Freud et à tous ceux qui ont repris et reprennent encore ses idées sommaires sur la frigidité, l’orgasme féminin (qui ne saurait selon le Maître être clitoridien), l’envie de pénis et autres mythes. Michel Onfray a entrepris comme l’on sait avec un certain succès de déboulonner l’idole. Mais la encore reste posée la question du pourquoi ? Pourquoi sur des bases aussi arbitraires que celles proposées par Freud, reprises depuis sans en changer une ligne par des milliers de disciples, certaines femmes acceptent-elles encore de confier ce qu’elles pensent être leurs troubles sexuels à des psychanalystes freudiens ?

A partir du chapitre 5, « Que dit la science ? », le lecteur trouvera l’essentiel des apports du livre, comprenant de nombreux points originaux, non précisés à ce jour par une littérature clinique restée encore dans l’enfance. Ce chapitre fournit les informations correspondant à l’état des connaissances actuelles sur des questions généralement résolues en pratique par les personnes ayant un minimum d’expérience sexuelle mais sur lesquelles continue à flotter un brouillard théorique et idéologique regrettable : le rôle essentiel du clitoris dans la construction de l’orgasme (ainsi que l’anatomie de cet organe, dont beaucoup de lecteurs découvriront avec surprise la place qu’il occupe au sein de l’appareil génital féminin) ; le vagin et son rôle dans le plaisir, moins important que ne le prétendait Freud mais à ne pas négliger cependant ; le point G ; les orgasmes multiples ; le rôle du cerveau inconscient dans la création de l’orgasme, tant chez l’animal que chez l’humain ; l’intérêt de l’orgasme pour la santé physique et morale ; l’importance des instruments simulant le partenaire sexuel dans l’activité masturbatoire ou dans la relation bilatérale (nous reviendrons sur ce point ci-dessous)...

La conclusion de ce chapitre important est cependant nette : les sexologues et à plus forte raison les individus ordinaires savent encore très peu de choses sur l’anatomie, la sexualité et l’orgasme chez la femme. Les recherches scientifiques sont récentes et restent très mal financées, contrairement à ce dont bénéficient les recherches équivalentes portant sur l’homme. Le sujet en fait n’intéresse pas l’institution. Nous avons dit pourquoi. Ceci est d’autant plus dommageable que, contrairement aux hommes, les femmes doivent apprendre à atteindre l’orgasme. Il ne se produit pas automatiquement. Or, à défaut d’y arriver, beaucoup de femmes considèrent, comme le montre la seconde partie du livre, qu’une part de leur vie a été manquée.

Le chapitre 6 enfin «  Quand les femmes en parlent », est sûrement le plus original, car il rassemble et met en perspective les témoignages reçues par les auteurs sur le site internet ouvert dans ce but. On ne peut que se réjouir de voir pour la première fois en France Internet servir à favoriser des paroles qui sans cette technique ne pourraient se faire entendre publiquement. Les puristes ferons sans doute remarquer que rien n’identifie réellement les voix qui se font entendre. Cependant, dans l’ensemble, rien ne permet de suspecter l’authenticité des propos. Nous ne pouvons évidemment pas, mieux que ne le font les auteurs du livre, résumer les conclusions pouvant être tirées de toutes ces contributions. Nos lecteurs devront en prendre eux-mêmes connaissance.

Quelques commentaires

Dans le cadre du présent article, nous nous limiterons à quelques remarques et questions revenant sur certains des points abordés dans le résumé du livre auquel nous venons de procéder.

1. Pourquoi a-t-on si peu parlé du « Secret des femmes » ?

C’est la première question qui vient à l’esprit. Elle met en évidence le poids permanent de la censure volontaire ou inconsciente pesant sur un tel sujet. Pourquoi un livre traitant d’un thème aussi important et aussi mal connu que le plaisir (et plus particulièrement l’orgasme), chez la femme, ait été pratiquement passé sous silence ? Certains rares média ont mentionné l’ouvrage, mais le buzz, comme l’on dit, mérité n’a pas eu lieu. La réponse la plus simple venant à l’esprit est que, pour les pouvoirs masculins qui, répétons-le, dominent la société française, la femme ne doit pas avoir de personnalité propre. Tout ce qui peut contribuer à lui donner de l’autonomie face aux hommes doit être censuré. Elle ne doit pas se convaincre qu’elle peut et doit se construire sa personnalité sexuelle, comme elle devrait le faire de sa personnalité professionnelle et sociale.

