Considérations entrepreneuriales et administratives
1. Dans l'Histoire il semble que les premières "petites entreprises" furent claniques, et ce qu'elles visaient n'étaient pas le profit mais la survie, encore que la survie passe par une forme de profit lors des échanges avec d'autres clans ainsi que dans l'exploitation chasseresse-cueilleuse des ressources naturelles environnantes. Mais les profits ne constituent pas encore un but lucratif poursuivi pour soi-même a priori (en fait ploutocratique dans la démarche).
2. Du moment que les clans se sédentarisent émergent des formes princières. Par prince on ne dit pas fils du roi, mais premier homme, dirigeant, aristocrate en chef, car il peut y avoir d'autres aristocrates entourés de fidèles enrichis bénéficiant des prérogatives de leurs richesses. C'était le cas encore dans l'antiquité celtique, mais même le monde gréco-romain qui nous semble plus familier car plus urbain, fonctionnait toujours sur la base des primi inter pares (premiers entre pairs) et leurs gentes. Si les choses ont bien changé dans nos cours de récréation, nos sociabilités diverses et nos réseaux socioprofessionnels... c'est quelque chose dont on doute aisément en dynamique des groupes et sociologie des organisations (sinon les idéologues égalitaristes n'auraient pas cherché des formules plus ou moins ratées - surtout ratées - telles que le communisme ou la holacratie).
3. Le monde de l'entreprise est le coeur du problème et, aussi, celui des administrations, car c'est un seul et même problème groupal et organisationnel, d'autant plus que les entreprises se sont bureaucratisées dans leurs genres : dans la mesure où nos sociétés sont massues, sociétés de masse, avec une division sociale du travail telle que des répartitions ont été faites internationalement dans la mondialisation, il n'est plus permis de connaître le petit Chinois qui a soudé les composants de notre IPhone3000 ni seulement le petit Breton ayant produit le palet idoine dans une usine de Gironde (pas facile d'être Breton). Comment voulez-vous qu'une vie commune, communautaire, culturelle, soit alors possible ? Reste "l'événementiel"...
4. Tout s'est joué entre le passage "des sociétés à solidarité mécanique" où chacun pouvait éventuellement remplacé quelqu'un d'autre, "aux sociétés à solidarité organique" où chacun ne peut plus remplacer aisément quelqu'un d'autre à cause de la division sociale du travail, ou spécialisation des parcours, dans les sociétés de masse surtout. C'est ainsi que l'on se retrouve avec des formes de chômeurs et autres inactifs bénéficiant d'assistances sociales, du seul fait qu'ils n'appartiennent pas et ne peuvent en fait pas appartenir, aux clans/communautés/cultures ayant besoin d'eux, au plan géosocial. Or ces clans/communautés/cultures ce sont les entreprises ou les administrations qui recrutent mais qui ne sont pas judicieusement implantés sur ce plan géosocial, de sorte qu'on imagine mettre tous les bénéficiaires du RSA au travail minimal de façon délirante, encore que ce ne soit pas déconnant.... humanitairement. Or il n'y a qu'une fois intégré une entreprise ou une administration que "l'on entre dans une famille" (aussi hypocrite soit-elle) avec son clanisme plus ou moins lâche, son sens communautaire plus ou moins faible et sa culture de milieu plus ou moins pauvre (car contractuels). Parfois ça s'avère solidaire, fort et riche, et c'est tant mieux pour les travailleurs or au final c'est quand même la mentalité de village qui domine, plus ou moins féodal en entreprise ou totalitaire en administration (ne serait-ce que d'un service l'autre, d'un bureau l'autre).
5. Vraiment les entreprises et les administrations sont les clans modernes, mais ces clans ne parcourent plus d'espaces nomades à la manière des chasseurs-cueilleurs. Ces clans parcourent néanmoins de nouveaux espaces qui sont nommés les marchés et les contribuables... On n'ose plus dire les citoyens de nos jours à implication douteuse dans "les mouvances" auxquelles on s'identifie plus ou moins, surtout si elles ont un caractère d'identité sexuelle et psychosociologique : aussi a-t-on là des formes de néo-tribalismes dans l'espace consumériste étatiste.
