De la piperie
Le lecteur se tromperait s'il s'imaginait trouver ici un article relatif aux pipes. Ceci n'en est pas un. Il y est proposé quelques pistes de réflexion sur l'éternelle propension à tromper.
Connaître la vérité est très utile, que ce soit pour trouver son chemin, pour se garder des dangers ou pour ne pas adorer les faux dieux. Pour passer outre le manque d'information, de savoir certain, on se contente de la croyance, ce qui est d'ailleurs moins fatiguant que chercher la vérité. Nous savons bien peu de choses de manière prouvée, c'est-à-dire acquises par notre expérience propre. Nous vivons dans les croyances de toutes sortes, parce que sans elles vivre serait plus difficile. Combien d'entre nous vont entreprendre de vérifier que telle loi a effectivement été promulguée, ou que la Lune tourne autour de la Terre ? Une certaine dose de confiance mutuelle cimente la société.
D'où la nécessité presque vitale de se garder de la première cause erreur, qui est la tromperie, elle aussi consubstantielle, par contrecoup, à la vie collective : mythes fondateurs des sociétés, réclames commerciales, campagnes électorales, etc. Se garder de la tromperie étant aussi difficile que nécessaire, nous cherchons avec insistance des sources fiables. Mais dans quels domaines en trouver de tout à fait sures ?
À cet égard soi-même, nos connaissances ainsi que les groupes auxquels nous appartenons finissent souvent par nous décevoir.
En comptant toutes leurs omissions, ruses et mensonges, gouvernants et médias bilderbergiens nous trompent une fois sur deux, ce qui est la façon de procéder la plus habile, reconnaissons-le.
Reste la Science, dont la raison d'être est d'apporter des certitudes inébranlables, au moins pour ce qui est des sciences naturelles, elles-mêmes idéal inaccessible pour les sciences humaines. Las, même une partie la recherche scientifique participe au jeu de la tromperie. Cela commence à se savoir et pourrait bien finir par mettre son auréole en miettes. Afin de mesurer le degré d'avancement du mal, voici quelques pistes apparemment sérieuses.
– Pierre Barthélémy, dans Le Monde : « Un chercheur dénonce l’inutilité de nombreux travaux scientifiques ». Le point de vue de John Ioannidis sur le contexte.
– Vincent Verschoore, ici même : « La moitié des études biomédicales seraient fausses, selon The Lancet ». Déclaration largement répercutée de Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet.
– Elena Pasca, sur Pharmacritique : « Marcia Angell dénonce la manipulation de la recherche clinique et le contrôle de l’information médicale par l'industrie pharmaceutique ». Marcia Angell a été la rédactrice en chef du New England Journal of Medicine.
– Dans Sciences et Avenir : « L'incroyable succès de fausses études scientifiques générées par informatique ». Bientôt un robot prix Nobel ?
– Anne Fagot-Largeault au Collège de France (texte et vidéo) : « Petites et grandes fraudes scientifiques – Le poids de la compétition ». Les grandes institutions s'émeuvent.
– Girolamo Ramunni, dans la Revue pour l'histoire du CNRS : « La fraude scientifique – La réponse de la communauté ». La chasse est ouverte.
Afin de recueillir des informations de la part de qui estimerait ce début de quête digne d'être prolongé, je resterai attentif aux commentaires jusqu'à la fin de l'année. Merci de signalez des articles d'AgoraVox que je n'aurais pas su citer.