On pourrait penser que la société française, réputée pour son ouverture, après 50 ans de féminisme militant, n’en serait plus au point de conservatisme caractérisant en ce domaine d’autres pays européens, sans mentionner les sociétés anglo-saxonnes ou musulmanes. Mais ce serait une erreur. Plus grave, la France est aujourd’hui soumise à un retour en force des religions et des cultures reposant sur l’assujettissement de la femme. Elle régresse très vite par rapport aux Trente Glorieuses. Les femmes qui ne se voilent pas la face (c’est le cas de le dire) le constatent tous les jours. C’est là que la sexologie, la science politique et les autres sciences humaines ne doivent pas être séparées d’un regard véritablement féministe.

2. L’ignorance où l’on est, même lorsque l’on se croit informé, du nombre infime des recherches sérieuses sur la sexualité en général, sur la sexualité de la femme en particulier.

Le livre produit à cet égard l’effet d’une douche froide. On y apprend que, pratiquement, depuis les travaux fondateurs d’Alfred Kinsey et de Masters and Johnson, le sujet n’a pas fait l’objet d’analyses approfondies. Qui plus est, on découvre que ces chercheurs courageux, aussi prudents sinon traditionnels qu’ils aient été dans leurs concepts et leurs propos, ont subi un véritable rejet mondial. Cela les a conduit au silence et à la misère. Naïvement, ceux qui ont beaucoup appris tant du rapport Kinsey que du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir pensaient que le premier bénéficiait de la même reconnaissance sociale que la seconde. Il n’en était rien.

Certes, la bibliographie du « Secret des femmes » mentionne un petit nombre d’ouvrages et d’articles généralement anglophones et non traduits sur la question. Mais quelles sont les Françaises, jeunes ou moins jeunes, qui ont pu se les procurer et y réfléchir ? D’où le caractère bienvenu de l’enquête et du livre de Brune et Ferroul, d’où l’urgente nécessité qu’il y aurait à les faire mieux connaître.

3. A l’opposé,il faut rappeler l’omniprésence des rôles et des images asservissantes imposés aux femmes par le pouvoir masculin mondial.

Il s’agit d’une constatation souvent faite, mais qui entraîne la plus grande passivité aussi bien chez les femmes qui en sont nécessairement les victimes que chez les rares hommes voulant échapper à un enrégimentement dont ils constatent parfois les effets néfastes dans leurs relations sexuelles ou professionnelles avec les femmes.

Les observateurs et observatrices lucides observent parfois avec regret que la prétendue libéralisation des moeurs et des contenus culturels dont se vante le monde dit occidental marque en fait un maintien sinon un retour en force de l’aliénation historique imposée à la femme. Mais que fait-on pour faire perdre de l’argent, au sens propre du terme, à tous ceux qui profitent de cette aliénation ? Qui refuse d’acheter les magazines, voir les films, consommer les produits vivant de la marchandisation de la femme ? Fort peu de gens.

Quant aux hommes se prétendant féministes, renonceraient-ils sauf par peur de s’adresser à des prostituées importées d’ailleurs s’ils en avaient l’occasion ? Certes, par rapport à des pays où la nudité d’une femme, la vue de son simple visage, provoquent des scènes d’hystérie religieuse, l’Occident paraît un havre de tolérance et de mixité. Mais nos femmes mériteraient mieux, au siècle de l’hyper-science, que d’avoir à choisir entre la peste et le choléra.

