Déconstruire, et si c’était la solution ?......
Si un scandale financier affecte l’image d’une entreprise, un sordide fait divers peut également nuire durablement à l’image d’un quartier, d’une Cité, tout comme à l’âme de ses habitants.... plus insidieusement.
Souvent, l’entreprise qui voit son image souillée choisit de changer de nom, comme de chaussette, pour ainsi dire. Mais lorsqu’un crime sordide vient affecter la vie d’un quartier, il est plus malaisé d’en chasser les démons et les horribles souvenirs.
Il en est ainsi de la Cité Balzac de Vitry-sur-Seine comme des Minguettes et de tant d’autres lieux, qui ont vu un temps les feux de l’actualité dramatique braqués sur eux, des jours durant
La Cité Balzac fut le théâtre d’un sordide fait divers. Tout le monde a encore en mémoire l’histoire de la jeune Sohane, immolée par le feu dans un local à poubelles en 2002.
Pas une simple querelle d’amoureux qui vire au drame, comme cela avait été dit alors, mais une vengeance envers une fille à qui on l’accole sommairement l’étiquette de fille facile et qui choisit de transgresser l’interdiction de séjour, fatwa d’un petit caïd de cité.
Depuis, comme pour le quartier des Minguettes, devenu fréquentable, les édiles n’ont de cesse de vouloir faire de la cité Balzac un quartier « banal » comme un autre.
Mais que faire pour permettre à ce quartier d’échapper à la relégation sociale et éviter qu’un tel drame ne se reproduise, alors que tous les principaux instruments de l’intégration sont aujourd’hui réputés en panne ?
Et puis, comment peut-on vivre jour après jour dans le souvenir d’une vie fracassée de cette manière et passer tous les jours devant une stèle de commémoration sans y laisser des plumes.
Contrairement aux expériences classiques qui allient rénovation sociale et action sur le bâti, c’est la solution architecturale qui a été ici choisie. Restructurer et redessiner un quartier pour le rendre plus habitable..., "déconstruire" dans le jargon.
En tout cas, il semble bien que ce soit encore un des meilleurs moyens pour débarrasser un quartier des images horribles qui hantent les esprits, faute de mieux.
Depuis que les caméras ont déserté les lieux, que sont devenus les habitants, et comment vivent-ils cet effort de réhabilitation de leur quartier ? La peur a-t-elle reculé ?
C’est ce que le réalisateur, Daniel Kupferstein, a voulu savoir en partant à la rencontre des habitants de la Cité Balzac.
Une projection en avant première de son film de 88 minutes intitulé Dans le regard de l’autre est organisée le 19 mai 2009 à 19H30 au Centre sportif Jean Dame, 17 rue Léopold Bellan 75002 Paris.
"En 2006, j’ai assisté au procès du meurtrier de Sohane, cette jeune fille morte brûlée vive dans la cité Balzac à Vitry-sur-Seine. Au cours de ce procès, j’ai ressenti, au-delà du drame horrible, un malaise, un décalage énorme entre le regard des médias et le monde des cités. Comme si on voulait rendre responsable toute une population vivant dans ces grands ensembles. J’ai donc décidé d’aller à la rencontre des habitants de cette cité tant décriée pour qu’ils me racontent leur Balzac. Ce que je ne savais pas, c’est qu’un grand projet de transformation et de rénovation de toute la cité allait commencer" ....
Déconstruire, une solution intéressante mais qui en attend d’autres, certainement....