La délinquance et la valse des chiffres. Les résultats de la cinquième enquête de l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales (ONDRP), rendus publics le 22 novembre, nous donnent un éclairage différent de celui produit par les statistiques officielles enregistrées par les forces de l’ordre. Ces résultats s’appuient sur une enquête d’opinion menée avec l’INSEE en 2010 auprès de 17.000 personnes de 14 ans et plus. Des chiffres totalement différents. On pourrait donner, comme pour le comptage des manifestants, un chiffre selon la police et un chiffre selon l’ONDRP. C’est ainsi que les Français ont déclaré avoir été victimes, en 2010, de trois fois plus de vols que le chiffre donné par les statistiques officielles. On note des écarts très marqués dans la comptabilisation des agressions sexuelles qui peuvent s'expliquer par l'absence de dépôts de plaintes. Nous ne voulons pas entrer dans cette bataille de chiffres mais c’est quand même la preuve que ceux qui sont donnés par les forces de l’ordre sont bien éloignés de la vérité, de là à penser que les statistiques sont manipulées, il n’y a qu’un pas que nous avons déjà franchi à plusieurs reprises. Si pour les policiers, les atteintes aux biens et aux personnes sont en baisse relative, chez les gendarmes, l’ONDRP note une hausse de 20% du nombre d’agressions physiques. Cet organisme souligne que la délinquance est un problème qui préoccupe les Français, nous pouvons le confirmer et préciser que les forces de sécurité sont également très sensibles à cette évolution.
Fabrice P. gendarme qui totalisait plus de 25 ans de service, sans affectation depuis un an, dont le dernier poste était la brigade de Ouzouer sur Loire (45), a choisi de mettre fin à ses jours le 24 novembre avec une arme à feu. Les causes : dans son cas maladie, dépression et tout ce que cela entraîne. Il rejoint la longue liste de ceux qui, comme lui, ont commis l'irrémédiable. Nous sommes particulièrement tristes comme sa famille, ses deux filles, ses proches et tous ceux qui vont le regretter
Un policier gravement blessé par des voyous en fuite le 28 novembre à Vitrolles.
C'est à la suite d'une course poursuite pour interpeller les auteurs de cambriolages que les policiers de la brigade anticrimalité d'Aix-en-Provence ont essuyé des tirs de kalachnikov. Si l'un des quatre voyous a été tué par le tir accidentel d'un de ses complices, un policier de 37 ans atteint de 3 balles, dont une à la tête, lutte contre la mort dans un hôpital de Marseille. Un nouvel acte de violence extrême qui démontre, si c'était nécessaire, qu'un changement de préfet ne suffit pas pour stopper l'escalade de la délinquance et de la criminalité. Nous soutenons la famille, les proches et les collègues de ce policier.
Quand le ministre de l’Intérieur change sa tac-tic. Après l’agression mortelle d’un bijoutier de Cannes, des fusillades à la kalachnikov qui entraînent des blessures très graves chez un policier et des morts dans les rangs des voyous, le ministre de l’Intérieur s’est rendu une nouvelle fois à Marseille. Sans hurler sur les bancs de l’assemblée sans traiter quiconque de menteur il nous faut faire un constat. Contrairement à l’habitude, on ne fait pas « sauter » de préfet, on ne nous annonce pas des renforts de forces mobiles ou de nouvelles affectations car nous supposons qu’à force de racler leurs fonds, les tiroirs sont désespérément vides. Cette fois la méthode change, on nous affirme, sans aligner de chiffres (merci monsieur le ministre) que l’insécurité à Marseille a baissé, qu’il suffit de questionner le marseillais dans la rue pour apprendre que la cité phocéenne a retrouvé sa quiétude. Nous imaginons le désarroi des policiers et des victimes d’agressions devant de telles affirmations. En tous cas, la mise en place du « grand Marseille » ne semble pas apporter les résultats escomptés.
Une gardienne de la paix se donne la mort le 1er décembre, avec son arme de service, à son domicile de Suresnes (92). Affectée au commissariat de Saint Cloud (92) elle était âgée de 35 ans. Elle vient s’ajouter à l’interminable liste de policiers et gendarmes qui se sont suicidés depuis le début de l’année. On évoque une affaire privée du fait qu’elle vivait mal la mutation de son compagnon policier également. Peut-on dire que les mutations sont détachables du service ? Peut-être qu’un rapprochement aurait permis d’éviter ce drame. Sincères condoléances à la famille aux proches et aux collègues.
Gendarmerie recrute barman. Après une offre d’emploi de menuisier sur « leboncoin.fr » nous découvrons que la gendarmerie s’adresse au Pôle emploi pour recruter un barman ou une barmaid à Villeneuve-d’Ascq (59). Une annonce en date du 02.12.2011 (offre 056486U) propose cet emploi pour assurer le service et la gestion du bar dans les locaux de la gendarmerie. Nous avions vaguement entendu parler des fermetures de mess d’escadrons mais ça ne semble pas le cas dans le Nord. Nous pouvons nous poser la question de savoir pourquoi ce poste n’est pas réservé aux jeunes gendarmes adjoints volontaires renvoyés dans le civil après leurs cinq années de contrat. En tous cas le métier de barman est très sérieux puisque sur l’annonce l’offre d’emploi est classée : Secteur d’activité « ordre public/sécurité ».