4. Jouets sexuels et robots

Le livre réhabilite, aux yeux de ceux qui n’osent pas s’en servir, le rôle des médiateurs matériels ou artificiels utilisés dans la masturbation ou dans les relations à deux ou plusieurs partenaires. Il n’y a là rien pour étonner les défenseurs de la thèse que nous avons pour notre part nommé anthropotechnique. Des les premiers stades de l’hominisation, des « outils » ont été employés par les primates pour augmenter le champ d’action de leurs organes corporels et de leurs représentations neuronales. Ils ont ainsi tissé avec ces intermédiaires extérieurs des liens sans doute génétiques mais en tous cas culturels qui les ont progressivement conduits à construire un monde jamais apparu jusqu’alors dans la nature.

En fait, nous l’avons vu, les animaux ont compris comment utiliser les objets du monde matériel en simulacre de partenaires sexuels, mais ils n’en ont pas fait des outils individualisés et transmissibles comme tels. Il reste évidemment peu de traces des outils sexuels employés aux époques préhistoriques. Mais des l’Antiquité les exemples abondent. Les femmes n’étaient pas les dernières à en faire usage. D’où à nouveau la question de savoir pourquoi le rayon des outils et jouets sexuels reste aujourd’hui encore si mal vu par les sociétés contemporaines – ce qui fait évidemment l’affaire des négociants qui profitent du monopole que leur confère la censure officielle.

Ajoutons pour notre part que les choses changeront sans doute très vite du fait des progrès de la robotisation. Les spécialistes savent que des robots anthropoïdes des deux sexes, robots de plus en plus « humains », seront un jour prochain disponibles à des prix abordables. Leur usage comme partenaires sexuels obligera une nouvelle fois à s’interroger sur les limites de l’humain « artificiellement augmenté » ( Voir à cet égard « Love and sex with robots » de Daniel Levy et notre article « la révolution du zootechnocène »

5. La question du rôle déclencheur des fantasmes dans la production de l’orgasme.

Il est dommage que « Le secret des femmes » n’aborde pas cette question d’un très grand intérêt pratique et théorique. Il est évident (la presse féminine elle-même n’hésite pas à le dire) que pour la plupart des femmes, des images ou représentations imaginaires à fort potentiel érogène accompagnent généralement l’orgasme. Beaucoup de femmes disent même que, sans de tels fantasmes, elles ne pourraient pas accéder au plaisir final. Plus ces images sont réprouvées par la morale et les bonnes moeurs, plus leur effet érogène serait puissant. Il s’agit donc bien là d’une revanche de la nature sur des conventions sociales imposées sans discussions possibles.

Savoir ce qu’il en est, explorer le champ immense des interdits et de leurs franchissements symboliques présente donc un intérêt pratique pour toutes celles et ceux qui veulent favoriser l’orgasme féminin. Mais la question présente un intérêt théorique encore plus grand, car elle touche au coeur même des questions qui se posent aujourd’hui aux neurosciences. Le livre a rappelé que la stimulation par voie d’électrodes des centres nerveux dits pour simplifier du plaisir et de la récompense provoque des orgasmes aussi consistants que ceux obtenus par les processus naturels. Ceci aussi bien chez les animaux que chez les humains. Ce mécanisme à lui seul mériterait d’être étudié plus en détail. Que se passe-t-il alors dans le cerveau ? Quelles conséquences en découlent-elles sur l’organisme ou sur le psychisme.

Au delà de la stimulation électrique ou chimique dont on peut plus ou moins facilement comprendre l’effet sur les aires cérébrales, se pose la question de la stimulation apportée par la vue d’une image érotique (la couverture du livre « Le secret des femmes » par exemple – voir photo ci-dessus) et, phénomène plus mystérieux encore, par une stimulation encore plus « immatérielle », lorsqu’une femme à la recherche du déclenchement de l’orgasme imagine par exemple être nue et contemplée par tous lors d’un repas officiel.

Une double question se pose alors :

1. Comment agit exactement ce fantasme qui n’a bien évidemment pas la consistance d’une stimulation électrique ? Réactive-t-il des souvenirs enfouis acquis par le sujet ? Provoque-t-il une véritable hallucination avec construction d’une scène encore plus réelle pour le sujet qu’une scène réelle ?