6. La question de savoir ce que devient "un marché" à l'heure où l'on n'y va plus si souvent que nos grands-parents au profit des grandes enseignes et des livraisons confinés chez soi, n'est pas évidente mais en somme il y a les masses, les sociétés de masse. Les masses correspondent à tout le monde et personne, mais parmi leur amas ou leur agrégat on trouve fatalement quelqu'un à pigeonner, séduire ou convaincre que notre produit est le bon ou bien que notre enseigne est déjà bonne. Cela vaut aussi pour les mouvances : il suffit à n'importe quel service secret dans n'importe quelle contrée de trouver les personnes ayant telles affinités, pour leur donner les moyens de diffuser leurs idées et que ces idées prennent auprès d'autres affinitaires qui s'ignoraient : tout le monde et personne est susceptible de mordre à tout ou n'importe quel hameçon. On appelle cela communication, publicité en général et les administrations aussi ont leurs formes de diffusions médiatiques (surtout le président). Finalement ça ne change pas des fermiers archaïques : les masses sont les champs à cultiver informationnellement pour en récolter des fruits solvables, taxables et imposables. Quand on trouve cela fâcheux on parle de "racket généralisé" mais ceux qui travaillent dans les entreprises et les administrations sont à peu près les mêmes que ceux qui gèrent et subissent ce "racket". Faut qu'ça tourne...
7. Des clans plus ou moins solidaires ou lâches... côtoient, collaborent et affrontent d'autres clans plus ou moins solidaires ou lâches... comme cela fut toujours. On appelle ça la concurrence aujourd'hui, même si on sait tous qu'elle est contrainte et faussée de mille et une manières en vérité (libéralisme est une accusation au long cours : on a surtout affaire à de l'establish-entrepreneurism collusoire par toute la planète, avec ou sans ONG). Les producteurs et administrateurs sont comme des fermiers mais les travailleurs libéraux et autres freelancers sont toujours des chasseurs-cueilleurs, et de manière générale les services commerciaux ou publics cherchant à atteindre de nouvelles cibles ou des publics éloignés, ne font pas autre chose que s'aventurer à explorer de nouveaux territoires de chasse et de cueillette, en vue parfois d'implanter de nouvelles colonies avec leurs nouveaux champs. Les prêtres sont les actionnaires qui prient pour toucher leurs dividendes comme en offrande, mais les dieux sont quand même les législateurs dans leurs genres, ce qui n'a jamais empêché qu'on leur désobéisse.
8. Physiquement c'est "manger ou être mangé" de façon un peu sommaire et caricaturale, mais le principe est bien là puisque de toute évidence la nature n'est qu'un genre de vaste recyclage chaotique, dispendieux, foisonnant et panique : des vides quantiques et des étoiles depuis (suppose-t-on) le Big Bang générant de la matière, aux collisions et autres combinaisons astrales plus ou moins durables, aux bactéries et autres singularités parcourant parfois l'univers à dos de comètes panspermatiques, en passant par le règne végétal qui se débat lentement pour qu'on s'ôte de son soleil ou le règne animal et ses prédations et autres dévorations végétales, "rien ne se perd, rien se crée, tout se transforme" dans la vaste Usine Cosmique que nous nommons Mère Nature... c'est du moins une perspective mécaniste et ingénieriste sur le phénomène et une manière un peu technicienne d'allégoriser l'utérus... mais comment cela choquerait-il quelqu'un à l'heure où la sexologie nous détaille la forme "à tête de taureau" de l'appareil génital féminin, dont le clitoris en particulier ressemble à un Shadock ?
9. Les Shadocks vivent en clan/communauté/culture interstellaire, tout le monde sait ça.
10. Toutes les anciennes mythologies télescopent la femme, la mère, la fertilité naturelle et la mort puisque nous naissons dans les choux et que nous finissons comme des vers six pieds sous terre, nu·e·s comme nous sommes né·e·s : les femmes ne sont pas une sinécure, ça se saurait sinon.
11. Ainsi les clans d'hier, d'aujourd'hui et de demain, entrepreneuriaux et administratifs (ou non) parcourent-ils et s'implantent-ils sur Terre, à la manière de bébés adultes, en se posant les mêmes questions que tout un chacun : "où suis-je, où cours-je, dans quel état gère et à quoi sers-je ?" Quasi-tout le monde cherche son CDI ou son statut de fonctionnaire... ou le repos éternel au chômage, au RSA ou à la retraite. Le repos éternel où l'on est mangé sans vraiment être mangé puisqu'on ne sent plus ni la faim ni la morsure.
12. C'est évidemment le Radeau de la Méduse, même si le chansonnier niait cela en parlant de son bateau. Cela dit ça a toujours été "les copains d'abord" bien qu'aujourd'hui on en doute fortement quand on est assommé par les masses mal assumées qui écument les mondes confinés sous-concurrentiels du supercapitalisme establish-entrepreneurist.
13. Heureux les nantis, car ils ne peuvent pas facilement être bouffés. Amen.
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