mercredi 21 mars 2012 - par NewsofMarseille

Délinquance et règlements de compte à Marseille : 2011, une année réellement exceptionnelle ?

Conclusion optimiste pour l’année 2012 du Préfet délégué à la sécurité, Alain Gardère, lors de la présentation annuelle des chiffres de la délinquance, règlements de compte en série… Voilà à quelques détails près ce que l’on a pu lire, voir, entendre ça et là dans les médias ces derniers mois, ces dernières semaines et encore ces derniers jours lorsque l’on associe Marseille et délinquance… Afin de savoir s’il fallait vraiment se réjouir de la légère baisse de la délinquance en général, afin de savoir si 2011 avait été réellement une année record en terme de règlements de compte, News of Marseille est allé mener l’enquête…

Petit retour en arrière… Le 17 janvier, Alain Gardère annonçait à la presse (d’ailleurs extrêmement friande de ce genre de chiffres) une baisse générale de la délinquance de 1 % dans le département, de 0,8 % à Marseille, ainsi qu’une diminution de 1,4 % de la délinquance de proximité, – 3 % pour la cité phocéenne.

Quand nous avons voulu savoir ce qui se cachait derrière ces chiffres, ça a été une succession d’échecs !

D’abord le syndicat SGP Police Force Ouvrière n’a pas voulu répondre devant nos caméras car : « En cette période de campagne présidentielle, on ne veut pas faire de déclarations qui pourraient être reprises politiquement ». Du côté d’Alliance Police, David Olivier Reverdy accepte de répondre à nos questions mais ne souhaite pas non plus faire de politique (évidemment j’entends par là commenter les chiffres énoncés par le préfet !)

Dernière tentative auprès de Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS, directeur de l’Observatoire Régional de la Délinquance et des Contextes Sociaux, une pointure, j’étais obligé d’avoir une réponse !

« Les chiffres de la délinquance c’est de la communication politique »

Et quelle réponse ! Parler d’une baisse (ou d’une hausse) de « La » délinquance n’aurait pas de sens… Ce chiffre est notamment issu de l’amalgame de statistiques de police et de gendarmerie organisées suivant une nomenclature qui regroupe 1O7 rubriques aussi diverses que variées (du meurtre, au viol, en passant par l’escroquerie à la carte bleue, la dégradation de véhicule ou encore le défaut de permis de conduire…). Selon Laurent Mucchielli, la délinquance est un gros paquet de choses qui n’ont rien à voir entre elles et qui ne veut rien dire… « L’usage et la manipulation de chiffres sont essentiellement des arguments d’autorité pour des postures et des slogans politiques pour les différents gouvernements successifs.. », insiste-t-il.

Pour y voir plus clair dans la délinquance, il faut parler « des » délinquances, entrer dans le détail. Et quand on se penche sur le détail, le bilan est plus mitigé (voir les chiffres dans la vidéo)… Mais bon, nous non plus, on ne va pas faire de politique ! Donc pas de commentaires !

Mais s’il y a bien un chiffre que personne ne peut contester, c’est celui du nombre de règlements de compte en 2011 et du nombre de victimes.

Règlements de compte, une année exceptionnelle ?

20 règlements de compte ont fait 29 victimes dans les Bouches-du-Rhône (16 morts et 13 blessés). Parmi ces 20, 15 ont eu lieu à Marseille comptabilisant 13 morts et 10 blessés. L’implication bien souvent de jeunes, voire de jeunes mineurs, et l’utilisation parfois d’armes de guerre ont particulièrement interpellé et ému l’opinion publique mais également fortement intéressé les médias nationaux. À tel point que 2011 est devenue dans l’imaginaire collectif une année particulièrement meurtrière, une année ayant subi une recrudescence exceptionnelle de règlements de compte.
Dans la réalité des faits, la hausse n’est pas si importante que cela. En 2010, 15 personnes avaient déjà trouvé la mort dans des conditions similaires, 10 autres avaient été blessées.