2. Le sujet peut-il comme il le croit évoquer consciemment et volontairement ce fantasme de nudité dans le but d’accélérer la venue de son propre orgasme ? Il faudrait en ce cas concilier cette affirmation avec les thèses généralement reconnues aujourd’hui selon lesquelles la volonté consciente n’est jamais un mécanisme premier susceptible de déclencher un comportement. Selon ces thèses, que nous avons plusieurs fois défendues ici, la prétendue conscience volontaire serait toujours seconde dans une chaîne de déterminismes. D’où proviendrait alors le mécanisme de production de fantasme primo-déclencheur de l’orgasme, s’il ne provenait pas seulement des stimulations génitales physiques ?



21 réactions


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 1er décembre 2010 10:52

    "La sexualité de la femme reste de nos jours en France un thème si tabou qu’il paraît sulfureux d’en faire l’objet d’un livre scientifique, voire simplement de le commenter« .

    Voilà une généralisation abusive, tenant du poncif, que ne partagent absolument pas les agnostiques et les athées.

     »Chez la femme, comme l’ouvrage le rappelle, il [l’orgasme] a été longuement ignoré, nié ou instrumentalisé par ce qu’il faut bien nommer le pouvoir mâle« .

    Même commentaire que précédemment.
    De plus, bien des »mâles", jouissent de leur capacité à susciter un orgasme chez une femme et ressentent un immense bonheur de celui qu’elle éprouvent. Ce plaisir partagé par les deux partenaires est quasiment un orgasme additionnel !


  • Ariane Walter Ariane Walter 1er décembre 2010 11:07

    Excellent article qui ne présente qu’un seul inconvénient pour les éditions Jacob, vous en faites un résumé si brillant que la lecture de l’ouvrage tout entier ne tente pas plus que cela. Vous en avez extrait pour nous la substantifique moelle !
    Mais je dirai aussi, qu’il y a dans ce genre de bouquin beaucoup de baratin et des préliminaires qui n’en finissent pas (moins plaisants que d’autres) pour en venir à des révélations qui n’en sont guère. (Un peu le style Wikileaks.)

    Mais votre travail est super.
    Merci.


  • voxagora voxagora 1er décembre 2010 13:01

    .

    Il est quand même assez navrant qu’un si long article dont l’objectif semble être de faire
    le tour de la question, soit centré sur les aspects physiques, chimiques, anatomiques,
    comportementaux, imaginaires, 
    et ne traite pas du symbolique, par quoi nous désirons aussi.

    Mais cela est logique, cela fait honneur au pseudo : automates intelligents ..

    Quant au secret des femmes, c’est à dire le mystère de la jouissance féminine,
    il persiste, et il n’est pas prêt d’être disséqué : tant mieux, cela nous fait écrire et dire.

    • easy easy 1er décembre 2010 13:37

      Bin ? Je ne vous comprends pas Voxagora

      Cet article fait au contraire la part belle au fantasme (dont le carburant est le symbole, commun ou perso)
      Il introduit la question de la sexe machine (sujet que j’avais également abordé ici) et interroge sur les résultats en termes de qualité d’orgasme puisque qu’à force de machinisme, les fantasmes d’interdits pourraient disparaître.

      Il se pourrait, faut y réfléchir davantage, que le sexe machinisme développe au contraire plus de fantasmes. Faire l’amour avec une vraie personne serait si rare ou si contraignant en termes de droits, que ça serait quasiment tabou, et cet interdit offrirait alors un nouveau support à fantasmes. 


      Moi, je me demande si les Pacifistes (qui ne sont pas dépourvus de tabous sur divers sujets) ont, eux aussi, besoin de visions sexuelles fantasmatiques pour vivre l’orgasme et si oui, à quoi elles ressemblent. Je suis curieux hein ?  :->


    • voxagora voxagora 1er décembre 2010 14:12

      Je vais le relire bien soigneusement.


    • voxagora voxagora 1er décembre 2010 14:15

      Ceci dit, le fantasme c’est l’imaginaire, et non le symbolique.