Les policiers manifestent. Ce sont environ 600 policiers qui se sont rassemblés, en silence le 3 décembre 2011 devant la préfecture de police de Marseille. Il s’agissait en premier lieu de soutenir leur collègue Eric Lales qui lutte toujours contre la mort après avoir été blessé, par une arme de guerre, nuit du 27 au 28 novembre. Ils souhaitaient également réagir aux propos du ministre de l’Intérieur qui déclarait : "la situation à Marseille dans le domaine des atteintes à la sécurité du quotidien s'améliore depuis quelques mois". En une semaine trois fusillades ont fait 3 morts et 2 blessés graves. Ils dénoncent le manque de moyens matériels et humains pour faire face à une violence quotidienne. Ils estiment qu’il y a une mauvaise répartition des effectifs mais nous pensons que ça ne va pas forcément plaire à leur collègues des petits commissariats dons l’existence est sur la sellette.
Eric Lales n’a pas survécu. Nous espérions que ce policier, touché d’une balle à la tête le 28 novembre à Vitrolles (13), se rétablirait malgré la gravité de ses blessures. Ce n’est malheureusement pas le cas et il nous a quittés ce 8 décembre. Nous pensons à sa famille ses amis et ses collègues et nous partageons leur chagrin. Cette pénible nouvelle confirme, si c’était nécessaire, qu’il existe une espèce de voyous qui n’ont aucun respect de la vie humaine, des animaux sanguinaires. Le hasard a voulu qu’Eric Lales, abandonne son combat contre la mort alors que le chef de l’Etat s’était rendu à son chevet. Le président de la République a montré son émotion et a rappelé que les métiers de policiers ou de gendarmes étaient dangereux. On a pu noter les réactions des différents syndicats, l’un semblait satisfait à l’annonce de ce que les brigades anti criminalité seraient bientôt dotées de fusils à pompe. Un autre rappelait qu’un apport d’effectifs reste primordial. Le président de la République a assuré que « tout absolument tout » sera fait pour que les auteurs de cette lâche agression soient déférés devant la justice. Il nous semble aussi important que les moyens soient mis en œuvre pour éviter de nouveaux morts dus en partie à la multiplication de l’usage d’armes de guerre. Ceci passe par l’arrêt des restrictions de moyens et d’effectifs. Quand le Senat est fier d’adopter un projet de loi (le énième) destiné à simplifier et renforcer le contrôle des armes, il serait bon qu’il revienne sur terre car la Kalachnikov, arme de guerre, a toujours été interdite par la réglementation. Aujourd’hui ce qui va manquer cruellement ce sera les forces de sécurité chargées de faire appliquer cette règle. L’heure est au recueillement et à l’émotion. Il faut penser qu’une veuve et deux orphelines pleurent un homme qui avait choisi un métier à risque pour la protection de ses concitoyens. Il a payé son engagement de sa vie.
Un nouveau suicide en gendarmerie région Alsace. 8 décembre, un mois après un suicide dans le Haut-Rhin, nous apprenons qu’un adjudant de la section recherches de Strasbourg a choisi de mettre fin à ses jours. Nous ignorons les raisons de son geste mais il ne se passe pas une semaine sans qu’un membre des forces de l’ordre n’ait recours à l’autolyse. C’est encore une famille, des proches et des collègues touchés par ce nouveau drame, nous partageons leur douleur.
Les procureurs lancent un appel au secours. La conférence nationale des procureurs de la République (CNPR), lors d’une conférence de presse donnée le 8 décembre, appelle solennellement l'attention « du législateur, du gouvernement et de l'opinion publique » sur la gravité de la situation dans laquelle se trouvent aujourd'hui les parquets. Ils manquent de moyens humains et financiers pour assurer leur mission.
Il semblerait que comme la gendarmerie ils soient rendus « à l’os ».
Nous apprenons qu’en France il existe 3 procureurs pour 100000 habitants alors que la moyenne européenne serait de 10,4. Pour restaurer leur image entachée de soupçons de dépendance à l’égard du pouvoir (des affaires récentes semblent vouloir le démontrer), ils souhaitent plus de poids pour le conseil supérieur de la magistrature lequel doit pouvoir donner un avis conforme (contraignant) et pas seulement consultatif. A cette lecture on se prend à rêver que le CFMG puisse avoir le même pouvoir en gendarmerie.
Cette association souhaite également voir cesser « l’insécurité juridique » découlant de « la multiplication, l’avalanche, l’inflation de lois ». Nous sommes convaincus qu’un grand nombre d’officiers de police judiciaire forment le même vœu.
Il est important de souligner que le CNPR compte 70 membres mais que la résolution déposée à reçu 126 signatures sur les 163 procureurs de France.
GIGN à l’honneur. 9 décembre 2011. C’est à l’occasion du baptême de la 118ème promotion à l’école des officiers de Melun, que le ministre de la Défense a décoré le drapeau du GIGN de la croix de la valeur militaire avec palme de bronze.