Un focus médiatique et politique sur la criminalité à Marseille

Alors certes les faits existent et tout le monde est d’accord pour affirmer qu’ils sont trop nombreux mais d’après notre sociologue, c’est principalement la mise bout à bout de ces événements dans une spirale médiatico-politique qui laisserait croire que la situation empire d’année en année. De plus, comme le souligne David Olivier Reverdy, Marseille est souvent le laboratoire de politiques sécuritaires accentuant davantage le focus national sur le cas marseillais.

Et même si aucune étude comparative n’existe entre les différentes villes françaises sur ce genre de délinquance, il ne semble pas complètement naïf d’émettre l’hypothèse que Marseille ne détiendrait pas le monopole du trafic de drogue et des règlements de compte. Lyon, Grenoble ou Lille c’est peut être juste moins vendeur… Mais évidemment, cette hypothèse mériterait d’être vérifiée !

De plus, le temps médiatique correspondant plus au temps de l’action criminelle qu’à celui de l’enquête policière, rarement écho est fait de la seule note positive à ce sombre tableau. Allez encore un chiffre !! La police enregistre un taux d’élucidation de ces affaires en augmentation atteignant 67 % sur le département et 73 % à Marseille. Pied de nez à un autre cliché national qui voudrait que la police à Marseille fasse moins bien son travail qu’ailleurs.

« Si la police suffisait à endiguer la délinquance, il n’y en aurait plus depuis longtemps ».

C’est là que se pose aussi la question des effectifs et des moyens pour améliorer encore ces résultats et la sécurité des Marseillais. Sur le terrain pour l’aspect dissuasif mais également dans les bureaux pour le travail d’enquête, afin de combiner avec l’aspect répressif. Ne pas arrêter seulement les petits dealers mais pouvoir surtout remonter les réseaux…

« Si seule l’action de la police résolvait les problèmes de délinquance à long terme, après des siècles de police, les problèmes seraient réglés depuis longtemps », nuance Laurent Mucchielli. Selon lui, il y a un lien direct entre l’exclusion sociale, qui commence souvent par l’exclusion scolaire avant de se prolonger par l’exclusion par le marché du travail et de nombreux actes de délinquances. Dans une ville qui compte l’un des taux de chômage les plus élevés de France notamment chez les jeunes, il semblerait qu’il faille aller plus loin qu’une politique sécuritaire pour pouvoir envisager de trouver des solutions. « Il faudrait mettre les problèmes sur la table ou on ne fera qu’amuser les gens avec de la communication mais on ne changera rien aux problèmes de fond, on ne fera que caresser l’écume des vagues… », conclut Laurent Mucchielli.

 

Nicolas Carme

Retrouvez notre vidéo sur News of Marseille



5 réactions


  • SATURNE SATURNE 21 mars 2012 14:21

    Pour ceux qui ont perdu la mémoire, je rapellerais que le record des réglements de compte à Marseille ( Bouches du Rhône plus précisément) date de 1985, avec 61 morts.
    Mais c’est un peu vieux, sans doute, pour qu’on garde raison.


    • gordon71 gordon71 22 mars 2012 06:47

      finalement les gonzes sont attachés aux traditions et cherchent à perpétuer les pratiques locales


      çà me les rendrait presque sympathiques

    • gordon71 gordon71 21 mars 2012 21:37

      c’est à dire que les patrons des délinquants... 


      sont à la mairie et au conseil général,

       çà aide pas pour arrêter le business

    • COVADONGA722 COVADONGA722 21 mars 2012 21:42

      la ,Gordon vous avez tout compris
      ils se tiennent par la barbichettes le premier qui dégringole yep bonjour les dominos !


  • gordon71 gordon71 21 mars 2012 19:05

    quelle est la religion des gars qu’on a fumés, 


     c’est bizarre là on dirait qu’on s’en fout un peu non ?

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