      D’ailleurs on dit aussi pour fantasme « fantaisie imaginaire ».

    • easy easy 1er décembre 2010 16:12

      Mazette, voilà que dans le fantasme il n’y a pas de symbole ( personnel ou collectif)

      Wiki : Un symbole peut être un objet, une image, un mot écrit, un son ou une marque particulière qui représente quelque chose d’autre par association, ressemblance ou convention


  • easy easy 1er décembre 2010 13:20

    Je souscris complètement au commentaire d’Ariane.
    Mais je comprends aussi Viktor au sens où ce genre d’article ne peut vraiment intéresser que les angoissés, que ceux qui s’interrogent ou doutent (si ça se trouve, dans notre pays, ça fait beaucoup de monde)

    Car, bien des gens, examinés dans ce livre et vivant très loin d’ici, pratiquent la chose sans s’interroger dessus (en tous cas, sans se soucier le moins de monde de la manière dont les Parisiens s’y prennent) et ils la pratiquent fort bien.

    Ce que nous aurions alors de différent des lointains, serait notre voyeurisme (concernant aussi notre propre personne, pas seulement les autres). Oui, nous sommes extrêmement curieux de nous-mêmes.

    En somme, un Pacifiste découvrirait ce livre, il serait interloqué par la curiosité, l’indiscrétion ou le voyeurisme extrême qu’il contient (On irait jusqu’à trépaner un être en plein orgasme pour voir le secret du bidule) ; Il serait également sidéré par les procès et pendaisons qui découlent de jugements autour de gestes sexuels.

    Ce qui choquerait énormément un Pacifiste, serait de voir une équipe en blouse blanche affairée avec force loupes autour d’un couple forniquant.

    Rien que d’interroger un Laotien ou un Thaï sur ses fantasmes (de tous ordres) le choque. Alors qu’ici, on paye cher pour se répandre sur un divan et parfois même devant des caméras.

    Notre voyeurisme ayant, comme conjoint automatique, notre exhibitionnisme. Le tout de manière explosive, révoltée, encolérée, peut-être parce que nous aurions été trop longtemps trop brimés et trop censurés (situation corollée au monothéisme).


    • ZEN ZEN 1er décembre 2010 19:28

      easy
      tout à fait
      Le christianisme n’a pas peu contribué , par sa diabolisation de la sexualité et sa méfiance de la féminité, qui a abouti au culte de la Vierge, à une certain moment de son développement (influences monacales des premiers siècles, valorisation du célibat), à l’intériorisation de censures puissantes. Le refoulement est à la source de l’imaginaire sexuel, des fantasmes, qui renforcent les pulsions, avec leurs lots de « perversions » (au sens freudien du terme).
       La peur pulsionnelle inconsciente renforce le désir, comme le disait déjà Montaigne à sa manière : interdire favorise le désir...


  • srobyl srobyl 1er décembre 2010 14:54

     « Des caractères fonctionnement (?) inutiles peuvent persister longtemps, tant qu’ils ne créent pas de contraintes insupportables aux espèces qui en sont dotés ».
    Ben...pas si inutiles que ça, dans la mesure où les individus qui retirent beaucoup de plaisir de l’acte sexuel (il existe une assez grande variété de degrés semblerait-il chez les hommes comme chez les femmes), plaisir probablement universel du moins chez les espèces dites « supérieures », ces individus, donc,auront davantage tendance à pratiquer souvent ledit acte, donc à disséminer leurs gènes. Donc ce plaisir est bel et bien un élément sélectif, qu’on le veuille ou non !
    ce qui peut se résumer par cette bonne parole de ma concierge : si on n’en retirait aucun plaisir, et vu la fainéantise des hommes, il y longtemps que l’espèce se serait étente !


  • glopy1 1er décembre 2010 15:08

    le problème, c’est plutôt la sexualité des hommes, ce qu’ils pensent qu’elle est pour les femmes, et leur petit espace restreint et égoïste dans laquel ils la perçoivent.


  • dereck 1er décembre 2010 15:08

    Chez l’homme, l’orgasme est communément éprouvé et connu.