Plus que de longs discours la citation du GIGN à l’ordre de la Gendarmerie résume parfaitement les raisons de cette distinction : « "unité d'élite" qui "a mené, sur le théâtre afghan, lors de l'opération Pamir, des reconnaissances et effectué des coups de main au cœur des zones rebelles, au mépris des risques d'attaques et a ainsi contribué, malgré les périls encourus, à sécuriser les actions menées par les troupes internationales pour étendre l'état de droit aux confins du pays. A joué, en Côte c|'Ivoire, au cours de l'opération Licorne, notamment pendant la bataille d‘Abidjan, un rôle déterminant pour assurer la protection des emprises diplomatiques et des ressortissants français menacés par les luttes politiques intestines, évitant que ceux-ci ne soient la proie de groupes armés violents et incontrôlés.
A permis, lors de l'opération Harmattan en Libye, alors que la guerre civile faisait rage, l'installation d'une représentation diplomatique de circonstance destinée à engager des discussions avec le conseil national. Pour son action déterminante, mérite d’être citée en exemple. ». Félicitations aux femmes et aux hommes de cette unité d’élite. À l'occasion de cet événement, le Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) et l’escadron de gendarmerie mobile (EGM) 23/7 de SÉLESTAT (Bas-Rhin) seront cités respectivement à l'ordre de l'Armée et de la division. Avec l’escadron blindé de GM de Satory (78) et l’escadron de Chauny (02) ce sont quatre unités de gendarmerie qui sont distinguées pour leur action sur des théâtres d’opérations extérieurs.
Le Directeur de la Gendarmerie en police de la route. Le 9 décembre, alors qu’il revenait de Melun (77), accompagné de son chauffeur et son aide-de-camp, le général Mignaux a remarqué une automobile qui zigzaguait dangereusement sur l’autoroute A4. C’est le directeur en personne qui est descendu contrôler le chauffard avant de le remettre à la police. Le ministre de l’Intérieur aurait félicité son collaborateur et lui aurait dit : « Vous n’avez pas perdu la main ».
En tous cas c’est une belle démonstration qui prouve que la Gendarmerie ne lésine pas sur les moyens pour mettre du « bleu » sur la route et combattre l’insécurité routière. Bravo mon général.
Nous pensons à cet automobiliste de 54 ans qui se souviendra longtemps d'avoir été arrêté par le patron de la Gendarmerie en personne et ne pourra jamais raconter sa mésaventure sans être pris pour un affabulateur. Avec ses 2,60 g d’alcool dans le sang le contrevenant a cru rêver quand il a vu toutes ces étoiles.
Les mineurs délinquants sous l’uniforme. Depuis le début de l’année nous avions évoqué cette mesure d’encadrement des mineurs délinquants par des militaires. La première à avoir mis ce projet en avant est madame Royal qui appartient à l’opposition. Monsieur Ciotti de la majorité présidentielle a repris le flambeau. Nous nous apercevons aujourd’hui que la commission de la défense (majorité) est opposée à ce projet aujourd’hui combattu par les amis de madame Royal (opposition) pour une fois il y a un certain consensus.
Nous ne pouvons que réitérer nos observations antérieures, à savoir que les militaires (de moins en moins nombreux) ont déjà suffisamment de missions à assurer sans s’occuper de nos jeunes voyous (de plus en plus nombreux). La quinzaine d’établissements envisagés ne permettrait de « remettre au pas » qu’une infime partie de ceux des jeunes délinquants qui ont besoin de « redressement ». Si le garde des sceaux voit en ce texte un enrichissement de la palette des réponses à la délinquance des mineurs et un renfort des moyens de lutte contre la récidive, il n’emporte pas l’adhésion de plusieurs syndicats de la justice.
Notre partenaire, l’association "Police/victimes" se résout à la dissolution. Deux fonctionnaires de Police qui avaient créé l’association "Police/victimes", loi de 1901, le 16/05/2011, jettent l’éponge. Ils se sont résolus à ce sabordage lors d’une assemblée générale le 6 décembre 2011. Ayant fait l’objet de diverses pressions et sanctions, ils ont choisi de dissoudre l’association après la signification d'une demande de sanction, lourde de conséquences, pour non respect du devoir de réserve et déloyauté envers leur institution.
Des courriers adressés au président de la République et au ministre de l’Intérieur avaient reçu des échos favorables, ils devaient être reçus par leur direction.
Ils dénonçaient divers dysfonctionnements et demandaient un état des lieux suite au mal-être et aux suicides frappant les forces de l’ordre.
Actuellement, ils sont en position d’arrêt maladie, conséquence du harcèlement subi. Ils se sont attaché les services d’un avocat et envisagent un dépôt de plainte contre leur ministre de tutelle. Affaire à suivre ! http://www.petitionpublique.fr/?pi=P2011N17702
Christian Contini.
D’autres informations dans notre magazine de janvier 2012 : http://issuu.com/agecassociation/docs/agec_magazine_janvier_2012_352_mj
Et sur notre espace :
http://sites.google.com/site/assogendarmesetcitoyens/