     

    ==>Ha bon c’est nouveau ?

    Il y a combien de bouquin qui parle de la sexualité masculine ?

    Ils sont en tous cas beaucoup moins nombreux que ce qui aborde la sexualité féminine.

    La vérité c’est que la sexualité masculine est un vaste territoire inconnu auxquelles tout le monde colle dessus des gros stéréotypes sans fondements du genre :

    Il est en érection il est donc excité (je me marre), il a éjaculé il a donc pris son pieds (je hurle de rire).

    Il serait peut être temps de se poser des questions, du pourquoi autant d’hommes vont sur des sites porno alors qu’ils ont une copine qui est toute « ouverte », c’est en réalité très simple devant le porno le mec a son orgasme de qualité.

     

     

    Chaque humain de sexe masculin sait en principe ce dont il s’agit.

    ==> Naturellement les hommes sont plus curieux que les femmes par nature, d’autant plus que les hommes ne mettent pas tous le poids de leur plaisir sur l’autre, ils ne se comportent pas comme des enfants, à l’inverse des femmes.

     

     L’orgasme masculin est à peu près défini en termes sinon psychologiques du moins physiologiques.

    ==>L’orgasme féminin est assez simple a définir mais aussi a provoqué et c’est assez drôle que les personne qui ont le mieux compris est identifié comment les provoquést sont des hommes.

     

    Cette différence entre les hommes et les femmes faces a leurs sexualité explique les différences du pourquoi.

    L’homme verra le sexe comme du plaisir, du partage.

    La femme verra aussi comme le sexe comme du plaisir du partage mais aussi un moyen de pouvoir/manipulation sur les hommes.

     

    Assurément que la putain n’a pas était tuée forcément s’ensuivent d’énormes névroses sexuelles que l’on retrouve chez beaucoup de femmes.


    • easy easy 1er décembre 2010 17:31

      En effet, quand j’ai lu ce papier et que je suis tombé sur les assertions selon lesquelles on savait tout de l’orgasme masculin, j’ai trouvé, comme Dereck, qu’on n’y allait pas avec le dos de la cuillère.

      Contrairement à la rhétorique commune qui va à dire que la sexualité féminine est rarement examinée, il me semble qu’elle est la seule à l’être. 

      Je veux bien admettre que cet intérêt pour la sexualité de la femme soit récent. Mais d’une part on vient de s’y intéresser énormément depuis un siècle et d’autre part, ce qu’on savait de la sexualité masculine tenait -et tient donc toujours- de la sculpture à la pioche.

      Cela dit, je reste surtout à croire que la chose est bien plus à faire qu’à discourir. 




  • tchoo 1er décembre 2010 19:33

    Chez l’homme, l’orgasme est communément éprouvé et connu. Chaque humain de sexe masculin sait en principe ce dont il s’agit. L’orgasme masculin est à peu près défini en termes sinon psychologiques du moins physiologiques

    il n’y rien de plus faux


  • yvesduc 1er décembre 2010 20:37
    Je n’ai pas plussé votre article, qui aurait dû relever 1 ou 2 points saillants du livre plutôt que d’en faire cette longue synthèse, linéaire, assez indigeste. Il donne l’impression d’un livre très universitaire (mais il existe certainement un public pour cela).

    Cela étant, je signale le très beau documentaire d’Arte sur le sujet, « Pardon mais c’est trop bon ».

  • nightflight nightflight 1er décembre 2010 21:23

    Super Article !

    Merci beaucoup à l’auteur.

    Lorsque l’on parle de sexualité, on oublie très souvent d’évoquer sa finalité celle-ci, qui est bien évidemment la reproduction.

    Lorsque l’on parle de reproduction en évoquant l’humain, fatalement on évoque la famille, sujet qui devient alors incontournable.

    Donc c’est un exercice difficile de traiter de sexualité en élargissant le champ, sans étudier son implication dans le couple, et je remarque que le mot famille et couple ne figurent pas dans l’article.

    Phénomène de mode, ou mise à l’écart de ces deux termes pour éviter l’évocation de sujets qui vont immanquablement amener les sujets qui peuvent fâcher ?

    J’avance encore d’avantage dans cette direction en évoquant le fait que l’espèce humaine ayant la caractéristique d’une maturation longue des petits, étant donné par ailleurs qu’il est reconnu que le rôle de la mère et du père dans l’éducation sont tous les deux déterminants, on ne peut qu’en déduire que la qualité de l’adulte au sortir de l’enfance sera fonction de la qualité de son éducation et par voie de conséquence de la cohésion de la cellule familiale.

    Par on pourra également remarquer que l’instinct sexuel, particulièrement celui des individus masculins est très fortement marqué.

    Notre espèce est (serait) donc face à une espèce de double contrainte : D’impétueuses envies accolées à la nécessité vitale de s’inscrire dans la durée, d’où peut être l’exutoire des site pornographiques et de la masturbation masculine.


  • herbe herbe 1er décembre 2010 21:41

    Merci pour l’article !
    Chaque fois que je lis le mot orgasme je me rappelle ce superbe et savoureux article (que je repropose..) :

    http://www.peripheries.net/article228.html


  • glopy1 2 décembre 2010 16:05

    je suis désolé, mais le plaisir, et non le désir, chez l’homme est quasi (j’ai bien dit quasi) mecanique. c’est bien pour cela que nombre d’hommes ne s’embarassent pas de préliminaires et que cela dure 4’32 tout compris. Ils sont incapable de comprendre ou même d’essayer de comprendre ce qui est plus du domaine du psychique chez la femme


  • pigripi pigripi 5 décembre 2010 19:58

    J’ai vu Monsieur le Dr et Mme l’écriveuse présenter l’ouvrage à la TV et le seul souvenir que j’en retiens et que Monsieur le Docteur savait tout sur le plaisir féminin et que Mme l’écriveuse ne pipait mot. On se demandait pourquoi elle était là.


    Monsieur le Docteur a fait écrire un ouvrage phallocentré dans lequel l’orgasme féminin est approché à l’égal de l’orgasme masculin et surtout l’idée très schématique et simpliste que les beaufs s’en font.

    Or toute femme vous dira qu’il peut y avoir plaisir sans orgasme et orgasme sans plaisir, que la jouissance implique la totalité du corps de la racine des cheveux à la pointe des orteils, que leur plaisir est complexe et durable, que la variété et la multiplicité des tripotages ont de l’importance et que la manipulation du clitoris est tout un art que peu maitrisent.

    Les hommes pourraient dire à peu près la même chose.

    La sexualité est une chose très complexe, d’autant plus complexe qu’elle est secrète pour des raisons strictement religieuses et idéologiques surtout quand il s’agit d’exploiter la femme. Ce secret permet d’en faire commerce, de vendre des livres sur la sexualité féminine, de se faire des c. en or avec la pornographie, la prostitution et les sex machins, de maintenir les femmes en situation d’infériorité par rapport aux hommes politiquement et aussi économiquement (60ème rang mondial pour la parité à la française).

  • pigripi pigripi 5 décembre 2010 20:08

    @Glopy
    e suis désolé, mais le plaisir, et non le désir, chez l’homme est quasi (j’ai bien dit quasi) mecanique. c’est bien pour cela que nombre d’hommes ne s’embarassent pas de préliminaires et que cela dure 4’32 tout compris.
    ----------------------------------------------------------------------
    Etes-vous sur qu’orgasmer et éjaculer dans la foulée soient du plaisir ?
    Peut-on parler de plaisir du simple fait d’atteindre l’orgasme ?

    La sexualité et le plaisir sexuel sont-ils indissociables ?

    Je vous trouve modeste avec vos 4’30’’, un homme peut bander, orgasmer, éjaculer en moins que ça smiley))

  • Morgane Lafée 20 décembre 2010 19:46

    Très très bon article, passionnant du début à la fin, et très agréable à lire (c’est la première fois que je vous lis).
    Comme j’aime bien chercher la petite bête, je vais faire deux remarques :

    « Peut-on alors parler d’une véritable incompatibilité entre les religions monothéistes et le féminisme, et si oui pourquoi ? Il serait temps d’examiner la question avec le sérieux qu’elle mérite. »

    => Excusez-moi mais c’est un lieu commun et nombre de féministes se sont déjà largement penchées sur la question ! De toute façon, il est flagrant que les religions monothéistes se sont toujours dressées contre l’émancipation des femmes, pour les cantonner aux deux rôles qui leur son associés : la mère vs la p***. Cette dichotomie explique tout.
    Plutôt que religion monothéïste, je serais tentée de dire patriarcale. Le christiannisme et l’Islam sont des religions patriarcales, donc reposant sur le pouvoir de l’homme. Cela dit, l’Hindouisme serait considéré par Amnesty International comme la pire religion pour les femmes. Mais je ne sais pas ce qu’il en est du sujet de la sexualité précisément. A creuser.

    « lorsqu’une femme à la recherche du déclenchement de l’orgasme imagine par exemple être nue et contemplée par tous lors d’un repas officiel. »

    => Ce n’est pas le seul propos relevant du fantasme féminin que je relève dans votre article et qui me chiffonne (l’autre concerne la couverture du livre : non, elle ne me fait pas fantasmer, lol). En somme, vous semblez imaginer que la femme fantasme uniquement d’être regardée et pas de regarder. Ce qui veut dire que dans votre représentation du fantasme, vous la posez en objet désiré (et qui plus est en situation de passivité) et non en sujet désirant. Si le fantasme d’être regardé existe bel et bien, croyez-vous que nous n’ayons pas le regard érotisé nous aussi ?

    Sur cette question du regard érotisé, on touche à un point fondamental dans l’oppression de la sexualité féminine. L’éducation sexuelle des femmes, telle qu’elle est orchestrée par les instruments du pouvoir mâle (dont les media font partie), est androcentrée au point que l’on met dans la tête des gens que les femmes ne désirent pas les hommes mais désirent uniquement être désiré par lui. Sous-entendu, le simple fait de fantasmer sur l’autre serait un domaine réservé aux hommes. Pour reprendre un terme qui je crois vient de Bourdieu dans « La Domination Masculine », les hommes auraient « le monopole du regard ».

    Pour montrer par un exemple issu de la culture populaire à quel point il est subversif d’imaginer que les femmes puissent avoir un regard érotisé, il suffit de voir la haine des hommes envers toutes les stars masculines de moins de 30 ans qui déclenchent des passions auprès du public féminin. Je parle de tous les Robert Pattinson et compagnie, pas des Brad Pitt ou des George Clooney. Ces derniers sont admis par les hommes parce qu’ils incarnent en quelque sorte le pouvoir masculin : ils ont l’argent et la réussite, avec en prime quelques rides, donc on a le « droit » de fantasmer sur eux. Les stars de la vingtaine n’étant pas encore accomplis socialement, ils n’incarnent rien et plaisent avant tout pour leur physique et leur côté aguicheur. Ce qui n’a rien de répréhensible puisque beaucoup de stars féminines jouent sur le même registre. Mais leur existence même remet quelque chose en question : les femmes ont donc bel et bien un regard érotisé ! Pour se rassurer, on définira leur public comme étant « hystérique » et on le cantonnera à l’« adolescence ». Sous-entendu, devenu femme, c’est renoncer à fantasmer sur l’autre, accepter sa position d’objet et chercher un homme qui la désirera pour son corps et qu’elle désirera pour son ascendant social... Eh oui, ça va loin de remettre en question le regard érotisé des femmes !

    Partie comme ça, je ne vois pas trop comment une femme pourrait atteindre l’orgasme à chaque rapport, hehe... De toute façon, les sexologues qui s’expriment un peu partout dans les media nous clament que l’orgasme, pour une femme, n’est pas indispensable et qu’il ne faut pas stresser notre partenaire avec ça... Je reviens un peu au point de départ mais tout est dit sur le monde « moderne » dans lequel on vit !


Réagir